Calibre magnum pour l'inspecteur.

[Bastien]

Luc Merenda demeure quelque peu spécialisé dans le genre Poliziotteschi. Ce genre triomphe en Italie vers 1975. Il permet à la population le plaisir d’un spectacle assez insolite dans la réalité : la police triomphe intégralement de la mafia ! Si le roi de ce genre, plus précisément de cette vague, demeure le méconnu (en France) Maurizio Merli, il y a bien quelques seigneurs qui traversent ce genre, dont Luc Merenda avec ce très réussi calibre magnum pour l’inspecteur qui date.

Calibre magnum pour l’inspecteur date de 1977, en pleine vague qui voit défiler des légions de flics qui ont pour vocation de stopper la mafia, les malfrats divers et les criminels sanglants. Bref, il y a que faire et le public s’emballe dans les premières années mais le genre s’essouffle avant la fin des années 70. Parmi le peloton, il y a des bons éléments, des moins bons.

Calibre magnum pour l’inspecteur demeure un excellent fleuron du genre, un film solide qui demeure plaisant à voir si on a l’esprit ouvert. L’histoire raconte l’arrivée à Naples d’un inspecteur peu commode mais détérminé, Luc Merenda. Il analyse la situation et il se rend compte que la famille mafieuse en place demeure l’ennemi principale qui pourrit la situation de la ville. Justement, il reçoit par courriers des informations précises sur ce clan, grâce à une taupe que personne ne soupçonne. Il est aidé par un fidèle et débonnaire allié, joué par le truculent Enzo Cannavale, qui râle devant les opérations du commissaire mais qui s’avère un fidèle allié.

La taupe réussit si bien son entreprise que le clan demeure réellement en difficulté et, malgré les bâtons qu’on lui met dans les roues, il parvient à progresser un peu plus, en coupant un à un les tentacules de la pieuvre locale. Aussi, il subit quelques attaques, et se trouve confronté à un tueur assez retors, Corecane, qui va lui en faire voir. Corecane est intérpreté par un solide acteur, Adolfo Lastretti qui parvient à donner beaucoup de relief à un rôle pourtant stéréotypé. La spirale qui mène au clan va livrer ses secrets, l’indicateur n’est autre que la petite fille du patriarche, qu’il faut sauver d’urgence !

Rassurez-vous, calibre magnum pour l’inspecteur vaut bien plus que ce maigre résumé, beaucoup plus. Il y a tout d’abord le jeu de Luc Merenda, déterminé et patient, il utilise de tous les ressorts pour mener à bien son action. Luc Merenda offre une belle prestation de ce flic qui ne pense qu’à mener à bout sa charge, ce que personne n’avait réellement osé. Il fait équipe avec l’excellent Enzo Cannavale. Très bon acteur que ce Enzo Cannavale. Capable de jouer dans les registres les plus dramatiques, il réussit à rendre attachant le poncif du partenaire un rien lourdaud qui incarne la note comique du film. E.Cannavale a été cantonné aux rôles comiques, c’est bien dommage car il demeure capable de beaucoup plus.

Walter Hill, le réalisateur de 48 heures avec Eddy Murphy et Nick Nolte, se disait le créateur du buddy-movies, l’association de deux partenaires assez différents mais finalement complémentaires. Et bien Michele Massimo Tarentini l’a précédé de quelques années, et avec brio. Lui –même a suivi une formule qui existait déjà, notamment les films de Sergio Corbucci avec un cycle assez brillant qui comprend en autres Companeros !

Calibre magnum pour l’inspecteur demeure un bon film, qui alterne des moments forts comme la poursuite infernale de Luc Merenda d’un train régional, où des malfrats avaient balancé une bombe à l’ouverture des portes (un moment dont les spectateurs se souviennent) ou encore la très tonique scène de poursuite en Fiat (et oui !) après le hold-up de la banque.

La partition musicale demeure assurée par un très grand pro, Fabio Frizzi. Il donne un rythme à cette scène de poursuite qui demeure réellement nerveuse et trépidante. Son score ressemblerait à un frelon qui tournerait dans une boîte, comme si il avait inventé les pulsations de la techno avant l’heure.

Bref, calibre magnum pour l’inspecteur demeure un des must du film de genre. Luc Merenda fait office de shérif urbain et les bad guy sont nerveux et agressifs. Mais la mafia demeure montrée sous un jour assez peu reluisant. Ainsi une jeune fille qui sert de « compagne forcée » et que le commissaire met dans un hôpital, ce qu’il ne l’empêchera pas d’être exécutée pour avoir parlé. Pendant ce temps là, une des éminences de la drogue organise dans son salon des défilés de haute couture ! Il s'agit là d'une très courte scène, à la limite de l'anecdote, mais qui en dit long.
Là encore, le cast est remarquable puisque ce personnage triste demeure jouée par Sonia Viviani, une superbe actrice qui semble avoir de réelles dispositions pour la comédie mais qui, hélas, n'a pas eu de carrière de premier plan.

