[M] [Critique] Libido – 1965

 
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Sep 30, 2010 10:23 am    Sujet du message: [M] [Critique] Libido – 1965 Répondre en citant



Libido – 1965

Genre : Giallo
Origine : Italie

Réalisé par Ernesto Gastaldi (Sous le pseudo de Julian Berry) & Vittorio Salerno
Avec Giancarlo Giannini (sous le pseudo de John Charlie Johns), Dominique Boschero, Luciano Pigozzi (sous le pseudo d’Alan Collins), Mara Maryl...

Musique : Carlo Rustichelli

Autre titre : Libido Terror


Quel dommage de ne pouvoir voir à ce jour « Libido » que dans un format plein cadre et dans une copie surexposée ; il s’agit non seulement d’un giallo de la première heure, de ceux à tendance machination et même machinations multiples qui culmineront à la fin des années 60 avec, entre autres, les travaux d’Umberto Lenzi, mais qui plus est et sans conteste, l’un des plus achevés du genre.
Le film s’ouvre par une séquence splendide où un jeune garçon est témoin, par l’entremise de la porte de chambre, du meurtre par son père, de sa maîtresse. Un père qui se suicidera juste après. Le reste sera à l’avenant puisque par un zoom savant sur les yeux de l’enfant, tout droit issu d’un trauma psychanalytique hitchcockien (« Psychose », « Vertigo », « Pas de printemps pour Marnie ») on nous présente aujourd’hui ce qui sera le personnage principal et central : Christian (Giancarlo Giannini).



Un Christian qui a été tenu loin de la demeure durant des années pour cause de troubles mentaux. Heureusement que son ami et tuteur, Paul (Luciano Pigozzi), s’est non seulement attelé à entretenir les lieux mais également faire en sorte qu’il ait la meilleure thérapie qui soit.
Vingt ans ont passé, Christian vient tout juste de se fiancer avec Hélène (Dominique Boschero), une femme intelligente et compréhensive. Paul, quant à lui, fréquente ces temps-ci Brigitte (Mara Maryl), une jeune blonde ingénue qui n’est pas sans ressembler à la maîtresse tuée sous les yeux de Christian autrefois.
Nos deux couples retournent donc sur les lieux du drame. Il s’agit également pour Paul, de juger en tant que tuteur, si Christian a toutes ses facultés mentales afin d’hériter légitimement puis de gérer enfin l’immense fortune de son père.
Autant dire que l’ambiance sera d’entrée un peu tendue. Christian se méfie et quand bien même peut-être guéri, reste-t-il fragile. Une fragilité qui est bientôt mise à rude épreuve puisque des signes de la présence de son père se manifestent.
La boîte à musique qu’il possédait enfant se déclenche toute seule sous l’un des fauteuils à bascule du salon, une ombre semble le suivre lorsque de nuit, il se lève, croyant avoir entendu un bruit ; bientôt c’est carrément une silhouette qu’il aperçoit dans le jardin, ce, avant de trouver des traces boueuse de pas alors qu’il est en compagnie d’Hélène.
Tous ces éléments n’iront que dans un seul et unique sens : la fragilisation de l’état mental de Christian, lequel en viendra à se demander si tout ceci n’est pas destiné à prouver qu’il est fou pour le dépouiller de son héritage. Lucide ou non ? Peut-être les deux à la fois ou bien encore, tour à tour, l’un puis l’autre…



A l’énoncé de ce petit résumé, l’on comprend aisément vers quoi tendra ce thriller machination. On pourra rapprocher également cet excellent « Libido » de la mouvance des thrillers psychologiques écrits par Jimmy Sangster et tournés par la Hammer au début des années 60 (« Paranoïaque ! », « Meurtre par procuration ») ainsi que, dans son traitement, de tout un pan du cinéma gothique italien qui lui aussi, rappelons le, a très souvent bifurqué vers le thriller à tendance machination (« Blancheville Monster », « Le spectre du professeur Hichcock »…). D’ailleurs, tout comme ces thrillers gothiques, on a droit à un huis-clos dans lequel les portes grincent ou claquent et les fenêtres s’ouvrent sous l’effet du vent. Des artifices délicieux transportés ici dans un univers plus moderne. Quant aux psychés versant petit à petit dans la pure schizophrénie, outre Hitchcock, on pensera également à certains films de William Castle (« La coupeuse de tête » pour le plus flagrant).



