[M] [Critique] L'Attaque du fourgon blindé - 1978

 
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mallox
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MessagePosté le: Dim Déc 31, 2017 4:33 am    Sujet du message: [M] [Critique] L'Attaque du fourgon blindé - 1978 Répondre en citant





L'Attaque du fourgon blindé - 1978
(Money Movers)

Origine : Australie
Genre : Action / Thriller / Polar / Film noir

Réalisé par Bruce Beresford
Avec Terence Donovan, Tony Bonner, Ed Devereaux, Candy Raymond, Charles Bud Tingwell, Bryan Brown, Jeanie Drynan, Alan Cassell, Gary Files, Ray Marshall...

Autres titres : Money Movers - profession convoyeurs / Money Movers - L'attaque des fourgons blindés / Squadra speciale 44 magnum (La morte fa l'appello) - Italie

Accroche : Boukhrief, rends les sous !









Un fourgon blindé des services de sécurité Darcy roule lentement sur un parking de banlieue. Il transporte la paie de centaines d'employés. Tout semble parfaitement normal. Pourtant, quand les gardes descendent du fourgon, des hommes masqués et armés jaillissent soudain, les encerclent et les réduisent au silence. Ils tuent sans pitié un homme qui les a surpris, alors qu'ils transportaient l'argent du fourgon à leur voiture. Plus tard, Dino, un tueur travaillant pour le chef de gang Henderson, exécute tous les participants du hold-up et remet l'argent au commanditaire. La direction de Darcy est consternée. Mais l'inquiétude grandit encore quand arrive une lettre anonyme annonçant un autre hold-up encore plus important...







Money Movers frappait un grand coup dans le paysage du braquage en cette année 78, révolutionnant à sa manière le genre, le délestant tout à la fois de fioritures, le servant brut de "décoffrage", réduisant les motivations des personnages au primordial et, surtout, sans jamais tomber dans la complaisance, parvenant à faire un spectacle violent, ultra-violent parfois même, en distillant une atmosphère de paranoïa tenace. À cette dernière, la mise en scène de Beresford répond par un montage à la fois heurté, conforme à la confusion régnant dans ce microcosme de convoyeurs, mais aussi serré et alterné, permettant de faire un tour d'horizon large et un état de lieu dont la mécanique aux rouages parfaitement huilés va peu à peu s'emballer pour finir par imploser.
Bien entendu, là où "Le Flic ricanant" de Stuart Rosenberg marquait un temps d'arrêt définitif -après un carnage en préambule- pour tomber dans l'enquête classique, du reste parfois peu crédible, Money Movers choisit quant à lui l'introspection à la manière d'un documentaire dont le caméraman serait surpris par des événements subits. Il remue ainsi le couteau dans la plaie, gratte le vernis des apparences, celles de défenseurs de l'intégrité et de la loi, pour plonger dans un univers fait de coups-bas et de violence ; il s'agit d'immerger le spectateur jusqu'à l'impliquer pour, enfin, comme apothéose programmée, lui faire péter à la gueule un véritable bain de sang. Pour autant Money Movers n'épargne aucun des protagonistes auxquels il nous a paradoxalement attaché au fil de l'intrigue, sans en faire, ni des modèles de vertu, ni des démons.








Réalisé en 1978 puis distribué en France en 1986, L'Attaque du fourgon blindé se démarque de ses prédécesseurs car, s'il n'oublie pas de s'inscrire via sa descente aux enfers dans le genre Film noir, il choisit de s'exonérer de tout romantisme. Un parti-pris qui tend donc vers le réalisme, lui-même probablement renforcé par l'implication au scénario d'un certain Devon Minchin, connu en Australie pour être "monsieur sécurité". Minchin est alors celui qui, dès 1954, a fondé la Metropolitan Security Services. Dans le même ordre d'idée, le journal Le Monde indiquait lors de la sortie du film en France, soit en mai 1986, que les services de répression du banditisme avaient projeté en privé le film de Beresford à leurs inspecteurs, alors présenté comme un cas d'école au sein de leurs cours de formation (anecdote que l'on retrouve sur le verso de la VHS sortie en France).

