[M] [Critique] Le démon de la chair - 1946

 
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mallox
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MessagePosté le: Lun Aoû 08, 2011 9:08 am    Sujet du message: [M] [Critique] Le démon de la chair - 1946 Répondre en citant



Le démon de la chair - 1946
(The Strange Woman)

Origine : Etats-Unis
Genre : Film noir / Mélodrame / Thriller

Réalisé par Edgar G. Ulmer
Avec Hedy Lamarr, George Sanders, Louis Hayward, Gene Lockhart, Hillary Brooke, Rhys Williams, June Storey...




Dans la petite ville de Bangor, Nouvelle Angleterre, 1820 - Jenny Hager n'est ni une enfant très heureuse, ni une petite fille très gentille. Elevée par un père alcoolique qu'elle doit le plus souvent coucher, marquée par l'absence de sa mère disparue dès son plus jeune âge, Jenny passe son temps à tromper le temps et l'ennui. Jenny est une enfant triste et solitaire. Loin de se replier pour autant sur elle même, il semblerait plutôt que sa condition lui ait conféré quelques pulsions assassines. Les êtres autour d'elle vont et viennent, apparaissent puis meurent comme dans la ronde funèbre qu'elle ne cessera dès lors de reproduire toute sa vie durant.



La voici d'ailleurs qu'au détour d'un jeu avec ses camarades aux abords de la petite rivière qui jouxte sa cabane, elle tente, à force de manipulation, de noyer l'un d'eux qui sera sauvé in-extremis par un homme de passage : il s'agit du juge de la petite ville du Maine, Henry Saladine. Jenny, quasiment prise sur le vif, argue que les garçons l'ont poussée à l'eau et qu'elle n'a fait que tenter de se défendre avant que l'un des enfants se mette lui même en danger. Saladine lui propose de venir travailler chez lui, en échange de quoi elle pourrait intégrer prochainement le pensionnat et échapper ainsi à une vie de misère toute tracée. Cependant, Jenny refuse, malgré les conseils de son père qui lui confie, dans un moment de désespoir, qu'elle serait plus à-même d'accéder à une vie normale qu'aux côtés d'un homme épongeant chaque jour sa tristesse et son désespoir dans l'alcool. Mais Jenny ne veut rien savoir. Plus même, son acte envers le jeune garçon et le mensonge qui s'en est suivi lui ont donné foi en elle. Elle rassure alors son père en lui assurant qu'il n'a pas à s'en faire et que plus tard, elle aurait les hommes et l'argent qu'elle souhaite.
Jenny retourne régulièrement au bord de la petite rivière pour rêvasser.

Elle lance une branche d'arbre dans l'eau qui se trouble. L'eau redevient plane, les années ont passé ; on retrouve Jenny, devenue alors une magnifique jeune femme. Une beauté dont elle ne cesse de se servir pour parvenir à ses fins. La Jenny d'aujourd'hui est encore plus machiavélique qu'autrefois et passe d'hommes en hommes, montant les marches sociales comme dans un plan froidement élaboré à l'avance. Bientôt, elle épouse le vieux Porter, juste pour ses biens, tandis qu'elle séduit dans un même temps son fils. Jenny manie avec un art confirmé le jeu des apparences, et est capable à la fois de s'occuper d'une association destinée aux plus démunis, d'un côté, et de semer le trouble et la mort sur son chemin...



