[M] [Critique] Des Filles pour un Vampire

[flint]

Des Filles pour un Vampire – 1960
(L’ultima preda del vampiro)

Origine : Italie
Genre : horreur kitsch

Réalisé par Piero Regnoli
Avec Walter Brandi, Lila Rocco, Maria Giovannini, Corinne Fontaine, Alfredo Rizzo, Tilde Damiani, Antonio Nicos

Autres titres : The Playgirls and the Vampire/Last victim of the Vampire/Daughters of the Vampire


Un car transportant cinq danseuses, leur impresario et un pianiste se retrouve en rade dans une contrée pour le moins déserte. Un paysan guide tout ce petit monde vers l’unique lieu habité dans les environs : un château habité par le Comte Gabor Kernassy (Walter Brandi). Mais il s’avère que les étrangers ne sont pas les bienvenus en ces lieux. Tour à tour, le jardinier, puis la gouvernante leur somment de faire demi-tour, affirmant qu’il est impossible de les héberger. Puis, le Comte en personne fait son apparition et ne se montre pas plus affable. Jusqu’à ce qu’il aperçoive, parmi les danseuses, la jolie Vera (Lila Rocco) qui ressemble étrangement à l’une de ses ancêtres ayant vécu dans la seconde partie du XVIIIe siècle.
Changement de programme, donc, et Kernassy, troublé par la jeune femme, convie la troupe à rester. Vera, elle aussi, est perturbée, et en observant les pièces du château elle a un sentiment de « déjà vu ». Plus tard dans la soirée, alors que chacun a regagné sa chambre respective, Vera sort faire un tour et tombe nez-à-nez avec le Comte. Ce dernier la met en garde d’un danger, tout en restant évasif.
Mais le lendemain, on retrouve le corps sans vie de l’une des danseuses, Katia (Maria Giovannini). D’après le châtelain, elle aurait fait une chute accidentelle depuis la fenêtre de sa chambre. Pour corser la situation, il s’avère impossible de prévenir les autorités, le téléphone ne fonctionnant plus ; le pont reliant l’unique route s’est écroulé ; et les domestiques semblent cacher un terrible secret. En effet, il se passe des choses bien étranges dans les sous-sols du château, à la nuit tombée, où se trouve le caveau familial dans lequel reposent les ancêtres du Comte Kernassy.



Assistant réalisateur de Riccardo Freda sur le tournage des « Vampires », en 1957, Piero Regnoli n’a mis en scène que très peu de films dans sa carrière. Tout juste se rappellera-t-on du peplum « Maciste dans les mines du Roi Salomon ». Par contre, l’homme présente un CV bien plus conséquent en tant que scénariste, flirtant allègrement avec le bis dans des œuvres coquines comme « Les Nuits chaudes de Caligula », « Malabimba » ou « Malombra » ; des films d’horreur cultes tels « Le Manoir de la Terreur » et « Patrick still lives » ; sans oublier de l’héroïc-spaghetti avec le duo « Sangraal » et « L’Epée de Feu ».
Trois ans après le film de Freda qui annonça donc le courant gothique italien, plusieurs œuvres virent le jour. La plus célèbre demeure évidemment « Le Masque du Démon », de Mario Bava. Mais en dehors de ce courant classique, dont les meilleurs artisans furent, en dehors de Bava, Riccardo Freda et Antonio Margheriti, se développa en parallèle un cinéma gothique un peu plus « déviant », s’appuyant autant sur l’aspect horrifique qu’érotique. Un érotisme très soft, cela va de soi, étant donnée l’époque. L’année 1960 vit apparaître deux films présentant de fortes similitudes : une troupe de danseuses pour le moins sexy et délurées confrontées à un vampire dans un château lugubre. Le premier est « L’amante del vampiro », de Renato Polselli, et l’autre « Des Filles pour un Vampire », de Piero Regnoli.



Point commun de ces deux films : Walter Brandi, qui va jusqu’à cumuler deux rôles dans le Regnoli : celui du châtelain, et celui de son ancêtre devenu une créature de la nuit. On retrouvera Brandi par la suite dans des films du même acabit : « Slaughter of the Vampires » et « Vierges pour le Bourreau », et dans le plus sérieux « Cimetière pour Morts-Vivants », aux côtés de Barbara Steele. Dans le rôle de Lucas, l’impresario-chorégraphe, on aura reconnu une autre figure emblématique de ce courant « kitscho-gothique » : Alfredo Rizzo. Complice de Walter Brandi dans « Cimetière pour Morts-Vivants » et « Vierges pour le Bourreau », l’homme fut aussi le réalisateur de « L’Insatiable Samantha » et « Carnalita », dont les intrigues policières étaient agrémentées d’un érotisme très marqué.

