[M] [Critique] La source de feu

 
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sigtuna
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MessagePosté le: Mer Oct 13, 2010 6:18 am    Sujet du message: [M] [Critique] La source de feu Répondre en citant



La source de feu (She)
Etats-Unis – 1935
Production : Merian C. Cooper
Réalisation : Lansing Holden & Irving Pichel
Avec : Randolph Scott, Helen Gahagan, Helen Mack, Nigel Bruce, Lumsden Hare, Gustav von Seyffertitz, Samuel S Hinds, des chiens de traîneaux...
Genre : Aventure
Accroche : Rider en serait resté hagard.



Léo Vincey retrouve son oncle en Angleterre, un physicien sévèrement irradié suite à des expériences malheureuses. Avant de trépasser, ce dernier lui parle de la source de feu, un élément radioactif inconnu qui rendrait immortel. Leur lointain ancêtre (qui ressemble trait pour trait à Léo) l’aurait découvert au 15e siècle, lors d’une expédition dans le grand nord sibérien, dans une contrée appelée la barrière de Sheugel. Leo part donc en expédition avec Horace Holly, l’ex-assistant de son défunt oncle, et finit par rencontrer un guide occidental qui accepte de les accompagner dans cette contrée inconnue. Celui-ci est nanti d’une fille adoptive, Tanya, qui va développer une attirance, d’ailleurs réciproque, pour Léo. Arrivés à la barrière de Sheugel, une avalanche décime leur expédition, ne laissant en vie que Léo, Tanya et Holly, et les contraignant à emprunter un réseau de grottes qui s’avèrent être chauffées par l’activité volcanique. Là, ils sont surpris par des indigènes.

« La source de feu » est la première adaptation parlante du célèbre roman d’aventure de Rider Haggard. Alors, pour tous ceux que la présence au générique de Rider Haggard et Merian C. Cooper (voire Randolph Scott) ferait espérer une pépite oubliée du cinéma des années 30, je préfère les prévenir dès le début de la présente critique, ils seront déçus. Car si ce film n’a rien de déshonorant, il manque cruellement de souffle épique, d’un parfum de mystère et même tous simplement d’action… Enfin bref, de tout ce qui fait le sel d’un récit d’aventure et qui pourtant était présent dans le roman.

Il est vrai que le choix de transposer l’histoire dans un décor contemporain (c'est-à-dire les années 30) et dans le grand nord, et de supprimer tout élément fantastique au profit d’une explication pseudo-scientifique dès le prologue, désespérément long et statique, était sans doute une mauvaise idée. Pourquoi le grand nord d’ailleurs ? Un corollaire de la transposition contemporaine sans doute : les dernières terres inexplorées étant alors les désertes régions polaires. Mais cela avait surtout l’avantage pour la production de faire des économies de figurants et de décors, et d’éviter une amoureuse africaine à Léo (en ces temps de Code Hay c’était préférable).



Difficile de dire, d’ailleurs, quelle est l’implication exacte de Merian C. Cooper dans ce film. Crédité comme la plupart du temps seulement comme producteur, l’absence de son habituel acolyte et ami E. B. Schoedsack à la réalisation semble indiquer qu’il se limita à ce rôle, laissant la direction de ce film à un duo composé d’un parfait inconnu (qui ne fera rien d’autre par la suite) et du coréalisateur des « Chasses du comte Zarroff » (Irvin Pichel qui, lui, commettra des tas de films, oubliés pour la plupart mais pas négligeables selon les spécialistes).

L’affiche du film a beau promettre « a cast of thousands », cette « Source de feu » souffre d’un manque de moyens en décalage avec ses ambitions. Les décors sont un peu chiches, et si les costumes d’inspiration azteco-assyrienne des sujets de « She » sont assez originaux et bien faits, on peut regretter que ceux des figurantes soient beaucoup plus longs que ceux de leurs homologues masculins. L’action, elle, est limitée à deux malheureuses scènes commençant toutes les deux par un ballet cérémonial qui semble ne jamais finir, même si la seconde est plutôt bien faite.

Ce « cast of thousand » (sept rôles avec des dialogues, en fait) parlons-en. La RKO, productrice du film, n’ayant put engager à Hollywood une des actrices espérées pour interpréter « She », dut se rabattre sur une vedette de Broadway, Helen Gahagan, dont ce sera l’unique expérience cinématographique. Si elle n’est pas une mauvaise actrice, loin de là, il faut bien reconnaître qu’elle est physiquement aux antipodes du rôle, ce qui ne l’aide pas et n’aide pas à rendre crédible la passion qui l’unit au héros, héros qui préfèrera (on le comprend) la mignonne et juvénile Tanya (incarnée par Helen Mack), malgré sa propension à minauder. Helen Gahagan entamera peu de temps après une brillante carrière politique, devenant la première femme démocrate élue à l’assemblée. Carrière qui s’achèvera par un échec face à un jeune républicain, sans scrupules mais plein d’avenir, nommé Richard Nixon.



Dans le rôle du héros, Randolph Scott fait du Randolph Scott, restant hiératique et impassible durant tout le métrage. Pour paraphraser Humphrey Bogart, on peut dire que c’est encore lui qui le fait le mieux, mais pour jouer la passion violente ce n’est pas l’idéal. Dans le rôle de son acolyte (le narrateur dans le roman), Nigel Bruce interprète un homme de science pataud et naïf, mais capable de faire le coup de poing, qui préfigure son incarnation du docteur Watson dans le serial des années 40. Il est l'un des meilleurs atouts du film avec la jolie Helen Mack et le vétéran autrichien Gustav von Seyffertitz (au physique d’acteur du muet mais au jeu moderne) dans le rôle du bras droit de « She ».

