[M] [Critique] Un joli corps qu'il faut tuer

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Avr 28, 2013 4:07 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Un joli corps qu'il faut tuer Répondre en citant



Un joli corps qu'il faut tuer

Titre original : Il tuo dolce corpo da uccidere

Genre : Giallo

Année : 1970

Pays d'origine : Italie/Espagne

Réalisateur : Alfonso Brescia

Casting : George Ardisson, Françoise Prévost, Eduardo Fajardo, Orchidea de Santis, Miguel Del Castillo, Luisa Sala...

Aka : Una maleta para un cadaver



Chez les Ardington cela ne fait pas l'ombre d'un doute : c'est Madame qui porte la culotte. Diana est une femme d'affaires riche, dure, voire impitoyable... un vrai requin de la finance. Quand elle ordonne, on exécute. Et même Clive n'échappe pas à cette règle. Premier secrétaire à l'ambassade d'Angleterre à Madrid, le mari de Diana vit de plus en plus mal cette situation. Sa femme le stresse, le harcèle du matin jusqu'au soir, ne lui laissant aucun répit, ne lui permettant même pas de choisir sa garde-robe. Clive n'a qu'un seul refuge : son aquarium, et sa passion pour les poissons. Jusqu'au jour où Diana fait jeter par un domestique les occupants de l'aquarium dans un bassin extérieur. Le changement de température est évidemment fatal aux petits poissons.



Jusque là, Clive rêvait souvent qu'il tuait sa femme, en l'écrasant avec sa Jaguar type E, ou en la jetant du haut d'un immeuble. Désormais, ses envies de meurtre sont encore plus tangibles, d'autant qu'une lettre anonyme reçue à son bureau de l'ambassade l'a informé que Diana le trompait avec Franz Adler, son ami en plus d'être son médecin. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase mais Clive, trop lâche pour exécuter lui-même le sale boulot, profite d'un document compromettant qui pourrait ruiner la carrière d'Adler pour l'obliger à tuer cette garce de Diana. Directeur d'une clinique renommée, Franz Adler ne peut se permettre un scandale qui le conduirait droit en prison. Sa carrière est désormais entre les mains de Clive Ardington. Il accepte donc...



« Un joli corps qu'il faut tuer » entre dans la mouvance des gialli de type machination qui fleurirent à la fin des années '60 via des titres comme « L'adorable corps de Deborah », « Une folle envie d'aimer », « La Machination » et perdureront encore au début des seventies (avec notamment « Paranoïa » d'Umberto Lenzi). Dans ce genre hérité des thrillers d'Alfred Hitchcock et des romans de Boileau-Narcejac, le film dont il est ici question constitue une surprenante réussite. Surprenante à un double point de vue : d'abord parce que dans l'ensemble ce giallo évite dans les grandes lignes ces mécanismes et rebondissement tirés par les cheveux qui sont parfois le pêché mignon de leurs auteurs ; ensuite parce que l'auteur en question se traîne plus une réputation de tâcheron que de cinéaste émérite. Une réputation qui est d'ailleurs justifiée, puisqu'il s'agit de l'inénarrable Alfonso Brescia, réalisateur d'une kyrielle d'œuvres au mieux couillonnes, au pire affligeantes. Des exemples ! Cela n'en manque point : « Goldocrack à la conquête de l'Atlantide », Les amazones font l'amour et la guerre », « Supermen contre les amazones », sans compter toute une série de films de science-fiction fauchés le plus souvent soporifiques (« La bataille des étoiles ») à l'exception de « La bestia nello spazio », variante amusante de « La Bête » de Walerian Borowczyk.



Alfonso Brescia a tourné une cinquantaine de longs métrages sur une trentaine d'années, et s'est essayé à la plupart des genres populaires de l'époque. Il a commencé par des péplums, avant de signer des westerns sous son pseudonyme d'Al Bradley, puis d'enchaîner sur des films de guerre, d'aventures, des sexy-comédies (et, donc, de la SF à deux balles). « Un joli corps qu'il faut tuer » est sa première incursion dans le giallo, et Brescia ne réitérera qu'une seule autre fois avec le très médiocre « Manoir aux filles », en 1972.
Ce coup d'essai est un coup de maître, aussi étrange que cela puisse paraître quand on connaît la filmographie du réalisateur. C'est d'autant plus curieux car George Ardisson, dans le rôle du mari persécuté par son tyran domestique de femme, est tout simplement prodigieux. Et ça aussi, on n'y était pas forcément habitué. Parce que si dans « Hercule contre les vampires » et « La sorcière sanglante » il arrivait à faire illusion, dans d'autres films l'acteur faisait vraiment pâle figure (« Plus venimeux que le cobra », par exemple). Bref, on ne peut pas dire que George Ardisson, aussi sympathique soit-il, était un acteur remarquable. Mais là... oui, il l'est, dans son jeu de scène, dans ses regards, dans son phrasé, c'est un festival de tous les instants. On le sent stressé, on le sent complexé, malheureux, on souffre pour lui, on rentre dans sa peau ; que demander de plus chez un acteur quand il est autant habité par son personnage ?



