[M] [Critique] Sans Retour / Southern Confort - 1981

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Dim Fév 14, 2010 11:26 am    Sujet du message: [M] [Critique] Sans Retour / Southern Confort - 1981 Répondre en citant

Sans Retour / Southern Confort - 1981

Origine : USA
Genre : Survival



Réalisation : Walter Hill
Scénario : Michael Kane, Walter Hill, David Giler
Musique : Ry Cooder
Production : David Giler
Accroche : Born to the bayous

Avec :
Keith Carradine (Spencer), Powers Boothe (Cpl. Charles Hardin), Fred Ward (Cpl. Lonnie Reece), Franklyn Seales (Simms), T.K. Carter (Tyrone Cribbs), Lewis Smith (Stuckey), Les Lannom (Sgt. Casper), Peter Coyote (Sgt. Crawford Poole), Alan Autry (Cpl. 'Entraineur' Bowden), Brion James (un trappeur cajun)



Résumé :
1973 - Neuf hommes de la Garde Nationale de Louisiane participent aux manœuvres semestrielles : ils doivent effectuer une marche dans les bayous, ces marais peuplés d'arbres gigantesques. Bloqués par une rivière en crue, ils empruntent trois pirogues pour la traverser. Lorsque les trappeurs cajuns à qui elles appartiennent se montrent sur la rive, Stuckey tire stupidement sur eux, à blanc. Riposte immédiate : le sergent Poole, le chef du groupe, est abattu. Déboussolé, le détachement, dont l'autoritaire Casper a pris le commandement, poursuit sa route à pied.

Au delà de sa réputation de démarquage de « Délivrance », voici peut-être le chef d’œuvre de Walter Hill, car « Sans Retour » est loin d’être une simple imitation, c’est un film original qui utilise son décor atypique (les bayous de Louisiane) comme une entité vivante, dans laquelle neuf grandes gueules se prenant pour des soldats vont inexorablement s’enfoncer. En prenant son temps, Hill dilue une atmosphère malsaine, et tisse inexorablement les fils de son intrigue en présentant son « commando ». Une bande de civils venus faire ces manœuvres comme on va jouer au football, indisciplinés et légèrement bagarreurs ; leur seul ciment est leur supérieur : le sergent Poole, qui maintient un semblant d’autorité. Une fois ce dernier tué, le groupe va peu à peu tomber dans le chaos et l’anarchie. En effet, l’attitude irresponsable de certains (qui va d’ailleurs entraîner la mort de leur chef) ne va pas s’améliorer une fois la chasse à l’homme lancée.
Lorsque « Southern Confort », que l’on pourrait traduire par « Le confort du Sud » (et qui est aussi le nom d’un alcool), est sorti, beaucoup le présentait comme un mélange entre « Rambo » et « Délivrance », alors que le film de Hill est tout à l’opposé de celui de Kotcheff. Contrairement à Rambo qui utilise son environnement pour se cacher et se défendre en chassant ses adversaires, les troufions de « Sans Retour » seront toujours des proies qui n’arriveront jamais à retourner la situation en leur faveur. Seuls deux membres de l’équipe trouveront grâce aux yeux du réalisateur et des chasseurs, Spencer et Hardin, car ils seront les rares à garder leur calme, et surtout à faire preuve d’une certaine solidarité. Le reste de l’équipe ne fera que s’entredéchirer au gré d’alliances douteuses, au lieu de faire corps et de réagir.




Le cinéma de Walter Hill fut longtemps décrié et semble aujourd’hui vouloir sombrer dans l’oubli. C’est totalement injuste, car Hill est l’un des réalisateurs importants des années 70-80, un trait d’union entre les années soixante et une certaine forme de classicisme populaire, et le pessimisme/cynisme des années 70. Contrairement à ses confrères de l’époque : Spielberg, Lucas, De Palma ou Coppola, Walter Hill ne s’est jamais livré à des expérimentations visuelles. Sa seule concession sera l’utilisation des ralentis et le décorticage extrême des impacts et coups de feu. Son cinéma fut donc considéré comme moins « intellectuel », plus basique et surtout (trop) violent, ce qui explique sûrement l’animosité d’une certaine critique envers un cinéaste entier. En fait, Hill n’a jamais renié ses influences, ces histoires ancrées dans le quotidien (quelque fois imaginaires comme « The Warrior » ou « Streets of Fire ») mettent toujours en scène des solitaires, interprétés avec justesse par des acteurs de qualité ou des « gueules » de cinoche. « Sans Retour » ne fait pas exception à la règle, les deux « héros » sont interprétés avec talent par Keith Carradine (frère de David et aussi compositeur), vu dans « Le gang des frères James », « L’empereur du Nord », « Maria’s Lover »… et Powers Boothe, toujours excellent comme dans « La forêt d’émeraude », « Extrême préjudice » ou la série « Deadwood ». Comme d’habitude, pour les accompagner, le réalisateur ratisse large dans les seconds couteaux de l’époque : Peter Coyote (« ET », mais aussi « Timerider » ou « Kika »), Fred Ward (« Remo », « Tremors »), T.K. Carter (« The Thing ») ou encore Brion James, excellent second rôle qui écuma nombre de films (quelques fois Z) et de séries télé des années 80, et que Hill utilisera lui aussi plusieurs fois (« 48h » et sa suite ou « Double Détente »).