« Des Filles pour un Vampire », presque un demi-siècle plus tard, n’apparaît pas comme un chef-d’œuvre, loin s’en faut. Mais cette œuvre mineure n’en est pas moins amusante, et distrayante. Le film mélange les ingrédients du cinéma d’horreur classique : serviteurs inquiétants, secret ancestral, laboratoire secret, héroïne ressemblant à l’être aimé du vampire, etc… et ceux du film d’exploitation des sixties : « scream girls », striptease, nudité soft…
Il a été tourné dans la région d’Artena, dans le fameux Château Borghese que l’on voit également dans « L’amante del vampiro » et « Vierges pour le Bourreau », notamment. A titre d’anecdote, le blason des Kernassy (un bouclier frappé de la lettre « K ») sera à nouveau utilisé dans « La Crypte du Vampire », de Camillo Mastrocinque », où Christopher Lee incarne un châtelain nommé Karnstein (le film s’inspirant du « Carmilla » de Sheridan Le Fanu).
Contrairement au film de Polselli qui a été diffusé sur une chaîne satellite (en version italienne sous-titrée), « Des Filles pour un Vampire » n’est actuellement visible actuellement que par le DVD américain de Image Entertainment, sous le titre « Playgirls and the Vampire ». Bien qu’étant en anglais sans sous-titres, il n’est pas trop difficile d’accès pour les anglophiles, et seule la doublure de Rizzo est dure à suivre. Et puis, bon, l’intrigue n’est pas très compliquée, n’est-ce-pas ?



note : 6/10
accroche : Jerk avec Dracula

[Throma]

J'ai toujours pensé que ce film était un remake à peine déguisé du "Vampire and the ballerina" de Polselli. Ce n'est pas le cas ?

Je n'ai pour l'instant vu ni l'un ni l'autre, redoutant un peu de me faire chier sur la longueur mais vu ton papier plutôt positif, je vais franchir le pas.
Au pire, si j'aime pas, je te flanque un procès au cul pour tromperie et abus d'enthousiasme
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[flint]

[pazuzu]

Cela fait un moment que je lorgnais sur ce film. Merci pour ta critique, flint. Je vais me procurer ce DVD au plus vite! :happy:

[mallox]

T'es certain de l'année de prod du film Mister Flint ?
En fait, je le vois un coup estampillé 60, un coup 62, et comme je l'ai fichu en 1962 dans la database, je devrais à priori le changer d'année, si tu me confirmes la date.
Sinon, il m'a l'air vraiment sympa ce cha-cha-cha vampire !

Richard Anthony.
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[flint]

D'une source à l'autre, une fois n'est pas coutume, c'est très variable. Le film est daté de 1960 au dos de la jaquette du DVD, et 1961 sur "Spaghetti Nightmares". Il a été réalisé juste après "Le Masque du Démon", et "L'amante del vampiro", réalisés tous deux en 1960.
Donc, c'est pas 1962, en tout cas, mais plus probablement 1961.

[Throma]

Tiens ça, c'est fortiche parce que je me suis tapé (oui, tapé) hier soir "Le massacre des vampires" de Roberto Mauri et ce fut très pénible.
Le vampire de service évoque plus une folle avec perruque blonde platine en costard de dandy. Comment voulez-vous instaurer une ambiance décente après ça ?
On a les crocs, on attend désespérement que quelque chose se passe mais rien ne vient, si ce n'est l'appel de Morphée.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[RuggeroPark]

Je l'ai vu il n'y a pas longtemps ce Piero Regnoli, alias Pignoli. Je dois dire que j'ai trouvé ça très très gentillet. Désuet même. Flint me dira que c'est là tout son charme. Il est vrai aussi... enfin bon, question d'humeur sans doute.

[Bigbonn]

L'index des saisons indique que Des filles pour le vampire est répertorié dans la saison 63, donc sorti entre mi-62 et mi-63.
Mais je n'ai pas la saison 63.
Bref, on n'est pas plus avancés.

