[M] [Critique] Ravagers - 1979

 
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mallox
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MessagePosté le: Ven Mar 10, 2017 6:13 am    Sujet du message: [M] [Critique] Ravagers - 1979 Répondre en citant



Ravagers - 1979

Origine : États-Unis
Genre : Post-Nuke/Post-Apo / Action

Réalisé par Richard Compton
Avec Richard Harris, Ann Turkel, Anthony James, Art Carney, Ernest Borgnine, Woody Strode, Alana Stewart, Seymour Cassel...

Autres titres : El planeta de los buitres (Espagne) / Zum Überleben verdammt (Allemagne - RFA) / Os Saqueadores (Portugal) / Maraudeurs (?)


1991 : À la suite d'un holocauste nucléaire, les survivants doivent non seulement trouver les moyens de subsister mais aussi se défendre d'attaques de groupes belliqueux. Après la catastrophe, les arbres ont cessé de pousser, les femmes ont cessé d'enfanter, la vie a cessé d'évoluer, la Terre n'est plus qu'un lieu de désolation où ne reste qu'une seule lueur d'espoir, voir renaitre les choses ou bien trouver cet endroit paradisiaque mais peut-être imaginaire qu'on nomme Genesis ; un endroit où les mers ne seraient pas empoisonnées, où les gens et les terres ne seraient pas stériles.
C'est dans ce contexte que Falk (Richard Harris) vit au jour le jour avec Miriam, sa femme (Alana Stewart), errant de décombres en décombres, rêvant d'une nouvelle vie, d'un avenir meilleur. Jusqu'au jour où leur petit nid est trouvé par une bande de pillards, des loups prêts-à-tout. Falk assiste impuissant au viol, puis au meurtre de sa femme, avant de se venger dans un accès de fureur sauvage, puis d'assassiner à son tour l'auteur de ces actes horribles. Seulement, en se vengeant ainsi, il signe son obligation de fuir : la bande, en premier lieu son chef (Anthony James), a décidé de le poursuivre partout où il ira, pour le tuer.




"Ravagers" est l'adaptation tardive d'un roman écrit par Robert Edmond Alter, "Path to Savagery", édité à titre posthume en 1969 après le décès prématuré du romancier d'un cancer en 1965, à l'âge de 39 ans. Robert E. Alter est très peu connu en France pour la simple raison qu'aucun de ses romans n'y fut traduit puis édité, hormis "Attractions meurtres" (Carny Kill), paru dans la collection Rivages/Noir en 1989.
Avant de se faire romancier, Robert E. Alter était surtout spécialiste de "pulp", de petits récits à base de suspens, de fantasy ou de science-fiction qui furent publiés dans des magazines aussi divers que "Mike Shayne Mystery Magazine", "Trapped Detective Story", "Ellery Queen's Mystery Magazine", "Boys' Life", "The man from U.N.C.L.E.", "Manhunt", "Argosy", "The Saturday Evening Post". Dans son rapport au cinéma, l'ironie du sort demeure que, très jeune, Alter rêvait de films et fit donc des études pour devenir comédien, campant nombre de rôles de figurants pour cesser ces activités après la guerre et se consacrer à un emploi plus "sérieux".
En France, outre "Attractions meurtres", les seules traces de ses récits qu'on puissent trouver sont : "La chasse au monstre" paru dans "Cinq crimes à vous coller au fauteuil" et "Malencontres" inclus dans "Cinq crimes en eaux troubles", recueils publiés chez Pocket/Jeunesse en 1999, dans la collection "Alfred Hitchcock présente...".
La seconde et dernière illustration d'une de ses nouvelles à l'écran, ce fut pour l'un des épisodes horrifiques ("Would You Believe It?") de l'anthologie "Tales of the Unexpected" (1979–1988), laquelle bénéficia d'une diffusion télé en 1982 sous le titre "Bizarre, bizarre".




