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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Lun Avr 02, 2012 2:43 pm Sujet du message: [M] [Critique] Texas Adios - 1966 |
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Texas Adios - 1966
(Texas, addio)
Origine :Italie / Espagne
Genre : Spagh
Réalisé par Ferdinando Baldi
Avec Franco Nero, Alberto Dell'Acqua (sous le pseudo de Cole Kitosch), Elisa Montés, Luigi Pistilli, José Suárez...

Le tireur d'élite Burt Sullivan (Franco Nero) quitte son poste de shérif au sein d'une petite ville du Texas afin de se rendre au Mexique pour trouver l'homme qui serait l'assassin de son père, un dénommé Cisco (José Suárez). Le voici donc en route avec son jeune frère Jim (Alberto Dell'Acqua). Tous deux sont bien déterminés à rendre justice à feu leur pater. La justice sera d'autant plus difficile à mener que Cisco, devenu riche propriétaire terrien, a main mise sur la région mexicaine, s'achetant même les services des autorités locales. Si ce n'était une situation déjà suffisamment alambiquée, Burt, qui n'a qu'une idée en tête, celle de ramener Cisco au Texas pour qu'il y soit jugé, apprend de la bouche du meurtrier lui-même que ce dernier a autrefois violé sa mère et que de fait, il est le père de Jim...

"Texas Adios" représente un tournant dans la carrière du solide Ferdinando Baldi, jusque là plutôt cantonné aux films d'aventures à tendance péplumesque ("Les Tartares", un bien piètre "Les Horaces et les Curiaces" avec Alan Ladd et coréalisé par le piètre Terence Young, "Tarass Boulba", "El Kebir, fils de Cléopâtre" ...). S'ensuivront une petite série de westerns autant inégaux qu'opportunistes ("T'as le bonjour de Trinita", "Django - ou Trinita, selon -, prépare ton cerceuil", "Le salaire de la haine"...), jusqu'à une sorte d'apothéose en son genre avec une relecture de Zatoïchi à l'humour provocateur très communicatif : "Blindman", avec Tony Anthony et sa bande.
La suite de la carrière de Ferdinando Baldi sera tout aussi inégale que placée sous le signe de la récupération. On notera pour exemple son thriller "Terreur express" en 1979 (sur les mêmes rails que "La dernière maison sur la gauche" ou "Le dernier train de la nuit"), "Western" (en 3D), puis encore son "Trésor des quatre couronnes" pour lesquels il retrouvera ses comparses de "Blindman", Tony Anthony et Lloyd Battista (au scénario), avec toutefois moins de bonheur, en tout cas pour le dernier.


Quant à "Texas Adios", tourné entre le "Django" de Sergio Corbucci et "Le temps du massacre", il entérine l'incursion du charismatique Franco Nero dans un genre au sein duquel il s'exprimera parfaitement. Pour aller aussi droit au but que les deux frangins revanchards de cette trop classique bobine, "Texas Adios" ne soutient ni la comparaison avec le "baroquisme outrancier" du premier, ni celle avec le rythme virevoltant du second. Sans compter la dimension se voulant Shakespearienne, quasi identique à celle imaginée par Fernando Di Leo pour le film de Lucio Fulci.
Eludant le sadisme ayant alors cours dans le genre, "Texas Adios" semble se revendiquer davantage du classicisme hollywoodien. En dépit de cela, l'histoire se meut (mais sans bétail) davantage autour d'une banale affaire de vengeance qui doit bien plus au traitement iconique italien qu'à l'étude de caractère et de la tragédie humaine Hawksienne. Si ce n'était la direction artistique de Luigi Scaccianoce et la photographie d'Enzo Barboni ("Ciak Mull", "On l'appelle Trinita") rendant un bel hommage aux grands espaces ainsi qu'au format scope, le film n'aurait rien de la tradition classique. C'est aussi son défaut à la base que de rester le cul entre deux rocking chairs, pour au final manquer tout bêtement de caractère.


