[M] [Critique] La Planète rouge

 
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Sam Juil 07, 2007 11:08 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La Planète rouge Répondre en citant



The Angry Red Planet. 1960.
Origine : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Réalisation : Ib Melchior
Avec : Naura Hayden, Gerald Mohr, Les Tremayne, Jack Kruschen...


En ces temps où l'homme commence à préparer une future expédition sur Mars, il est de bon ton de faire revivre les quelques oeuvres de science-fiction à propos de la planète rouge, et ce pour prévoir un peu ce que l'on risque bien d'y trouver : des communistes !



C'est ce que semble du moins nous suggérer le vénérable Ib Melchior, qui ne réalisa pas grand chose de mémorable, mais qui su s'illustrer en temps que scénariste pour faire vivre un Godzilla dans son pays natal, le Danemark (Reptilicus) et pour traduire en anglais le script de la Planète des Vampires de Mario Bava. Egalement romancier, on lui doit aussi la nouvelle à l'origine de l'excellente Course à la mort de l'an 2000 du regretté Paul Bartel. Mais à la fin des années 50, il suit le mouvement à la mode dans le milieu de la science-fiction à petit budget, celle qui fut tant plebiscitée par les respectables Samuel Arkoff et James H. Nicholson de l'American International Pictures. Faisant d'une pierre deux coups, il reprend avec La Planète Rouge deux des thèmes incontournables de la guerre froide : la peur de l'Union Soviétique ainsi que celle, plus ouverte à l'imagination, de la conquête spatiale. Avec un titre aussi subtil que celui du film qui nous interesse (et si l'on en croit Roger Corman dans son autobiographie, les scénarios chez AIP étaient parfois écrits en fonction des titres ou des affiches!), le père Melchior ne pouvait pas faire autrement.

Nous voilà donc sur Terre, où le retour imminent de la première navette spatiale destinée à l'exploration de Mars créé sa petite émulation dans le milieu de la NASA. C'est qu'on la croyait perdue, cette navette. A son bord, deux survivants sur les quatre scientifiques engagés dans l'expédition : une femme en état de choc et un homme en triste état, son corps étant partiellement recouvert d'une substance inconnue. Les deux derniers membres d'équipage sont respectivement mort et disparu. La femme recontera donc à ses employeurs ce qui s'est déroulé sur Mars. Un long flash-back s'ensuit, qui ne sera entrecoupé de retours au temps présent que lors de brèves scènes qui montreront au moment opportun à quel point le récit de ses aventures est difficile pour notre rouquine survivante.
Pourtant, elle et ses amis n'ont pas passé beaucoup de temps sur Mars. Tout le début du film (et même plus) se concentre ainsi pendant le voyage entre la Terre et sa voisine la planète rouge. Les caractères des quatre personnages sont facilement identifiables au physique des acteurs et répondent aux normes en vigueur. Il y a donc l'héroïne, charmante et insouciante. Il y a aussi le capitaine, qui avec son attitude délicatement machiste et avec sa capacité à raisonner philosophiquement sur la découverte d'un autre mondre peine à dissimuler la cour effrénée à laquelle il s'adonne sur sa jeune collègue. Enfin, un acteur avec une barbichette taillée en pointe et un autre, rondouillard et souriant, tiendront respectivement le rôle du scientifique sérieux et du blagueur de service. Tout le monde cohabite ainsi pacifiquement, et c'est tout juste si ils ne regrettent pas que le voyage se déroule aussi bien.
Mais arrivés sur Mars, c'est une autre paire de manches. La planète rouge mérite amplement son nom : Melchior a recours à un filtre rouge vif (c'est simple : on se croierait à un Congrès du PCF à l'époque de Maurice Thorez) d'autant plus exotique que les choses se trouvant à l'écran prennent une allure très étrange, donnant l'impression au spectateur de voir des négatifs. Du moins quand il ne s'agit pas de dessins purs, simples et évidents, utilisés pour les éléments de décors (végétation, montagnes etc). Ces dessins côtoient donc des choses naturelles vues en rouge et en négatif, ainsi qu'une poignée de monstres en mousse assez impressionants. La première rencontre avec l'un d'eux, sorte de mélange entre l'araignée, la chauve souris et le crabe, sera l'un des moments forts du film. Mais il ne sera pas le seul, et plusieurs spécimens de la faune ou de la flore marxienne n'hésiteront pas à pourrir l'exploration de nos courageux astronautes, les décourageant de se rendre jusqu'à la métropole qu'ils ont aperçu le temps d'une croisière en mer (une mer que l'héroïne, probablement bouleversée, comparera à de "l'huile, plus lourde que l'eau"... pas de bol, c'est l'inverse !). Ainsi, bien que réduite à une portion congrue du film, la visite de cette planète sera en tout point remarquable et donnera à La Planète Rouge un cachet assez unique. Bien plus en tout cas que l'habituelle diatribe anticommuniste, avec cette histoire de "cerveau commun" régulant tout sur le territoire martien ou que cet avertissement des autorités martiennes interdisant formellement aux terriens de revenir sur Mars, sous peine de représailles.



