[M] [Critique]Totò qui vécut deux fois - Ciprì et Maresco

 
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mallox
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MessagePosté le: Mar Mai 12, 2009 7:12 am    Sujet du message: [M] [Critique]Totò qui vécut deux fois - Ciprì et Maresco Répondre en citant

Ce film singulier composé de 3 sketchs drôlatiques date de 1998. Il sortira dans les salles le 10 Juin prochain.

Trois sketches farfelus et blasphématoires inspirés des épisodes les plus connus de la vie du Christ.
A noter que "Toto qui vécut deux fois" a été montré en sélection officielle à Berlin en 1998 et interdit en Italie avant même sa sortie.



"Totò qui vécut deux fois" - 1998
(Totò Che Visse Due Volte)

Origine : Sicile

Réalisé par Ciprì et Maresco


Durée 95 min


Synopsis :

Un obsédé sexuel qui est prêt à subir toutes sortes d'humiliations pour satisfaire ses envies et s'introduire dans la maison de la prostituée itinérante qui séjourne quelques jours dans le village, un vieil homosexuel qui aimerait assister à la veillée funèbre de son amant mais craint les foudres de sa belle-famille, un messie local errant dans la campagne, quelque peu enclin à prêcher et à faire des miracles. Tels sont les trois héros de ce film farfelu et grotesque.



A propos :

"Ce film est une attaque contre le sacré, contre l'homme. Rien ne peut être coupé. Il s'agit d'un non message, inutile et pervers, totalement négatif" a déclaré l'un des censeurs. Ce à quoi les réalisateurs répondent: "Notre film est un film religieux avec un sens du sacré tout autre que le blasphème. Certes, notre messie est de Palerme, il n'a rien de traditionnel".

De nombreux cinéastes, fervents admirateurs de l’oeuvre de Ciprì et Maresco, les ont beaucoup soutenu au moment du procès ; Bernardo Bertolucci, Marco Bellocchio, Fernando Solanas, Dick Miller Paisley, Mario Monicelli, Guiseppe de Santis et Mario Martone par exemple.


La presse :


"Ciprì et Maresco sont deux monstrueuses figures du cinéma italien ancrées dans le terreau sicilien, et totalement méconnues en France."
Jacques Mandelbaum - Le Monde


"Il ne fait pas de doute que le binôme Cipri/Maresco demeure la seule apparition notable dans le désert du cinéma italien des années 90".
Olivier Père - Les Inrockuptibles


"Totò qui vécut deux fois est soigné comme du Sokourov et sale et méchant comme une poubelle".
Édouard Waintrop - Libération


"Contrairement à de nombreux créateurs qui paraissent souvent singuliers à un simple niveau anecdotique, Ciprì et Maresco font réellement office de démiurges bâtissant un univers clos et cohérent à nul autre pareil. Une oeuvre à découvrir impérativement".
Raphaël Bassan - Bref


" Voilà une oeuvre évidemment, et intensément cinématographique : sens fordien du cadre, utilisation magnifique du noir et blanc et de la lumière, idées toujours justes et inattendues de la mise en scène, rigueur et cohérence formelles coexistant avec un sentiment de liberté, d’improvisation au sens musical du terme".
Les Cahiers du Cinéma




* Sortie le 10 Juin 2009


Plus d'infos sur le site de ED Distribution:



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Dernière édition par mallox le Jeu Mai 21, 2009 8:06 am; édité 2 fois
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Kidam
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MessagePosté le: Mar Mai 12, 2009 5:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens, ça me tente bien ce schmilli-truc païen.
J'espère que c'est paillard ! J'adore le paillard !
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The Hard
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MessagePosté le: Mar Mai 12, 2009 6:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bien alléchant (slu...) en tout cas (urp!).
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Bigbonn
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MessagePosté le: Mar Mai 19, 2009 9:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Toto qui vécut deux fois (Toto che visse due volte)
Italie – 1998
Un film de Daniele Cipri et Franco Maresco, avec Salvatore Gattuso, Marcello Miranda, Carlo Giordano, Pietro Arcidiacono.
Genre : Trash

