[M] [Critique] Meurtre en 24 images/seconde

 
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The Hard
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MessagePosté le: Mer Oct 14, 2009 6:40 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Meurtre en 24 images/seconde Répondre en citant



Meurtre en 24 images/seconde - La Vierge - Les dernières heures d'une Vierge (1972)

Genre : Drame
Origine : France

Réalisé par Tadeus Matucheswky
Avec Michel Peyrelon, Geneviève Thenier, Georges Berthomieu, Ludia Lorenz, Monique Lejeune, Denise Perron, Jerry Brouer, Jean François Jacottin, Periana Verin...

Après quatre ans d’absence, le célèbre cinéaste Ivan Revol revient sur le devant de la scène, promettant à la presse un film au genre nouveau et recherchant la future interprète de ce dernier. Valérie, jeune femme timide mais ô combien charmante, réussira les essais avec succès. Quelques semaines plus tard, elle sera donc convoquée dans la campagnarde demeure d’Ivan Revol, située aux environs de Paris. Celui-ci, grand chef manipulateur de ce projet, aura aussi invité ses amis qui constituent, à eux seuls, une véritable petite troupe de techniciens et autres acteurs pratiquant alors les formes les plus pures de l’érotisme. Recréant chez lui un véritable studio, chacun, par la suite, jouera un rôle auprès de Valérie, laissant libre cours à des idées peu communes et donnant lieux à des scènes intrigantes pour une soirée des plus machiavéliques. En maître de cérémonie vers lequel tout converge et rien n'échappe, Ivan fera mine de filmer certaines scènes pour en fait mieux immortaliser, par le biais d’une seconde caméra tournant en permanence, les moments les plus glauques de cette soirée.




"Meurtre en 24 images/seconde" est un film dont on parle peu. En effet, si les informations à son propos se font rares sous le titre précédemment cité, la pénurie reste tout autant aux aguets avec ses "AKA" : "La Vierge", ou encore "Les dernières heures d’une vierge". Réalisé en 1972 par un énigmatique Tadeus Matucheswky, tout reste encore à découvrir à son sujet. Un énigmatique réalisateur ? Oui, car ce nom a tout l'air d'être un pseudonyme. L’hypothèse venant alors à se présenter est celle supposant que le producteur du film, ici Lucien Hustaix, aurait pu en être son auteur. Ce dernier, on le connait pour quelques pornos plus que moyens tels que "Les Jouisseuses", "Il était une fois… la chatte mouillée", ou encore "Les Tripoteuses" ; et bien qu’il ait pu être le dit réalisateur de « La Vierge », on pourrait aussi reléguer cet agréable rôle à l’un de ses proches, tenté par la grande aventure du cinéma.



Côté casting, on y trouve un Michel Peyrelon en réalisateur barré, et un certain Georges Berthomieu en assistant aux convictions non négociables. Si le premier est plutôt connu dans le cinéma français pour avoir joué dans des films tel que "Les Valseuses" de Bertrand Blier, ou encore "Les Vierges" de Jean-Pierre Mocky, le second semble avoir réalisé une carrière des plus discrètes. On le retrouve par exemple en doubleur de Séraphin Lampion dans la série animée Tintin des années 90 ou encore dans un film d’Alex Joffé ("Du rififi chez les femmes"). Quoiqu’il en soit, Michel Peyrelon nous offre pour le coup une performance originale, inspirée et à laquelle on ne s’attendait pas forcément. Il incarne ici un homme au penchant diabolique certain, oscillant entre une folie plus que confirmée et un talent qu’il ne doit plus démontrer. Il faudra aussi noter la présence de Ludia Lorenz, seconde tête d’affiche, aux nombreux charmes, ayant certes peu tournée mais que l'on retrouve dans "Le Désirable et le Sublime" de José Bénazéraf. Pour l'anecdote, ce serait à priori le seul film de son scénariste Serge Agopian, tout comme l'unique production de la maison « Les Productions Vyrginen » (comme par hasard).