Soit, cela commence de façon plutôt frénétique, avec un gunfight accompagné de la sympathique (mais pas plus) et lyrique (trop ?) partition de Antón García Abril (plus connu pour ses contributions à des horrifiques ibériques tels que "La révolte des morts-vivants" ou "Las garras de Lorelei"), à laquelle vient se joindre l'incontournable crooner du genre. Sauf qu'une fois le préambule un brin décalé passé, la présentation des personnages se fait autant prévisible que laborieuse. Ce n'est certainement pas la fébrile prestation d'Alberto Dell'Acqua (qu'on reverra aux côtés de Franco Nero dans "L'homme, l'orgueil et la vengeance" de Bazzoni) qui relève le niveau, tant son jeu tient du registre de l'actor's studio tendance James Dean torturé dans "A l'ouest d'Eden". De l'autre côté, en "grand frère", Nero se montre un brin fadasse. En tout cas pas suffisamment charismatique pour rétablir l'équilibre. On passera assez vite sur la présence de la jolie mais fortement dispensable ici Elisa Montés (habituée au genre mais qu'on trouve à l'époque dans quelques petites pépites oubliées telles que "Le baron vampire") pour dire que, finalement, seuls José Suárez (en père démoniaque) et Luigi Pistilli en révolutionnaire déguisé en Lénine s'en sortent avec les honneurs...

On pourrait faire preuve de mansuétude à l'égard d'autres défauts qui émaillent "Texas Adios" (des raccords par moments hasardeux, un intérêt global décroissant, une intrigue télégraphiée, une fin expédiée... ) si ce n'était que Ferdinando Baldi se sent obligé de nous emmener dans des chemins de traverse pour masquer la minceur de son histoire : une dictature et une révolution qui semblent toujours rester en marge de l'essentiel, des affres à n'en plus finir (le petit frère), des explications languissantes et qui plus est répétées...
Finalement, l'impression qui se dégage de "Texas, addio" est celle d'un film techniquement pas trop mal exécuté mais dans l'ensemble terne, sans véritable enjeu et sans intérêt particulier non plus. Sur le thème de la vengeance, autant revoir "La mort était au rendez-vous" que tournera Giulio Petroni l'année suivante, ou bien fouler les même terres à nouveau avec "Le temps du massacre".
 
Dernière édition par mallox le Mar Mai 08, 2018 9:07 am; édité 3 fois |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Lun Avr 02, 2012 3:48 pm Sujet du message: Re: [Critique] Texas Adios - 1966 |
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mallox a écrit: |
coréalisé par le piètre Terence Young
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Je proteste. Et "Les Amazones", alors, c'est de la merde en bâton ?
Bon, à te lire, j'ai probablement bien fait de ne pas l'acheter, au moment des sorties en pagaille chez Seven 7. C'est l'un des rares westerns que je n'ai pas pris chez l'éditeur, d'ailleurs.
mallox a écrit: |
l'histoire se meut (mais sans bétail)
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Lun Avr 02, 2012 4:02 pm Sujet du message: Re: [Critique] Texas Adios - 1966 |
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flint a écrit: | mallox a écrit: |
coréalisé par le piètre Terence Young
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Je proteste. Et "Les Amazones", alors, c'est de la merde en bâton ? | Si on fait une moyenne de ses films on se rend compte que le niveau n'est pas extraordinaire.
D'ailleurs dans mon souvenir les "Horaces" est loin d’être ce qu'il a fait de pire.
Sinon sur ce film, pas vu désolé (mais je n'ai rien manqué si j'en juge d'apres ta critique).  _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Lun Avr 02, 2012 4:05 pm Sujet du message: Re: [Critique] Texas Adios - 1966 |
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flint a écrit: |
mallox a écrit: |
l'histoire se meut (mais sans bétail)
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J'ai hésité entre le "(mais sans bétail)" ou le "meuh" avec un "H" mais j'ai eu peur qu'on croit à une erreur de conjugaison.  _________________
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Pierre 10% irradié