La grande force de « Libido » et les raisons de sa réussite sont multiples et reposent sur plusieurs axes : celui de conjuguer avec bonheur une cinéphilie en l’intégrant parfaitement à son propre contexte (à cet égard, on ne manquera pas de citer cette chambre faite de miroirs, multipliant les personnages, soulignant ainsi leur aspect "multi-facial" tout en renvoyant au final de « La dame de Shanghai » d’Orson Welles) ; celui également de parvenir à intégrer puis mixer de manière fluide et brillante (autant dans la conduite du récit que l’aspect formel) plusieurs genres alors en vogue, pour livrer un film au rythme sans faille et mettant en scène des personnages aux caractères fouillés. Celui, enfin, outre l’aspect issu d’un cinéma fait de suspense et d’épouvante, de pousser la psychologie à son maximum avec une économie de plans étonnante. Il n’y a qu’à voir, par exemple, la scène dans laquelle Christian trouve Paul, avec la pipe de son père dans la bouche et en compagnie d’Hélène, ou encore celle où il les suit en voiture et l’impression trouble, emprunte de paranoïa que peut laisser un simple baiser entre ces deux mêmes personnages, pour s’en convaincre.
Certes, on pourra bien devancer ça et là certains rebondissements, croyant alors avoir affaire à des ficelles un peu grosses, mais petit à petit, le film tournera purement et simplement au jeu de massacre - lequel ne sera pas sans évoquer « La baie sanglante » de Bava - pour accoucher sur des ramifications que l’on n’aurait pas forcément soupçonnées.



Difficile de savoir ce que l’on doit à Vittorio Salerno qui semble avoir coréalisé le film, toujours est-il que, dès 1965, Gastaldi livre une œuvre non seulement efficace et maîtrisée, mais qui va également plus loin que ses modèles tardifs, notamment les gialli tournés par Umberto Lenzi quelques années plus tard (« Orgasmo », « Si douces, si perverses », « Paranoïa ») et qui ne feront finalement que reprendre le même schéma sur un tempo plus théâtral et des retournements de situations moins surprenants.
Œuvre autant machiavélique que freudienne (le film s’ouvre d’ailleurs par une citation de Freud), et aidée d’une excellente partition de Carlo Rustichelli (quelques notes de la boîte à musique ressemblent à la musique de « Les yeux sans visage », ailleurs on pense à la fois à Bernard Hermann dans les moments de tension, puis au Henry Mancini de « La soif du mal »), celle-ci a qui plus est le grand mérite de ne pas céder au traditionnel happy end et de nous laisser avec l’impression d’avoir assisté à un comte cruel. Teinté également d’un érotisme léger (Mara Maryl fait forte impression ; Gastaldi la reprendra d’ailleurs dans ses films suivants dont « La lunga spiaggia fredda » en 1971), « Libido » est un giallo important. Important parce qu’il devance une kyrielle de films, même s’il emprunte ailleurs, mais important surtout, parce qu’il demeure tant réussi qu’on en vient à regretter non seulement de ne pouvoir le voir à ce jour que dans une version recadrée, mais aussi que cet excellent scénariste n’ait pas réalisé lui-même davantage de films, notamment dans les années 60 et 70.
Quant aux acteurs, s’ils sont tous excellents, il convient de souligner l’impeccable prestation de Giancarlo Giannini (« La tarentule au ventre noir ») dont c’est ici le premier grand rôle au cinéma.


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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Sep 30, 2010 10:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 belle critique
Au vu des captures on dirait un film des années 20 icon_confused
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Camif
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MessagePosté le: Jeu Sep 30, 2010 6:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Malgré la qualité pourrite de la copie que j'ai visionné, c'est un film très plaisant à regarder. La fin est d'une belle cruauté, ce qui ne gâche rien.
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John Pipo
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MessagePosté le: Ven Oct 01, 2010 2:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui belle critique pour un film que j'avais eu la chance également de voir via la seule copie qui semble circuler sur le net.
C'est bien tissé, sans temps morts, bien interprété, la fin est étonnante et n'épargne personne, et même la photographie semble soignée ; une réussite ! Sinon toutes les influences me semblent avoir été citée à juste titre par Mallox
Et c'est bel bien un pur giallo tendance machination, n'en déplaise à certains qui le classent dans les simples thrillers alors qu'ils parlent de gialli pour les Lenzi des années 60

p.s : je vois qu'imageshack fait des siennes même là où il n'y a rien ! frank_PDT_16
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Valor
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MessagePosté le: Sam Oct 02, 2010 11:37 am    Sujet du message: Re: [Critique] Libido – 1965 Répondre en citant

mallox a écrit:
Quel dommage de ne pouvoir à ce jour, voir « Libido » que dans un format plein cadre et dans une copie surexposée


