[M] [Critique] Bandidos (1967)

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Mai 20, 2007 5:23 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Bandidos (1967) Répondre en citant



Bandidos/Crepa tu... che vivo io/You die... but I live
genre : western spaghetti
année : 1967
origine : Italie/Espagne
réalisateur : Massimo Dallamano (pseudonyme : Max Dillman)
interprètes : Enrico Maria Salerno, Terry Jenkins, Cris Huerta, Venantino Venantini

Richard Martin est un tireur d'élite exceptionnel, à la quarantaine bien tassée, qui a gagné sa vie en participant à de nombreux concours, et en les gagnant non seulement grâce à son adresse, mais aussi son intelligence. Lors d'un voyage en train, il se retrouve mêlé à une attaque menée par une bande de hors-la-loi alliée à des guerilleros mexicains dont le leader a pour nom Vigonza. Ironie du sort, les hors-la-loi sont aux ordres d'un pistolero notoire qui terrorise la région : Billy Kane, un homme qui manie fort bien le revolver pour la bonne raison qu'il a eu dans le passé Martin en tant que professeur. Mais si le prof est resté dans le droit chemin, l'élève s'est laissé quant à lui entraîner du "côté obscur", pour devenir le tueur impitoyable qu'il est à présent. L'attaque du train finit en véritable boucherie, car les bandits ne veulent laisser aucun témoin vivant. Un massacre auquel seul Richard Martin va réchapper, Kane signifiant ainsi qu'il a effacé sa "dette" en l'épargnant. Cela dit, le desperado prend soin d'éviter tout risque de vengeance ultérieure en tirant une balle dans chacune des mains de Richard Martin.
On retrouve l'ancien tireur d'élite, plus tard, dans un village. A présent infirme, Martin est devenu alcoolique. Autrefois tiré à quatre épingles, la moustache fine élégante, il est désormais sale, débraillé, le cheveu hirsute et la barbe non taillée. Bien que ne pouvant plus se servir de ses mains, Martin n'a pas pourtant renoncé à sa vengeance. Comme il n'est plus en mesure d'assumer une confrontation directe avec Billy Kane, il a décidé de former un nouvel élève. Pour cela, il organise un spectacle itinérant mettant en lice "Ricky Shot", un tireur de foire. Le but étant de trouver un élève suffisamment doué pour être capable d'affronter Billy Kane le moment venu. Il croit avoir trouvé cette fameuse personne, un beau jour. Un jeune homme mystérieux, affable, mais peu désireux de parler de lui. Lui demandant son nom, il répond : Ricky Shot. Les deux hommes finissent par sympathiser, et ainsi vont-ils aller de ville en ville proposer leur numéro de saltimbanques. Ricky a l'air de s'intéresser lui aussi à Billy Kane, pas pour les mêmes raisons que Martin, bien que la fameuse attaque du train semble avoir un rapport avec les motivations du jeune homme...