Toto commence dans un cinéma crapoteux où Paletta, un obsédé sexuel, se masturbe en regardant un âne se faire enfiler par un homme. Tiens, c’est spécial, se dit-on. La suite est du même acabit puisque on retrouve Paletta, le barbu crucifié de l’affiche, dans des toilettes publiques au milieu d’autres hommes, tous en train de se branler à travers leurs pantalons en regardant un film diffusé hors-champ.
Paletta est, semble-t-il, l’idiot d’un village qui compte une tripotée de miséreux et d’abrutis. C’est aussi un pauvre bougre maltraité par les autres qui le moquent, le compissent et le conchient, au sens littéral.
Paletta rêve de se farcir Troiscylindrées, une pute qui vient d’arriver en ville précédée d’une flatteuse autant que sulfureuse réputation. Mais Paletta est fauché comme les blés et, lorsqu’il demande à sa mère de l’argent pour aller assouvir ses pulsions libidineuses, celle-ci l’envoie sur les roses en regrettant amèrement d’avoir élevé un enfant plutôt que des porcs.
Pour arriver à ses fins, il vole un bijou placé dans le tabernacle christique de la place, offrande de Don Nene, mafioso notoire. Ce n’était évidemment pas une bonne idée.



Le deuxième segment de ce film, qui en compte trois, nous narre l’histoire d’amour crapoteuse de Fefè avec un homme qui vient de mourir. Leur relation homosexuelle présentée dans des flash-backs révèle chez le défunt un sentimentalisme à l’eau de rose assez poussé alors que, pour Fefè, seul l’appât du gain, même relatif, même modeste, semble être le véritable moteur de cette union de circonstance.
La présence de Fefè, venu veiller le mort malgré les craintes d’être battu par le frère de celui-ci, s’explique d’ailleurs surtout par la volonté de lui voler une bague dont il n’aura de toute façon plus besoin. Son forfait accompli, Fefè rentre chez lui, dans une minable piaule envahie par les rats.



Troisième partie : le messie Toto, qui aime à se caresser la bite, toujours suivi de son apôtre nabot (Judas), est sollicité pour ressusciter Lazare, récemment dissous dans l’acide par les mafieux de Don Toto. Miracle, ça marche ! Et Lazare renaît de ses molécules dissoutes pour mieux s’en aller tuer ses ennemis aux grands cris de « Vendetta ! Vendetta ! »
Pendant qu’un ange se fait voler ses ailes et que son voleur livre son cul à trois obèses et à Pitrinu, un obsédé violeur de poules, Judas fait son office et trahit son maître sous les regards rigolards des apôtres qui ripaillent.

La rencontre de Toto et de Don Toto, forcément acide, précèdera de peu l’arrivée sur l’une des trois croix érigées au début de cet épisode de Pitrinu l’obsédé, rejoignant Fefé et Paletta, à la tête couverte de sa couronne d’épines.



Etonnamment, ce film connut des problèmes avant sa sortie en Italie en 1998 et dut même subir les affres de la censure. Franco Zeffirelli, réalisateur de Jésus de Nazareth en 1977, déclara à propos de Toto : « dans un cas comme celui-ci, la censure totale est nécessaire », ajoutant, pour prouver une fois de plus à quel point la bêtise des censeurs est crasse : « et en ce qui me concerne je n’irai pas voir ce film car je sais déjà de quoi il est question et je ne veux pas salir mon regard ».
Montré en sélection officielle au festival de Berlin, le film finit par sortir 6 mois plus tard, assorti d’une interdiction aux moins de 18 ans mais soutenu par des réalisateurs comme Bernardo Bertolucci, Marco Bellochio, Fernando Solanas ou Mario Monicelli.

Mais finalement, Toto valait-il tout ce battage ? Et était-il aussi sacrilège qu’il ne le semblait ? N’étant pas curé et n’ayant pas un sens du religieux très poussé, je m’abstiendrai volontiers de répondre à la seconde question. Néanmoins, je ne pourrais qu’abonder dans le sens des réalisateurs lorsqu’ils disent : « certes, notre messie est de Palerme, il n’a rien de traditionnel ». Certes. J’en veux d’ailleurs pour preuve son langage de charretier, lui qui dit au dissous, pour le ressusciter : « Sors de là, Lazare. Sors de là, tête de bite. » Pas sûr que le Nazaréen était aussi familier avec les miraculés.

Ni que les anges, qui n’ont, c’est bien connu, pas de sexe, appréciaient particulièrement de se faire sodomiser par des types d’un quintal et demi. Encore moins que le Christ couronné ne s’excitait en voyant son voisin d’infortune se frotter les parties génitales contre une croix.



