Interview de Norbert Moutier

 
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gregore
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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2005 1:35 pm    Sujet du message: Interview de Norbert Moutier Répondre en citant

En attendant de voir Ogroff, j'ai trouvé une interview du monsieur :

Citation:
Interview de Norbert Moutier alias N.G Mount



C’est au plus profond d’une forêt maudite que nous sommes allés, au mépris de la peur et des zombies. Nous en avons ramené l’interview d’un artisan de la pellicule : le réalisateur Norbert Moutier.

Fondateur d'un classique du fanzinat en 1979 (Monster Bis) réalisateur de séries Z délirantes (du bûcheron fou aux dinosaures, en passant par une mamie flingueuse !) gérant d'une librairie/vidéo-club vouée au Cinéma Bis, Norbert Moutier est un personnage à rencontrer.

Dans quelles circonstances vous êtes vous lancé dans le cinéma, comment avez-vous tourné votre premier film ?

J'ai commencé les fanzines dans le milieu des années 1960. Le cinéma fantastique commence vraiment pour moi avec mon service militaire que je faisais depuis 1979, et l'apparition de la vidéo qui m'a donné soudainement des possibilités. Avant je ne pouvais pas tourner en 35mm, faute de moyens financiers. Grâce à la vidéo j'ai pu tourner dans des petits formats, d'abord en super 8 que je transférais en vidéo et que je diffusais ensuite comme un fanzine. Ca a commencé comme cela.

Après quelques années vous avez un magasin, louez des cassettes, vendez des livres, diffusez des magazines et tournez des films, vous définissez- vous comme un artisan ? Un petit entrepreneur ?

Absolument comme un artisan, je fais tout moi même, de mes propres mains. Que ce soit pour les fanzines qui sont pour la plus grande partie écrits maquettés et diffusés par moi. Ou pour les films que j'écris, réalise et diffuse moi même. Donc c'est vraiment de l'artisanat.

L'artisanat c'est souvent une passion, mais quelles en sont les contraintes ?

J'ai deux contraintes qui m'ont toujours fait mal : le temps et l'argent. Le temps parce qu'on ne peut pas l'élargir. Les journées ne durent que 24 heures. En général je commence à 8 heures le matin et je finis à minuit. Je fais les 35 heures en deux jours moi. Evidemment ce n'est pas le bagne, je prends des breaks, mais il faut travailler beaucoup.

Votre premier film "Ogroff" (1983) a beaucoup contribué à vous faire connaître dans le milieu du fantastique ? Un certain nombre d'acteurs de ce film ont fait carrière dans la presse fantastique, je crois.

En effet un certain nombre de ces gens là étaient à cette époque de simples amateurs de fantastique et de fanzines, rien de plus. Je pense par exemple à Benoist Lestang qui est devenu maintenant célèbre, aussi à François Cognard, Christophe Lemaire*. Tous ces gens-là ont un nom maintenant, on les voit à la télé.
Ce film a servi à me faire connaître, mais en même temps il m'a marqué à jamais, maintenant les gens ne voient en moi que le réalisateur de films gores. Je suis pourtant capable de faire autre chose.

Parmi tous vos films quel est celui qui vous tient le plus à cœur ?

Il y en a deux, Le premier c'est un court métrage : "Hémophilia" (1985), que j'ai réalisé en Super 16. Je voulais faire ce film dés le départ ; "Ogroff" que j'ai réalisé avant a été un terrain d'expérimentation. Ce dernier m'a permis de comprendre notamment le temps que pouvait prendre un film. Comment fonctionnait réellement un tournage, une séquence et ce genre de choses.
Le deuxième c'est le téléfilm que j'ai fait à New York qui est "Brooklyn Cop", c'était un vieux rêve que j'avais depuis toujours.

Comment se passent les castings ?

Pour "Ogroff" ça a été facile, le réseau du fanzinat a permis de recruter des amis. Je profite d'ailleurs de cet entretien pour rendre hommage à un copain disparu jeune : Pierre Pattin, un fou de gore, de Lucio Fulci et qui m'a beaucoup aidé dans la partie organisation de production.
Et puis au début des années 1980 c'était la grande époque du gore italien, de "Virus cannibale" de Vincent Dawn en 1981, de "L'enfer des zombies" de Fulci en 1979, "Massacre à la tronçonneuse" venait de sortir.
A l'époque j'étais le seul à faire ça en France.

Même Jean Rollin à l'époque n'allait que peu dans le registre Gore.

Jean Rollin c'était en effet complètement différent, déjà parce qu'à coté de moi ça à toujours été Cecil B. DeMille. Il a toujours eu des petits budgets, mais à coté des miens c'était Byzance. Souvent il n'a mis du Gore qu'a titre commercial, dans "Les raisins de la mort" et "La morte vivante", ce genre de scènes lui ont étés imposées par la production . Et puis c'est surtout Le spécialiste des films de vampires, de beaux films d'ailleurs, très bien photographiés.

Que représentent les budgets des vos films justement ?

Je peux faire un film en vidéo pour 1500 euros, 2000 euros.

Les tournages sont-ils difficiles ?

