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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Lun Oct 01, 2012 2:44 pm Sujet du message: [M] [Critique] La nuit des maléfices - 1971 |
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La nuit des maléfices - 1971
(The Blood on Satan's claw)
Origine : Grande-Bretagne
Genre : Horreur / Sorcellerie
Réalisé par Piers Haggard
Avec Patrick Wymark, Linda Hayden, Barry Andrews, Michele Dotrice, Wendy Padbury, Charlotte Mitchell, Tamara Ustinov...
Au XVIIe siècle, dans un village de la campagne anglaise, un jeune homme prétend avoir vu le Diable. Faute de preuves, cette déclaration est prise à la légère. Bientôt, pourtant, des jeunes femmes se voient affligées de marques d'origine mystérieuse. Les enfants, dirigés par une certaine Angel Blake, découvrent un jeu étrange : "la peau du Diable". Pour calmer le démon qu'ils ont réveillé, il faudra sans cesse sacrifier de nouvelles créatures...
Imprévisible le plus souvent, barré, graveleux et constamment inquiétant, "La nuit des maléfices" fait indéniablement partie des réussites horrifiques britanniques des années 70. Sur un postulat très proche d'une certaine mouvance de la prestigieuse Hammer, Piers Haggard livre une pellicule ensorcelante qui parvient même à surpasser "Le grand inquisiteur" produit par la même Tigon British Film Productions et immortalisé par Michael Reeves, film auquel, du reste, il semble vouloir donner suite tout en adoptant un parti-pris païen.
Tout comme certains de ses confrères tels que Robin Hardy ("The Wicker Man") ou John Hough ("Les sévices de Dracula", "La maison des damnés",...), Piers Haggard connut une carrière en dents de scie et surtout bégayante sur la fin. Au contraire d'une livraison bénigne ultérieure telle que "Venin", vampirisée par ses acteurs et somme toute peu inspirée, il parvient ici à instiller une atmosphère délétère et malsaine sur les bases d'un naturalisme qui tisse peu à peu le portrait morbide d'une période rurale (et peu glorieuse) de l'Angleterre. Ne reposant sur aucun artifice ou effet de style, mais davantage sur quelques effets rudimentaires qui s'imposent d'eux-mêmes grâce à un sens aigu du réalisme, "The Blood on Satan's claw" trône comme un petit modèle d'esprit et d'atmosphère maléfiques communiqués en majeure partie par les comportements ainsi que l'environnement. Un véritable tour de force en quelque sorte !
A l'instar d'un "The Devils" de Ken Russell auquel certaines outrances font parfois penser, "La nuit des maléfices" évolue au siècle des Lumières, dans un monde oscillant entre deux tendances : celle des mouvements philosophiques, scientifiques et intellectuels naissants pour réformer une société toute faite de superstitions et d'intolérances, lesquelles ne profitaient alors qu'à l'église et l'état, et des croyances encore fortement enracinées, notamment dans les régions reculées comme c'est le cas ici. Contrairement au film de Russell, la force satanique est ici véritable mais les traitements se rapprochent cependant par moments, notamment dans quelques scènes fiévreuses tendant vers l'hystérie et dans lesquelles l'innocence se voit systématiquement broyée par les deux forces opposées : dans leur chasse au démon, à l'instar des nonnes et des prêtres de "The Devils", éclatent des comportements orgiaques et assassins, les villageois se retrouvent happés de façon mimétique autant que frénétique dans une course à la pureté, traversant violences et mutilations pour se défaire d'une aliénation à la fois sexuelle et sociale omniprésente. En même temps, chaque marque sur les villageois, semble, telle une pièce de puzzle, devoir s'assembler aux autres. De fait, le mélange corporel doit se faire pour que Satan puisse retrouver unité puis entité. A contrario, le miasme effréné de sexualité voit la marque impie s'étendre sur les gens du pays comme les stigmates indicateurs de maladies vénériennes...
De même que "The Wicker Man", "The Blood on Satan's claw" peut s'interpréter comme une métaphore ironique des dangers d'un retour au paganisme via l'ère Hippie. A ce titre encore, on remarque que les réunions de sorcellerie autour d'Angel (Linda Hayden) ne se font pas dans de longs manteaux noirs mais entourés d'enfants, de guirlandes et de fleurs.
Pour rester sur le même bûcher ardent tout en passant carrément du côté païen, Linda Hayden ("Une messe pour Dracula", "Taste the Blood of Dracula"), joue ici une jeune paysanne à l'éducation stricte qui s'est métamorphosée en havre de sexualité pour se venger d'un père hypocrite : l'adolescente incarne un tout destructif par des incantations destinées à museler puis faire disparaître tout ce qui ressemble à l'ordre. Celui établi par une vieille garde jugée néfaste, sournoise et croupissante.