« Meurtre en 24 images/seconde », en plus d’être une œuvre quasi invisible, est un film distillant une atmosphère très froide. Aspirant à des allures aussi érotiques qu’expérimentales, il embarque/dirige le spectateur dans un monde inconnu de la même manière qu’Ivan Revol le fera avec Valérie au cours du film. En réalisateur inconnu, on peut aussi dire que Tadeus Matucheswky se permet tout, réduisant alors le spectateur à son état originel : humble et innocente victime manipulée par l’image. En effet, si les codes du film se montrent par la suite très resserrés, insufflant au métrage une allure des plus hypnotiques, ce sera pour mieux étouffer le spectateur. Doté d’une mise en scène et d’une photographie « sous-pression » impeccable de Jean Kerby (photographe aussi sur "Une journée bien remplie" et "Les Voraces »), jouant ici avec ses lumières, nous voilà face à un film peu commun qui a su réunir et utiliser à bon escient le savoir-faire de réels artisans (à noter une scène de dégustation mammaire à la confiture ainsi qu'une "séquence de salle de bain" avec deux demoiselles particulièrement savoureuses). "La Vierge" est donc, du point de vue esthétique, une réussite totale : à la fois voyage visuel oppressant et objet aux formes fascinantes et nouvelles, nombreux sont les éléments contribuant à faire oublier à l'ensemble sa simplicité apparente.



On peut effectivement parler de "simplicité apparente" avec « La Vierge », car le pesant non apparent de son intrigue fait du film une œuvre "à réflexion", propre à faire cogiter. Du point de vue narratif, Tadeus Matucheswky propose donc un rythme constitué d'ellipses, un rythme que l’on pourrait qualifier de "libre" et qui, au même titre que les images, dessert l'histoire en la suivant au plus près. De même, il donne l’impression de vouloir plus ou moins « bousculer » le spectateur dans sa propre réflexion. Si la trame s’éloigne en effet de toute linéarité, c’est aussi et parce que le réalisateur a eu la bonne idée de laisser libre cours aux images et à leur sens, ces dernières s’enchaînant alors de manière logique (voir ces gros plans sur les visages de l'équipe) mais sans pour autant être agrémentées d'un infâme lot d’explications redondantes qui aurait pu alourdir l'ensemble, si ce n'est le rendre incompréhensible (on pourrait à ce titre regarder le film sans le son, sans que le sens s'y perde en route). Enfin, il est possible que le spectateur soit quelque peu déçu vis à vis du faible quota de scènes palpitantes ; le film, pouvant dès lors devenir assez lent, se verra tout de même rehaussée par sa qualité technique incontestable. Qu'importe, tout cela ne reste avant tout qu'une simple et bonne affaire d'humeur.



Bref, que doit-on penser d’un tel film ? Je ne peux pas vous le dire et il sera donc dans la mesure de chacun de proposer une étude plus fouillée, des hypothèses plus concrètes, afin que l’on puisse, un jour, révéler le mystère de ce film et de son réalisateur.


Dernière édition par The Hard le Mar Oct 20, 2009 10:35 pm; édité 2 fois
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flint
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MessagePosté le: Mer Oct 14, 2009 8:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Une critique qui, à l'image du film, est entourée d'une aura de mystère donnant envie de découvrir cette oeuvre apparemment étrange (et pénétrante ?). J'ai toujours été un grand fan de Michel Peyrelon. Ses répliques avec Belmondo dans "Flic ou voyou" restent pour moi un très bon souvenir (ce film me fait toujours autant marrer chaque fois que je le revois).

A présent, qui peut bien être Tadeus Matucheswky, l'homme qui rapporte beaucoup de points au scrabble (c'est pas moi, je le jure).
Lucien Hustaix ? C'est effectivement une éventualité. Quelqu'un en sait-il plus ?
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The Hard
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MessagePosté le: Ven Oct 16, 2009 12:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Au fait, si quelqu'un peut fournir quelques captures pour le film (je n'ai pas ce qu'il faut pour en faire à partir de ma VHS), c'est avec plaisir. Et pour ce qui est de la jaquette du film, c'est pareil. Je vais faire en sorte de trouver un scanner, mais si quelqu'un a déjà ça de dispo, c'est du tout bon!

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Valor
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MessagePosté le: Ven Oct 16, 2009 2:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Une critique qui, à l'image du film, est entourée d'une aura de mystère

ico_mrgreen C'est le moins que l'on puisse dire ! Je suis mal placé pour te donner des conseils mais je pense que tu pourrais peut-être détailler certaines scènes "savoureuses" ?

En tout cas c'est bel et bien un film mystérieux ...

J'ai trouvé une petite affiche pas terrible :



La jaquette de la SVP (rééditée par Socai) avec cette photo qui semble provenir d'un tournage de Ricaud ! :



Il y a une autre édition SVP avec juste le titre sur fond rouge mais pas moyen de la retrouver !

