[M] [Critique] La Féline - 1942

 
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mar 03, 2011 12:14 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La Féline - 1942 Répondre en citant



La Féline - 1942
(Cat People)

Genre : Epouvante / Horreur / Fantastique / Mystère
Origine : Etats-Unis

Réalisé par Jacques Tourneur
Avec Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph, Jack Holt, Alan Napier, Elizabeth Dunne...




Oliver Reed (Kent Smith), jeune architecte new-yorkais, fait la connaissance dans un zoo, d'Irena Dubrovna (Simone Simon), une jeune femme ravissante d'origine serbe et modéliste de profession. Le coup de foudre est immédiat et, peu de temps après leur rencontre, ils se marient. Lors de leur repas de noces dans un restaurant, une femme qui leur est inconnue, et dont l'aspect physique est singulièrement félin, les accoste avant de prétendre être une parente d'Irina. Le soir venu, Irina, a priori troublée, s'enferme dans sa chambre, refusant d'ouvrir la porte à son mari. Le lendemain, Oliver décide de faire un cadeau à Irina : un canari. Effrayé de façon inexplicable par la jeune femme, l'oiseau meurt.
Irina décide ensuite de garder le canari mort dans son sac à main avant de retourner au zoo où elle a rencontré Oliver, pour le donner à manger à la panthère des lieux. Oliver ne tarde pas à s'apercevoir du comportement pour le moins étrange de son épouse, et tente de la convaincre d'aller consulter un psychiatre. Irina se rend donc chez le docteur Judd (Tom Comway) et lui fait part de ses angoisses et obsessions. Celle-ci est persuadée d'être la descendante d'une ancienne secte démoniaque d'adorateurs d'animaux des Balkans.
Son mariage se gâte peu à peu et elle se refuse obstinément à un Oliver dépassé qui, de son côté, se confie à Alice (Jane Randolph), une collègue de bureau qui a des vues sur lui. Irina comprend vite qu'elle a une rivale et, dans un accès de colère et de jalousie, lacère de ses ongles le canapé de velours. Elle décide d'appeler Alice à son bureau afin de vérifier que celle-ci y est encore. Au sortir de son travail, Alice se sent mystérieusement guettée, ce, avant d'être agressée dans une piscine. Lorsqu'elle rentre chez elle, elle découvre que son peignoir de bain a été déchiré. La nuit suivante, Alice et Oliver, qui ont dû rester tard à travailler au bureau, sont alors attaqués par une panthère noire...



Si "Cat People" est à ce jour un classique, sa gestation ne s'est finalement jouée qu'à peu de choses...
C'est lors d'une soirée hollywoodienne que Charles Koerner, le nouveau directeur de la RKO, entend un invité suggérer un titre inédit de film : "Cat People". Koerner est immédiatement séduit, à tel point que dès le lendemain, il demande à ses collaborateurs de pondre un scénario qui puisse correspondre au titre !
"Cat People" est le premier film fantastique à petit budget de la RKO produit par Val Lewton. C'est également le plus célèbre à ce jour. Lewton était pourtant très sceptique au début du projet, mais il tombe finalement d'accord avec Charles Koerner pour dire que le public d'alors est saturé de films de vampires, de loups-garous, de momies ou d'autres monstres du style Frankenstein.
Val Lewton a également une autre raison toute personnelle d'accepter le projet et de s'intéresser de près à ce sujet inédit : celui-ci éprouve une aversion pour les chats !



Il prend soin, dès lors, de s'entourer de collaborateurs de talent et, avant même d'avoir choisi un scénario, décide de confier la mise en scène à son ami Jacques Tourneur, qu'il a connu sur le tournage du "Marquis de Saint-Evremond" en 1935. Tourneur était alors réalisateur de seconde équipe tandis que Val Lewton était conseiller littéraire et historique (voir biographie). Le producteur fait également appel à DeWitt Bodeen, avec lequel il a déjà travaillé pour David O'Selznick au sein de la MGM. Enfin, on lui recommande Mark Robson (ancien assistant monteur d'Orson Welles), relégué alors dans de petites séries B depuis qu'Orson Welles est en disgrâce à la RKO. Robson se révèlera un conseiller technique si précieux pour Lewton que ce dernier lui confiera ensuite plusieurs réalisations.
Val Lewton et son scénariste se plongent alors dans la littérature consacrée aux félins. Une adaptation d'"Ancient Sorceries" (une nouvelle d'Algemon Blackwood) est d'abord envisagée, avant d'être abandonnée pour cause de contexte historique trop développé, lequel risquerait d'égarer le spectateur du récit central. C'est finalement la sœur de Lewton qui lui apporte les premières idées qui finiront à l'écran : celle-ci lui montre des dessins de mode qui lui inspirent une nouvelle trame : un américain moyen s'éprend d'une jeune femme étrangère passablement névrosée et qui croit descendre d'une secte de sorcières des Balkans. Des sorcières qui avaient le don de se transformer en panthères afin d'assouvir leurs sanguinaires passions...
Le script est alors esquissé et c'est Simone Simon qui est choisie pour interpréter l'héroïne féline du film. A noter que Val Lewton l'avait remarqué dans "The Devil and Daniel Webster" (voir chronique), notamment pour son côté félin. Vu que la carrière de Simone Simon patine alors, l'engager aura l'avantage, qui plus est, de se révéler un investissement très peu onéreux.



