flint Super héros Toxic
Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
|
Posté le: Ven Sep 19, 2008 5:10 pm Sujet du message: [M] [Critique] Isabelle Duchesse du Diable |
|
|
Isabelle Duchesse du Diable – 1969
(Isabella duchessa dei diavoli)
Origine : Italie
Genre : aventures
Réalisé par Bruno Corbucci
Avec Brigitte Skay, Mimmo Palmara, Fred Williams, Elina De Witt, Sal Borgese, Mario Novelli, Renato Baldini
Autre titre : Isabella, the Gypsy Duchess, Ms Stiletto
Nous sommes au début du XVIIème Siècle, peu de temps après l’assassinat du Roi Henri IV. La France vit une époque de troubles politiques et religieux. Le jeune Louis XIII est encore un enfant ; c’est donc sa mère, Marie de Médicis, qui assure la régence. Parmi les personnalités puissantes et méprisables que compte le royaume, le Baron Eric Von Nutter est de loin la plus dangereuse. Militaire aguerri, l’homme est aussi un conspirateur de premier ordre qui cherche à s’emparer des terres du Duc de Frissac. Une nuit, aidée de ses troupes, et de Mayer et Gunther, ses fidèles lieutenants, il s’introduit dans les quartiers de la famille De Frissac, sommant son rival de signer un acte de cession du Duché. Ce dernier refusant, Von Nutter le tue, étrangle sa femme et fait massacrer tous les occupants du château. Aucun témoin ne doit survivre. Il en restera pourtant deux : Mélicourt, un serviteur, et Isabella, la fille de Jean et Geneviève De Frissac, qui a assisté au meurtre de ses parents, cachée sous un lit.
Mélicourt conduit la fillette jusqu’à une troupe de bohémiens dont il est issu. Les romanichels vont l’adopter, et la considérer comme l’une des leurs, tout en la protégeant.
Les années passent, Isabelle est devenue une belle jeune femme, experte dans le maniement des armes. Ignorant tout de ses origines, un événement inattendu va lui apprendre sa noble lignée et le destin tragique advenu à ses parents. Dès lors, Isabelle va être obsédée par la vengeance, et son désir de tuer Von Nutter va passer avant l’amour que lui porte le dévoué Gilbert de Villancourt.
« Isabelle Duchesse du Diable » est l’adaptation fidèle d’un fumetti créé par Sandro Angiolini en 1966, et qui fut d’ailleurs le premier fumetti érotique. Le dessinateur s’était inspiré du personnage d’Angélique de Sancé de Monteloup, ou plus communément Angélique Marquise des Anges, imaginé par Anne et Serge Golon, et dont les premières aventures furent publiées en 1957. Le personnage d’Angélique sera adapté en cinéma en 1964, et connaîtra quatre suites jusqu’en 1967. Si le personnage d’Angélique a longtemps collé à la peau de Michèle Mercier, nul doute que celui d’Isabelle restera à jamais le rôle essentiel dans la carrière de Brigitte Skay. Cantonnée à de furtives apparitions à l’écran, dont la plus mémorable demeure celle de « La Baie Sanglante », la belle Allemande campe ici une héroïne digne de la bande dessinée. Ceci grâce à Bruno Corbucci, frère cadet de Sergio Corbucci, et considéré (le plus souvent à juste titre) comme le cancre de la famille. En effet, si l’aîné a prouvé, notamment dans le western, qu’il fut un réalisateur talentueux, on ne peut en dire autant de Bruno (également scénariste de renom), à qui l’on doit un sous-peplum inspiré du « Caligula » de Tinto Brass : « Messaline Impératrice et Putain », ainsi que toute une flopée de comédies policières labellisées « Squadra », et interprétées par un Tomas Milian en roue libre.
Mais « Isabelle Duchesse du Diable », au titre si proche du premier volet de la série des Angélique, fait exception à la règle. Le film est une totale réussite, intégrant dans un équilibre harmonieux action, suspense et romantisme. Mais à la différence des œuvres de Bernard Borderie, le long métrage de Corbucci intègre un érotisme plus explicite et particulièrement osé pour l’époque, et quelques scènes de tortures efficaces, sans oublier une décapitation dans un final de haute volée. On n’oubliera pas de sitôt la tentative de meurtre d’une intrigante à la solde de Von Nutter sur la personne d’Isabelle, lors d’une scène de saphisme assez chaude dans un bain qui l’est tout autant. Ni le banquet au cours duquel l’une des favorites du maître des lieux doit faire perdre ses moyens à un serviteur noir bien bâti, suite à un pari. Et encore moins le passage où Nadia, la maîtresse de Von Nutter, enduit le corps d’Isabelle avec un onguent aphrodisiaque. Mais les combats sont également nombreux, et fort bien exécutés. Duels à l’épée, escarmouches et bastons diverses se succèdent à un rythme effréné, autant que les coups de théâtre. Le rythme est de ce fait très dynamique, mis en valeur de surcroît par les envolées tziganes du compositeur Sante Maria Romitelli, à qui l’on doit aussi la partition de « Une Hache pour la Lune de Miel ».
Aux côtés de Brigitte Skay, les fans de Jess Franco reconnaîtront Fred Williams, qui écumera au début des années 70 les productions du cinéaste espagnol (« Les Nuits de Dracula », ‘The Devil came from Akasava, « She killed in Ecstasy »). Sal Borgese, figure incontournable du polar italien, est également présent, ainsi que quelques anciennes pointures du peplum : Mimmo Palmara, et Mario Novelli, ce dernier ayant eu aussi un premier rôle dans le « Destination Planète Hydra » de Pietro Francisci.
En résumé, « Isabelle Duchesse du Diable » est non seulement une très bonne surprise, mais peut-être aussi le meilleur film de Bruno Corbucci, et une excellente transposition d’une bande-dessinée, tout comme le « Danger Diabolik » de Mario Bava. Tout juste remarquera-t-on quelques libertés avec la vérité historique, notamment la référence à la Confédération Germanique qui, en réalité, ne verra le jour que deux siècles plus tard.
Mais ne faisons pas la fine bouche, cette Isabelle vaut largement le détour ; elle est l’alter ego idéal à Angélique en matière de cinéma de genre, l’alternative à tous ceux qui auraient rêvé de voir Michèle Mercier dans des situations… disons plus osées. Apparemment, Bruno Corbucci en rêvait aussi, et il a brillamment matérialisé son souhait. Notons qu’en cette même année 1969, Ruggero Deodato réalisera un « Zenabel » (avec Lucretia Love) également fort sympathique, et inspiré lui aussi du fumetti de Sandro Angiolini.
Note : 8,5/10
Accroche : Brigitte Skay porte bien le cuir
(et merci à Valor pour les visuels)
Dernière édition par flint le Mar Déc 09, 2008 10:39 am; édité 1 fois |
|