[M] [Critique] Mala, amore e morte - 1977

 
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Pierre
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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2012 8:18 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Mala, amore e morte - 1977 Répondre en citant

Certains d’entre vous ont noté à l'occasion de ma précédente critique l’intérêt que je portais à Femi Benussi, vous pourrez constater ci-dessous jusqu’où m'a conduit ce penchant coupable. Gaussez-vous !

Pas distribué en France à ma connaissance

Titre original : Mala, amore e morte
Pays d'origine : Italie
Genre : Comédie policière
Année : 1977
Réalisé par Tiziano Longo
Casting : Femi Benussi, Gianni Macchia, Gabriella Lepori, Massimo Mollica, Tony Askin

Scénario : Paolo Barberio, Piero Regnoli
Musique : Filippo Trecca
Autre titre : Pas d'autre titre connu

(Les images sont honteusement pompées d’une critique italienne -qui présente une opinion sensiblement différente de la mienne. Je vais essayer de produire mes propres captures, si j’ai le temps.)

Rome. La respectable madame Adalgisa Belli (Françoise Prévost), propriétaire de la pension Mimosa, est abattue en pleine ville par une bande de tueurs. Alors que la police a investi la pension en quête d’indices, débarque de sa province la blanche oiselle Marisa (Femi Benussi), nièce de la défunte. Persuadée que celle-ci est décédée d’une attaque cérébrale, elle prend possession des lieux (vidés de ses occupants) dont elle vient d’hériter. La première nuit commence mal, puisque sur les coups de minuit elle tombe nez à nez avec un inconnu menaçant qui se figure que la nièce est au courant de supposées activités cachées qu’aurait entretenues Adalgisa. Peu après, Marisa trouve ledit inconnu raide mort et, aux pieds du cadavre, un nouvel intrus (Gianni Macchia) d’aspect engageant et aux manières plus courtoises. Serviable, il lui propose de faire disparaître le corps, ce qui sera fait. L’avalanche d'événements invraisemblables se poursuit le lendemain avec l’irruption à la pension d’un aristocrate douteux et de sa clique qui s’y installe de force. Or, ces importuns ne sont autres que les tueurs de la tante… Quel secret cachait-elle ?



Mala, amore e morte. Voilà un film aussi hybride que l’annonce son titre programmatique (qui se traduirait par : « Marloux, amour et mort ») empruntant à différents genres sans jamais réussir dans aucun. Polar quasi sans meurtre, thriller qui ne fait pas peur, ou bien encore comédie romantique pas drôle, sous quelque angle qu’on l’examine, ce film se révèle décevant.

Ainsi, pour ce qui est des malfrats du titre, aura-t-on droit pour l’essentiel aux tueurs de carnaval précités qui s’agitent en tout sens sans jamais paraître dangereux ; l’amour quant à lui se réduira à l’inévitable romance entre la belle Marisa et son Roméo (encore faudra-t-il attendre la soixante-dixième minute pour assister à sa consommation –à se demander s’ils ne se forcent pas pour nous faire plaisir) ; de mort enfin, les ressorts laborieux de l’intrigue n’en révèlera finalement qu’une ! Il ne serait pas question non plus de parler d’un film d’auteur, tant son réalisateur s’annonce dépourvu de toute personnalité et d’originalité.

Dans l’abondante production du cinéma populaire transalpin, on aura certes vu nombre de tâcherons enchaîner les films de commande sans réelle passion mais cependant, il y mettaient presque toujours ce savoir faire minimum qui permet au produit fini de malgré tout « se laisser regarder ». Tiziano Longo, l’obscur signataire de ce film (qui semble avoir également officié en tant qu'acteur et producteur), ne maîtrise visiblement aucune des notions élémentaires requises pour susciter l’intérêt du public, telles que le sens du rythme et de la tension dramatique, ou l’art du découpage. Adepte mal inspiré du plan fixe (quand il ne s'aventure pas dans le plan-séquence), il nous en livre à la pelle, toujours répétitifs et ennuyeux (agrémentés parfois de zooms intempestifs), qu’il entasse les uns sur les autres.