Il semblerait que ce film n'a connu qu'une seule sortie VHS chez Mondial Video, un éditeur italien basé aux USA et distribuant des cassettes en VO non sous-titrée au Canada !




La version qui circule sur le net est un bootleg sous-titré en anglais et distribué par Luminous Films.

Mya avait annoncé la sortie d'un DVD ! icon_confused
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mallox
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MessagePosté le: Sam Oct 02, 2010 11:49 am    Sujet du message: Re: [Critique] Libido – 1965 Répondre en citant

Valor a écrit:
mallox a écrit:
Quel dommage de ne pouvoir à ce jour, voir « Libido » que dans un format plein cadre et dans une copie surexposée


Il semblerait que ce film n'a connu qu'une seule sortie VHS chez Mondial Video, un éditeur italien basé aux USA et distribuant des cassettes en VO non sous-titrée au Canada !




La version qui circule sur le net est un bootleg sous-titré en anglais et distribué par Luminous Films.

Mya avait annoncé la sortie d'un DVD ! icon_confused


Je rajouterai ton commentaire en a propos.
Quant à MYA, oui, le film était prévu dans leur liste de films à venir.
Sortira t-il d'ailleurs ? Tu le sais ?
Remarque, s'ils bossent à partir du bootleg de chez Luminous, ça vaut p't'être mieux pas. ico_mrgreen
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Valor
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MessagePosté le: Ven Déc 07, 2012 6:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sorti au mois d'août chez CineKult :



Bonus : interview d'Ernesto Gastaldi + B.A.

Audio : italien
Sous-titres : italien icon_confused

















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flint
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MessagePosté le: Ven Déc 07, 2012 10:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien, encore un beau master de la part de cet éditeur.
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Throma
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MessagePosté le: Sam Mai 04, 2013 3:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Décidément, il l'aime son huis-clos le père Gastaldi après (enfin avant) ses "Terreur sur la plage" et "Les forces du mal".
Force est de constater que l'exercice fonctionne bien mieux dans "Libido" que dans les deux autres titres pré-cités, deux purges d'un ennui mortel me concernant.

Mais ici, ça marche à merveille.
Le mérite en incombe à quatre comédiens étincelants, une ambiance mystérieuse qui ne désemplit pas et un scénario vraiment malin. J'avoue ne pas avoir su anticiper le (les) rebondissement(s) final(o).
C'est en effet un film important historiquement et thématiquement parlant.

Après je lui reprocherais une baisse de rythme dans la seconde moitié, au moins jusqu'à cette fin surprenante.
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mallox
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MessagePosté le: Mar Mai 14, 2013 5:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1322-libido

Valor, j'ai rajouté tes captures sur le site vu que la critique parle de l'unique copie existante etc.


Pas pu en décembre 2012. J'avais pas le net. frank_PDT_16 ico_mrgreen
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MessagePosté le: Mar Mai 14, 2013 6:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Attention : y'a "une interview de interview d'Ernesto Gastaldi." icon_confused
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MessagePosté le: Mar Mai 14, 2013 7:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas de panique : il s'agit en fait d'une interview d'interview d'interview.
D'où le doute icon_wink
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MessagePosté le: Mer Mai 15, 2013 5:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, c'est corrigé. icon_confused

Hé, les petits malins ! Prenez en charge le site, que je sois peinard à votre place, à me foutre de votre gueule de votre gueule de votre gueule. Vu que je corrige aussi vos fautes et coquilles sans mot dire. Et sans maudire. new_noel


Bandes de raloufs ! new_diable
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MessagePosté le: Sam Mai 18, 2013 9:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ma part, j'aime beaucoup Les forces du mal de Gastaldi qui, additionné avec Cannibal holocaust, donne au final Blair witch project !

Bravo pour la critique, Mallox
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