Dans l'histoire du film noir et des femmes fatales on rajoutera sans hésitation, à la vision de "The Strange Woman", Jenny Hager, être à la fois meurtri et meurtrier. Un ange manipulateur n'ayant strictement rien à envier aux personnages féminins les plus vénéneux qu'on ait pu voir au cinéma. Aux noms de Mary Astor, Veronica Lake, Jane Greer, Barbara Stanwyck, Rita Hayworth, Joan Bennett, Ava Gardner ou encore Lana Turner, on peut aisément rajouter Hedy Lamarr ici présente, dans le rôle d'une femme prête à tout, à la fois victime et bourreau. A bien des égards, son personnage évoque celui de Helen Berent, tenu par Gene Tierney dans le génial "Péché mortel" de John M. Stahl. Deux femmes aux destins comparables et dont les caractères s'affirment petit à petit pour confiner à la folie meurtrière. Si Helen n'hésitait pas à noyer sa petite fille dans le lac près de chez elle, Jenny, de son côté, n'aura jamais cette opportunité : après une visite chez le médecin, il s'avère qu'elle est stérile et ne pourra jamais avoir d'enfant. Ainsi, ce "démon de la chair", passant par la manipulation du sexe fort, restera doublement stérile dans la mesure où, si elle génèrera le mal partout où elle passera, elle sera en revanche dans l'impossibilité de le féconder, et donc de le léguer, puis de le perpétuer à long terme. C'est d'ailleurs tout le drame intérieur de cette petite fille, devenue une belle et plantureuse jeune femme, qui parvient sans grand mal à jouer avec les apparences, à se faire passer pour un être au grand cœur, alors qu'en coulisses la névrose - souvent subconsciente - prédomine. C'est une femme mortelle, complètement fermée aux conséquences de ses actes, qui dirigera dès lors les autres, tout comme le film lui-même, reposant sur une destinée on ne peut plus tourmentée. Capricieuse à la base, elle deviendra une adulte exigeante et autoritaire, passée maîtresse dans l'art de la manipulation ; ainsi ira-t-elle jusqu'à tuer son père, puis poussera son amant à tuer son propre père, avant de trouver un amour véritable qui lui sera fatal : Jenny était armée pour tout, sauf pour l'amour.



"Le démon de la chair" repose pour beaucoup sur la composition magistrale de Hedy Lamarr. Chose logique puisque c'est carrément de son point de vue qu'Ulmer illustre cette histoire et tourne ce film dont le résultat à l'écran n'a rien à envier aux meilleures réussites hollywoodiennes du film noir ("Un si joli visage", que Preminger tournera en 1952 avec Jean Simmons en ange séducteur/exterminateur, n'est lui aussi pas loin). A ce titre, si l'actrice est surtout restée jusque là dans les mémoires pour avoir créé le scandale en apparaissant nue dans "Extase" de Gustav Machaty, en 1933, à 19 ans, il convient de préciser sa forte implication dans le projet et la genèse du "Démon de la chair". Séduite par l'histoire d'un côté, et attirée par le fait de travailler avec le réalisateur d'origine autrichienne, comme elle, en plus d'être auréolée d'une bonne réputation, elle accepte non seulement le projet mais décide à l'époque de prendre une part importante à sa production et à son financement. Constamment en gravitation autour de son personnage, l'actrice donne ici toute la mesure de son talent, passant de l'ange au démon, quand les deux ne se fondent pas en un, avec une aisance stupéfiante. Il semble, à en croire l'autobiographie de l'actrice ("Ecstasy and me"), que le réalisateur remit sans cesse en cause la psychologie du personnage, son caractère, son tempérament, ses motifs, allant jusqu'à remanier régulièrement des dialogues afin de l'étoffer au plus profond. La marque d'un réalisateur qui pouvait donc s'avérer exigeant, en dépit du fait qu'il était rompu à l'exercice des tournages dans l'urgence, avec les budgets les plus dérisoires. A ce titre, "The Strange Woman", doté d'un budget et d'un temps imparti plus important qu'à l'usuel, est la preuve manifeste de la capacité du réalisateur à tirer le maximum du minimum et dans ce cas plus précisément, à élever d'un cran son art, pour peu qu'on lui en donne les moyens (ou tout du moins, le minimum pour ce faire).
Reposant sur un scénario solide, "The Strange Woman" peut se targuer d'être maîtrisé de bout en bout, en plus d'entretenir certaines affiliations avec d'autres films d'Ulmer, en premier son "Barbe Bleue", tourné juste avant pour la P.R.C.