Alors qu’on pouvait attendre de ce scénario pas si mal ficelé une comédie macabre à l’anglo-saxonne, le film dévie inexorablement vers le néant et il est difficile de ne pas s’endormir devant cette chasse au magot habillée en marivaudage pénible (car c’est de cela qu’il s’agit) complètement anémiée. Il faut préciser également que le film a pour cadre principal la pension de famille dont le décor (avec meubles en acajou, napperons, potiches et chat sur la cheminée), peu sujet à provoquer l’angoisse, exhale plutôt l’odeur du renfermé et de la naphtaline.



Emplissant la bouches de ses protagonistes d’interminables dialogues explicatifs ou sinon de pure convention, notre réalisateur ne paraît pas soucieux de leur brosser ne serait-ce qu’une esquisse de psychologie. Aussi les personnages ne sont-ils que des fantoches dont on ne s’explique ni le caractère ni les motivations.

La dimension sexy promise par la présence de Femi Benussi dans le rôle principal est tout aussi décevante, à cause toujours de ces déficiences techniques. Par exemple cette scène : notre héroïne livrée dans un club lesbien à une cérémonie initiatique consistant à se faire effeuiller en public sur la piste de danse, plutôt émoustillant non ? Mais las, notre homme filme ça si platement qu’il échoue à faire monter la sauce tandis qu’au surplus pour gagner du temps, il montre en parallèle les investigations du héros auprès des employées du club. Un fiasco.



Plus généralement, le réalisateur semble avoir été trop confiant dans la photogénie de son actrice qui est de tous les plans (larges, rapprochés, américains) et qui paraît avoir sensiblement inspiré son chef opérateur. La comédienne malheureusement ne l’a pas autant été par le script qu’on lui a concocté.

Il est vrai que la jolie Femi Benussi, starlette familière des sexy comédies et jamais avare de ses charmes, hérite là d’un personnage stéréotypé guère exaltant. Elle compose une ingénue indolente et exhibitionniste dont le manque d’esprit confine à l’idiotie (heureusement son partenaire sagace est là pour lui faire régulièrement un point sur la situation). Trimbalant ses formes potelées dans une collection de peignoirs rikiki qu’elle s’empresse d’enfiler pour mieux les ôter l’instant d’après, la Benussi nous prouve qu’elle sait jouer toute l’étendue de la gamme des émotions humaines.




Ainsi une scène récurrente du film se déroule invariablement de la façon suivante : Femi Benussi a sommeil (émission d’un soupir), elle se déshabille et s’étend sur son lit (expression d’apaisement), elle entend un bruit (épaules prises d’un soubresaut), elle passe un peignoir et se dirige vers la porte (appréhension) l’ouvre et… mon Dieu un homme ! (yeux écarquillés, bouche ouverte). Du grand art… Son partenaire, Gianni Macchia (qu'on aura vu plus inspiré chez Di Leo), vient gonfler les rangs du bataillon bien fourni des jeunes premiers têtes à claque. Mi beau ténébreux mi grand dadais, l’expressivité de son regard évoque irrépressiblement celle d’un veau marin.



Quelques notes d’une musique insipide viennent soutenir mollement ce spectacle assommant à réserver exclusivement aux admirateurs de la gironde Femi Benussi (et encore, dans sa frange extrême tendance canal historique). On se permettra d’affirmer en guise de conclusion que Mala, amore e morte fait partie de ces films méconnus… qui gagneraient à le rester.



4/10 (pour Femi Benussi)


A propos du DVD :





Edition italienne par CG Home et Nocurno, service minimum, film disponible avec ou sans sous-titres, avec en bonus une interview de Tony Askin. Pas grand chose d’autre à signaler. Ah si, tout de même, la qualité extraordinaire de la copie présentée ici. Un adage qui revient souvent dans la bouche des restaurateurs de bobines : moins un film a de succès en salles, plus grande est la chance qu’il se soit bien conservé. Ceci explique cela.
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2012 10:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mauvais ou non, ce film méritait d'être exhumé ne serait-ce pour en porter connaissance. (et pour Femi Benussi ! ico_mrgreen ). J'ignorais à titre personnel, son existence. Et la curiosité malsaine des bisseux, mondialement connue sur psychovision, fait que malgré tout, tu pousses au vice.