"The Blood on Satan's claw" est basé sur un script de Robert Wynne-Simmons écrit à l'origine comme un film sur le thème de la manifestation démoniaque collective. Piers Haggard le remania donc pour en faire quelque chose d'avoisinant mais de plus ambigu. Du fait de cette réécriture, la rigueur narrative s'en trouve par moments malmenée, voire fragmentée, avec des personnages surgissant parfois de nulle part et disparaissant comme par enchantement. Cette légère confusion lui confère a contrario une autre force : celle de transformer la pellicule en une sorte de cauchemar envoûtant dans lequel on construirait un cancer à partir de tumeurs prises sur des villageois, des greffons formant, une fois assemblés, une entité satanique. Nous nageons en plein contrepoint avec son prédécesseur signé Michael Reeves : ici, on ne châtie pas de villageois en les décrétant coupables à tout va et sans procès, non, les sorcières existent et représentent un véritable danger, par opposition aux "mauvaises victimes" de Vincent Price. Quant au personnage de Ralph (Barry Andrews/" Dracula et les femmes "), trouvant au début cet infâme crâne encore pourvu d'un oeil et tout droit venu des enfers, d'homme ordinaire, il se retrouve d'un coup d'un seul au centre d'événements fous, de plus en plus impuissant à les contrôler. S'opposant tout d'abord à ce qu'un patch de chair du démon soit prélevé sur Margareth (Michele Dotrice / "The Witches"), la danseuse du village, sa jambe finira par devenir selon lui la dernière partie nécessaire à la reconstitution du démon, en se laissant peu à peu séduire à son tour.
L'une des scènes les plus marquantes reste celle où, Cathy, la maîtresse de Ralph, se voit sournoisement attirée dans une église abandonnée au milieu des bois avant de se retrouver jouet de culte dans une ambiance festive puis de s'apercevoir de la présence de ce même stigmate maléfique sur chacun des corps autour d'elle ; elle se fera violer par l'un des jeunes du groupe pour enfin se faire poignarder par Angel Black dans une incantation toute sexuelle. Cette scène donne toute la dimension, à la fois, crue, perverse, ambigüe et atmosphérique dont se pare avec talent "La nuit des maléfices".
Doté d'un final assez dantesque, brillamment dirigé par Piers Haggard, porté par une brillante distribution dont en premier lieu l'excellente interprétation de Patrick Wymark ("Le grand inquisiteur"), et superbement photographié par Dick Bush ("Dracula'73"), en parfaite adéquation avec le naturalisme cru souhaité par le réalisateur, "The Blood on Satan's claw" est une bien belle réussite que ne dément surtout pas la jolie et envoûtante partition de Marc Wilkinson.

Dernière édition par mallox le Jeu Mai 17, 2018 6:09 am; édité 6 fois |
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crevardo 20 % irradié

Inscrit le: 05 Avr 2012 Messages: 144
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Posté le: Lun Oct 01, 2012 7:56 pm Sujet du message: |
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Alléchant tout ça! Une édition dvd à privilegier ??
Edit: ok un futur blu ray chez Odeon pour 2013.. |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Oct 02, 2012 5:56 am Sujet du message: Re: [Critique] La nuit des maléfices - 1971 |
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mallox a écrit: | Linda Hayden ("Une messe pour Dracula", "Taste the blood of Dracula"), joue ici une fille Victorienne respectable |
Attention, Victorienne c'est au 19e siècle. Puritaine ce serait plus dans l’époque, mais connoté différemment. _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Oct 02, 2012 6:10 am Sujet du message: Re: [Critique] La nuit des maléfices - 1971 |
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sigtuna a écrit: | mallox a écrit: | Linda Hayden ("Une messe pour Dracula", "Taste the blood of Dracula"), joue ici une fille Victorienne respectable |
Attention, Victorienne c'est au 19e siècle. Puritaine ce serait plus dans l’époque, mais connoté différemment. |
hum... en effet. correctionné. thanX  _________________
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mar Oct 02, 2012 10:51 pm Sujet du message: Re: [Critique] La nuit des maléfices - 1971 |
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sigtuna a écrit: | Puritaine ce serait plus dans l’époque, mais connoté différemment. |
Oui, difficile de considérer que "puritaine" est l'équivalent de "victorienne" pour le 17ème siècle ! Je suppose que tu fais allusion à la dictature de Cromwell mais elle a duré moins de 10 ans et le reste de la période a été dominé par le règne des Stuarts !
En fait, je pense que pour le pour le 17ème siècle, il n'existe aucun terme équivalent à "victorienne" pour le 19ème ou "élisabéthaine" pour la fin du 16ème...
Pourquoi tu mettrais pas simplement "une jeune paysanne respectable", Mallox ?  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 5:07 am Sujet du message: |
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Pourquoi pas ?