Bon, ok, c’est, au minimum, provocateur dans un pays où la calotte s’est toujours bien portée, où le pape a sa propre cité, où la religion est toujours affichée comme une valeur première, même si les arrière-cours sont bien moins regardantes.

Mais Toto est d’abord original, étrange et perturbant. Pour ce dernier point, surtout parce qu’on ne voit pas trop où veulent en venir ses deux instigateurs, Daniele Cipri et Franco Maresco. Le film est beau, propose des noirs et blancs qui varient en fonction des séquences (l’image devenant même crapoteuse au moment de l’enculage de l’ange), offre des cadres très travaillés, et un environnement tout à fait particulier, autant que misérable. Il y a une énorme frustration sexuelle qui semble animer les principaux protagonistes du film, victimes du manque flagrant de partenaires féminines. D’ailleurs, même les femmes du film sont incarnées par des hommes, que ce soit les vieilles autour du défunt ou Troiscylindrées, la pute au physique de catcheur. La mère de Paletta, dans le premier segment, sera elle-même toujours hors-champ. Ce parti-pris des réalisateurs n’est pas explicité et il m’intrigue encore.
De même que ce titre, Toto qui vécut deux fois, à moins que cela ne renvoie juste au fait que Don Toto le mafieux et Toto le messie sont joués par le même acteur, Salvatore Gattuso.
Dans des extraits d’interview d’Eric Biagi (extraits du dossier de presse), Franco Maresco apporte aussi quelques précisions sur sa volonté et celle de son co-réalisateur : « Le problème était de partir du réalisme pour le transcender et lui conférer une dimension abstraite, un peu métaphysique, absurde. » Et sur la profonde misère qui semble imprégner tout l’univers du film, où même les mafieux ne roulent pas sur l’or, où l’on ne voit aucune voiture et où la bougie semble encore souvent la norme : « L’Italie voit arriver une autre Italie, [celle du Sud], représentant une réalité que la première voudrait bien effacer, celle des déshérités, des misérables, des malheureux, (…) c’est un Sud qui casse les couilles, qui est féroce, bref il est vrai, authentique, il est fait de peau sale, de pets, de gens malades et de bossus ».



Tout Toto mixe en effet cette dureté quotidienne à une truculence et une gouaille parfois réjouissantes. La force du film réside dans sa forme, très travaillée et sortant de la norme, la crudité de ses situations et de ses dialogues et le choix de ses acteurs, aux trognes incroyables. Sa faiblesse principale est la longueur parfois abusive de certaines séquences, notamment dans le deuxième sketch qui tourne un peu en rond et vient nuire aux deux autres, doublée d’un hermétisme parfois rédhibitoire sur les intentions de ses protagonistes, qui peut en perdre plus d’un en route.
Mais c’est un film à voir, pour le sillon étrange que tracent ses deux auteurs, autodidactes palermitains, dont les partis-pris bien affirmés proposent aux spectateurs une heure trente de spectacle sortant de l’ordinaire, loin des oeuvrettes lisses et proprettes, des scénarios aseptisés et des stars ultra-maquillées.

Autour du film : la séquence initiale et zoophile avec un âne est tirée du premier long-métrage de Cipri et Maresco : Lo Zio di Brooklyn (L’oncle de Brooklyn, 1995) ; il est d’ailleurs précisé qu’aucun animal n’a souffert pendant ce tournage. Il n’est pas dit s’il y a pris du plaisir.
Le troisième film des deux auteurs date de 2003 : Il ritorno di Gagliostro (Le retour de Gagliostro).
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mallox
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MessagePosté le: Mar Mai 19, 2009 9:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bigbonn a écrit:

Toto commence dans un cinéma crapoteux où Paletta, un obsédé sexuel, se masturbe en regardant un âne se faire enfiler par un homme. Tiens, c’est spécial, se dit-on.


ico_mrgreen

Super ! Bon, faut absolument que je passe le cap et que je le voie.

Quant à Zeffirelli, ça a toujours été à 200% un catho réac que l'aigreur a fait se mettre à la solde de Berlusconi avec derrière une une bonne vieille nostalgie pour le Duce. En plus ses films sont tout pourris. Donc pas étonnant.
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