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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Avr 10, 2007 2:32 pm Sujet du message: [M] [Critique] L'Empire du crime/Passeport pour deux tueurs |
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Titre : La mala ordina ( L’empire du crime(Fr)/ The Italian Connection (USA) )
Réalisé par Fernando Di Leo
Pays : Italie
Année : 1972
Genre : Polar
Acteurs : Mario Adorf, Henry Silva, Woody Strode, Adolfo Celi, Cyril Cusack, Sylva Koscina, Luciana Paluzzi, Franco Fabrizi, Peter Berling…
Quand une cargaison d'héroïne disparaît entre l'Italie et New York. Luigi Canali un souteneur sans envergure Milanais est tenu pour responsable du vol. Deux tueurs à gages professionnels sont alors expédiés de New York pour le trouver, mais les véritables voleurs tentent alors de se débarrasser de lui avant que celui-ci ne se fasse éventuellement trop bavard avec les tueurs à ses trousses, ce qui mettrait à mal leur trafique. Tout se retourne dès lors que lors d’une chasse à l’homme la femme et la fille du couard souteneur sont assassinés, se faisant écrasés par une voiture devant ses yeux. Canali ne jure alors que par la vengeance, et « le traqué » n’est plus tout à fait celui qu’on croyait…
D’une certaine manière, on peut trouver quelques compensations à être retardataire. J’avoue avoir zappé complètement les polars de Fernando Di Leo, pas par inintérêt, mais surtout par la non disponibilité de ses films sur le marché du DVD. Les découvrir aujourd’hui en versions originales, vierge de tout à priori, est un pur bonheur et j’en profite pour remercier au passage les personnes d’ici et d’ailleurs qui ont su mettre en avant ces films là, donnant en même temps envie de les voir tout en faisant carrément preuve d’utilité publique.
Il faut dire combien ce type là tient l’une des places les plus importante au sein du cinéma transalpin des années 60 et 70, et qu’à chaque genre qu’il a abordé, a toujours tenté d’y apporter quelque chose de supplémentaire. Passons outre le fait que celui-ci semble être en partie responsable des scénarios de « Pour une poignée de dollars » et « Et pour quelques dollars de plus » sans être crédité aux génériques, mais soulignons le nombre de scénarios auquel il a collaboré, que ce soit avec Sergio Corbucci (Navajo Joe), Lucio Fulci (le temps du massacre), Duccio tessari (Le retour de Ringo) et d’autres films un peu plus faibles comme « Sept écossais au Texas » ou « Sugar Colt »…
Bref pour en revenir à cette « Mala ordina » peu ordinaire, qui semble se traduire littéralement par « la mafia ordonne », elle est en fait le deuxième volet d’une trilogie épatante sur le milieu amorcée avec l’excellent « Milan, Calibre 9 » et clôturée non moins brillamment avec « Le Boss ».
D’entrée Di Leo, expose ses personnages sans perdre de temps. L’excellent Cyril Cusack, chantre d’un gang New-Yorkais envoie deux tueurs à Naples, et pas des moindres puisqu’il s’agit des incontournables Henry Silva et Woody Strode afin de régler quelques comptes. C’est simple, limpide, carré, efficace. Là où il frappe tout de suite très fort, c’est dans le rythme électrique qu’il insuffle à son histoire, somme toute au postulat banal, tout en démystifiant avec une ironie très finaude nos deux tueurs qui ressemblent directement à des icônes du genre, tant ils les caricature sciemment, les mettant à mal avec quelques putains Napolitaine et leurs maquereaux, l’un deux, bien trop crâneur et sûr de lui, se faisant même subtiliser comme un poussin, son portefeuille. L’autre (Strode), beaucoup plus blasé mettra d’ailleurs tout son temps à intervenir. Pourtant il ont fiers allures et des tueurs comme ça, chacun s’en méfierai, mais là où le réalisateur retourne à nouveau les codes, et avec une grande habileté, légèreté et même évidence, c’est après nous avoir présenté le grand ponte local (l’excellent Adolfo Celli), change complètement de cap avec l’arrivée d’un quatrième personnage qui semble au