Vous allez me faire chier longtemps comme ça, bande de gros cathos ? C'est que j'ai pas fait ma 1ere communion, moi ; quant à mon baptême, on m'a sorti de l'église pour cause de hurlements au contact de l'eau bénite. Donc faites gaffe !  _________________
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 6:20 am Sujet du message: |
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Oui mais l'adjectif était il là uniquement pour le contexte historique ou pour indiquer une éducation "stricte" (ce que j'ai cru comprendre) ? (pourquoi Mallox a enlevé le "respectable" après paysanne)
mallox a écrit: | Pourquoi pas ?
Vous allez me faire chier longtemps comme ça, bande de gros cathos ? |
Surtout que ce sont des protestants.  _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 6:26 am Sujet du message: |
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sigtuna a écrit: | Oui mais l'adjectif était il là uniquement pour le contexte historique ou pour indiquer une éducation "stricte" (ce que j'ai cru comprendre) ? (pourquoi Mallox a enlevé le "respectable" après paysanne)
mallox a écrit: | Pourquoi pas ?
Vous allez me faire chier longtemps comme ça, bande de gros cathos ? |
Surtout que ce sont des protestants.  |
Je parlais de vous... (et c'est une paysanne à l'éducation stricte que j'aie mis, bordel à cul païen !)
Allez, va à la messe dimanche et brûle un cierge en pensant à moi. N'oublie pas de te confesser, doit y avoir du lourd à déballer !  _________________
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 8:01 am Sujet du message: |
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Ah moi je suis presbytérien... sans jeux de mots !  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 8:17 am Sujet du message: |
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Bé moi depuis que je prends un coup de vieux, je suis presbyte (toujours sans jeu de mots même si femmes à lunettes = femmes à quéquette).
C'est pour ça qu'il vous faut être indulgents avec ma petite personne, le temps que je m'habitue aux verres progressifs !
Signé : Le papet (toujours sans jeu de mots) _________________
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Throma Super héros Toxic


Inscrit le: 25 Nov 2004 Messages: 3335 Localisation: Masse à chaussettes
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 8:50 am Sujet du message: |
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Excellent film, idéal à voir ou revoir en ce mois d'octobre, ou un doux parfum de sorcellerie flotte dans l'air.
Sur ce thème là, il est aussi indispensable que "La marque du diable". 2 oeuvres bien plus percutantes et inoubliables que "Les diables" de Russell, à mon sens.
Ce dernier, je l'ai découvert il y a quelques jours et le moins qu'on puisse dire, c'est que le spectacle ne m'a pas franchement transcendé, la faute à une vilaine manie de céder au théatralisme à la moindre occasion, rendant l'ensemble lourd.
L'impression constante d'assister à la représentation d'une troupe de hippies qui font de "l'art" et du cochon, dont le gourou naturel serait ce drôle d'inquisiteur tout droit sorti d'un concert de Black Sabbath. _________________ http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 9:05 am Sujet du message: |
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Throma a écrit: | Excellent film, idéal à voir ou revoir en ce mois d'octobre, ou un doux parfum de sorcellerie flotte dans l'air.
Sur ce thème là, il est aussi indispensable que "La marque du diable". 2 oeuvres bien plus percutantes et inoubliables que "Les diables" de Russell, à mon sens. |
"La marque du diable, je voulais le mettre en référence dans la critique et puis mon boulot a été tellement laborieux pour le coup (m'y suis pris à 3 fois, ce qui est assez rare), à la fin j'ai oublié. Tant pis pour moi on va dire, même s'il aurait mérité en effet d'être rangé dans les mêmes eaux troubles.
Pour le Russell, de toutes façons, y a toujours eu les admirateurs et les détracteurs. J'ai prêté "les diables" y a deux ans à un pote, il ne l'a toujours pas vu, tout simplement parce que pour lui (et à mon avis c'est pas le seul), Ken Russell et Zulawski = même combat !
Bande de salops !  _________________
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 10:05 am Sujet du message: |
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Throma a écrit: | la faute à une vilaine manie de céder au théatralisme à la moindre occasion, rendant l'ensemble lourd.
L'impression constante d'assister à la représentation d'une troupe de hippies qui font de "l'art" et du cochon, dont le gourou naturel serait ce drôle d'inquisiteur tout droit sorti d'un concert de Black Sabbath. |
Pas faux ce que tu dis sur Les Diables, particulièrement cet inquisiteur avec ses lunettes à la John Lennon ! N'empêche qu'à mon sens ça reste quand même un film percutant et inoubliable !
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 11:12 am Sujet du message: |
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Valor a écrit: | Throma a écrit: | ce drôle d'inquisiteur tout droit sorti d'un concert de Black Sabbath. |
Pas faux ce que tu dis sur Les Diables, particulièrement cet inquisiteur avec ses lunettes à la John Lennon !  |
C'est marrant, perso à chaque vision, je pense à Ray Manzarek !
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mer Oct 03, 2012 11:44 am Sujet du message: |
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Come on baby! Light my fire!  |
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