[M] [Critique] El libro de piedra - 1969

 
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mallox
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MessagePosté le: Mar Nov 05, 2019 8:16 am    Sujet du message: [M] [Critique] El libro de piedra - 1969 Répondre en citant



El libro de piedra - 1969

Origine : Mexique
Genre : Horreur / Fantastique / Épouvante / Gothique

Réalisé par Carlos Enrique Taboada
Avec Marga López, Joaquín Cordero, Norma Lazareno, Aldo Monti, Lucy Buj, Rafael Llamas...

Autres titres : The Book of Stone / Le Livre de pierre (trad littérale)







Julia Septién, une gouvernante d'excellente réputation, est appelée à prendre soin de Silvia, la fille du millionnaire Eugenio Ruvalcaba. Eugenio a déménagé dans une maison à la campagne avec elle et sa nouvelle femme, Mariana. Mais dès son arrivée, celui-ci révèle à la gouvernante que Silvia a des comportements étranges liés à des troubles mentaux obsessionnels. Lors de leur première rencontre, Silvia confie à Julia qu'elle a un ami, Hugo, dont elle parle ensuite constamment. Mais quand la gouvernante explique à son père que l'amitié de Hugo est saine pour Silvia et lui permet d'échapper à sa solitude, celui-ci lui avoue qu'Hugo n'est pas un véritable enfant : Hugo n'est qu'une statue représentant un enfant tenant un livre, se trouvant au fond du jardin et jadis ramenée d'Autriche par l'ancien propriétaire des lieux. Bien que Julia ne voie aucun problème avec cet ami imaginaire, estimant qu'il s'agit là d'un trait purement enfantin, Eugenio et Mariana l'avertissent que l'obsession de Silvia va selon eux bien au-delà des fantasmes normaux...






Parmi les cinéastes déconsidérés et/ou délaissés par rapport à la valeur de leurs films, Carlos Enrique Taboada pourrait facilement être mis en tête de liste. Il a fallu attendre 2013 pour que le Festival International du Film Fantastique de Gérardmer organise une rétrospective de son œuvre, juste avant que La Cinémathèque ne suive en exhumant elle aussi certains de ses films dont celui-ci mais aussi Hasta el viento tiene miedo (1968), Más negro que la noche (1975) et "Veneno para las hadas" (1983). Hormis ces occasions, et tandis que des films souvent moins intéressants sont édités puis réédités, personne n'a jusqu'à présent eu l'audace de sortir ne serait-ce qu'un seul film de ce cinéaste pourtant emblématique du genre fantastico-horrifique mexicain. Question de droits ? Peut-être... En tout cas il est fréquent d'évoquer des réalisateurs contemporains comme Guillermo del Toro tout en laissant en bord de route que ce dernier lui doit beaucoup et qu'il est le premier à dire l'influence que Taboada a pu avoir sur son cinéma. En effet, del Toro a, tout comme Taboada, le désir de véhiculer l'image de mondes singuliers, tout en y insérant de la psychologie, du décor social voire sociétal, ainsi que les peurs primaires liées à l'inconscient collectif, quand il ne s’agit pas carrément de tabous. Taboada peut également se prévaloir d'être, avec Arturo Ripstein ("Tiempo de morir", "Le Château de la pureté", La Tia Alejandra, ...), à la fois un portraitiste au féminin ainsi qu'un moraliste en lutte perpétuelle contre les carcans.






D'ailleurs, à l'instar de Ripstein, sa filmographie est loin d'être uniquement constituée de films fantastiques ou horrifiques. Ceci explique sans doute la présence de thèmes et d'obsessions au sein d'une œuvre à laquelle nous n'avons pas ou peu accès, mais recelant assez probablement quelques clés supplémentaires à trouver. De celles permettant à la fois une remise dans un contexte mais aussi une mise en perspective de ses films, les uns par rapport aux autres. On parle souvent de "quadrilogie horrifique" ou de "tétralogie de l'épouvante" à son sujet, mais si Hasta el viento tiene miedo avait donné le ton, Vagabundo en la lluvia, tourné entre ce dernier et celui-ci, est un thriller horrifique très sous-estimé (et bien meilleur par exemple que n'importe quel "giallo Riviera" d'un Umberto Lenzi, notamment parce qu'il possède bien plus de relief). Il en va de même pour "El deseo en otoño" (1972) ou "Rapiña" (1975 - actuellement remaké), alors que la plupart de ses films sont des drames, encore qu'à ce sujet, la dimension dramatique est omniprésente dans l'œuvre de Carlos Enrique Taboada. Un cinéaste dont l’un des équivalents européens potentiels se trouverait du côté d'un Eloy de la Iglesia tandis que dans son propre pays on pourrait encore citer Juan López Moctezuma (Alucarda).