préalable secondaire, puisque simple petit macro plutôt lâche et sans envergure, et qui s’empare alors et de l’histoire, et du film lui-même, restant tout juste à la limite de le vampiriser pour le meilleur qui soit. Mario Adorf livre ici une prestation proprement étourdissante, déchaînée, et non seulement porte sur ses épaules alors toute l’histoire, mais en plus par la puissance bestiale qu’il lui apporte, contribue au trip proposé par Di leo dans la plus grande harmonie, voire une hystérie totalement maîtrisée. Adorf ne semble pas en roue libre, mais bel et bien formidablement dirigé par son metteur en scène qui emmène son récit, dans une démystification engagée ( - Les tueurs américains tournés à la dérision ne paraît pas un choix fortuit – Tout comme la démystification et déglinguage en règle de la mafia qui régnait alors encore en maître dans l’Italie d’alors - ) et enragé. Le film ne fait pas de quartier, et dès lors que Luca Canali (Adorf donc) est pourchassé, puis voit sa femme et sa fille se faire tuer, le film prend une tournure de bande dessinée trash jubilatoire dans laquelle l’anti-héro révèle des qualités insoupçonnées et à partir du moment où il n’aura plus rien à perdre, il se transformera même en ange exterminateur et rédempteur. On n’est finalement pas très loin dans l’esprit de certains westerns spaghetti et ses lâches qui retrouvent noblesse dans des parcours initiatiques hors du commun et surtout de leur quotidien, trouvant même un rachat, tandis que d’autres dans leurs forces et vanités préalables, perdront tout au final, jusqu’à la vie. Evidemment il y a bien quelques invraisemblances et même des incohérences ici et là, notamment dans l’évolution de Canali qui tour à tour, pleure sa femme puis semble l’avoir oubliée, mais le rythme soutenu du film évite complètement qu’on s’attarde sur ces petits défauts, et l’on a droit à une mémorable scène de poursuite dans laquelle mario Adorf s’accroche à une camionnette qu’il escalade pour exploser son pare-brise pour atteindre le conducteur, ce à grands coups de boules furieux. Ce genre de scènes à la fois prenantes et délirantes, pour ma part j’achète plutôt deux fois qu’une. Même quand ailleurs Di leo filme Henry Silva et Woody strode juste en train de marcher, le film a de la classe. Il est vrai que dans ces moments là, la partition formidable de Armando trovajoli reprend alors brillamment le rythme à son compte, avec en plus une harmonie avec l’ironie de la mise en scène, qui donne alors au film des allures de polar supérieur.
Pour finir, on oubliera pas non plus d’évoquer l’humour et les clins d’œil dont regorge le film, et entendre Adolfo Celli (« Opération Tonnerre ») dire que Canali "n’est pas James Bond", affirme une volonté de jongler jusqu’au bout, ce, à la façon d’un équilibriste très doué, et avec le genre et avec ses codes, en détournant en même temps ceux de ses alters ego américains, ce qui n'est pas rien.
La fin au sein de la casse de voitures, et sans la dévoiler, est teigneuse, méchante, palpitante, en plus d’être bien plus amère et mélancolique qu’elle n’y parait…
Alors Fernando di Leo qu'en est-il? Après sa « jeunesse du massacre », ses « insatisfaites poupées érotiques du Dr Hitchcock » et au regard de cette formidable trilogie du milieu, ne serait-il pas temps de remettre très en avant ce jongleur magnifique et malicieux, totalement maître de son art et du spectacle de grande qualité qui offre ?
En tout cas, j’adore ce film…
Note : 8,5/10
Accroche : Un polar de malade peu ordinaire...



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Dernière édition par mallox le Mer Juil 15, 2009 6:55 am; édité 4 fois |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Avr 10, 2007 2:56 pm Sujet du message: |
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Di Leo était assurément un grand réalisateur. Gloire lui soit rendue !
Rajoutons la présence dans le film de la mignonne et rondouillarde Femi Benussi, dans un petit rôle.