[mallox]

Bah je pense que Flint est dans le vrai. Perso, je suis plutôt pour mettre (quand on la connait bien entendu), l'année de production, plutôt que l'année de sortie qui peut différer d'un pays à l'autre.

(par contre, il faudrait qu'il change la date dans sa critique-et-toc ! enfin si ça se trouve le film a été fait en 60, va savoir... )
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[flint]

[Valor]

Dans "Bizarre Sinema ! Horror all'italiana 1957-1979" (Glittering images) Antonio Bruschini explique que "L’ultima preda del vampiro" a été tourné en 1960, suite au succès remporté par "L'amante del vampiro" de Polselli à sa sortie ...

[flint]

Bon, ben je vais remettre 1960 !

merci Valor pour cette précision

[flint]

Fiche DVD :



Des filles pour un vampire – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie ciné : 17 octobre 1962 (France)
Sortie dvd : 1er juin 2010

Durée : 81 minutes
Image : 1.37 original respecté – 4/3
Audio : Mono

Langue : français
Sous-titres : non

Bonus :
- Les vampires dans le cinéma italien, par Alain Petit (38 min)
- Galerie de photos (affiches, photos d’exploitation)
- Bandes-annonces de l’éditeur (12 au total)
- Court métrage « Symphonia horroris » (8 min)



Commentaire : Excellente initiative de la part d’Artus Films, après un long silence, que d’avoir dépoussiéré l’un des fleurons du cinéma « sexy/gothique » italien du début des années 1960. Jusqu’ici disponible en DVD par le biais, notamment, de l’éditeur américain Image Entertainment (en anglais sans sous-titres, dans la fameuse collection « Euroshock »), « Des filles pour un vampire » est présenté dans une copie présentant quelques défauts, certes, mais qui a le mérite de proposer la version française, relayée par la version américaine (avec sous-titres français) pour les passages (parfois de simples répliques) qui n’avaient jamais été doublés dans notre langue.
Par rapport au master américain, celui d’Artus présente un peu plus de souffle à certains moments, mais l'image est moins délavée, avec un meilleur rendu dans le noir et blanc ; le film à presque 50 ans, et donc il y a quelques défauts inhérents pour ce genre de petite production d’époque. Le format 1.37 est identique, sinon, et l’image est donc très correcte, ce qui permet d’apprécier les nombreuses scènes nocturnes émaillant le film.



Au niveau des bonus, en dehors des traditionnelles galeries de photos et bandes-annonces diverses, on notera un court-métrage rendant hommage au « Nosferatu » de Murnau, sympathique mais relativement anecdotique. La pièce maîtresse de ces bonus est l’entretien consacré aux vampires dans le cinéma italien, dans lequel on retrouve l’un des spécialistes français du cinéma de genre : Alain Petit. Ce dernier, toujours aussi sympathique, passe en revue les films de vampires produits et réalisés en Italie dans les années 60/70, s’attarde ensuite sur une partie du casting et le réalisateur, pour finir avec nostalgie sur le « Midi-Minuit », l’une des salles mythiques de Paris avec le « Brady ». Dans cet entretien de près de quarante minutes, Alain Petit démontre une fois encore son érudition et livre quelques anecdotes fort appréciables.
En résumé, la sortie de ce film rare était déjà suffisante en soi, et l’apport de ce bonus est en quelque sorte la cerise sur le gâteau. On rêve maintenant de voir sortir d’autres films dans ce style, comme « L’amante del vampiro », «L’orgie des vampires » ou « Le manoir maudit », par exemple. Oui, on peut bien rêver, après tout !



Note : 8/10


Image comparative :


Image Entertainment


Artus Films

[flint]

Je n'ai pas évoqué le doublage français, mais il avait été particulièrement soigné, puisqu'on y retrouvait les pointures de la voxographie, à savoir Michel Roux (Tony Curtis et Peter Sellers, entre autres), Jacques Thébault (Patrick Mc Goohan, Robert Conrad, Steve Mc Queen...), Martine Sarcey (Elizabeth Montgomery), et Marc Cassot (Paul Newman).
Du coup, en regardant le film, on pense inévitablement à "Amicalement votre", "Les mystères de l'Ouest", "Le Prisonnier" ou "Ma sorcière bien aimée" !