Notons que « She » ne se nomme pas Ayesha dans le film, mais Hash-a-Mo-Tep, les scénaristes ont du trouver ça plus sexy et féminin, et que la musique (sans doute ce qu'il y a de mieux dans ce métrage) est l’œuvre d’un des plus célèbres compositeurs d’Hollywood, Max Steiner (qui fut l’élève de Brahms et le filleul de Richard Strauss).

« La source de feu » sera à sa sortie un bide qui le fera rapidement sombrer dans l’oubli. Un oubli qui faillit être définitif car on le crut longtemps perdu, toutes ses copies ayant disparu… sauf une que Buster Keaton (oui Buster Keaton) avait conservée dans son garage. Grâce soit donc rendue à ce dernier, sans qui nous ne pourrions plus regarder ce film qui, sans être un chef-d’œuvre, mérite quand même d’être vu, ne serait-ce que par curiosité.



Note: 6/10


Dernière édition par sigtuna le Jeu Avr 05, 2018 6:59 am; édité 11 fois
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Mer Oct 13, 2010 7:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

cette histoire ressemble beaucoup à l'Atlantide de Pierre Benoit, d'ailleurs si je ne dis pas de bêtise, ce dernier avait été accusé de plagiat.
ce qui m'amène donc à la question : as-tu vu des adaptations de l'Atlantide ? en aurais-tu à recommander ?
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sigtuna
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MessagePosté le: Mer Oct 13, 2010 8:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pas d'immortalité chez Benoit dans mon souvenir, mais beaucoup de points communs c'est vrai.

Je te recommande "Hercule à la conquête de l'Atlantide" un chef d'œuvre du peplum ico_mrgreen

Plus sérieusement j'ai vu le film de Pabst, pas grand souvenir mais il me semble qu'il vaut le coup d'œil, même si il est très daté (Brigitte Helm frank_PDT_01), connait pas les autres adaptations (mais je devrait voir celle avec Trintignant sous peu) mais celle de Pabst est réputée la meilleure.
Mais je pense que d'autre seront plus à même de te répondre.

En parlant de point commun entre L'Atlantide et She, je trouve que la célèbre adaptation de She par la Hammer lorgne un peu sur le roman de Benoit, en situant l'action presque dans les années 20, en faisant des héros de simili légionnaire, en transformant les indigenes de noir-africain en "arabisant", et en introduisant une rivalitée amoureuse masculine (en plus de la féminine).
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mallox
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MessagePosté le: Mer Oct 13, 2010 9:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, il y a en effet de grandes similitudes avec "L'Atlantide".
Comme l'a si bien dit Sigtuna, cette version (pas la première du reste, ni la dernière, mais ça on le sait), demeure davantage une curiosité hésitant entre le film d'aventure et le fantastique, lesquels ne se marient pas très bien, qu'une véritable réussite.
Le spectacle n'est pas déshonorant mais reste trop inégal, que ce soit au niveau du rythme que de l'interprétation pour se montrer véritablement convaincant.
Bref, je rejoins à 100% l'avis de Sigtuna, en rajoutant toutefois que la musique de Max Steiner est splendide et demeure meilleure que le film.
Quant à Irvin Pichel, c'est un petit faiseur pas forcément négligeable, avec quelques réussites au compteur comme "They Won't Believe Me" un film noir assez violent pour l'époque, avec entre autres, Susan Hayward.

Les autres adaptations :

1899, Georges Mélies
1908, Edwin S. Porter
1911, George Nichols
1916, William G.B. Barker & Horace Lisle Lucoque
1916, Ernest C. Warde
1917, Kenean Buel
1925, Leander De Cordova & G.B. Samuelson
1965, Robert Day
1985, Avi Nesher
2001, Timothy Bond.
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Oct 14, 2010 7:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Et je corrige ma critique en y adjoignant la précision sur Pichel (et une appréciation sur Steiner en prime).
Merci Mallox icon_cool
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flint
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MessagePosté le: Jeu Oct 14, 2010 11:31 am    Sujet du message: Re: [Critique] La source de feu Répondre en citant

C'est vrai que l'on peut trouver des similitudes entre "She" et "L'Atlantide" (sauf avec Avi Nesher, dont le "She" n'entretient pas la moindre similitude, ni avec l'un, ni avec l'autre).

Concernant la Hammer, on peut aussi souligner qu'après le film de Robert Day, il y a eu également le "Revenge of She" ("La Déesse des sables") de Cliff Owen, en 1968 (assez fun, d'ailleurs).

Enfin, "Source de feu" étant l'anagramme de "fou de Creuse", on peut supposer que Gregore adore ce film !




sigtuna a écrit:

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sigtuna
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MessagePosté le: Ven Oct 15, 2010 8:14 am    Sujet du message: Re: [Critique] La source de feu Répondre en citant

flint a écrit:

Concernant la Hammer, on peut aussi souligner qu'après le film de Robert Day, il y a eu également le "Revenge of She" ("La Déesse des sables") de Cliff Owen, en 1968 (assez fun, d'ailleurs).

Je me suis endormis 2 fois en le regardant frank_PDT_08 (ce qui m'arrive très rarement), je lui redonnerais sa chance un soir d'insomnie.
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