[M] [Critique] Sans mobile apparent - 1971

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2010 12:08 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Sans mobile apparent - 1971 Répondre en citant

Sans mobile apparent - 1971
(Senza movente / Without Apparent Motive)

Origine : France
Genre : policier



Réalisateur : Philippe Labro
Scénario : Evan Hunter, Philippe Labro & Jacques Lanzmann
D’après le roman "Ten Plus One" d'Ed McBain (aka Evan Hunter)
Producteur : Jacques-Eric Strauss
Musique : Ennio Morricone
Montage : Claude Barrois et Nicole Saunier
Directeur de la photographie : Jean Penzer
Accroche : Nice Connection

Distribution :
Jean-Louis Trintignant (Inspecteur Carella), Dominique Sanda (Sandra Forest), Stephane Audran (Hélène Vallée), Sacha Distel (Julien Sabirnou), Carla Gravina (Jocelyne Rocca), Paul Crauchet (Francis Palombo), Jean-Pierre Marielle (Perry Ruppert Foote), Laura Antonelli (Juliette Vaudreuil), Gilles Segal (Di Bozzo), Erich Segal (Kleinberg), Pierre Dominique (Doume), Michel Bardinet (Forest)

Résumé :
À Nice, Tony Forest et Pierre Barroyer sont tour à tour assassinés d’une balle en plein front tirée par un fusil à lunette. L’inspecteur Carella ne décèle aucun mobile apparent. Le seul lien entre les deux meurtres réside en la personne de l’astrologue Hans Kleinberg, qui officiait comme passeur des fonds de l’une et l’autre victime vers des comptes en Suisse. Kleinberg est lui aussi assassiné. La seule piste pour Carella est le carnet intime que lui a remis Sandra, belle-fille de Forest, où ce dernier notait ses rendez-vous avec ses nombreuses maîtresses. Y figurent le nom et le numéro de téléphone de Jocelyne Rocca, qui accepte de se rendre chez Carella, persuadée que cet ancien amant est revenu à de plus tendres sentiments à son égard. Mais le policier ne s’intéresse qu’à son enquête. Déçue, la jeune femme repart, avant de s’écrouler en bas de l’immeuble, frappée d’une balle en pleine poitrine. Carella repère aussitôt la fenêtre, de l’autre côté du port, où est posté le tireur. Il court à toutes jambes mais arrive trop tard.

Le stakhanoviste Philippe Labro a œuvré comme journaliste (reporter pour Europe 1 et France Soir), homme de radio (il est le patron de RTL), écrivain, parolier (pour Johnny) et enfin réalisateur. Comme beaucoup de ses contemporains, Philippe Labro entretient une passion pour l’Amérique et le polar (voir « L'Alpagueur »). Ici, en plus de ses influences habituelles, le réalisateur, conscient ou non, emprunte divers stéréotypes du giallo : décors insolites (Nice) écrasés par le soleil brulant, la musique (un fois de plus excellente) d’Ennio Morricone et un mystérieux tueur ganté qui préfère cette fois les armes à feu (en fait une 22 long rifle) aux armes blanches. Soft d’un point de vue hémoglobine par rapport à ses homologues italiens, le film reste un thriller à l’atmosphère oppressante et sensuelle (merci à Carla Gravina et Stéphane Audran), dans lequel le réalisateur dresse un portrait peu flatteur de la bourgeoisie niçoise (dans l’ensemble composée de partouzeurs et de magouilleurs) et de ses institutions (voir les supérieurs de Carella proche du crétinisme). Pour l’aider sur le scénario et l’adaptation, Labro fait appel à un vieux complice, l’écrivain et parolier Jacques Lanzman (1927 – 2006) qui écrivit plus de 150 chansons pour divers artistes dont pas mal pour Jacques Dutronc, mais aussi pour France Gall, Sacha Distel, Pascal Obispo ou Bernard Menez. Il collabora avec Labro au scénario de quatre de ses films (« L’Héritier », « L’Alpagueur », « Sans mobile apparent » et « Le hasard et la violence »).
Pour son film, Labro s’offre un casting de choix, l’inspecteur Carella est interprété par un Jean-Louis Trintignant toujours impeccable dans les personnages tordus (il n’arrête pas de se laver les mains tout au long du film), alors que Jean-Pierre Marielle est une fois de plus délectable dans le rôle d’un gentleman anglais. Le casting féminin n’est pas en reste avec l’une des actrices italiennes les plus chaudes de l’époque, Laura Antonelli (qui hérite malheureusement d‘un rôle de légume,) et la française Dominique Sanda (au regard étonnamment bovin ?). Mais il faut surtout signaler les apparitions de Carla Gravina (« L’Antéchrist »), à la mini jupe affriolante, et de la magnifique Stéphane Audran au décolleté hypnotique, son interrogatoire dans la voiture est un grand moment de voyeurisme. Petite curiosité : la présence du chanteur Sacha Distel, qui interprète une star de la télévision et devient la cible du tueur.
Un mystérieux assassin semble s’acharner sur le gotha Niçois. Heureusement, l’enquête échoue entre les mains de Carella, l’as des as de la police nicéenne, une enquête qui va le toucher personnellement puisque sa petite amie, interprétée par la bellissima Carla Gravina, sera abattue en plein jour devant son domicile. Ce qui permettra au policer (un pro de la gâchette) de blesser son adversaire dans une scène magnifique où Trintignant, l’arme au poing, parcourt le port de Nice à la poursuite du tueur. Impliqué plus qu’il ne l’aurait souhaité, Carella décide coûte que coûte de mener cette enquête à son terme. L’inspecteur réussira par découvrir l’assassin, non sans quelques cadavres de plus. Évidemment, avant de se conclure, l’enquête partira sur une fausse piste (la fuite des capitaux à l’étranger), pour se recentrer sur le véritable motif de cette tuerie, la vengeance ! En effet, à la base se trouve une sordide histoire de viol collectif étouffé dans l’œuf. Après le dénouement, l’inspecteur, dégouté par tant de gâchis, donnera sa démission sous le regard attristé de ses adjoints et les vaines tentatives de ses supérieurs de le retenir.
Les années septante on été pour la France l’occasion de signer quelques bons petits polars (et pas seulement des Delon et Belmondo), et « Sans mobile apparent » fait certainement partie des meilleurs, et le mérite en revient en grande partie à Monsieur Trintignant (« Le Grand Silence »), car son interprétation efface avec brio un scénario des plus conventionnels et une réalisation un peu coincée. Juste quelques mots pour signaler que la bande originale signée Morricone est un petit bijou qui reste parmi les meilleurs du maître.





