A l'instar de "Barbe Bleue", "Le démon de la chair" s'avère être lui aussi un jeu de massacre des valeurs sociales, dans lesquelles les fondements judéo-chrétiens sont mis à mal. Dans les deux films, les sociétés représentées arborent les façades les plus policées. Au Paris sophistiqué et brillant, celui des artistes et de la mode où triomphe la civilisation des mœurs, dans lequel sévissait John Carradine, les agissements de Jenny au sein d'une petite communauté rurale bourgeoise du début du 19ème siècle, toute pétrie de valeurs morales, lui font écho avec violence ! Les apparences sont trompeuses, et le passé des deux personnages en ont fait des monstres au présent. La bête est trop longtemps et trop profondément restée fouie dans les passés des deux personnages pour ne pas exploser de la manière la plus violente qui soit. Finalement, les deux personnages ont en commun d'avoir évolué dans des sociétés qui se sont avérées pour eux, castratrices, tant et si bien que leurs pulsions les plus malsaines et indignes socialement, trop longtemps retenues, ne peuvent qu'exploser de manière sauvage et brutale, faisant voler en éclat tout le vernis de cette même société qu'on pourra tenir pour responsable. Autant Gaston Morrell que Jenny Hager sont des êtres dépendants et frustrés, dont la part animale n'a jamais pu s'exprimer. Ils sont le côté sombre d'un monde sans aspérités, en même temps que les pantins d'Ulmer qui prend un malin plaisir à les tendre, comme les symboles de dommages collatéraux de l'application systémique de règles et de valeurs judéo-chrétiennes trop rigides pour que les personnalités de chacun puissent pleinement s'exprimer. En pensant tuer dans l'œuf les pulsions malsaines de ces deux êtres ayant perdu leurs repères, ces sociétés reposant sur les apparences finissent inexorablement par se voir retourner ce qu'elles ont, par défaut, elles-mêmes généré.

On peut également, au regard de l'époque où "The Strange Woman" fut tourné, le voir comme le miroir d'une société où la femme, après des années de guerre et le retour des hommes, avait du mal à retrouver son émancipation, et dans ce cas considérer que Jenny Hager ne fait que reprendre le dû de toute femme. Sa stérilité empêche par ailleurs toute éventualité de la classifier dans les femmes dites "au foyer", s'occupant de sa maison, et de ses enfants. Il est possible aussi qu'elle le fasse doublement payer, sauf que l'inimaginable possède la faculté de pouvoir surgir de nulle part et au moment où on l'attend le moins : en se (re)découvrant une part d'humanité après sa rencontre avec John Evered (George Sanders) et l'amour sincère qu'elle ne tarde pas à éprouver pour lui, elle signe, dans un même temps, son arrêt de mort...



Sa prise de conscience est alors trop violente puisque ce qu'elle ignorait jusqu'ici lui explose au visage telle une bombe à retardement : quand bien même voudrait-elle faire le bonheur d'autrui, elle en est devenue, au fil du temps, incapable. A partir d'une raison noble, ou tout du moins humainement compréhensible, le vice qu'elle a développé est devenu personnalité à part entière. Les issues ne pourront qu'être fatales, et autant sa vie que celle de ses proches restera désormais liée à ses pulsions.

"The Strange Woman" est une jolie perle légèrement oubliée aujourd'hui. Un petit chef-d'œuvre de film noir à costumes, oscillant entre mélodrame pur jus, drame passionnel et machinations diaboliques. Les acteurs, outre Hedy Lamarr, y sont parfaits. Qu'on ne s'attende surtout pas à y trouver le grand George Sanders dans un rôle primordial (en tout cas, en temps de présence), puisque celui-ci n'apparaît tout compte fait que dans le dernier tiers du film. Il n'en demeure pas moins que dans un rôle plus entier, moins trouble et moins cynique que de coutume, il s'en sort avec les honneurs, en plus de former un couple absolument osmotique avec l'actrice/productrice. Etonnant même de le voir incarner la naïveté plutôt que de le retrouver une fois de plus dans un rôle de séducteur calculateur.

Seuls quelques passages un peu cheap (la révolte des bûcherons, par exemple, est plus évoquée que montrée, malgré son importance dans l'histoire, et la seule fois qu'on l'aperçoit, c'est de la fenêtre à l'intérieur d'une cabane) sont parfois présents ci et là, mais sans jamais déteindre sur l'homogénéité de l'ensemble. La reconstitution de l'Amérique des années 1820/1840 est une réussite, avec parfois même des scènes tournées en décors naturels. Le reste du casting est à l'avenant, avec des caractères fouillés, tant et si bien qu'on a nullement l'impression que les seconds rôles sont là pour faire de la figuration, et existent bels et biens (Louis Hayward y est lui aussi particulièrement remarquable, on le reverra d'ailleurs dans "The Son of Dr. Jekyll" dirigé par Seymour Friedman, tandis qu'Ulmer tournera un peu plus tard quant à lui un sympathique mais un peu fauché et bâclé "Daughter of Dr. Jekyll"). Idem pour Gene Lockhart qui jouait dans "Péché mortel" cité en début de chronique, et qu'on aperçut justement aux côtés de George Sanders et Alan Napier ici présents, l'année précédente, dans "Scandale à Paris" de Douglas Sirk - rappelons qu'il s'agissait d'un film relatant les aventures du célèbre Vidocq dans le Paris de la fin du 18ème siècle-. Pas étonnant donc, qu'assez souvent on attribue une petite part de la réalisation du "Démon de la chair" à celui-ci, quelques séquences éparses, dont la fin.



