[M] [Critique] Cimetière pour Morts-Vivants

flint

Cimetière pour Morts-Vivants/Cinque Tombe per un Medium/Coffin of Terror
genre : horreur
origine : Italie
année : 1965
réalisateur : Massimo Pupillo (sous le pseudonyme de Ralph Zucker)
acteurs : Barbara Steele, Walter Brandi, Mirella Maravidi, Alfredo Rizzo, Riccardo Garrone, Luciano Pigozzi, Tilde Till

Dans une petite ville d'un pays d'Europe de l'Est (la Hongrie ?), en 1911, le notaire Joseph Morgan reçoit une lettre concernant une affaire de succession. Comme il doit s'absenter pour raison professionnelle, c'est son adjoint, Albert Kovac, qui ouvre le courrier et décide de partir régler cette histoire de testament. La lettre, bien qu'écrite récemment, paraît très ancienne, et frappée d'un sceau. L'auteur en est un certain Jeronimus Hauff, demeurant dans un vaste manoir austère, la Villa Begrovitz, située dans une région désolée.

Arrivé sur les lieux, Kovac est reçu par Corinne, la fille de Jeronimus, et Cleo, sa femme. Il apprend que son client est décédé depuis presque un an, au cours d'une soirée à laquelle il avait invité quelques amis, et qui finit tragiquement par sa mort dans une chute d'escalier. Kovac est sur le point de repartir, lorsqu'une tempête se lève. Corinne et sa belle-mère (Cleo était l'épouse de Jéronimus d'un second mariage) offrent l'hospitalité au notaire. Kovac fait aussi la connaissance des deux domestiques qui travaillent au manoir : Louise, la femme de ménage, un peu nunuche mais jolie, et Kurt, le jardinier, qui vit dans cette demeure.
Le notaire apprend que Jeronimus Hauff est mort le 2 mai 1910, et ses cendres doivent être transférées, conformément à sa volonté, le 2 mai prochain, c'est-à-dire dans deux jours. La villa des Hauff, déjà sinistre, paraît d'autant plus lugubre lorsque l'on sait qu'elle fut construite sur les ruines d'un lazaret, qui abrita de nombreux malades lors de la Grande Peste de 1400. Hauff était un passionné d'occultisme, et était fasciné par l'histoire de tous ces malheureux qui furent victimes de la peste, au point de conserver les crânes et les mains momifiées de ces victimes en guise de décoration. Kovac, intrigué par l'étrange passé du personnage, met la main sur un gramophone, où il confiait qu'il était parvenu en entrer en contact avec les morts.
Au fil des heures, et tandis que la date fatidique du 2 mai approche, le notaire en vient à douter de la mort de Hauff, d'autant plus qu'après avoir enquêté, il s'avère que parmi les cinq invités qui étaient présents le soir où Hauff s'est tué accidentellement, deux sont morts dans d'étranges circonstances. Pour Kovac cela ne fait aucun doute : les trois autres personnes qui étaient présentes ce soir là sont aussi en danger de mort.