N'hésite pas scanner la Cocktail qui est bien mieux, si tu l'as !

... et à me prévenir si tu veux l'échanger ! ico_mrgreen

Je pourrai faire des captures mais pas avant lundi !

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Dernière édition par Valor le Ven Nov 06, 2009 8:41 pm; édité 1 fois
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MessagePosté le: Ven Oct 16, 2009 2:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Valor a écrit:
flint a écrit:
Une critique qui, à l'image du film, est entourée d'une aura de mystère

ico_mrgreen C'est le moins que l'on puisse dire ! Je suis mal placé pour te donner des conseils mais je pense que tu pourrais peut-être détailler certaines scènes "savoureuses" ?


Arf, disons que ma critique est assez fidèle au film.

Sinon, je suis d'accord et je vais tenter de faire ça ce week-end.

Valor a écrit:

La jaquette de la SVP (rééditée par Socai) avec cette photo qui semble provenir d'un tournage de Ricaud ! :



Mon Dieu! Il y a de ces trucs parfois...

Valor a écrit:


... et à me prévenir si tu veux l'échanger ! ico_mrgreen


ico_mrgreen

Valor a écrit:


Je pourrai faire des captures mais pas avant lundi !

icon_wink


Parfait!
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mallox
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MessagePosté le: Ven Oct 16, 2009 3:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Valor a écrit:

Il y a une autre édition SVP avec juste le titre sur fond rouge mais pas moyen de la retrouver !


Un peu comme celle-ci ?



(désolé, elle n'est pas terrible en qualité...)


Par contre, même légèrement froissé j'aime beaucoup ça :


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Valor
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MessagePosté le: Sam Oct 17, 2009 8:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Un peu comme celle-ci ?




enaccord8 Bien joué ! Et merci à Griffith 1875 ... et au Sultan ! ico_mrgreen
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MessagePosté le: Mar Oct 20, 2009 10:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et bah voilà, tu m'as donné envie de le revoir.

new_lang

Au passage, il me semble que la critique devrait perdre un peu de son mystère à la vue des captures. Bref, merci Valor pour cette contribution exemplaire.
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flint
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MessagePosté le: Sam Mai 29, 2010 5:09 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Meurtre en 24 images/seconde Répondre en citant

Le film vaut le coup d'oeil, ne serait-ce que pour la prestation formidable de Michel Peyrelon, acteur souvent mésestimé et réduit aux seconds rôles, et qui a là un premier rôle taillé à sa mesure. Dans la peau de ce metteur en scène à la fois bourreau (pervers, cruel, sadique et donc criminel) et victime (sous la coupe d'un chantage, mais surtout impuissant), Peyrelon est magistral, dans ses dialogues et dans ses expressions. Même le rythme lent du film est atténué par sa performance.
En fait, si l'on excepte "Le voyeur" de Michael Powell, "Meurtre en 24 images/seconde" est l'un des premiers films à avoir abordé le snuff-movie, même si ce n'est pas le thème unique du film (il y a aussi une critique féroce de la petite bourgeoisie et du milieu du cinéma).
L'érotisme est effectivement soft, mais il est avant tout au service du cynisme de ses protagonistes, à l'exception du personnage de Valérie, dans un rôle de Candide.

The Hard a écrit:

(à noter une scène de dégustation mammaire à la confiture ainsi qu'une "séquence de salle de bain" avec deux demoiselles particulièrement savoureuses).


Scènes très sympas, permettant de couper avec la "noirceur" du propos ; mais j'ai encore préféré le show lesbien dans le cabaret, particulièrement réussi. En plus, il permet de se faire une idée sur les phantasmes de Revol, réduit à un rôle de voyeur autant dans son métier que dans sa sexualité (d'ailleurs, le réalisateur passe une seconde couche juste après, avec deux des amies de Revol faisant l'amour, le metteur en scène se contentant de mater la scène, au pied du lit, par le biais d'un miroir fixé au plafond). Revol, être frustré, filme et tue, on se demande d'ailleurs s'il n'y a pas quelquepart un clin d'oeil au film de Powell.
Et dernier point, en lisant "Revol" à l'envers", on obtient "Lover". Une manière de souligner, peut-être, toute l'ambiguïté du personnage dans le domaine des sentiments.

Bref, une oeuvre originale et intéressante (du coup, je garde ta K7, merci The Hard ico_mrgreen )
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