[M] [Critique] Zatoïchi, Voyage en enfer

 
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Bigbonn
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MessagePosté le: Mer Jan 20, 2010 9:15 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Zatoïchi, Voyage en enfer Répondre en citant

Zatoïchi, Voyage en enfer
(Zatoichi Jigoku Tabi)
Japon - 1965
Un film de Kenji Misumi, avec Shintaro Katsu, Mikio Narita, Chizuru Hayashi, Kaneko Iwasaki, Gaku Yamamoto.

Genre: chambara



Nouveau voyage pour le sabreur aveugle et, si le précédent était meurtrier (Zatoïchi, voyage meurtrier), celui-ci l'emmène "en enfer", si l'on en croit le titre. Un peu exagéré ce titre d'ailleurs car, finalement, point de véritable séjour infernal ici, mais des péripéties et des rebondissements à foison qui ne laisseront, c'est vrai, que peu de répit à notre masseur émotif. Pour tout dire, l'enfer sur terre ne viendra que bien plus tard dans la série, avec La blessure, film d'une noirceur presque totale et dans lequel Ichi acquièrera une stature quasi mystique, celle d'un ange vengeur, d'un exécuteur sans pitié, d'un rédempteur par le sang. Mais n'anticipons pas et revenons à nos moutons.



Ichi et Jumonji prennent le bateau; Ichi tombe à l'eau (ou presque). Qui le secourt? Jumonji bien sûr. Jumonji Tadasu même, pour être précis. Comme on commence à connaître "notre" Ichi (le personnage nous devient de plus en plus familier et sympathique au fur et à mesure que s'enquillent les films, ici le n°4 en dvd chez nous mais déjà le 12ème de la série originale avec Shintaro Katsu), on se demande si cette presque chute avec force moulinets de bras n'est que pitrerie de sa part ou réelle maladresse due à sa cécité. A moins qu'il ne s'agisse que d'une ruse scénaristique destinée à amuser le spectateur et à jouer sur le contraste du masseur maladroit et du sabreur virevoltant.



Car cet épisode, s'il est une fois encore réalisé par Kenji Misumi, dont les plans, le sens du cadre, l'utilisation des paysages naturels et des lieux de l'action forcent le respect, mais dont les langueurs contemplatives lassent parfois un peu, est écrit par Daisuke Ito, vieux briscard du cinéma nippon, et pas le perdreau de l'année puisqu'il réalisa ses premiers films dans les années 20 et en écrivit et filma de pleines pelletées au cours des décennies suivantes (et notamment des chambaras) dont je dois bien avouer que je n'en ai vu aucun, bien qu'ils bénéficient d'avis plutôt positifs.



Donc, c'est sous la plume de Daisuke Ito que notre héros joue une fois de plus, et pour notre plus grand plaisir, sa partition, et pas seulement au shamisen. Parieur toujours prêt à se jouer des autres pour gagner, sabreur hors-pair dès que la situation l'exige, Ichi prouve une fois encore qu'il a une proximité naturelle avec les enfants, que ce soit en sauvant une petite fille ou en en faisant rire d'autres dans le bain public.




Il cache aussi, tant bien que mal, la vive émotion qu'un simple merci peut provoquer chez lui. Et il apparaît comme un être au charisme et au charme réels, qui provoque le trouble chez ses partenaires féminines, peu nombreuses mais toujours attachantes. Ici, la belle Otané, dont les motivations un peu mystérieuses nous apparaîtront plus claires au cours du métrage tandis que ses intentions se renverseront au contact d'Ichi.



Ce voyage est aussi l'occasion d'une rencontre marquante, comme ce sera presque toujours le cas dans la série, avec un partenaire-adversaire, en l'occurence Jumonji Tadasu, dont la stature est réelle (un Jumonji interprété par Mikio Narita, vu par ailleurs chez Fukasaku - dans Police contre syndicat du crime, Le cimetière de la morale, mais aussi chez Hideo Gosha ou dans Hanzo the Razor - La chair et l'or).
Contrairement à l'épisode précédent, cette fois Ichi croise le fer avec un adversaire redoutable et impitoyable, après avoir pu rire avec lui, jouer aux échecs, et deviser simplement, d'égal à égal.



Pas de mépris, pour Jumonji, envers "l'aveugle de mes deux" ou "le con d'aveugle", comme l'appelleront régulièrement ses adversaires en sursis dans bien d'autres films, mais au contraire la conscience réelle d'être en présence d'un bretteur hors-pair en plus d'un joueur d'échecs dans le noir mais éclairé quand même!
Leur duel final se jouera d'ailleurs lui aussi comme une partie d'échecs mobile, sur la route, comme sa conclusion en tout cas.



Bien avant cela, Ichi sera passé par plusieurs états, du trouble amoureux au désarroi devant sa condition, le sentiment toujours plus ancré qu'il est destiné à vivre seul, en marge de la société.
Ce voyage en enfer mouvementé et rocambolesque, non dénué d'humour (souvent présent à petites doses dans la série) donne à voir un Zatoïchi dont Katsu est décidément la personnification rêvée, héros perdu sur un chemin qui ne semble lui offrir que pièges et rencontres fatales, condamné à errer et à sortir son sabre à intervalles réguliers, yakuza dépité et désenchanté mais ô combien passionnant.

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