[M] [Critique] Le diable dans la tête - 1972

 
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mallox
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 12:23 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le diable dans la tête - 1972 Répondre en citant



Le diable dans la tête – 1972
(Il diavolo nel cervello)

Origine : Italie / France
Genre : Giallo psycho-analytique

Réalisé par Sergio Sollima
Avec Stefania Sandrelli, Keir Dullea, Micheline Presle, Tino Buazzelli, Renato Cestiè, Maurice Ronet, Orchidea de Santis…

Autre titre : Devil in the Brain


Ricky (Renato Cestiè), un enfant très introverti, est trouvé un pistolet à la main à côté du cadavre de son père, Fabrizio (Maurice Ronet). Il n’y a pas de doute : les apparences montrent que Ricky est le meurtrier. Dans le même temps, ceci provoque un choc émotionnel à sa mère Sandra (Stefania Sandrelli), laquelle en perd la mémoire.
Pour éviter le scandale, nuisible au bon nom de la famille Osio De Blanc, la comtesse De Blanc (Micheline Presle), accessoirement la mère de Sandra, fait hospitaliser Ricky dans un institut pour mineurs mentalement instables, et contraint sa fille à vivre enfermée dans l’une des villas de famille.
Oscar (Keir Dullea), l’ancien prétendant de Sandra, tente dès lors d’aider la jeune femme en même temps que de démontrer que Ricky n'est pas coupable. Il se fait aider en cela d'un médecin, le docteur Bontempi (Tino Buazzelli). Ceux-ci vérifient la bonne santé mentale de Ricky et commencent à douter fortement de l'identité de l'assassin. En conjuguant l'activité de médecin et celle de détective improvisé, comment réussir à découvrir la vérité autrement qu’en faisant revivre à Sandra le moment où elle a accouru de suite après le meurtre de son mari ? Difficile de prédire, si jamais elle recouvrait la mémoire, ce qu’elle a pu voir à ce moment là…



Vu la rareté du film, on sera d’emblée tenté de répondre à cette question : « Le diable dans la tête » est-il un giallo ? La réponse est oui. Alors qu’en 1972 les réalisateurs qui s’attèlent au genre semblent hésiter entre le style à la Argento, à savoir une panoplie de jeunes femmes déshabillées, lame scintillante et gants noirs de circonstance, ou bien la veine machination que d’aucun ne pourra qualifier de sous-genre giallesque vu la part importante qu’elle prend le plus souvent sur cette première catégorie. C’est donc d’avantage vers la mouvance initiée, puis assise par Umberto Lenzi à la fin des années 60, que l’on se rapproche ici. « Le diable dans la tête » est un thriller sans carnage ni nudité (hormis une petite scène vue d’un miroir, dans laquelle la jolie Stefania Sandrelli s’habille en arrière-plan) qui prend à revers à bien des niveaux. C’est, à l’instar d’un « Folie meurtrière » de Tonino Valerii, plus une invitation dans les coulisses d’une famille bourgeoise avec ce que cela comporte de part d’étude de mœurs et de caractères qu’un thriller avec moult rebondissements et morceaux de bravoure.
On connaît Sollima, et c’est ici un travail très sobre et très solide qu’il livre entre deux polars de qualité, « La cité de la violence » et « Revolver ». Il est difficile de ne pas penser à Claude Chabrol et ses déclinaisons « hitchcokiennes », au vitriol, et on pourra même le classer entre « Le Scandale » dans lequel on retrouvait le même Maurice Ronet et « Juste avant la nuit ».
Exit les quelques outrances stylistiques de ses westerns (« Le grand duel », « Le dernier face à face », « Saludos Hombre ») ou les éclairs de violence de ses polars, pour laisser place à un spectacle où une trouble atmosphère qui ne se dément jamais tient lieu de théâtre tournant peu à peu au jeu de massacre.



Finalement, les seules fois où Sollima met la technique en avant sont lors de cadres jouant sur les profondeurs de champs, comme pour mieux scruter l’intérieur du personnage le plus en avant dans la scène. On retrouvera notamment ce procédé dans « La poursuite implacable », le temps d’un plan dans lequel Oliver Reed, un peu par ambivalence (comme Gian Maria Volonte dans « Le dernier face à face ») mais aussi par obligation, verra toutes ses convictions mises à mal jusqu’à presque changer d’opinion puis de camp pour enfin se trahir.
Une manière pour le cinéaste de faire se mouvoir les psychologies dans des parties confinant au statisme le plus théâtral.
Ce qui pourrait sembler ennuyeux, dit comme ça, s’avère dans « Il diavolo nel cervello » un choix de sobriété des plus judicieux. La raison en est simple : Le script co-écrit par Sollima lui-même et Suso Cecchi d'Amico (« L’homme, l’orgueil et la vengeance »… pas mal de collaborations avec Visconti) tient admirablement bien la route. Basé sur une triple intrigue dont deux au présent (« Ricky a-t-il vraiment tué Fabrizio ? Dans le cas contraire, qui est le tueur » / « Sandra recouvrera-t-elle la mémoire ? Cela permettra-t-il d’éclaircir les raisons du drame ? »), et une autre au passé… Un passé à l’image de la mémoire de Sandra, en puzzle, élégamment mis en scène à base de flash-back qui viennent sans prévenir, s’insérer dans le présent, convoqués par des faits remémoratifs.
Impossible d’anticiper sur le final. Les personnages sont peu nombreux, mais les pistes semblent légion, surtout si l’on se met à compter des alliances possibles entre certains d’entre eux. Tout comme certains protagonistes, on se fera finalement léser, et l’on repartira avec le sentiment diffus d’avoir assisté à un jeu de dupes, théâtre (encore !) des apparences, lente introspection au sein de la condition humaine qui nous avait par moments échappé, mais surtout éloigné de l’évidence. A trop voir la conspiration de toutes parts, peut-être n’aura-t-on pas su voir l’essentiel.