Quant à El libro de piedra, il est impossible à le regarder de ne pas penser au "Tour d'écrou" de Henry James (et, par extension, aux "Innocents" de Jack Clayton). Mais son affiliation, autant à la littérature qu'à un classique du cinéma d'épouvante insidieuse, ne joue jamais contre lui. Certes, les emprunts tiennent de l'évidence, certes nous sommes plongés dans une histoire qui ne nous est pas méconnue (sans être pour autant une adaptation du roman de James, comme on peut le lire parfois), mais ce que l'on retient avant tout, c'est l'atmosphère que parvient à distiller son réalisateur. On a beau se dire que ce père distant mais conscient tient du cliché, que l'oncle bienveillant mais rapidement puni à travers son chien, n'est qu'un subterfuge, l'ambiance dégage un petit parfum délétère qui finit par nous emporter. À ce sujet encore, le portrait qui est dressé, malgré que les hommes puissent en être les victimes, est celui d'une société patriarcale que Taboada espère en mutation et vis-à-vis de laquelle la jeune Silvia peut parfaitement apparaître comme rebelle, ce que symbolise l'emprise qu'Hugo exerce sur elle. Il ne s'agit plus de représenter des enfants possédés uniquement par l'esprit du mal mais aussi de se faire le miroir d'un monde et de microcosmes dominants.






À propos des mauvaises intentions qui seraient tapies dans une incarnation de l'innocence, celle de l'enfance, El libro de piedra provoque des réactions ambiguës car, au final, il est difficile de savoir si Silvia est une pure figure du mal ou si elle est simplement une âme attristée et impuissante qui finit par se consacrer à une sombre force surnaturelle afin de trouver un peu de compagnie. Toutefois, on peut aussi voir Hugo comme une invitation au refuge, un protecteur contre un monde extérieur aliénant.

Les animaux tiennent une place régulièrement allégorique dans les intrigues illustrées à l’écran par Taboada. La salamandre, omniprésente dans El libro de piedra, est une créature naturellement neutre et inoffensive mais elle possède cependant ici un caractère crépusculaire et semble représenter la "nuit à venir", comme l’image d'une mort annoncée. Elle ne se fait pas pour autant l’instrument du malheur et demeure plutôt un témoin, patient et serein, dont la vie dépend aussi, dans l'absolu, de la volonté humaine.






Chouettement réalisée par un cinéaste inspiré, El libro de piedra est une variation sur un thème familier (Henry James) tout à fait convaincante, voire franchement emballante. De celle qui privilégie l'atmosphère aux effets faciles. Finalement, tout comme Más negro que la noche plus tard, El libro de piedra parle du fossé générationnel. Mais à l'inverse de ce dernier, le pragmatisme est adulte et la croyance occulte est enfantine.

On y retrouve Marga López et Norma Lazareno, déjà présentes dans Hasta el viento tiene miedo, ce qui n'est probablement pas un hasard, ainsi que le très méconnu chez nous (et très vétéran) Joaquín Cordero, qui, à l'époque, tenait une place plus importante qu'on ne le croit au Mexique, avec des premiers rôles dans Santo contre l'esprit du mal, "El hijo del diablo" de Zacarías Gómez Urquiza ou bien encore "Dr. Satán" de Miguel Morayta. Des horrifiques qu'on aimerait bien voir débouler en France. Quant à la très jeune Lucy Buj dans le rôle de Silvia, elle est assez vite sortie de l'écran pour passer dans les coulisses et devenir agent publicitaire pour stars. Que cela ne vous empêche pas de voir ce fort bon "Livre de pierre" qui ne vous laissera pas de marbre !