Finissons ici, pour associer à la réussite de cette entreprise, la remarquable partition de Carmen Dragon qui signera peu après celle du classique "L'invasion des profanateurs de sépulture", et la belle photographie (même si la copie proposée par Bach Films manque par moments de restauration, notamment dans quelques scènes sombres et nocturnes) de Lucien N. Andriot, qui, sur près de cinquante ans de carrière, n'a pas eu la chance d'œuvrer sur des films ayant fait date. Il pourrait être fier a posteriori d'avoir travaillé sur "The Strange Woman", peut-être le meilleur film de son auteur, en tout cas une petite merveille élaborée par un Ulmer très inspiré, et à ranger aux côtés de ses grandes réussites telles que "Le chat noir", "Détour", "Le Bandit", ou encore "The Man from Planet X".


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Dernière édition par mallox le Jeu Sep 01, 2011 8:33 am; édité 1 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Aoû 09, 2011 10:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 belle critique bien qu'il y ait un "malgré que" qui traine quelque part
Sinon je n'ai pas bien compris, Sirk à participé à la réalisation sans etre crédité ou ce n'est qu'une rumeur (ou en l'absence de preuves tu préfère rester dans le flou) ? new_diable
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mallox
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MessagePosté le: Mar Aoû 09, 2011 10:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sirk a participé au film. Mais que pour une infime partie. Du fait que ce soit un mélodrame, son domaine de prédilection, on a souvent maximiser son rôle. Voilà en gros...

Sinon je suis pas mécontent de mon petit voyage chez Ulmer que je connaissais mal (une poignée de films, les plus réputés, je crois). Y avait bien "Détour" (qui, en passant, vaut vraiment lui aussi le détour ! ) chroniqué par le Big, mais c'est pas mal, il me semble, qu'on ait d'autres films de lui chroniqués. Surtout pour un type exerçant dans une catégorie qu'on aime à traiter... des films à petits budgets dotés d'une imagination fertile.
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flint
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MessagePosté le: Lun Aoû 29, 2011 6:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà un fort beau portrait de femme, et un film ardemment défendu... Bravo !

Cela n'a aucun rapport avec le film, mais chaque fois que je vois évoqué le nom de Hedy Lamarr, je pense toujours à Hedley Lamarr dans "Le shérif est en prison".


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Bigbonn
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MessagePosté le: Lun Aoû 29, 2011 8:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Cela n'a aucun rapport avec le film, mais chaque fois que je vois évoqué le nom de Hedy Lamarr, je pense toujours à Hedley Lamarr dans "Le shérif est en prison".

ico_mrgreen

wikipedia a écrit:
In an interview included in the DVD release of Blazing Saddles (1974), Mel Brooks claims that Hedy Lamarr threatened to sue the producers. He says she believed the film's running "Hedley Lamarr" joke infringed her right of publicity. In one scene, Brooks' character tells Hedley Lamarr, "This is 1874 – you'll be able to sue her!" Brooks said they settled out of court for a small sum.
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mars1379
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MessagePosté le: Mer Oct 24, 2012 7:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il est assez étonnant que ce film ait pu voir le jour dans les années 40, car comme dit dans la chronique, les valeurs judéo-chrétiennes sont rudement bousculées. Assez intéressant de constater également l'évolution de l'image de la femme dans le cinéma noir : ainsi à cette époque, la femme blonde était la "gentille" du film tandis que la femme brune était la "femme fatale" (les meilleurs exemples sont dans les films d'Hitchcock) , alors que dans le cinéma contemporain des années 80-90, c"est tout le contraire (cf Basic Instinct)
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