Ricky, le jeune garçon au pistolet à la main, tenant en joue un homme déjà mort, c’est trop gros. Une mère possessive au point de considérer n’importe quel étranger comme un intrus dans sa propriété, c’est louche. Un homme à femme tué sans mobile apparent laissant une femme traumatisée, sans souvenir, c’est beaucoup. Peut-être un peu trop. Le zèle dont fait preuve Oscar pour trouver les véritables raisons au drame pourrait lui aussi se révéler être un piège. Soit, il y a son amour perdu pour Sandra. Ses motivations sont peut-être finalement plus égoïstes qu’on ne pourrait le croire. Ce n’est pas tant dans le sens où Sandra recouvrera la mémoire que l’assassin sera démasqué, mais le contraire. Avec au bout du chemin, peut-être le fait qu’elle le reconnaîtra enfin et retrouvera son amant d’hier. Et puis, n’avait-il pas lui aussi un intérêt à éliminer Fabrizio ?
Pendant ce temps, le poids d’une inéluctable oppression se fera de plus en plus fortement sentir. De celle où les apparences se doivent avant tout d’être sauves, et les secrets les plus infâmes scellés à jamais. En restant sans discontinuer aux abords de la propriété, Oscar sert également de leitmotiv ; il est le signal d’un retour dans le temps. Aidé par docteur Emilio Bontempi (ça ne s’invente pas), qui lui non plus ne croit pas en la culpabilité de Ricky, il servira de distillateur d’atmosphère en même temps que de contribuer à élaborer une forme de récit sinistre et hypnotique. Le drame finira finalement par se jouer autant au passé qu’au présent, grâce à de somptueux allers-retours filmiques.



Si l’on ajoute que la photographie d’Aldo Scavarda (malgré la faible qualité de la copie en ma possession) est en totale adéquation avec la noirceur de l’ensemble, on peut dire sans crainte que « Le diable dans la tête » est une belle réussite. Originalement sobre, il est soutenu par un casting sans faute. Inutile, je crois, de s’attarder longuement sur les talents respectifs des acteurs ici présents ; disons simplement que chacun est parfait dans son rôle.
Comme suggéré avant, cette unique livraison giallesque de Sergio Sollima pourra prendre à revers et décevoir un premier temps par sa lenteur. Sa réussite tient du fait qu’une fois fini, il n’y a plus qu’une chose à faire. Se repasser le film pour mieux rembobiner et comprendre que chaque détail avait son importance, et que le metteur en scène et son scénariste nous avaient concoctés là un plan plutôt machiavélique, dont l’ampleur nous avait peut-être échappé.
Jeu de massacre et jeu de dupes réussi, « Il diavolo nel cervello » souffre toutefois d’une tare importante : une partition d’Ennio Morricone tellement magnifique, touchant au sublime, qu’elle remet le film lui-même à sa place. Celle d’une livraison riche, intéressante et réussie à bien des égards, mais n’atteignant toutefois pas le sommet mélodique qui l’accompagne.


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Dernière édition par mallox le Jeu Mai 03, 2018 2:09 pm; édité 3 fois
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 4:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On peut le trouver en dvd celui-ci ?
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 5:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne connais aucune édition dvd de ce film, hélas !

Merci à Mallox pour cette chronique d'un film dont on a parfois entendu parler, mais difficile à voir. je ne suis même pas sûr qu'il soit sorti au cinéma en France.
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Camif
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 6:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ben alors comment il l'a vu mallox ? frank_PDT_01
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 6:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Camif a écrit:
Ben alors comment il l'a vu mallox ? frank_PDT_01


J'ai vu le film deux fois. Une première fois il y a deux semaines, une autre il y a 3 jours en prenant des notes. Il s'agit d'une copie en pur rital venant de la Raïtre. Et pas de très bonne en qualité comme tu peux le constater avec les captures. Même assez pourrie. icon_confused
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Camif
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MessagePosté le: Lun Avr 26, 2010 6:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est dommage, il a l'air bien celui-ci et puis Sollima et Sandrelli...

Un tour par Palerme et peut-être trouverais-je mon bonheur
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MessagePosté le: Jeu Juil 02, 2015 8:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je fais peu de RIP, c'est mon trop mon (T)RIP, mais histoire de ne pas trop le laisser confiné au seul genre Western, je dépose ma petite Gerbe ICI.

J'aurais aussi pu choisir Le Corsaire noir également, chroniqué par Bigbonn...

Après, bon, je vais pas jouer le saule pleureur planté sur un mur des lamentations, y a tout de même plus triste et plus injuste qu'un décès à 93 ou 94 ans, kikeçasoit. Mais bon, outre ses westerns j'appréciais tout autant sa "Poursuite implacable".
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Juil 02, 2015 9:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Moi je ne me suis pas remis de la mort de Charles Pasqua, donc depuis je ne Ripe plus. new_diable
Blague de mauvais gout à part, "Le dernier Face à Face" m'avait beaucoup marqué gamin quand je l'avais vu à la TV, je crois d'ailleurs que c'est le premier spagh' que j'ai vu.
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