"Bandidos" est le premier film réalisé par Massimo Dallamano, un metteur en scène connu pour les excellents "Mais qu'avez-vous fait à Solange" et "L'Ame Infernale", sans oublier "Emilie l'Enfant des Ténèbres", sympathique mais peu captivant. A l'époque de "Bandidos", Dallamano est loin d'être un débutant, puisqu'il a tout juste cinquante ans. Il a derrière lui une longue carrière de directeur de la photographie, un domaine dans lequel il jouit d'une fameuse réputation, si bien qu'il a exercé notamment ces fonctions dans "Pour une Poignée de Dollars" et "Pour quelques Dollars de Plus". Cette expérience se retrouve dans ce premier long-métrage à la photo hyper-léchée, avec un sens du cadrage remarquable, et une variation habile entre les gros plans et les plans larges.
"Bandidos" est donc un western-spaghetti typique, dans lesquelles les thèmes de la vengeance, de l'amitié et de la trahison sont bel et bien présents. L'originalité du film tient à la fois dans le traitement apporté au genre par Dallamano, et dans le choix des interprètes. Le metteur en scène a choisi de raconter une histoire dans laquelle le héros doit utiliser la ruse et non la force pour arriver à ses fins. Une thématique ressemblant parfois à une tragédie grecque dans la mesure où celui qui enseigne "manipule" en quelque sorte la personne qu'il forme, tout en s'attachant à elle. Une amitié réciproque et ambigüe, puisque l'élève, tout en respectant le maître, va être aussi confronté à un cruel dilemne : choisir entre défendre son honneur bafoué ou celui de la personne l'ayant pris sous son aile, l'ironie du sort voulant que l'accomplissement de l'un se fera au détriment de l'autre. Cornélien, assurément...
Le casting, ensuite. Lorsque l'on voit la prestation d'Enrico Maria Salerno (Richard Martin) et de Venantino Venantini (Billy Kane), on se prend à regretter que ces deux là n'aient pas joué plus souvent dans le western spaghetti, tant ils se montrent particulièrement à l'aise dans ce genre cinématographique. Dommage aussi que Terry Jenkins (Ricky Shot) n'ait pas eu la carrière d'acteur méritée, tant il fait preuve ici d'un talent indéniable.
Lorque "Bandidos" est sorti sur les écrans, il est passé relativement inaperçu, noyé dans la masse des westerns spaghetti tournés à l'époque, aux alentours de soixante-dix. C'est dommage, car le film recèle bien des qualités, et le fait qu'il y ait peu d'acteurs principaux a permis au réalisateur de donner à chacun d'entre eux beaucoup de profondeur. Voilà encore un film qui mériterait une "renaissance" par le biais du DVD.

note : 7/10
accroche : Pour un Dallamano de plus
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mallox
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MessagePosté le: Lun Sep 09, 2013 8:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vu hier soir, c'est en effet un très chouette film. Il porte la marque d'un artiste, voire d'un auteur. Y a une énorme réflexion sur les rapports humains derrière, pas de héros à proprement dit, l'ensemble est très singulier dans le genre me semble t-il, le scénario est élaboré, la mise ne scène également (certains cadrages sont non seulement savants mais parfois aussi étonnants, je pense à un traveling avant dans le bar, avec point de vue subjectif du méchant (excellent Venantino Venantini) qui évoque presque le giallo ou le slasher. frank_PDT_16
C'est sadique, cynique et mélancolique dans le fond, et le côté Cornélien du film évoqué par Flint fait des merveilles !
De toute façon ça commence de façon exemplaire avec cette attaque du train filmée puis découpée à la perfection. Et puis, pour une fois, il est impossible d'anticiper ce qu'il va se passer. Fait relativement rare me semble t-il.

Bref, la fiche...



Bandidos - Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films

Pays : France

Sortie film en France (cinéma) : 8 mai 1968
Sortie dvd : 3 septembre 2013

Durée : 90'
Image : 2.35 original respecté – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby 2.0

Langues : français, italien
Sous-titres : français

Bonus :
- "Tu meurs, mais je reste en vie", par Curd Ridel
- Diaporama d'affiches et photos
- Bandes-annonces de la collection Western




Commentaire : Nous nous plaignions ici-même (voir critique) que ce western atypique, curieux, riche, aux contours de tragédie grecque et de dilemme cornélien, et portant manifestement la marque d'un cinéaste intéressant, ne soit pas sorti en dvd dans nos contrées. Autant dire que de fait, la sortie chez Artus Films de "Bandidos" est une aubaine, et l'éditeur se doit d'être loué pour cette initiative.