Mario Adorf est "hénaurme", tu l'as bien souligné. Quant aux deux tueurs interprétés par Henry Silva et Woody Strode, il semble fort que Tarentino s'en soit fortement inspiré pour les deux rôles de Travolta et Samuel Jackson dans Pulp Fiction. |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Avr 10, 2007 3:00 pm Sujet du message: |
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mouai, commence à faire chier ce tarentino à se retrouver partout.  _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Avr 10, 2007 3:31 pm Sujet du message: |
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Il faut avouer que l'homme a allègrement pompé dans le cinéma de genre, cela se voit à travers ses films, et il ne s'en cache pas. Après, je n'aime pas trop le personnage, mais je le remercie d'avoir remis au premier plan des gens comme Pam Grier ou David Carradine, entre autres. |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Avr 10, 2007 4:00 pm Sujet du message: |
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Moui, il n'a jamais caché ses sources non plus, il rend hommage même à sa manière et engage même des acteurs qui ne tournent plus. Je ne suis pas un anti tarentino. Pour ma part, c'est juste que se films sont jouissifs le temps de leur vision, mais manquent trop d'âme... ensuite que certains puristes jugent la manière don il emprunte, je ne suis plus du tout le débat en fait...
Bref, vive la s'mala ! :happy: _________________
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xawa 99 % irradié

Inscrit le: 28 Fév 2005 Messages: 1528
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Posté le: Ven Avr 20, 2007 11:23 am Sujet du message: |
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J'aime beaucoup l'accroche  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Avr 20, 2007 1:21 pm Sujet du message: |
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faut savoir faire des concessions à l'originalité parfois pour mieux appâter l'éperlan ...
d'ailleurs ça marche, puisque tu viens ! eh eh, pas si con le gros mallox....  _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Avr 21, 2007 9:14 am Sujet du message: |
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Et pis tiens, je vais quand même la changer finalement... après l'éperlan, je vais viser le Thon...  _________________
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Lun Juil 06, 2009 11:00 am Sujet du message: |
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Le début ne m'avait pas trop convaincu: entre les deux tueurs qui ont, certes, la gueule de l'emploi, mais dont on attend un peu qu'ils se mettent au boulot et ce Luca Canali présenté (ou presque) en brave petit maquereau des familles, presque père tranquille, gentil proxénète, j'ai même eu l'impression de perdre un peu mon temps.
Et puis le rythme s'est accéléré. La traque du p'tit maquereau s'est mise en marche. Et la proie s'est révélée coriace. Et quand sa femme et sa fille se font tuer, Mario Adorf devient aussi furieux qu'un tigre blessé. A partir de ce moment, et jusqu'à la fin, le rythme est trépidant, la musique haletante, et l'action percutante (à l'image de ces gros coups de boule dans le pare-brise de la camionnette en marche!)
Les deux tueurs finissent même par véritablement incarner ce qu'ils sont (il était temps) et la fin au cimetière de voitures est tout à fait impressionnante.
A voir! |
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fairfax 20 % irradié


Inscrit le: 28 Mai 2006 Messages: 157
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Posté le: Lun Juil 13, 2009 8:29 am Sujet du message: |
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Un polar fabuleux mais à (re)découvrir en dvd, même pour les fans de vf (il faut dire que les vf de polars ritals sont souvents crapuleuses à souhait).
- Version VIP sous le titre Passeport pour 2 tueurs : Film presqu'au format, colométrie potable (pour de la vhs) mais vidéo coupée !!! Voir la scène où la famille de Adorf se fait renverser par le fourgon. Par contre je n'ai pas établi de comparatif précis. Doublage atroce.
- Version MPM sous le titre l'empire du crime : Version plus longue mais doublage atroce, pan&scan et copie ultra-palichonne.
Bref, pas génial même si le collectionneur de vhs sera content de mettre la pogne sur la VIP/CEC verte. _________________ "Il ne reste à pécu qu'un mini pécule et un maxi P.Q" |
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RuggeroPark 20 % irradié


Inscrit le: 02 Juin 2008 Messages: 162 Localisation: Serial suceuse de Bondy Nord - Bientôt je m'attaque au Sud !
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Posté le: Mer Juil 15, 2009 6:50 pm Sujet du message: |
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Mon préféré parmi les 3 Di Leo en fait. Juste parce que je trouve le Boss trop ascétique et Milan Calibre 9 plus classique.
j'aime beaucoup la présentation des deux américains et le rythme nonchalant qui met son temps avant que ça se déchaîne. Du coup, le film n'en est que plus percutant.
Beaucoup d'humour et d'ironie également. Bref, très bon. mais les deux autres aussi. |
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