[M] [Critique] Le mannequin défiguré - 1970

 
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mar 22, 2018 5:44 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le mannequin défiguré - 1970 Répondre en citant




Le mannequin défiguré - 1970
(Crescendo)

Origine : Royaume-Uni
Genre : Thriller / Horreur

Réalisé par Alan Gibson
Avec Stefanie Powers, James Olson, Margaretta Scott, Jane Lapotaire, Joss Ackland, Kirsten Lindholm...




Susan Roberts, étudiante diplômée d'une université New-yorkaise, arrive en France pour faire une recherche pour sa thèse à propos des travaux du défunt Henry Ryman, brillant compositeur et violoniste virtuose. Danielle Ryman, sa veuve, l'invite dans sa propriété et fait une hôte très accueillante. Susan, en logeant sur place, aura l'avantage d'avoir accès aux matériaux de Henry. En dehors de Danielle, Carter, le valet de chambre, et Lillianne la femme de ménage, la seule autre personne vivant dans la propriété est Georges, le fils de Henry et Danielle. Georges est condamné au fauteuil roulant à la suite d'un accident survenu six ans avant, lequel a mis fin à une prometteuse carrière de tennis.





Avec ses allures de retardataire, Crescendo demeure à ce jour l'un des thrillers tendance machination les moins cités de la Hammer. Il faut bien admettre que le scénario de Jimmy Sangster rappelle ses travaux précédents et ne peut prétendre prendre à revers le spectateur un tant soit peu rompu aux thrillers de la firme. Des histoires ayant accouché d’œuvres telles que Hurler de peur (dont on retrouve même ici la villa et sa piscine assassine), Paranoiac (La ressemblance des frères, dont un joueur d'orgue, à l'instar du pianiste virtuose de celui-ci) Maniac (qui se situe lui aussi en Camargue et dans lequel l'un des protagonistes est interné dans un asile), Nightmare (le coup de l'étudiante, la présence de cauchemars), "The Nanny" (l'enfant assassin), bref, des titres et des histoires quasi interchangeables, dont la qualité finale dépend souvent des techniciens et des réalisateurs tapis derrière la caméra, ainsi que de l'alchimie qui se créé entre eux. Avec ce tardif Mannequin défiguré, on retrouve au choix, une étudiante hébergée en un lieu malsain, des cauchemars hantant certains protagonistes et, bien sûr, des psychés perturbées jusqu'à la schizophrénie assassine. Concernant le dédoublement de personnalité, le petit plus apporté ici pourrait même paraître too much, d'autant qu'il s'anticipe assez facilement, mais il me permet de prononcer le mot "gémellité".
Jimmy Sangster est, certes, un scénariste de talent, mais il reste avant tout un homme malin, ayant su faire commerce fructueux d'une même recette. Ce ne sont pas ses incursions dans le pendant plus purement horrifique de la Hammer qui démentent cela.
Quant au genre thriller, il poursuivra son petit chemin après cet opus-ci, avec notamment "The Anniversary", "A Taste of Evil", "Whoever Slew Auntie Roo?", Fear in the Night..





Crescendo est donc produit par Michael Carreras (Maniac, Le Peuple des abîmes, La Momie Sanglante, "Les femmes préhistoriques",...) et tourné, pour ses quelques extérieurs, dans le Sud de la France, à l'instar des "Gialli Riviera". L'une de ses principales caractéristiques, laquelle est loin d'être inédite au sein de la firme, est de ne mettre en scène aucune star, aucun nom sur lequel il peut capitaliser. Soit, Stefanie Powers fut déjà l'héroïne de "Fanatic" (1965) et, niveau thriller, elle a également fait ses preuves dans Warning Shot de Buzz Kulik ; si la bête est plutôt gironde, on ne peut affirmer cependant qu'elle possède un fort magnétisme ou un pouvoir de séduction puissant et irrésistible. James Olson vient juste de faire ses preuves dans un premier rôle sous la houlette de Roy Ward Baker dans "Alerte satellite 02" ; il était cantonné jusque là, soit dans les rôles très secondaires autour desquels l'intrigue ne s'articulait jamais, soit dans des bobines intimistes issues d'un cinéma beaucoup plus indépendant ("Rachel, Rachel" de Paul Newman) ; un acteur à la carrière assez étrange, toute en dents de scie ; Olson retournera tourner uniquement dans moult séries télévisées avant de revenir au début des années 80, en tête d'affiche de Amityville II: le possédé en plus d'apparaître, par exemple, dans "Commando" de Mark L. Lester. Margaretta Scott, dans le rôle de maman Olson, semble ressortie du placard par les producteurs, telle une momie ; après quelques seconds rôles dans les années 30 et 40, elle était jusque là confinée à la seule télévision. Joss Ackland en domestique, bien qu'aperçu dans "Raspoutine, le moine fou", n'est pas encore un visage très familier, de ceux qu'on connait sans pouvoir forcément mettre un nom dessus. Concernant Jane Lapotaire, en servante et infirmière, c'est plus simple encore, Crescendo n'est que son second rôle, dont le tout premier pour le grand écran.