Inscrit le: 20 Jan 2012 Messages: 85 Localisation: France
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Posté le: Mar Avr 10, 2012 8:02 pm Sujet du message: |
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J'ai visionné ce film l'an passé, j'avais alors laissé un avis sommaire sur un forum consacré au western italien. Sans doute m'étais-je montré un peu trop indulgent (c'est une faiblesse naturelle chez moi que je suis obligé d'assumer) et après lecture de la critique de mallox, peut-être qu'une nouvelle vision modifierait ce point de vue... Je me permets tout de même de copier/coller mon avis, en guise de contrepartie.
Je disais donc y avoir découvert un excellent film, d’un grand classicisme (dans le bon sens du terme), en dépit d’un certain retard à l’allumage de l'action et de la présence d’une musique peu illustrative et un brin hétéroclite (nous donnant à la fois des pièces symphoniques hollywoodiennes et des paraphrases d’Ennio Morricone).
Une intrigue digne d’une tragédie antique (Œdipe, connotation freudienne –forcément) où tout est joué d’avance et où l’on n’a plus qu’à découvrir par quels moyens sadiques la destinée va conduire les personnages jusqu’à l’issue fatale. La narration est maîtrisée (on sent derrière un solide artisan à l’œuvre), le climat du film est empreint d’une certaine solennité, et l'écriture, à rebours d’une tendance anti-psychologique souvent reprochée au western européen, témoigne d’un effort poussé de "caractérisation", en cela soutenu par un efficace trio d’acteurs qui crédibilisent les motivations des personnages: Franco Nero -assez monolithique joue sur le registre de l’intériorisation de la haine, alors qu'Alberto Dell'Acqua (ici sous le pseudo de Cole Kitosch) est dans l’exubérance du jeune chien fou, quant au méchant il accuse le poids des ans, conscient de son crime, il paraît résigné sur son sort. Omniprésente tout au long du film, accompagnant la quête des héros, une violence extrême: corps à corps, exécutions sommaires ou fusillades, occasionnant de véritables hécatombes.
Au point de vue formel, on notera un travail soigné de la bande son (avec ce souffle de vent exploité à bon escient, et à certains moments même, le gazouillis des oiseaux -plutôt incongru dans ce contexte western); quant à l’image, un recours mesuré au zoom et autres incontournables panoramiques paysagers ; pour ce qui est des décors, l’utilisation de l’architecture locale est plutôt osée mais ça passe (comme la demeure du méchant cette sorte de propriété aristocratique de style baroque espagnol).
Finalement, tant dans l’esprit que dans la facture, Texas Adios tient d’avantage du western américain classique que du western à l'italienne si bien que j'ai du mal à imaginer que ce soit le même Baldi qui quelques années après ait signé Blindman.
A signaler au passif du dvd Seven7: les défauts notoires de la copie dont l’image est parfois pâlichonne, par endroit sale (au début), où l’on observe un flou bizarre et gênant sur certains gros plans, ainsi que des passages de la bande sonore comportant des crachotis désagréables. Un peu décevant pour une copie annoncée comme « remasterisée ». |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Avr 10, 2012 9:21 pm Sujet du message: |
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C'est bien une vision différente et un avis totalement opposé, ça donne sa chance au film.  _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mer Jan 23, 2013 9:31 am Sujet du message: Re: [Critique] Texas Adios - 1966 |
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mallox a écrit: |
... tendance James Dean torturé dans "à L'ouest d'Eden". |
C'est voulu (genre... James Dean il était complètement à l'ouest) ou pas ?
(juste pour savoir si je corrige, en fait) |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Jan 23, 2013 9:36 am Sujet du message: |
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Oui, c'était voulu. Il est tellement excessif et expressif le film de Kazan qu'il passe très mal le temps. Et voir James Dean se tordre la figure pour montrer qu'il est torturé de l'intérieur, aie aie aie !  |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mer Jan 23, 2013 9:39 am Sujet du message: |
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OK, alors je remets "ouest".
Par contre, ce serait bien de mettre le titre en italiques ou quelque chose dans cette idée sur le site, afin que les lecteurs ne croient pas à une erreur mais bien à un trait d'humour. |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Jan 23, 2013 9:48 am Sujet du message: |
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C'était prévu.  |
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