Au scénario, on retrouve Donald S. Sanford, ancien officier de l'U.S.Navy devenu auteur prolifique de scripts pour nombre de séries tv ("Passport to Danger", "Perry Mason", "Bonanza", "Thriller", "Au-delà du réel"...) ainsi que pour une poignée de films dont le plus célèbre demeure "La bataille de Midway" (1976). Il est aussi l'auteur de deux scénarios, "The Thousand Plane Raid" et "Opération V2", tous deux écrits en 1969 pour Boris Sagal. Un nom qui nous permet de citer un premier repère cinématographique auquel s'apparente "Ravagers", Le Survivant (The Omega Man, 1971) et, par extensions, Je suis une légende (L'ultimo uomo della Terra, 1964) et sa source, à savoir le roman de Richard Matheson publié en 1957. Comme dans le roman de Matheson, une catastrophe bactériologique a exterminé la majorité de la population du globe et l'un des rares survivants tente de survivre tandis qu'il est harcelé par des êtres humains transformés en mutants.
Ici, s'il ne s'agit pas à vrai dire de mutants, le danger vient d'un groupe organisé afin d'obtenir par l'union et par la violence ce qu'il veut. Ce qui nous amène à établir une passerelle avec un autre classique du genre : The Ultimate Warrior, réalisé en 1975 par Robert Clouse.




Les préoccupations y sont identiques, à savoir d'ordre fréquemment écologique. Quand les gens se regroupent en communautés, tentant de reconstruire l'humanité, établissant pour cela des règles strictes, d'autres ont décidé de vivre tels des bandes de charognards, pillant le peu de richesses de ces communautés. À la vision de "Ravagers", il est donc difficile de ne pas penser à la communauté dirigée par Max Von Sydow dans le film de Robert Clouse, tout comme il est impossible de ne pas voir un clone de William Smith dans le personnage du chef de meute, par ailleurs excellemment campé par cette bonne trogne de méchant chronique d'Anthony James (Tick... tick... tick... - Et la violence explosa, "Vanishing Point", Trauma, "En plein cauchemar"...).

Au milieu et dans le rôle principal (du reste, on ne voit que lui à l'écran, il est quasiment de tous les plans), Richard Harris, bien qu'indépendant et animé un temps d'une soif de vengeance, n'évolue pas dans le même registre que Charlton Heston ou Yul Brynner et ses idéaux, s'il n'était poussé à la fuite, demeureraient à mi-chemin entre celles d'un Bruce Dern dans "Silent Running" et de Don Johnson dans A Boy and his Dog.
Pour quitter le domaine des comparaisons, "Ravagers" évoque aussi par moments le No Blade of Grass de Cornel Wilde, "Soleil Vert" de Richard Fleisher, voire même le Zombie de George Romero, via les pillards organisés présents dans les deux films.




Hélas, si les références sont belles, le constat est quant à lui plutôt désolant. Au mieux, très contrasté.
"Ravagers" semble issu d'un autre temps, comme s'il était en retard de plusieurs années de manière qu'on peut qualifier de paradoxale puisqu'il s'agit d'un récit d'anticipation. À ce sujet, situer l'action en 1991 peut prêter à sourire aujourd'hui et il eut mieux valu garder le laps de temps écoulé entre l'écriture du roman et son adaptation à l'écran plutôt que de nous lourder l'apocalypse en plein essor de la musique électronique, du rap sur fond d'apothéose grunge, et en plein boom de la téléphonie mobile. Mais ce n'est pas le plus dommageable...

Formellement, "Ravagers" est assez irréprochable : la photographie signée Vincent Saizis ("Skullduggery") est soignée et exploite parfaitement les décors désolés de l'État de l'Alabama, notamment ceux du Rocket Center d'Huntsville et la musique de Fred Karlin (Mondwest, Futureworld, Chosen Survivors, Du sang dans la poussière...) instille une belle tension. Sauf que le rythme et les péripéties ne suivent pas et, durant une bonne heure, le spectateur se farcit les déambulations et les quelques rencontres du survivant désormais solitaire, Richard Harris, tandis qu'en alternance le réalisateur nous balance le groupe des ravagers à sa poursuite, en train de marcher tranquilles-pépères sur des cailloux, ces scènes d'une haute teneur en suspens étant soulignées par une musique aussi tendue qu'un risque de guerre nucléaire alors qu'au bout d'un moment, il faut bien en convenir : il ne se passe rien. Ou si peu de choses...