Je souhaite donc qu'un distributeur avisé, (Néo Publishing ?) ressorte bientôt Calibre magnum pour l'inspecteur qui est, définitivement, un solide film d'action qui peut faire pas mal d'ombre à la plupart des productions d'action françaises de la même époque. C'est un film sec, nerveux, avec de nombreux moments savoureux dont la toile de fond, la camora, demeure hélas toujours aussi nocive. D’ailleurs, quand on voit la situation actuelle des ordures à Naples, on se dit que le titre original, Naples se rebelle, demeure quelque peu visionnaire !
_________________
http://leroyaumedesavis.over-blog.com/

[Kidam]

[flint]

Vu hier, je ne suis pas aussi emballé que Bastien (que je remercie néanmoins de m'avoir fait passer le film). Ce que j'aime avant tout dans le polar italien, c'est son côté sombre, son pessimisme extrême. Et malheureusement, contrairement à Di Leo, Lenzi ou Caiano, Tarantini n'a pas la même attitude face au genre. Michele Massimo Tarantini a essentiellement réalisé des sexy-comédies, et cela se voit du début à la fin de "Napoli si ribella". Un humour pas vraiment subtil, bien dans le ton des comédies de Laurenti, et aussi un doublage français atroce qui n'arrange pas les choses. Il y avait matière à faire mieux, dans le cadre de Naples, bien dépeinte par Tarantini, ça on ne peut lui reprocher.
J'avoue que je suis assez allergique aux associations contre nature, les deux héros que tout oppose et qui finalement s'entendent comme larrons en foire (à quelques exceptions près).

[Bastien]

Ton point de vue est intéressant et surtout bien argumenté.

Il est vrai que le film est plus un polar débridé qui n'a pas le réalisme cru d'un Rançon de la peur. On est plus dans la configuration d'un super flic mais, comme dans tous les scripts de Sachetti, il y a toujours des éléments intéressants (pour le polar).

Ainsi, après le personnage de femme à plaisir de Sonia Viviani, on passe dans le salon de haute couture de la maîtresse du parrain. Le sordide qui s'oppose au luxe, chapeauté par ceux-là même qui sont respectables. La séquence est courte, mais l'opposition est judicieuse.

Pour Cannavale, j'aime bien cet acteur que je pense être fort capable mais
aucune comédie italienne ne permet à un acteur mâle de briller (en revanche, les canons féminins si)*.
Je pense qu'il a un haut potentiel et j'aurais aimé le voir dans un autre registre.

J'ai en effet un gros doute pour Fabbio Frizzi. On m'a envoyé deux morceaux de la BO sous nom, donc je le garde tel quel. Mais le générique cite bien le musicien dont tu précises le nom.

Entre nous, Calibre Magnum est bien meilleur que un flic à abattre avec Luc Merenda ?

*J'ai découvert qu'il existait une affreuse comédie sur les zombies avec Nadia Cassini. Yo Zombi, ti zombo... Réputée nulle, elle montre quand même que les Italiens étaient prêt à manger à tous les rateliers, notamment ceux des zombies malgré que le fait que l'enfer des zombies date aussi de 1979 !
_________________
http://leroyaumedesavis.over-blog.com/

[mallox]

Pas grand chose à rajouter 9 ans après par rapport à ce qui a été dit au-dessus par Flint et Bastien... j'avais oublié que le film avait son sujet, d'où le mode "fiche".
Ça fera quelques captures en plus !



Calibre magnum pour l'inspecteur - 1977
(Napoli si ribella)

Origine : Italie
Genre : Poliziesco

Réalisé par Michele Massimo Tarantini
Avec Luc Merenda, Enzo Cannavale, Ferdinando Murolo, Giancarlo Badessi, Claudio Gora, Mattia Machiavelli, Sonia Viviani...





À peine arrivé en poste à Naples, le commissaire Mauri, qui a acquis à Milan la réputation d'un "dur à cuir", est désireux de "marquer son territoire". La découverte d'un trafic de drogue à grande échelle ne laisse pas le "milieu" sans réaction. Mauri doit réagir...

Au niveau péripéties, "Napoli si ribella" reste assez pauvre et le film de Tarantini n'est finalement qu'une simple chasse au gang émaillée de courses-poursuites comme on en a vu déjà passer moult fois. Il vaut pour son décor napolitain attrayant, son aspect brouillon involontaire qui sied bien au genre ainsi que pour un méchant très méchant et, en tout cas plus méchant que les autres méchants, campé par un Adolfo Lastretti déchainé. On connait bien l'acteur ici psycho (et encore ailleurs !) et j'en profite pour glisser sournoisement des liens vers les films où il apparaît et qui sont chroniqués ici : Spasmo, Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Los amigos, 4 de l'apocalypse, La horde des salopards...

Je n'ai pas capté le côté sexy comédie vu qu'il y a une scène de violence faite à la femme (Sonia Viviani citée plus haut) assez corsée.

Le côté Buddy movie, oui. Mais j'ai eu le sentiment que Luc Merenda et Enzo Cannavale ne jouaient pas ensemble, pas dans le même film, ou ne se complétaient pas.
En fait je trouve Merenda assez fantomatique ici. Cannavale m'a fait penser à Gianfilippo Carcano, l'acolyte de Merli dans "Le cynique..." mais sans béret !

Mais tous deux se font piquer la vedette par Lastretti.

À l'arrivée, ça bouge et c'est pas désagréable mais il ne se passe rien de particulier.
Du coup film de série assez routinier pour ma part.

Vu en vostf, je n'ai donc pas eu le problème de "doublage français atroce" vécu par Flint ; crédit de la partition (dynamique et assez chouette) à Franco Campanino de mon côté aussi.
























_________________

[sigtuna]

[mallox]

Et on la signe Basflilox ?

L'avis de Bastien est très étayé et, une fois ôté la phrase sur NeoPublishing, pourrait en être une. Mais me souviens plus si son texte n'était pas à l'époque sur Le Royaume des avis. Ceci étant ça ne me dérangerait pas et c'est à lui de voir si jamais il passe par ici.
_________________