The Omega Man 99 % irradié
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Posté le: Mer Déc 26, 2012 11:18 am Sujet du message: [M] [Critique] La Piste des éléphants |
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La Piste des éléphants / Elephant Walk / 1954
Origine : USA
Genre : drame, aventure
Réalisation : William Dieterle
Scénario : John Lee Mahin
d'après un roman de Robert Standish
Photographie : Loyal Griggs
Montage : George Tomasini
Musique : Franz Waxman
Accroche : Babar à soif
Distribution :
Elizabeth Taylor (Ruth Wiley), Dana Andrews (Dick Carver), Peter Finch (John Wiley), Abraham Sofaer (Appuhamy), Abner Biberman (Dr Pereira), Noel Drayton (Atkinson), Rosalind Ivan (Mme Lakin).
Résumé :
Ruth Wiley, jeune libraire anglaise épouse John Wiley, propriétaire d’une immense plantation de thé à Ceylan. Arrivé sur place, le comportement de John change, il devient de plus en plus agressif et détestable, en grande partie à cause de son héritage qu’il a du mal à assumer. La jeune femme s'éprend alors de Dick Carver, l'intendant du domaine, ce dernier réussit à convaincre la jeune femme de partir mais une épidémie de choléra et la sécheresse leur fera vite oublier leurs querelles de cœur...
L’Inde comme l’Afrique a toujours fasciné. Mystérieuse et dangereuse, elle fut la toile de fond de nombreux romans d’aventure, en grande partie influencés par la période coloniale sous la tutelle de l’Angleterre : de nombreuses intrigues trouvèrent là un terreau idéal et fertile pour conter d’innombrables aventures au cœur de la jungle à la recherche de temples perdus. Évidemment, le cinéma ne pouvait rester longtemps insensible à une telle richesse culturelle, architecturale et naturelle : Fritz Lang réalisera le diptyque mythique « Le Tombeau hindou » et « Le Tigre du Bengale », Tarzan, Indiana Jones et James Bond y firent une petite escale, les Italiens en tirèrent une série populaire (Sandokan), et même la Hammer et Terence Fisher y firent un détour avec « Les Étrangleurs de Bombay », etc.
« La Piste des éléphants » est un petit film d’aventure qui devait mettre en valeur le couple Laurence Olivier et Vivien Leigh, mais l'emploi du temps de l'acteur ne lui permet pas d'y participer. Vivien, toujours associée au projet, débute le tournage à Ceylan sans son mari mais son état de santé (l'actrice est atteinte de tuberculose) l’empêche de continuer. La production décide donc de la remplacer par une jeune actrice anglo-américaine qui monte : Elizabeth Taylor.
A 22 ans, Elizabeth Taylor était déjà une « jeune » vedette mais elle abordait un tournant délicat de sa carrière : elle venait de tourner « Ivanhoé » où elle avait volé la vedette à Robert Taylor et Joan Fontaine, mais ne s‘était pas encore engagée dans des rôles plus matures qui allaient en faire une déesse de l’écran. En effet, elle n’a pas encore tourné dans « Géant », « La Vénus au vison », « Qui a peur de Virginia Woolf ? », « La Chatte sur un toit brûlant », « Soudain l’été dernier », « Cléopâtre » et « La Mégère apprivoisée », des films qui en feront une véritable icône. C’est donc une Elizabeth Taylor en pleine beauté juvénile que nous découvrons dans ce film. L’actrice n’a pas de mal à éclipser ses deux co-vedettes tant elle irradie la pellicule, aidée par une garde robe des plus fournies, la belle changeant de tenue presque à chaque plan dans les premières bobines du film. Pourtant ses partenaires sont loin d’être des débutants. En effet, ce sont deux acteurs solides formés au théâtre et ayant déjà une belle carrière derrière eux. Ainsi, Dana Andrew, exempté de service pendant la seconde guerre remplacera quelques vedettes parties sous les drapeaux dans pas mal de films de guerre mais il restera pour beaucoup le héros inoubliable de « Rendez-vous avec la peur » de Jacques Tourneur (Night of the Demon, 1957). Par contre, Peter Finch, acteur shakespearien alors spécialiste des seconds rôles et des méchants ne trouvera la consécration que dans les années soixante et septante en tournant notamment avec Aldrich ou Schlesinger, il recevra d’ailleurs un Oscar à titre posthume pour son rôle dans « Network ».
Le réalisateur William Dieterle fut un acteur muet fort populaire en Allemagne, avant de passer à la réalisation. En 1930, invité par Hollywood, il décide de rester et prend la nationalité américaine. Il réalisera nombre de films populaires (« Quasimodo », « La Main qui venge ») alternant avec des productions plus engagées (« Blocus »). En 1958, il quitte les Etats-Unis pour retourner en Allemagne où il finira sa carrière (« Les Mystères d’Angkor »).
Le film de Dieterle est basé sur le même principe que « Naked Jungle - Quand la Marabunta gronde », qui racontait l'histoire d'un groupe d’individus confronté à une invasion animale, les fourmis du film de Byron Haskin étant ici remplacées par des éléphants. Pour allonger un peu la sauce, le scénariste jamais à court d'idées y ajoute le fameux triangle amoureux tendance Harlequin !
Solide réalisateur qui connaît son métier, Dieterle peut compter sur plusieurs facteurs qui vont donner une plus-value à son film : des paysages naturels magnifiques, des décors grandioses et des scènes d'actions spectaculaires. En effet, il faut souligner le remarquable travail des décorateurs, le « Bungalow » de la « Piste des éléphants » est vraiment impressionnant. Alors que le côté spectaculaire des scènes d’action est renforcé par la présence de vrais pachydermes, comme le montre cette séquence où les éléphants emportent le monumental escalier du « Bungalow » alors que la doublure d’Elizabeth Taylor » (qui n’a vraiment pas les mollets de l’actrice) est encore en train de les gravir.
Mais si jamais tout cela n’était pas suffisant, le script intègre également une sous intrigue teintée de mystère, la fameuse chambre fermée à clé, et réussit à faire planer une ambiance pesante sur le film. Dès son arrivée (et la première rencontre avec un éléphant) l’héroïne (et le spectateur) s’aperçoit bien vite que les apparences sont parfois trompeuses, et que non seulement elle va devoir choisir entre deux hommes mais aussi affronter de nombreux périples. Mais son défi ultime sera d’affronter le souvenir tenace de son beau-père qui plane comme un fantôme sur le domaine et dont son mari a bien du mal à se libérer. Prisonnier des traditions et d’un mythe façonné par son entourage, seuls les éléphants semblent capables de le délivrer de son tourment en reprenant ce qui leur est dû, le père du héros n’ayant en effet rien trouvé de mieux que de bâtir sa fastueuse demeure sur la fameuse « Piste des éléphants » !
La conclusion semble donc inévitable et la pauvre Ruth se retrouve enclavée entre deux amoureux et un troupeau d’éléphants peu commode, ce qui donne au final un petit film rétro plaisant et dépaysant, qui ravira pleinement les aficionados de la belle Elizabeth.
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