S'en suit une manière de faire pour le moins singulière à l'époque : Lewton fait projeter à son coscénariste une flopée de films d'épouvante censés servir d'exemples à ne surtout pas suivre !
Selon lui, l'inquiétude se doit de surgir par la suggestion et non pas par l'accumulation d'effets spectaculaires. Aussi, c'est l'accumulation de détails insolites qui est privilégiée dans cette très belle réussite que constitue "Cat People". On y fait par exemple planer avec finesse une sourde menace, sur les décors les plus familiers. Ainsi trouve-t-on des traces de pattes de lion dans la baignoire de l'appartement d'Irina, où bien une femme à l'aspect félin fait irruption en pleine foule et en plein jour, dans le restaurant évoqué plus haut. Ensuite, c'est au tour d'une terreur restant inexpliquée d'apparaître et de saisir les pensionnaires du marchand d'oiseaux, dès qu'Irina pénètre dans la boutique...
Dès lors, la tension croît inexorablement, par paliers et à mesure que des dangers indéfinissables cernent Alice, la rivale d'Irina.



Même s'il accuse le poids des ans, certains plans restent bluffant encore à ce jour, et on peut entre autres assister dans "Cat People" à une scène aussi inquiétante que splendide : Alice traverse de nuit Central Park, et tandis qu'elle se hâte vers un halo rassurant de réverbères, un écho feutré et assourdi répond à ses pas ; une présence invisible semble agiter les feuillages (Tourneur reprendra du reste ce procédé pour son "Rendez-vous avec la peur") et un bruit aussi anodin que le chuintement des portes automatiques d'un autobus fait sursauter, comme s'il s'agissait d'un animal féroce. Un véritable tour de force, en plus d'un signe évident d'une imagination fertile au service d'un art on ne peut plus maîtrisé. Le parc civilisé devient, de façon magique, une jungle au sein de laquelle règneraient de vieilles terreurs ancestrales.
Il est dommage qu'ailleurs, l'ambiguïté subtile voulue par Tourneur et Lewton soit "gâchée" par certains effets plus démonstratifs et appuyés eux-mêmes, exigés par les dirigeants frileux de la RKO. Ainsi a-t-on droit à l'apparition en chair et en os d'une panthère dans le bureau d'Oliver et Alice. Soit, ça se veut spectaculaire mais paradoxalement, les obsessions d'Irina, qui peuvent s'expliquer par sa frigidité névrotique et ses tendances homosexuelles latentes, perdent ainsi hélas beaucoup de leur intensité dramatique, pour ne pas parler de sens.
C'est à peu près le seul procès que l'on peut faire à ce classique de l'épouvante, à la fois freudien et pseudo-animalier, dans lequel Simone Simon livre une prestation impeccable. Doté d'une sublime photographie de Nicholas Musuraca ("The Ghost Ship", "La malédiction des hommes-chats") et d'une belle musique de Roy Webb ("L'invasion des profanateurs de sépultures", version Siegel), cette femme-panthère garde encore à ce jour, et à n'en pas douter, une véritable gueule d'atmosphère !





