[M] [Critique] Vigilante (1981)

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Psychovision.net Index du Forum :: Western / Polar / Guerre
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
The Omega Man
99 % irradié
99 % irradié


Inscrit le: 25 Juil 2006
Messages: 1155
Localisation: Belgique

MessagePosté le: Lun Mai 28, 2012 10:01 am    Sujet du message: [M] [Critique] Vigilante (1981) Répondre en citant

Vigilante / Vigilante : justice sans sommation / 1981

Origine : USA
Genre : policier



Réalisateur : William Lustig
Scénario : Richard Vetere
Musique : Jay Chattaway
Image : James Lemmo
Accroche: œil pour œil

Distribution:
Robert Forster (Eddie Marino), Fred Williamson (Nick), Richard Bright (Burke), Woody Strode (Rake), Rutanya Alda (Vickie Marino), Joe Spinell (Eisenberg), Steve James

Résumé:
Eddie Marino, comme beaucoup d'ouvriers américains, rêve d'une maison calme et agréable, mais son quartier est envahi par la délinquance et bien que croyant encore (mais pour combien de temps ?) en l'ordre et en la justice, il se refuse à faire partie de la Vigilante. Mais après le meurtre de son fils et les violences faites à sa femme, il rejoint la milice de son quartier à laquelle il avait toujours refusé de participer...



William Lustig, réalisateur des trois « Maniac cop » et ami de Joe Spinell avec qui il tournera « Maniac » est un grand amateur de cinéma d’exploitation, il est d’ailleurs le patron de la firme Blue Underground qui distribue et édite en DVD quelques perles du genre, notamment de nombreuses productions italiennes comme « Django » en passant par quelques Argento ou Fulci (« L’éventreur de New-York », « Conquest », « Frayeurs », « La guerre des gangs »,…). Aficionado du poliziesco depuis son enfance, il souhaitait depuis longtemps rendre hommage au genre, ce qu’il fera en 1981 avec « Vigilante », profitant de l’engouement provoqué par le film «Un justicier dans la ville » et la sortie du numéro 2 qui sera un nouveau succès. Il signe un polar urbain violent et sans pitié qui suit les traces d’un homme broyé par le système judiciaire, qui, de victime va se transformer en bourreau. Lustig ne juge jamais, il expose les faits froidement (voir le petit discours de Fred Willamson qui ouvre le film) et laisse le spectateur tirer ses propres conclusions.
Robert Foster (« Le trou noir ») acteur sous-estimé redécouvert par Tarantino dans « Jackie Brown » interprète le héros malchanceux avec conviction et son interprétation rappelle certains rôles du grand Franco Nero. A ses côtés, Fred Williamson, star de la blaxploitation, est un adepte de l’auto défense qui, avec sa petite équipe, règle certains problèmes délicats. Ce qui n’est pas du goût d’un policier interprété par le débutant Steve James, futur second rôle des productions Cannon (« American Warrior », « Avenging Force », « Delta Force »,…). Comme dans la plupart des films de Lustig, il y a beaucoup de rôles virils dans cette petite production. On remarquera pourtant la présence de Rutanya Alda, la mariée malchanceuse de « Voyage au bout de l’enfer / Deer Hunter » de Cimino, que l’on retrouvera par la suite avec plaisir dans de nombreuses productions fantastiques comme « Amityville 2 », « Furie », « The Stuff », « Terreur sur la ligne »,…



William Lustig n’a pas la réputation d’être un enfant de chœur, sa filmographie est là pour en témoigner (« Maniac », la trilogie « Maniac Cop », « Hit List »,…) Si certains de ses films ne sont pas toujours réussis, ils sont souvent efficaces et divertissants. Ses héros sont généralement issus de la classe moyenne (policier, ouvrier, militaire) et essayent de vivre dans un monde déglingué en évitant la violence, mais malheureusement, la plupart du temps, ils doivent réagir en utilisant une violence décuplée. Eddie Marino espérait vivre tranquillement jusqu’au jour où sa femme Vickie (Rutanya Alda, bouleversante) se retrouve mêlée à une altercation avec une bande de loubards dont elle gifle le chef. Ne pouvant intervenir à cause d’une voiture de police qui passait, les malfrats suivent la femme jusqu’à sa maison. Ils entrent, violent et lacèrent Vickie puis tuent le petit garçon d’Eddie. Croyant encore en la justice, il découvre un juge fantoche et des avocats corrompus et se retrouve emprisonné pour injure à magistrat. En prison, il ne devra son salut qu’à l’intervention de Rake (Woody Stroode, impeccable) qui lui fait promettre à sa sortie de ne plus revenir. Abandonné par sa femme (qui lui reproche de ne pas avoir été joignable), trahi par la justice, Eddie se tourne alors vers Nick et son équipe pour éliminer ses bourreaux. Avec son ambiance pessimiste et masochiste héritée des années septante, ses décors froids et délabrés du New York de l’époque, Lustig signe un film brut et sans fioriture où le mal appelle le mal. Pour le réalisateur, le citoyen se retrouve au milieu d'une véritable guérilla urbaine entre la police et les voyous et tous les coups sont permis (voir la mort de Steve James). Le constat est amer et les pauvres citoyens n'ont plus qu'à compter leurs morts et se résigner, mais d'autres comme le héros du film, décident alors d'entrer en résistance contre les gangs mais aussi contre le système.



Lustig livre un film violent mais il utilise souvent l’ellipse ou la suggestion (une méthode généralement utilisée dans des films réputés violents comme « Mad Max » ou « Massacre à la tronçonneuse ») notamment lorsqu’il doit illustrer la mort du fils d’Eddie, filmée de l’extérieur : on ne voit qu’une vitre exploser dans un geyser de sang. Jamais le réalisateur ne se complaît dans des descriptions scabreuses (voir l’opus numéro deux de papy Bronson), préférant exposer le résultat comme la poitrine lacérée de la pauvre Vickie ! Petite caractéristique par rapport aux autres justiciers, la vendetta d’Eddie frappera aussi la justice trop laxiste et aveugle au travers d’un juge corrompu qui explose dans sa voiture. C’est une piste intéressante mais que Lustig n’exploite presque pas, il se rattrapera plus tard dans son mythique « Maniac Cop » ou le brave Cordell se venge de tous ses bourreaux et même plus !
En résumé, « Vigilante » est une énergique série B efficace et désespérée qui retrouve par moment l'ambiance folle de certain poliziesco. En un sens, Lustig boucle ainsi la boucle.

Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pierre
10% irradié
10% irradié


Inscrit le: 20 Jan 2012
Messages: 85
Localisation: France

MessagePosté le: Jeu Mai 31, 2012 6:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Belle critique finement analysée ! Ça nous renvoie à notre rapport un peu malsain aux polars des années 70 (US ou européens), à l'idéologie souvent ambiguë mais au pouvoir de fascination redoutable, presque toujours basés sur la peinture d'une société urbaine en proie au vice qui vient menacer la tranquillité des honnêtes gens. Comme un retour de bâton consécutif au laxisme moral issu de la fin des années 60. On ne peut plus rien attendre des institutions qui sont corrompues mais heureusement, un héros ordinaire se lève, qui va se faire justice ... Pour ma part j'ai renoncé à comprendre ce qui me plait chez l'inspecteur Harry dont je ne partage pourtant ni la conception du monde, ni les méthodes. Peut-être simplement que Don Siegel est un bon réalisateur?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Psychovision.net Index du Forum :: Western / Polar / Guerre Toutes les heures sont au format GMT
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Powered by phpBB © 2001, 2002 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com Charcoal2 Theme © Zarron Media