"Cimetière pour Morts-Vivants" est ce que j'appelle une bonne surprise. Alors que je n'en attendais rien, ou pas grand-chose, pensant avoir affaire à un film mineur dans la filmographie fantastique de Barbara Steele, j'ai été agréablement surpris. Malgré un titre français racoleur, auquel on lui préfèrera le titre original bien plus évocateur, l'oeuvre est en faite intéressante à plus d'un titre. Placé dans un contexte gothique modernisé (nous sommes juste avant la première guerre mondiale), le film renferme une atmosphère oppressante, moite et étouffante. La trame, basée autour d'un personnage qu'on ne voit jamais, mais dont on parle sans cesse, sorte de nécromancien exerçant son pouvoir dans l'au-delà sur des pestiférés, rappelle non seulement certaines nouvelles de Lovecraft mais annonce aussi quelques unes des futures oeuvres de Fulci. Quand la musique, aux forts accents classiques, est absente, elle est remplacée par des bruits de grincements, de crissements de cordes, comme si la maison était une sorte de vaisseau fantôme, et que les morts en avaient pris le commandement.
"Cimetière pour Morts-Vivants" a été réalisé par Massimo Pupillo, la même année que son film le plus connu : "Vierges pour le Bourreau" ("Le Bourreau Ecarlate"). Malgré son "américanisation" voulue (le metteur en scène et la majeure partie du casting, exceptée Barbara Steele, ayant un pseudonyme au générique), le film est 100% italien. Evidemment, comme nous sommes en 1965, l'horreur est loin d'atteindre les sommets du gore qu'il y aura plus tard. Mais l'image (superbe noir et blanc) de ces corps ravagés par l'acide ou touchés par la peste n'en est pas moins efficace. Au niveau des interprètes, en dehors de la légendaire Barbara Steele (présente dans deux scènes érotiques pour l'époque), on retrouve dans le rôle de Kurt : Luciano Pigozzi, l'un des piliers du cinéma bis (exclusivement dans des seconds rôles, il est quelquepart le "Robert Dalban" du cinéma de genre), Ricardo Garrone (frère du metteur en scène Sergio Garrone), ainsi qu'Alfredo Rizzo, qui après avoir été acteur sera ensuite réalisateur, commettant notamment deux classiques de la "sexploitation" : "Carnalita" et "L'Insatiable Samantha".

Le film comprend plusieurs temps forts, et un final bien ficelé où l'horreur, plus suggérée que montrée, se conjugue avec un esthétisme morbide. Si l'on ajoute que le scénario est bon, et la réalisation maîtrisée, on a donc au final un film plus que satisfaisant, qui mérite d'être connu.

note : 7/10
accroche : Bel effet de Steele

Valor · Posté le: Lun Mai 14, 2007 9:07 pm Sujet du message:

La VHS est à 300 euros sur Priceminister !

Il existe un DVD US en anglais :

... mais l'image est, paraît-il absolument lamentable !

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xawa · 99 % irradié Inscrit le: 28 Fév 2005 Messages: 1528

Tu as cette vhs Flint ?

flint · Posté le: Mar Mai 15, 2007 7:20 am Sujet du message:

Pour répondre à xawa, oui j'ai la K7, l'édition GCR "Fantastic Video". L'état de la K7 est parfait, malgré son age. Je l'ai acheté la semaine dernière sur ebay pour 10 euros. Personne n'a surenchéri. La fille qui l'avait mis en vente l'avait placé dans la section DVD, cela explique peut-être le fait qu'elle soit passée un peu inaperçue. Etant fan de Barbara Steele, je suis content d'avoir ce film, et de l'avoir payé un prix décent.
Quand je vois le lien fait par valor sur priceminister, je ne vois que deux personnes pouvant se cacher derrière ce pseudo de "goree" : dr gore (ex phibes0 sur ebay), ou abekobo. Je ne comprends pas qu'on puisse vendre une K7 300 euros, et je comprends encore moins qu'on puisse en acheter une au même prix.

sigtuna · Super héros Toxic Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818

Excellent film d'horreur gothique italienne, et après 2, 3 série Z miteuse ça fait du bien de voir un bon film de genre.

Comme l'a écrit Flint le noir est blanc est bien employé et la photo magnifie les décors, par contre on ne peut pas en dire autant du physique de Barbara Steele, ici particulièrement inquiétante et pas très glamour (de quoi donner du grain à moudre à ceux qui la trouve laide).

Throma · Posté le: Ven Jan 27, 2012 12:47 am Sujet du message:

Mon gothique italien favori avec "La vierge de Nuremberg".
Celui-là a le mérite de contourner la sempiternelle conclusion "mais-tout-ce-surnaturel-c'était-pour-de-faux-en-fait" avec de véritables fantômes/morts-vivants et quelques scènes macabres vraiment convaincantes (me souviens d'une histoire de puits ou de fontaine hantés par des apparitions ou alors j'affabule totalement).