L'incursion dans l'univers des convoyeurs de fonds reste isolée, malgré ce qu'en dit un certain Nicolas Boukrief dans la revue Starfix à la sortie en France, ardent défenseur du film. Propos qu'il semble oublier en 2004 lorsque sort dans les salles "Le Convoyeur" ; le réalisateur atteste alors qu'il n'existe aucun film avant le sien illustrant l'univers des convoyeurs de fonds. Encore moins dans le genre Action & thriller noir, est-on tenté d'ajouter en revoyant les deux films simultanément et tant "Le Convoyeur" emprunte à Money Movers. En même temps, à sonder l'univers de malfrats infiltrés dans certains milieux, ne le devient-on pas un peu soi-même ? Une tentation que capte d'ailleurs parfaitement le réalisateur australien.







Money Movers a le mérite, contrairement au film de Boukrief (une exploitation Star System de bon aloi cependant), de ne pas se faire bouffer par ses acteurs-stars. Ils sont parfaitement dirigés, à l'unanimité, et l'on reconnait des visages sans pourtant parvenir à les associer : on a déjà aperçu Terence Donovan, tête d'affiche de Money Movers, dans un épisode de "Le Prisonnier" et on le reverra dans un western kangourou sous-estimé, aux côtés de Kirk Douglas, "L'homme de la rivière d'argent". On reverra Bryan Brown, son comparse de braquage ici, dans le déjà cité "Héros ou salopards" avant de jouer les faire-valoir de premier plan pour Tom Cruise dans "Cocktail" ou de Sigourney Weaver dans "Gorilles dans la brume". En jeune apprenti et en personnage dégageant une récurrente impression d'immaturité et de maladresse, et dont chacun devra le plus se méfier dans Money Movers, Tony Bonner excelle également. On l'a déjà vu dans "Les inconnus de Malte" de John Hough et "Les Baroudeurs" de Peter Collinson, on le reverra dans "Mr Quigley l'Australien". Inutile de refaire tout le casting, mais la composition tout en ténacité et irascibilité de Ed Devereaux, acteur méconnu bien que riche d'une importante et hétéroclite carrière, mérite également d'être citée.







Durant les années 70, le cinéma d'exploitation australien, le Ozploitation, fut un vivier riche en genres et qualitativement étonnant. Non seulement L'Attaque du fourgon blindé fait partie des meilleurs représentants tous genres confondus au pays des kangourous mais, aussi, l'un des tout meilleurs films de braquage manqué de toute l'histoire du cinéma (si si !). Money Movers est au genre ce que The Glass House de Tom Gries est au film de prison : une référence absolue qui n'a aujourd'hui pas reçu la reconnaissance qu'il aurait méritée. L'occasion en passant de lancer un appel à nos chers éditeurs qui, s'ils ne connaissent pas encore cette bobine d'une brutalité et d'une sauvagerie inouïes, seraient surpris de constater qu'elle met au tapis une décennie de cinéma italien, si prisé quant à lui.

Bruce Beresford est un metteur en scène qui prouvait alors son immense talent. Money Movers est son sixième film et l'un de ses meilleurs. Il tournera encore trois films en Australie (dont le superbe "Héros ou salopards") avant, restriction financière culturelle et politique (mal)aidant aux débuts des années 80, de migrer comme nombre de ses collègues aux États-Unis. Il réalisera alors le très beau "Tender Mercies" avec Robert Duvall avant de livrer des films moins personnels et du coup moins intéressants ("Le roi David", "Un Anglais sous les tropiques", "Le Contrat"...), mais en passant néanmoins par la consécration critique et publique en 1989, avec "Miss Daisy et son chauffeur" qui glanera pas moins de 4 Oscars en 1990. Le milieu du cinéma avec ses garants du bon goût est décidément parfois insondable, au point que des hold-up ont régulièrement cours au nez et à la barbe de tous. Je dis ça, je dis rien...





















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Dernière édition par mallox le Jeu Juin 21, 2018 6:33 am; édité 4 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Jan 01, 2018 8:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui excellente chose que de dénoncer les impostures qui polluent le paysage ciné français. new_diable
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Throma
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MessagePosté le: Lun Jan 01, 2018 3:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Premier film visionné de l'année 2018 sous les conseils de Mallox et outch ! quel film !

La VF abomiffreuse (toujours les mêmes clowns de la vidéo au doublage) et la galerie un poil trop fournie de personnages ont failli me faire décrocher par moments mais la tension palpable et permanente balaie tout sur son passage, jusqu'à un final qu'on devine apocalyptique. Une fin qui rappelle un peu le flinguage général de "Racket" mais en 100 fois plus intense.
L'aspect "documentaire" est la meilleure approche possible pour ce type de film nerveux, renvoyant un peu aux premiers Romero.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma
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