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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Juin 14, 2010 7:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le meilleur film de Labro, ou plutôt le moins mauvais.
Ta critique me donnerais presque envie de le revoir, c'est dire si elle est bonne. icon_cool
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mallox
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MessagePosté le: Lun Juin 14, 2010 7:25 am    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
Le meilleur film de Labro, ou plutôt le moins mauvais.
Ta critique me donnerais presque envie de le revoir, c'est dire si elle est bonne. icon_cool


J'aurais pas su mieux formuler ma pensée.
Donc, pareil que Sigtuna.
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flint
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MessagePosté le: Lun Juin 14, 2010 7:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un film que j'aime beaucoup, également, croisement de styles entre Lautner et Chabrol. L'une de mes répliques préférées y figure lorsque Trintignant assiste aux répétitions d'une pièce d'avant-garde et qu'il demande de quoi il retourne au metteur en scène :
- C'est un mélodrame ?
- Non, c'est un mélomerde.
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Sep 23, 2010 2:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je me posais la question à propos de ce film pas revu depuis un certain temps (mais ça ne saurait tarder, la critique d'Omega m'ayant donné envie de le revoir) :

Le film est une prod franco-italienne (et non franco-française comme noté en origine plus haut). Peut-on le classer dans les gialli, ou, tout du moins, dans les bâtards ? new_help
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MessagePosté le: Jeu Sep 23, 2010 3:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moi, je dirais "oui", giallo bâtard, effectivement.
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sigtuna
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MessagePosté le: Ven Sep 24, 2010 7:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Qu'en pense Omega Man?
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MessagePosté le: Ven Sep 24, 2010 10:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
Qu'en pense Omega Man?


The Omega Man a écrit:
Ici, en plus de ses influences habituelles, le réalisateur, conscient ou non, empreinte divers stéréotypes du giallo
icon_wink

Sinon Flintos, dis-moi, ce ne serait pas "emprunte" plutôt que "empreinte" ?
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flint
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MessagePosté le: Ven Sep 24, 2010 11:35 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:


Sinon Flintos, dis-moi, ce ne serait pas "emprunte" plutôt que "empreinte" ?


Ah oui, bien sûr ! Elle m'a échappé celle-là !
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MessagePosté le: Ven Sep 24, 2010 12:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
mallox a écrit:


Sinon Flintos, dis-moi, ce ne serait pas "emprunte" plutôt que "empreinte" ?


Ah oui, bien sûr ! Elle m'a échappé celle-là !


On sent le lapsus du détective ! ico_mrgreen

(Remarque, dans un genre similaire, dans la news sur l'interview de Catriona McCool par le chat qui fume, j'ai mis "dont on a que trop parlé" au lieu de "dont on a peu parlé". frank_PDT_10 )
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MessagePosté le: Lun Sep 27, 2010 8:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Revu hier soir pour le coup, et c'est vrai que "Sans mobile apparent" est un bon film, sans doute le meilleur film de Labro. Autant "L'héritier" que "Le hasard de la violence" me faisaient flipper lors de leurs programmations téloche d'antan, tant je les trouvais emmerdants au possible (et comme je ne choisissais pas forcément le programme du soir ! ).
Peu de souvenir de "L'alpagueur" en revanche, même si je crois que je n'aimais pas non plus. Et je ne parle pas de "La crime" ou de "Rive droite, rive gauche", deux chefs-d'oeuvres, eux aussi impérissables.
Bref, je considère Labro comme un cinéaste peu inspiré et pas très intéressant. Pourtant, "Sans mobile apparent" qui s'apparente donc vraiment au giallo, possède un ton désenchanté qui lui sied bien. Trintignant y est excellent et domine l'interprétation haut la main (avec Marielle). Finalement, Omega, je crois bien qu'il ne cesse de se laver les mains parce qu'il se sent sale (à juste titre puisqu'indirectement concerné via Carla Gravina) par l'enquête qu'il mène. J'adore le passage avec le carnet du type qui met des notes aux femmes avec lesquelles il couche et Trintignant qui répond très sèchement que Gravina avait une "très bonne note !".
De belles scènes lorsque notre flic, tout de même peu amène -(notamment avec ses adjoints frank_PDT_10 ) sort son flingue. Trois fois en tout en comptant le prélude sur le bateau, si je ne m'abuse.
Un arrière plan politique, comme la plupart des films de l'époque, avec des gauchistes d'emblée accusés par la noblesse de droite (André Falcon - très bon d'ailleurs - bien horrible !).
bref, une bonne réussite dans une filmographie assez faible.
Quant à Distel, j'imagine sa présence due au scénariste/parolier Lanzmann.

Edit P.S : J'avais tout de même oublié de dire une chose... la formidable partition de Morricone est meilleure que le film et l'élève même d'un cran !
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