Tous les tournages sont difficiles. Evidemment il n'y a pas de grands problèmes avec les acteurs puisque ce sont en général toujours des copains.
Les problèmes sont plutôt du style de ceux qui arrivent quand on tourne en forêt et qu'il se met à pleuvoir, quand il commence à faire nuit. Il y a aussi les difficultés avec les emplois du temps de chacun. Dans "Trépanator" (1991) par exemple il y avait Jean Rollin et Michel Finasse dans le rôle du jeune savant fou, ceux- ci avaient une scène commune autour d'un cadavre dans une civière. J'avais prévu une prise de vue réalisée à partir d'un caddie qui tournerait autour d'eux. Malheureusement je n'ai pas pu avoir les deux acteurs le même jour, j'ai dû faire la scène en champ contrechamp, forcément ce n'était pas très esthétique. Dans ces conditions on peut facilement passer pour un réalisateur qui ne se fatigue pas beaucoup.

J'ai lu dans une interview de Starfix de 1989 que votre film tourné dans le désert de Las Vegas, "Opération Las Vegas" (1988) avait connu quelques incidents.

Là, il s'agissait, sans prétention, d'un tournage "pro", les acteurs et la technique étaient payés. Nous avons eu d'énormes difficultés. Déjà du fait des distances, les Etats Unis étant très grands le moindre déplacement pour une scène était de 50 à 100 km. Nous avons eu aussi des problèmes avec les "Unions" : les syndicats. Tous nos acteurs n'étaient pas affiliés. Nous tournions dans un camp de chercheurs d'or abandonné qu'on avait loué. Des membres d'un syndicat se sont mis à tourner autour de nous avec leurs véhicules pour nous gêner. Mais ils pouvaient faire tout le bruit qu'ils voulaient, on ne tournait pas en son direct (rire). Il a fallu les virer à coups de fusils un jour ou ils nous barraient l'entrée, mais finalement nous avons réussi à les chasser.

Vos films sont-ils de purs divertissements, ou certains contiennent des messages ?

Non, ce sont de purs divertissements. Dans "Hémophilia"(1985) il existait peut-être un rapport avec l'actualité, c'était l'époque où il y avait un tueur de vieilles dames dans Paris. J'ai voulu inverser les choses, en montrant une vieille dame qui tue des gens dans le métro pour les dépouiller. Le message c'était un peu la pauvreté des gens qui n'ont quasiment pas de retraite, une sorte de revanche. Quant aux autres films, c'est vraiment de purs divertissements.
Je ne vise pas un public "prise de tête", il ne faut pas chercher des messages où il n'y en a pas.

Nous vous interviewons pour le site internet "Choc-Info", qu'est-ce qui vous choque dans la vie ?

Principalement la connerie, les cons il y en a beaucoup. A tous les niveaux. Même s'il n'y a pas que ça, heureusement. Bon évidemment, je suis aussi choqué par des choses comme la souffrance humaine. Que je réalise du Gore ne veut évidemment pas dire que je ne sois pas sensible à ces choses comme tout le monde.
Je veux bien souligner que le Gore doit être pour moi du faux, du maquillage, je ne supporte pas ces films italiens comme ceux de Ruggero Deodato où l'on tue réellement des animaux.

Dans "Trépanator" le chat est un faux chat alors ?

Oui, j'aime trop les chats, j'ai même gardé la marionnette au cas où quelqu'un nous aurait posé des problèmes pour ce film. Je ne supporte pas que l'on puisse massacrer des êtres vivants simplement pour un film.

Votre conception du Gore est un peu celle d'Hershell Gordon Lewis**, qui prônait une teinte d'humour dans ce genre de film ?

Pour moi dans le Gore il y a un second degré terrible, c'est un peu le train fantôme de la foire quand j'étais gamin, la femme sciée en deux. Moi ce qui m'amuse surtout c'est le comique involontaire, les décors un peu barjots, les comédiens qui jouent mal. Finalement, j'aime beaucoup réaliser dans d'autres genres que le gore, je fais aussi des polars, de l'action.

Propos recueillis par Arthur Wneir et Henri Valmont



*François Cognard, Benoist Lestang, Christophe Lemaire ont été les piliers du magazine Starfix qui connut un vif succès dans les années 1980. F. Cognard est aujourd'hui producteur à Canal+ écriture - il a participé au "Pacte des loups". Benoist Lestang est maquilleur de cinéma, il a travaillé récemment sur "Brocéliande"

**Herschell Gordon Lewis, réalisateur américain est le créateur du genre "gore", (de l'argot américain : sang versé.) avec le film " Blood Feast " 1963


Note : interview publiée le 22/03/2003 sur le site aujourd'hui disparu "Choc-Info" et exhumée grâce à l'Internet Archive Wayback Machine le 01/10/2011
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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2005 1:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

De lui je n'ai vu que Trepanator, récemment d'ailleurs.

Bien entendu faut pas se voiler la face, c'est mal foutu et plutôt ennuyeux malgré quelques idées sympathiques (dont une décapitation par un ballon en plastique) et quelques seconds rôles amusants; dont Moutier lui-même, Christophe Lemaire ou William Lustig.
Jean Rollin a quant à lui l'un des rôles principaux.
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