En rapport avec le réalisateur :

# On oublie trop souvent aussi le statut de concepteur d'histoires puis de scénariste du sieur Taboada et ce dans tous les genres en vogue (même le western paella). Sans compter que de fait il a collaboré avec un grand nombre de réalisateurs tacos qu'on traite (ou non) ici, sur Psychovision : Federico Curiel, Manuel Muñoz (des Santo), Rafael Baledón (Museo del horror, La Loba), Chano Urueta (Le Monstre ressuscité, Blue Demon contre le pouvoir satanique), René Cardona (La mafia amarilla) etc.
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MessagePosté le: Mar Nov 05, 2019 8:47 am    Sujet du message: Re: [Critique] El libro de piedra - 1969 Répondre en citant

Bon ils sont où les catcheurs masqués ? frank_PDT_10

mallox a écrit:
que n'importe quel giallo-rivieira d'un Umberto Lenzi
"riviera "plutôt, j'ignorais d'ailleurs cette appellation.
L'ensemble de la filmo de Lenzi bénéficie de l'excellente réputation, non usurpé celle là, de ses poliziotescos et bien sur aussi du fait qu'ayant travailler dans quasi tout les genres du bis italien, sans jamais s'enfoncer en dessous du médiocre (sauf peut être à sa fin de carrière) ni s’élever au niveau du chef d’œuvre, il en est devenu une sorte de symbole.
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MessagePosté le: Mar Nov 05, 2019 9:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, je ne faisais référence qu'à "Vagabundo en la lluvia" qui est un thriller, tout comme les 3 premiers gialli de Lenzi (se déroulant sur la Côte d'Azur) et qui demeurent tout de même assez côtés et connus, en tout cas en comparaison.
Disons que Lenzi est emblématique du Bis italien mais je trouve qu'il y en a trop souvent pour l'Italie à ce niveau. Mais bon, je radote là, ce n'est nouveau que je pense ça. frank_PDT_10 (et puis ça me permet d'essayer de donner envie, en prenant justement un nom référentiel en matière d'exploitation et à titre de comparaison.)

P.S. : Sinon "Gialli ou Giallo Riviera" est un terme que j'avais déjà utilisé dans les chros du "Mannequin défiguré" et de "Alta tensión". Je trouve que ça leur correspond bien.
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MessagePosté le: Mar Nov 05, 2019 9:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8

J'avais déjà parlé de l'admiration de Bogliano pour Taboada...

Je poste ça ici du coup. (ST anglais (pourris) dispos)

https://youtu.be/zVjXvGHHSxw?t=152

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MessagePosté le: Mer Nov 06, 2019 7:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8

"Carlos Enrique de bois de" frank_PDT_10
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MessagePosté le: Mer Nov 06, 2019 11:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour le rappel, Christian !
Je pourrais mettre le lien, en ligne, avec "En rapport avec le film". Juste je me méfie des liens externes qui souvent à moyen-long terme finissent par sauter. (en plus d'essayer de respecter les consignes - pourtant ancestrales - de Sir Gregore).

J'avoue, même si déjà fait par deux fois, j'avais un peu peur de m'attaquer à ce cinéaste que je considère comme un gros morceau. (En passant, désolé pour les "edit" et les coquilles qui parsèment ma copie, je l'ai libérée un peu trop tôt et un peu bêtement vu que, comme je vous l'ai dit, j'en ai parlé par étourderie sur cette foire à la partouze-farfouille qu'est #farceBoucBlueDémon). Du coup quand je me relis, je trouve chaque fois des coquilles dont j'ai un peu honte. Bref.

Une chose que je souhaitais évoquer sans finalement l'avoir fait, c'est le statut de concepteur d'histoires puis de scénariste du sieur Taboada et ce dans tous les genres en vogue (même le western paella). Sans compter que de fait il a collaboré avec un grand nombre de réalisateurs tacos qu'on traite (ou non) ici, sur Psychovision : Federico Curiel, Manuel Muñoz (des Santo), Rafael Baledón (Museo del horror, La Loba), Chano Urueta (Le Monstre ressuscité, Blue Demon contre le pouvoir satanique), René Cardona (La mafia amarilla) etc.
(Mais peut-être le rajouterai-je, enfin si ça vous va. Juste qu'on ne le dit jamais).

Sigtuna a écrit:
"Carlos Enrique de bois de"



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MessagePosté le: Mer Nov 06, 2019 12:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Je pourrais mettre le lien, en ligne, avec "En rapport avec le film".

C'est pas vraiment utile, en plus il ne parle pas de ce film en particulier...

Sigtuna a écrit:
"Carlos Enrique de bois de"


"Nevada" / "at the Wada"

"He was the director who made many kinds of generous" frank_PDT_16
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