Désolé, je vous refourguerai un film moins connu la prochaine fois. J'ai eu le temps de ne voir que ça cette semaine en cinoche de genre et je me suis dit que ça complèterait la Bio Val Lewton. :timide:
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Bigbonn
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MessagePosté le: Jeu Mar 03, 2011 12:22 pm    Sujet du message: Re: [Critique] La féline - 1942 Répondre en citant

mallox a écrit:
Désolé, je vous refourguerai un film moins connu la prochaine fois. J'ai eu le temps de ne voir que ça cette semaine en cinoche de genre et je me suis dit que ça complèterai la Bio Val Lewton. :timide:

pas de problème pour moi! icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Jeu Mar 03, 2011 4:00 pm    Sujet du message: Re: [Critique] La féline - 1942 Répondre en citant

J'en garde un bon souvenir. Et je trouve que la version de Paul Schrader est aussi intéressante que celle de Val Lewton, tant les deux films sont différents mais pourtant complémentaires. A ce propos, tous deux figurent dans les 80 grands succès du cinéma fantastique de Pierre Tchernia.
Dans l'ouvrage, il est dit que "La Féline" aurait sauvé, grâce à son succès (un million de dollars de recettes pour un coût initial de 130 000 dollars), la RKO de la faillite.
Par contre, je n'ai jamais eu l'occasion de voir sa suite officielle, "La malédiction des hommes-chats" (par Robert Wise, en 1944), mais il paraît que c'est loin d'être un chef-d'oeuvre.

mallox a écrit:

Val Lewton a également une autre raison toute personnelle d'accepter le projet et de s'intéresser de près à ce sujet inédit : celui-ci éprouve une aversion pour les chats !


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MessagePosté le: Jeu Mar 03, 2011 4:21 pm    Sujet du message: Re: [Critique] La féline - 1942 Répondre en citant

flint a écrit:
Par contre, je n'ai jamais eu l'occasion de voir sa suite officielle, "La malédiction des hommes-chats" (par Robert Wise, en 1944), mais il paraît que c'est loin d'être un chef-d'oeuvre.

C'est juste. Mais c'est également loin d'être un mauvais film.

flint a écrit:
mallox a écrit:

Val Lewton a également une autre raison toute personnelle d'accepter le projet et de s'intéresser de près à ce sujet inédit : celui-ci éprouve une aversion pour les chats !


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Camif
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MessagePosté le: Jeu Mar 03, 2011 7:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Jolie critique. La féline est d'une maîtrise dans la gestion du hors-champ et de la suggestion qui est admirable.
C'est un très grand film et qui fait de plus toujours de l'effet 60 ans après.
Remarquable
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MessagePosté le: Ven Mar 04, 2011 8:30 am    Sujet du message: Re: [Critique] La féline - 1942 Répondre en citant

Excellente critique (quoiqu'un peu trop moderé ico_mrgreen ), pour un chef d'œuvre du cinéma fantastique et du cinéma tous court.
D'ailleurs quand je pense à la Féline je ne peut m'empêcher de penser aussi au Ensorcelé de Minnelli, autre chef d'œuvre hollywoodien où le personnage de Douglas est un peu inspiré de Val Lewton et où la genèse de le Féline constitue une des meilleures partie du film.


flint a écrit:
Et je trouve que la version de Paul Schrader est aussi intéressante que celle de Val Lewton, tant les deux films sont différents mais pourtant complémentaires.
frank_PDT_16 (tu déconne), bon on est d'accord les 2 sont très différends ce qui fait que le remake n'est pas totalement superflu contrairement aux 3/4 des remakes. Mais pour moi il y a 3 classe d'écart entre l'original (merveille de suggestion) et celui de Schrader souvent ridicule (à vrai dire je ne m'en souvient plus trop comme dirait camif, à part l'ouverture préhistorique, grotesque, et la scène du zoo). La comparaison entre les 2 illustre parfaitement pour moi la maxime: "l'art vit de contrainte et meurt de liberté".
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mallox
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MessagePosté le: Ven Mar 04, 2011 8:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis d'accord avec Sigtuna à propos du remake que je ne trouve ni complémentaire ni vraiment convaincant. Tout y est surligné et l'esthétique très clipesque-eighties du film de Shrader contribue à le dater méchamment tandis que celui-ci, qui accuse 40 ans de plus au compteur, vieillit bien, et ce malgré le fait qu'on soit aujourd'hui dans une période où la surenchère a trop souvent tendance à prendre le dessus sur l'imagination.
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MessagePosté le: Ven Mar 04, 2011 2:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aurais dû préciser que je les trouvais complémentaires au niveau d ela forme. Tout ce que l''on ne pouvait montrer en 1940, notamment l'érotisme et la violence l'est dans la version de Schrader. Evidemment, le film de Lewton reste meilleur, notamment par son côté envoutant, son atmosphère et ce magnifique noir et blanc.
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MessagePosté le: Mer Oct 24, 2012 6:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un classique du cinéma fantastique que j'ai plutôt apprécié (par contre je n'ai pas vu le remake avec Nastassja Kinski)
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