Jamais un film n’aura montré aussi clairement l’impuissance et l’intolérance de personnes dites civilisées face à un environnement hostile, et une culture qu’ils ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre. La constatation est effrayante, la peur et la mort guettant chacun, dont chaque pas les enfonce encore plus dans les marais et les rapproche de la fin. Loin de faire une apologie de l’armée et des militaires, Hill nous propose un échantillon d’humanité guère reluisant qu’il associe à une vision amère sur l’interventionnisme. Seulement les cajuns ne sont pas un peuple vivant hors des frontières, mais bien des habitants à part entière des Etats-Unis, et leur seul crime est de mener une vie hors des standards édictés par la société. En faisant preuve d’arrogance envers les « cajuns », au lieu d’essayer de résoudre la situation de manière plus diplomatique, le groupe va s’enfoncer de plus en plus dans les marais et la paranoïa, dans un film qui suinte la peur et la haine aux entournures, une haine envers ces autochtones qu’ils ne comprennent pas, alors que ces derniers ne font que défendre leur territoire et leurs coutumes. Loin de caresser le public dans le sens du poil (les cajuns sont présentés comme des gens normaux vivant simplement en marge, et pas comme des dégénérés consanguins), Hill prend le risque de mettre tout le monde face à ses propres défaillances, y compris lui-même. Le résultat fut un échec commercial retentissant, mais l’un des meilleurs films du réalisateur. Une belle leçon de cinéma dont le cynisme et le désespoir ne furent pas du goût de tout le monde. Même le final laisse planer un doute, comme dans cette très belle séquence où les rescapés, après une ultime épreuve dans le village, se dirigent vers les secours, le tout filmé au ralenti. Hill ne montrera pourtant pas les deux « héros » arrivés au camion, laissant planer le doute sur leur sort jusqu’au bout. Un grand moment de cinéma sur la peur de l’autre et qui démontre que l’on peut mélanger divertissement et réflexion.




Dernière édition par The Omega Man le Dim Fév 14, 2010 11:43 am; édité 1 fois
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mallox
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MessagePosté le: Dim Fév 14, 2010 11:36 am    Sujet du message: Répondre en citant

L'un des tous meilleurs films paranoïaques en extérieur !
Le meilleur film de Walter Hill !
La meilleure critique de Omega (non, je déconne ).
Enfin, t'as raison, c'est son chef-d'oeuvre à mon sens. icon_wink
Injustement sous-estimé à l'époque (que des 1 étoiles dans l'horrible magazine "Première" de l'horrible Esposito !)... Normal ensuite que le film se soit cassé la gueule.

Marrant de revoir récemment pas mal d'acteurs de cette grande période de Hill dans la série qu'il avait produit pour la télévision : l'excellent "Deadwood" !
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flint
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MessagePosté le: Mer Fév 17, 2010 12:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il faudrait que je le revois, c'est encore un film que j'avais vu à l'époque grâce au vidéoclub du coin, et découvert grâce à la mythique revue "Starfix" (le numéro 2 de mars 1983, je suis sûr que tu l'as, l'Omega Man).
Un très bon souvenir en tout cas. Cela dit, en ce qui me concerne, mon film préféré de Walter Hill reste "Les rue de feu".
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The Hard
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MessagePosté le: Mer Fév 17, 2010 2:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

À revoir absolument et de toute urgence en ce qui me concerne. J'en ai un excellent souvenir de gosse, et je le place sans hésiter aux côtés de " The Warriors " ou encore " Les Rues de Feu " (d'ailleurs, j'adore l'accroche de la VHS CIC de ce dernier "Le Salaud... La Belle... Le Héros... La Musique..." ). Par contre, j'ai de sacrés trous de mémoire sur d'autres tel que " 48 heures " ou même " Le Bagarreur ".
Et le statut de "chaînon" des années 60 et 70 que tu donnes à Walter Hill me semble tout à fait justifié.
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MessagePosté le: Dim Mar 07, 2010 8:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Cela dit, en ce qui me concerne, mon film préféré de Walter Hill reste "Les rue de feu".


Je viens juste de le revoir et le seul truc qui me dérange, c'est les séquences de concert avec Diane Lane. Ouvrant et clôturant longuement le film, qu'est-ce qu'elles ont mal vieillies ! Sinon, c'est du tout bon : un William Defoe très sympa, à ses débuts, et une mythologie urbaine vraiment géante.
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flint
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MessagePosté le: Dim Mar 07, 2010 9:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moi, j'aime toujours autant. Je me rappelle, la première fois que j'ai vu le film, et la scène d'ouverture du concert, je me suis dit en écoutant la chanson : on dirait du Meat Loaf !
Et puis, j'ai su après que les morceaux en question avaient été produits par Jim Steinman, ceci expliquant cela.
J'ai toujours été fan de Meat Loaf, mais faut aimer, c'est vrai ! ico_mrgreen
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The Hard
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MessagePosté le: Lun Mar 08, 2010 10:27 am    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:

J'ai toujours été fan de Meat Loaf, mais faut aimer, c'est vrai ! ico_mrgreen


Je ne crains pas, de souvenir c'est vraiment bien foutu. Mais à mon goût, Jim Steinman s'est un peu moins foulé pour la fameuse chanson - "Nowhere Fast" - du concert d'ouverture. Aussi, il n'est crédité que pour celle là je crois. Il n'est donc qu'à demi coupable/responsable de ma déception. frank_PDT_10
Du coup, pour " Les rues de feu ", je ne sais même plus vraiment ce qui me dérangeait. Surement et simplement la longueur des deux séquences, ou leur réalisation.
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flint
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MessagePosté le: Lun Mar 08, 2010 10:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Jim Steinman a produit "Nowhere Fast" et "Tonight Is What to Be Young".
Il y a d'ailleurs du beau monde sur la B.O. niveau prod' : Tom Petty, Dan Hartman, Ry Cooder, Stevie Nicks, Jimmy Lovine... Pas dégueux !
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