Falk/Harris fait tout d'abord la rencontre d'un aveugle à qui il porte vite la poisse. L'on a du mal à reconnaître Seymour Cassel, d'autant que le temps nous manque pour cela : juste après, les deux hommes se faisant canarder par une communauté dressée en haut d'une carrière, l'aveugle se prend une bonne grosse pierre sur le crâne et meurt sur le coup. Sitôt les présentations faites, exit Cassel !
C'est ensuite que Falk fait la rencontre d'un vieil homme (Art Carney) dans une ancienne base militaire dans laquelle il vit. Après quelques coups de mitraillettes et un lancer de couteau, les deux hommes sympathisent jusqu'à devenir quasi inséparables. L'ex-sergent de l'armée américaine l'emmène dans une grotte où vit une autre communauté qui semble s'être arrêtée de vivre à l'époque du Flower Power comme on sort un ami en boite de nuit ; les gens y dansent, d'autres y jouent de la musique sur des instruments qui semblent neufs, tandis qu'un homme animé d'un esprit très peace & love vient offrir deux pommes à notre héros post-dépressif. Jamais on ne saura d'où elles sortent. Un peu comme l'épi de maïs d'une étonnante fraîcheur trouvé dans une grange, que notre homme fait bouillir. Mais ce n'est pas tout, Richard Harris étant un homme malin et pragmatique, il parvient à croiser dans cette party et dans son malheur une certaine Faina, campée par Ann Turkel, son épouse à la ville, laquelle s'amourache de lui et ne le quitte dès lors plus. Dire qu'on a vu solitude bien plus grande avant l'apocalypse, dans des cités urbaines surpeuplées, tiendrait presque de l'ironie.




Ce n'est qu'à l'heure de film que le chemin de croix festif de Falk croise celui de Brown (Woody Strode) puis, après encore dix minutes de tergiversations aussi stériles que le monde illustré dans le film, celui de Rann (Ernest Borgnine), en chef d'"équipage" faisant autorité sur une autre communauté vivant recluse dans un ancien paquebot. Dès lors, enfin, après une série de péripéties menée de façon assez terne avec de petites victoires telle une boite de conserve trouvée, ce entre deux considérations vaguement existentielles, l'action commence. À ce sujet encore, si on est gréé à Anthony James de rattraper Richard Harris pour qu'enfin l'ensemble s'enflamme un peu à l'écran, on ne comprend véritablement à aucun moment la motivation du poursuivant, semble-t-il habitué à perdre des gens de son petit groupe de bandits et qui n'a récolté par ailleurs que ce qu'il a semé (contrairement aux personnages du film qui n'en ont qu'après cette putain de contrée imaginaire, Genesis, aussi trouble qu'un fumet de fiente de vache perçant la couche d'ozone).

"Ravagers" n'est pas à proprement parler totalement ennuyant et se laisse voir assoupi, éventuellement un pétard à la main et une marguerite sur l'oreille. Égard à son casting impressionnant, il s'agit cependant d'une déception et l'on comprend à rebours pourquoi il n'a pas bénéficié à l'époque d'une distribution d'envergure, plus ample au niveau international. On le doit au scénariste-réalisateur-producteur Richard Compton ("Angels Die Hard" avec Will Smith, "The Ransom" avec Oliver Reed, un thriller étant réputé solide), qui quant à lui survivra difficilement après cette bobine qui ne fit donc aucun ravage au box-office et signe à sa manière un tournant apocalyptique au sein de sa carrière ; Compton ne tournera dès lors plus que pour la télévision ("Tonnerre Mécanique", "Alerte à Malibu", "Babylon 5"...).






* À ne pas confondre avec The Ravagers d'Eddie Romero (1965) :






** Quelques photos d'exploitation :









*** Un petit thème du film par Fred Karlin ? Si si, c'est possible grâce aux maraudeurs de youtube :



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Dernière édition par mallox le Dim Sep 30, 2018 1:29 pm; édité 3 fois
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MessagePosté le: Ven Juil 14, 2017 4:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Étonnant que ce film, vu son casting, n'ait pas été distribué en France.
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mallox
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MessagePosté le: Sam Juil 15, 2017 7:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

En effet. Ok, c'est pas une flèche mais il y a bien pire, et lorsqu'on a vu sortir, par exemple, un pacson de Terence Young avec des chouettes castings mais totalement anémiques et chiants au possible, on ne peut qu'être surpris. D'autant que la direction artistique n'est quant à elle pas dégueulasse.
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