À l'arrivée, ces acteurs, plutôt méconnus alors, et dont certains le sont restés, se complètent parfaitement. Le rôle tenu par Olson impressionnera au point qu'il sera choisi juste après pour tenir le premier rôle dans Le mystère Andromède de Robert Wise. Un retour mérité vu sa faculté ici à plonger dans les tréfonds des tourments puis de la folie pure. Margaretta Scott est parfaite en hôte accueillante puis en mère scindée en deux, poussée à l'infanticide. Un rôle que n'aurait pas renié une pointure comme Joan Crawford. Jane Lapotaire (The Asphyx - 1972) et Joss Ackland (La Maison qui tue, La Grande Cuisine) composent des figures machiavéliques impressionnantes tandis que la relative fadeur de Stefanie Powers s'accorde parfaitement avec son rôle d'étudiante naïve qui se paie une plongée sans frais dans cette étrange propriété au sein de laquelle sont tapis faux-semblants et dangers.
Quant à Alan Gibson, qui enchainera avec "Goodbye Gemini", autre histoire tordue de jumeaux tarés, lâchés cette fois-ci en plein Swinging London, il se montre parfaitement à la hauteur. Crescendo peut se targuer de posséder quelques belles scènes de cauchemars, récurrents le plus souvent (il débute d'ailleurs par l'un d'eux), mais aussi de ménager une tension constante qui va croissante pour culminer dans un final à la fois tendu et déchirant.





À l'instar de sa musique et des ses leitmotivs, Crescendo a aussi pour lui de parvenir à distiller une ambiance obsédante, toute faite de psychoses, de perversités et d'érotisme. S'il souffre de la capitalisation outrancière de Sangster sur des bases moult fois empruntées (du reste, si la paternité du scénario lui est finalement imputée, l'original fut écrit quelques années avant par Alfred Shaughnessy, avant de passer entre les mains de Michael Reeves, puis d'être laissé en plan), cet opus, plutôt mal aimé, sorte de huis-clos solaire aux espaces et aux décors magnifiquement exploités, renverse contre toute attente la vapeur et offre l'une des réussites dont la firme peut s'enorgueillir.
Il paraît logique que la Hammer a ensuite rappelé Alan Gibson pour tenter de moderniser son mythe vampirique avec Dracula 73 puis Dracula vit toujours à Londres malgré que la réussite ne soit hélas pas tout à fait au rendez-vous. La mise en scène de Gibson y sera du reste moins ténue et moins inspirée. Mais peut-être le cinéaste avait-il déjà tout dit avec ses jumeaux "Goodbye Gemini" et Crescendo.







En rapport avec le film :

# il manque une poignée de scènes et un peu plus de six minutes sur la version française que l'on connait en France, celle sortie en VHS chez Warner Home Video. Toutefois, la version plus longue sortie en dvd chez Warner Archive puis chez CG Entertainement ne doit pas être tout à fait complète pour autant : lors d'une scène se situant dans le salon, Susan et Danielle Ryman se mettent à parler de Georges, en son absence, et, plus particulièrement de son handicap. Susan s'excuse même auprès de sa mère d'évoquer le sujet. Cette discussion en tête à tête, sur le ton de la confidence intime, devient subitement une discussion à trois, autour de la table basse, George étant d'un seul coup présent dans la pièce et dans la discussion, sans avoir effectué son entrée.






# D'autres captures et visuels :
















* Sur VHSdb
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Dernière édition par mallox le Sam Juin 16, 2018 4:59 am; édité 8 fois
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flint
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MessagePosté le: Jeu Mar 22, 2018 6:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah, celui-là, j'aimerais tant le revoir, découvert à l'époque de la VHS et qui m'avait laissé un bon souvenir. Je te trouve un peu dur avec Stephanie Powers, cela dit, elle est peut-être fade dans "Le mannequin défiguré", mais pour tout dire je ne m'en rappelle plus. Par contre, dans "Die! Die! My Darling" elle était tout à fait convaincante (et pourtant plus jeune et donc moins expérimentée). En tout cas, merci d'avoir ressorti ce film de l'oubli, il serait bon qu'un éditeur le sorte chez nous à l'occasion.
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Mar 27, 2018 6:36 am    Sujet du message: Re: [Critique] Le mannequin défiguré - 1970 Répondre en citant

enaccord8
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mallox
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MessagePosté le: Mar Mar 27, 2018 10:28 am    Sujet du message: Répondre en citant

Stephanie Powers, c'est plus centré sur ce film-ci, pour ça que je parle de "relative fadeur". Son rôle veut ça et disons qu'elle est entourée de personnages aux caractères plus relevés.
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