En tout cas c'est le seul film de Steele où je n'ai point baillé (l'everest du genre étant toujours occupé par l'incroyablement pénible "Amants d'outre-tombe" de Caiano).
_________________
http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

mallox · Posté le: Dim Sep 30, 2012 8:42 am Sujet du message:

Demi-déception pour ma part. J'ai baillé pour ma part devant une absence totale de rythme durant les 3/4 du film même si je lui trouve des qualités techniques incontestables et un pitch légèrement plus original que la moyenne du genre. Je n'ai pas ressenti cette ambiance morbide qui pour moi reste à l'état d'intention.
Reste un dernier quart-d'heure vraiment très bon (la fin aussi comme ça a été dit), le tout sur une superbe et envoûtante musique d'Aldo Piga qui le rehausse d'un cran.
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flint · Posté le: Dim Oct 28, 2012 5:31 pm Sujet du message: Fiche dvd

Fiche dvd -

Le cimetière des morts-vivants – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 10 juillet 1968 (France)
Sortie dvd : 2 octobre 2012

Durée : 86’21
Image : 1.85 d’origine, 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby digital, stéréo

Langues : français, italien
Sous-titres : français (optionnels)

Bonus :
- « Cimetière pour morts-vivants », par Alain Petit (34’58)
- Séquence prégénérique US (1’39)
- Scène alternative (4’49)
- Diaporama de photos (1’48)
- Bandes-annonces de la collection gothique

(captures extraites de la scène alternative américaine)

Commentaire : Nous voilà une fois de plus devant un cas de figure déjà évoqué pour « La crypte du vampire », à savoir que « Le cimetière des morts-vivants », fleuron du cinéma gothique italien, demeurait inédit en dvd dans son pays d’origine, et que la seule édition officielle provenait d’Outre-Atlantique. En l’occurrence, c’était Alpha Vidéo qui l’avait édité aux USA en 2003. Le montage américain, donc (voir plus loin), recadré plein écran, avec uniquement le doublage anglais… bref, la misère.
Artus Films nous ressort cette œuvre rare de Massimo Pupillo dans son format original, et dans une copie restaurée rendant justice à sa beauté d’antan. Il s’agit qui plus est de son montage européen, tel que conçu au départ, d’une durée avoisinant les 87 minutes correspondant en tous points à la version commercialisée en vidéo par GCR dans sa collection « Fantastic Vidéo », en 1981 (la seule différence étant que Artus a conservé la bande générique au début et les crédits de fin dans sa version originale italienne). La version destinée au marché américain se limitait quant à elle à 85 minutes au format NTSC (soit environ 81 minutes en PAL).

(captures extraites de la séquence prégénérique américaine)

Mais l’éditeur a eu la bonne idée d’intégrer dans ses bonus les deux différences majeures existant entre les deux montages, à savoir la séquence prégénérique (le teaser) et une scène alternative concernant le suicide de Stinner. Cerise sur le gâteau, Alain Petit revient sur ces différences dans un long entretien, ne manquant pas de rappeler que la version américaine avait coupé plusieurs scènes de dialogues importantes, sinon essentielles. L’historien du cinéma évoque en détails la genèse du film, liée à celle de l’autre œuvre gothique de Massimo Pupillo, « Vierges pour le bourreau ». On retient aussi quelques anecdotes passionnantes sur le producteur Ralph Zucker, notamment lors de sa venue à Cannes en 1965 pour l’exploitation du film. Alain Petit parle ensuite des deux scénaristes, avant de poursuivre avec une rapide filmographie d'une partie du casting, notamment Barbara Steele. Si l’actrice ne tourna pas de scènes de nu comme certains l’avaient laissé entendre, on constate néanmoins qu’elle s’était livrée à des séances photos plutôt « coquines » en dehors du tournage, comme le prouvent les très beaux clichés recueillis par Artus dans le diaporama. Que du bonheur !

Note : 9,5/10