Concernant la copie, outre un générique de début dont certains noms apparaissent un brin coupés, outre une petite poignée de séquences contenant certaines aspérités, sans doute difficiles à restaurer, la copie ici présentée est d'excellente qualité. Vu l'ambigüité de ses personnages, il est conseillé de le voir en version originale plutôt qu'en VF (celle-ci, précisons le, n'en démérite pas pour autant).
Quant à l'aspect technique, pas de différences notables entre la piste française et celle jugée originale (rappelons à nouveau que les moyens techniques à l'époque en Italie étaient tels que les films étaient systématiquement postsynchronisés, langue italienne comprise). Les deux se valent, recelant une image vive et un son clair. Bref, aucune déception à ce niveau. Et comme le film est bon, on précisera : aucune déception du tout.




Restent les bonus. Passons sur les bandes-annonces (les amateurs et potentiels acheteurs ne les regarderont pas en boucle, mais elles ont le mérite de faire saliver sur d'autres films de la collection), pour aborder le bonus principal, à savoir "Tu meurs, mais je reste en vie", petit document filmé où nous retrouvons le sympathique Curd Ridel, qui nous fait part de sa vision du film.
Il passe très vite sur la Epic Films, petite maison de production dont c'est l'unique film, avant d'évoquer des slogans de l'époque, surtout axés sur la vengeance, thème central, entre autres, de ce "Bandidos". Ce dernier s'enlise un peu ensuite à refaire la carrière de Dallamano (qui a réalisé ce film sous le pseudo de Max Dillman) et surtout celle de Salerno et ses 115 films. Il revient enfin sur la photographie du film, omettant (volontairement ou pas) d'évoquer le côté novateur des jeux de Dallamano sur les profondeurs de champs à coup de focales très élaborées, alors qu'il l'avait fait à propos de Tonino Valerii et son "Texas" (voir fiche), tourné deux ans plus tard. Bref, un agréable complément tirant cependant un peu trop, et comme souvent hélas, vers l'énumération. Il aurait été préférable, selon le modeste auteur de ces modestes lignes, de creuser la thématique du récit initiatique dans le western italien plutôt que de l'évoquer avec un cache-poussière en 10 secondes, avant de passer aux carrières respectives des uns et des autres.




Enfin, petite cerise sur le gâteau, le diaporama se regarde très plaisamment, pour les photos d'exploitation bien sûr, mais également parce que la galerie défile avec le beau thème du film chanté par Nico Fidenco (chant absent de nombreuses copies, dont celle-ci).
Bref, sortez vos Colts et partez braquer les gens d'Artus Films afin de les dépouiller d'un dvd plutôt indispensable.


P.S. : A noter des sculptures tout droit venues du Congo Belge, placées juste derrière Curd Ridel. Souvenir d'enfance et de jeunesse, nostalgie, quand tu nous tiens !


Keks images pour la critique :










P.S. 2 : Flint, je mettrai un petit message avec le lien, spécifiant qu'un dvd est donc sorti depuis ton papier. (Et désolé, je pensais que celui-ci émanait de Walter, sinon je te l'aurais envoyé).
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Dernière édition par mallox le Ven Avr 13, 2018 8:33 am; édité 4 fois
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flint
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MessagePosté le: Lun Sep 09, 2013 9:58 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je serai content de revoir ce western. Le master a l'air bien, et puis je pourrai le voir en VO. Fichtre, c'était une de mes premières chroniques ! Un peu plus de six ans plus tard, il sort en dvd.

Pour ta fiche dvd, Mallox (correction prévue en fin de journée), tu peux rajouter que "Bandidos" est sorti au cinéma en France le 8 mai 1968.
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sigtuna
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MessagePosté le: Dim Sep 15, 2013 4:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et je confirme que Flint n'a pas sur vendu le film dans sa critique (quoi que bien entendu personne n'en douta) c'est un excellent spagh. enaccord8
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flint
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MessagePosté le: Lun Fév 23, 2015 6:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Enfin revu et ce fut un plaisir de le redécouvrir avec cette magnifique copie, cette très belle édition d'Artus. Je l'avais quand même sous-noté à l'époque, il s'agit vraiment d'une très grande réussite du western spaghetti.
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