En fin amateur de science-fiction qu'il était, Nikita Khrouchtchev, alors à la tête de l'Union Soviétique, pris fait et cause pour les martiens et fit construire dès l'année suivante le Mur de Berlin. Chacun de son côté, et les vaches seront bien gardées. Depuis, si on sait ce qu'il est advenu de l'URSS, on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé sur Mars. Le film d'Ib Melchior est donc à conseiller aux futurs explorateurs de notre planète voisine. Ils risquent d'y rencontrer de vilains collectivistes à trois yeux fleurant la naphtaline.

6/10

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mallox
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MessagePosté le: Dim Juil 08, 2007 5:05 am    Sujet du message: Re: [critique] La Planète rouge Répondre en citant

Walter Paisley a écrit:

En fin amateur de science-fiction qu'il était, Nikita Khrouchtchev, alors à la tête de l'Union Soviétique, pris fait et cause pour les martiens et fit construire dès l'année suivante le Mur de Berlin. Chacun de son côté, et les vaches seront bien gardées. Depuis, si on sait ce qu'il est advenu de l'URSS, on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé sur Mars. Le film d'Ib Melchior est donc à conseiller aux futurs explorateurs de notre planète voisine. Ils risquent d'y rencontrer de vilains collectivistes à trois yeux fleurant la naphtaline.


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flint
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MessagePosté le: Dim Juil 08, 2007 1:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

La "Guerre Froide" a au moins eu le mérite de donner naissance à quelques films comme celui-ci, qui n'auraient sans doute jamais vu le jour sans cette peur de la Russie communiste. L'un des films les plus connus rentrant dans cette catégorie est le premier Blob : "Danger Planétaire" (avec Steve Mc Queen), dans lequel la terrible masse gélatineuse rouge qui menaçait de détruire les Etats-Unis était encore une métaphore "lourdingue" à propos du "péril rouge".
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Dim Juil 08, 2007 1:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
La "Guerre Froide" a au moins eu le mérite de donner naissance à quelques films comme celui-ci, qui n'auraient sans doute jamais vu le jour sans cette peur de la Russie communiste. L'un des films les plus connus rentrant dans cette catégorie est le premier Blob : "Danger Planétaire" (avec Steve Mc Queen), dans lequel la terrible masse gélatineuse rouge qui menaçait de détruire les Etats-Unis était encore une métaphore "lourdingue" à propos du "péril rouge".


Et à la fin, le Blob était renvoyé au froid, en arctique. Mais on nous disait aussi qu'il fallait rester sur ses gardes, car il était indestructible !
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MessagePosté le: Dim Juil 08, 2007 5:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ico_mrgreen Au fait le fameux peril rouge ce serait pas elle ?

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Mechagodzilla
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MessagePosté le: Lun Juil 09, 2007 6:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

ce film contient quand même la réplique la plus culte de l'univers : "The Hell with radiations !! let's go !!"
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Valor
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MessagePosté le: Lun Juil 09, 2007 10:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_01

"To hell with radiations, let's go!".

C'est cette phrase qui ouvre le disque "Laboratory of Sound" des Fleshtones.

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Walter Paisley
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MessagePosté le: Lun Juil 09, 2007 10:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, ça prouve si il en était encore besoin qu'à la NASA, ils sont profondément humains, près à risquer leur vie et à donner naissance dans le futur à des gamins à trois têtes pour venir en aide à des collègues en péril.

Au passage, on peut furtivement remarquer lors d'une scène de descente d'échelle que les courageux astronautes portent des mocassins. Idéal pour explorer Mars tout en restant chic.
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mai 08, 2008 8:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Walter Paisley a écrit:
Au passage, on peut furtivement remarquer lors d'une scène de descente d'échelle que les courageux astronautes portent des mocassins. Idéal pour explorer Mars tout en restant chic.


Exact pour l'avoir vu hier.
Je trouve ce film très chouette en même temps qu'on peut le voir comme une mise en garde ironique sur l'impérialisme américain. A cet égard il y a un laïus à un moment donné comparant la découverte de l'amérique avec celle de la planête Mars, ce à quoi la jeune femme répond "Mais l'amérique on l'a découverte sans faire exprès, tandis que là on y va en connaissance de cause". Bref, selon moi, l'envahisseur est ici l'américain et le protectionniste (de bon droit), le russe. icon_cool
Sinon donc j'aime beaucoup le travail sur la photographie et les couleurs qui en effet peut sembler primaire mais m'a semblé totalement révolutionnaire pour son époque en plus de, comme tu dis, donner un cachet unique au film. A noter qu'on trouve le génial Stanley Cortez à la photo ("La nuit du chasseur"), ceci doit sans doute expliquer cela...
et puis j'adore ce commandant de bord qui se ballade les 3/4 du film la chemise ouverte dévoilant un torse bien tapissé.
Bref, une épatante petite découverte pour ma part.

7/10
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