Cerise sur le gâteau, chacun des protagonistes de ce classique triangle amoureux (le mari, la femme, l'amant) tire le film vers le haut, jouant à l'unisson, que ce soit Françoise Prévost (« Les nuits de l'épouvante », « Mala, amore et morte »), tellement dans son rôle qu'on a vraiment envie de la tuer, ou Eduardo Fajardo (« Week-end pour Elena », The Killer Must Kill Again »), impeccable dans le registre de l'amant obligé de tuer sa maîtresse. A moins que... Oui car le déroulement de l'action réserve bien des surprises.



Le film se divise en deux parties, l'une se déroulant à Madrid et s'achevant par la mort de Diana, le corps coupé en morceaux dissimulé dans deux valises noires. La seconde partie narre le parcours du combattant de Clive à Tanger afin de jeter les deux fameuses valises dans un bassin d'acide (situé dans une tannerie appartenant à sa femme). Rien, évidemment, ne se passe comme prévu. L'attaché d'ambassade constate que l'une des valises a été substituée par une autre dans l'avion, retrouve au Maroc une ancienne connaissance qui se trouve être commissaire de police, flanqué d'un adjoint particulièrement fouineur, et doit enfin composer avec une mystérieuse personne semblant le suivre dans tous ses déplacements. Bref, ce voyage à Tanger, pure formalité au départ, se transforme en véritable chemin de croix.



« Un joli corps qu'il faut tuer » est très sobre au niveau de la violence, le nombre de meurtres est également très faible, et l'érotisme totalement absent. Malgré cela, l'atout charme n'en est pas moins présent grâce à la présence d'Orchidea de Santis (« Le diable dans la tête », « Amore e morte nel giardino degli dei »), et le suspense diablement efficace. Le film bénéficie aussi d'une partition musicale agréable de Carlo Savina, avec notamment un générique d'ouverture psychédélique. On notera au passage que le compositeur recyclera l'un de ses thèmes l'année suivante dans « La nuit des damnés » de Filippo Walter Ratti.
En résumé, ce jeu du chat et de la souris se regarde avec beaucoup de plaisir, les dialogues sont ciselés et l'humour noir qui s'en dégage fait mouche à tous les coups. Avec en plus un trio d'acteurs en grande forme, on tient là un giallo d'excellente facture, n'en déplaise aux détracteurs d'Alfonso Brescia.








Dernière édition par flint le Dim Avr 28, 2013 8:53 pm; édité 1 fois
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MessagePosté le: Dim Avr 28, 2013 5:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tout à fait.
Un Brescia (le seul ?) pleinement satisfaisant et un giallo-machination qui marche très bien, notamment grâce à cette première partie impliquant un cadavre un poil encombrant.

Eloy de la Iglesia s'en souviendra avec son "Nadie oyo gritar" de 73, dont j'avais fait une chroniquette il y a quelques années.
Un autre giallo recommandé, et violent celui-là.
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MessagePosté le: Dim Avr 28, 2013 5:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bien distribué chez nous sous chez MPM avec deux visuels différents :


VHSdb


(Vous choisissez celui que vous préférez !) ico_mrgreen

Mais totalement inédit en DVD sauf en Italie en VO sous-titrée en italien uniquement... icon_confused



Contient une interview de George Ardisson qui a pris quelques rides :



Mais Flint a peut-être trouvé un "repack" ?


Dernière édition par Valor le Mer Mai 14, 2014 5:11 pm; édité 1 fois
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flint
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MessagePosté le: Dim Avr 28, 2013 8:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai revu le film (pour la troisième fois) d'après la VHS française, mais pour les captures je me suis servi du dvd italien de Cinekult. Et dans les bonus j'ai donc vu que le père Georgio avait pris un coup de vieux ! frank_PDT_08

J'avais prévu de mettre la capture mais Valor m'a devancé.
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