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Mallox Légèrement retardataire, j'ai fini par voir ce "Devil's rejects" de haute volée. Il s'agit là d'un cri d'amour aux monstres, et il n'y aura guère que "Télérama" et son critique préhistorique Pierre Murat pour foncer droit dans le piège de la critique moralisatrice ; du reste "Télérama" a toujours été une référence inversée, dès qu'il s'agit d'une oeuvre horrifique suffisamment originale et jusqu'au-boutiste pour brûler longtemps dans le paysage cinématographique. Pour mémoire, rappelons-nous "Les yeux sans visage" ou "Bad taste" et gageons que Rob Zombie aura le droit à quelques excuses du susnommé magazine d'ici quinze, vingt ans... Quant au film, il s'agit là à mon sens d'une des plus belles déclarations d'amour à la monstruosité depuis... "Freaks" ; pareil, le film hurle sa passion au genre, sans emprunter de détours et ce, porté par une verve anarchisante des plus réjouissantes, à peine provocatrice finalement puisque foncièrement sincère et premier degré dans son fond. Quitte à déclencher les foudres, la démarche m'a semblé assez proche d'un Quentin Tarentino au final, même si le propos et les thèmes du film m'ont paru bien plus abyssaux et plus intéressants à disséquer au sein de la "real life" que le vent combien même bien emballé et bien vendu de Mister Quentin. Le film de Rob Zombie m'a semblé avoir une qualité et un défaut ; d'un côté il est suffisamment référencé et rattaché au genre pour éviter l'oeuvre vomitive et sans concession qu'il aurait pu être, et d'un autre côté ce référencement, quand bien même des plus jouissifs pour tout amateur du genre, génère une légère distance entre le spectateur et ce qui se passe à l'écran ; de toute manière pour l'oeuvre sans concession que l'on pourrait chercher, je ne pense pas que l'on puisse la trouver ailleurs que dans un snuff movie. En l'état, "The Devil's rejects" reste une bonne claque dans la gueule, un entertainment supérieur, un hommage sincère et majestueux, ainsi que la confirmation et l'affirmation absolue d'un véritable cinéaste au sein du paysage cinématographique au sens large ; il serait ridicule et pathétique d'être aveuglé par une morale quelconque pour ne pas voir les qualités (mise en scène furieuse et déjantée, direction d'acteurs parfaite, assimilation totale des références) de cette oeuvre qui devrait brûler encore longtemps de sa flamme sans avoir nul besoin d'être attisée. Il ne reste plus au temps qu'à faire son oeuvre pour que ce film devienne une référence obligée, cela ne m'étonnerait du reste guère qu'il se bonifie encore après plusieurs visions. Mais attention toutefois ! Le contraire est également possible...
Commentaire : Thu 02-04-09