Superbe critique en tout cas. Complète, riche en infos et personnelle qui plus est (dans le style comme dans l'approche) ... bref, a priori bien plus généreuse que le film lui-même. enaccord8
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2012 10:49 am    Sujet du message: Re: [Critique] - Mala, amore e morte (1977) Répondre en citant

Pierre a écrit:
son titre programmatique (qui se traduirait par : « Mallox, amour et mort »)
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MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2012 11:01 am    Sujet du message: Re: [Critique] - Mala, amore e morte (1977) Répondre en citant

sigtuna a écrit:
Pierre a écrit:
son titre programmatique (qui se traduirait par : « Mallox, amour et mort »)
frank_PDT_16


J'avais lu mais je n'y aurais pas pensé. ico_mrgreen


Y a de ces tordus ici aussi ! new_diable
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flint
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MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2012 2:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le catalogue de Cecchi Gori (CG Home Video) est particulièrement bien achalandé, notamment sa collection Cine Kult. On y trouve pas mal de films qui ne sont pas sortis en dvd dans d'autres pays ("Les vierges de la pleine lune", entre autres), dans des masters de qualité (comme le souligne Pierre).
On regrette d'autant plus que cet éditeur ne propose pas de sous-titres anglais, à l'instar de RaroVideo.

A part cela, ça fait toujours plaisir de lire un article dès que cela concerne Femi Benussi, même si le film ne vaut pas un pet de lapin !
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Pierre
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MessagePosté le: Jeu Mai 10, 2012 6:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour vos commentaires ! Ca me motive pour la prochaine critique que j'ai en vue: une sexy comédie avec Edwige Fenech (mais au dessus du lot des la prof, la flic... Donc pas d'Alvaro Vitali dedans, désolé pour les fans).

En fait je suis tombé là-dessus au hasard d'une recherche d'image sur la Mala Ordina, film où il se trouve que Gianni Macchia et Femi Benussi ont chacun une apparition. Cette dernière s'y montrait d'ailleurs beaucoup plus convaincante, se contorsionnant à poil sur un lit (une manie chez elle) et agonisant d'injures d'une voix de poissonnière des halles un Mario Adorf ultra zen qui doit encaisser sans broncher l'affirmation qu'il "n'a pas de couilles". Mais on y entendait aussi les accents tragiques d'une femme délaissée. Comme quoi, il suffit d'un excellent cinéaste pour qu'un acteur ou une actrice passables, transcende son rôle, même modeste.

Sinon j'ai sous les yeux le catalogue de la collection cineKult, mise part une série de Tomas Milian, il y a beaucoup de chose que je ne connais pas mais rien qui m'attire plus que ça.
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mallox
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MessagePosté le: Sam Mai 12, 2012 6:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens Pierre, quelques captures tirées de la bande-annonce du dvd en question.

à toi de voir si elles te vont. icon_wink











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Pierre
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MessagePosté le: Sam Mai 12, 2012 7:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est parfait ! Voilà qui m'épargnera le supplice de me repasser le film ... Je m'aperçois que je n'ai rien dit de Gabriella Lepori (images 1 et 5) qui a tourné dans quelques poliziotteschi et sexy comédies. Ici elle est bouclée comme un mouton, dans un rôle de nymphomane débile affligée d'une voix de crécelle insupportable.
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Camif
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MessagePosté le: Sam Mai 12, 2012 8:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un monsieur qui porte un intérêt tout particulier à Femi Benussi, ne peut pas être un mauvais homme.

Autrement, ta critique permet d'éviter de visionner un film médiocre, ce qui est toujours une bonne nouvelle.
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"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox
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