flint Super héros Toxic
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Posté le: Mer Juin 06, 2007 6:51 pm Sujet du message: [M] [Critique] Intimate Confessions of a Chinese Courtesan |
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Intimate Confessions of a Chinese Courtesan/Ai Nu
genre : wu xia-pian
année : 1972
origine : Hong-Kong
réalisateur : Chu Yuan
interprètes : Lily Ho (Ai Nu), Betty Pei Ti (Lady Chun), Yueh Hua (Commandant Ji), Tung Lin, Wan Zhing-Shan
Fiche DVD :
region : zone 2 PAL
éditeur : Celestial Pictures
origine : France
sortie cinéma : ?
durée : 86 minutes
image : 2.35 - 16/9
langue : mandarin
sous-titres : français (imposés)
sortie DVD : juin 2005
Bonus : Interview portrait de Sharon Yeung, cascadeuse (18 minutes). Présentation du film par trois actrices de la Shaw Brothers : Shaw Yin-Yin, Lily Li et Candice Yu (13 minutes). Deux bandes-annonces (celle d'origine, plus une nouvelle pour le lancement DVD)
Commentaire : L'esthétique sublime du film transparait complètement dans cette édition. Une copie parfaite, qu'il s'agisse de l'image ou du son. Des bonus intéressants, permettant d'en savoir un peu plus sur l'univers riche et passionnant de la Shaw Brothers.
note DVD : 9/10
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A l'époque de la Chine médiévale, une mère maquerelle, Lady Chun, se fait approvisionner en nouvelles recrues avec la complicité d'une bande de brigands. Ceux-ci enlèvent régulièrement des jeunes femmes dans les villages environnants, filles destinées à devenir des courtisanes, dont les riches notables sont particulièrement friands. Lady Chun possède des gardes du corps et de nombreux serviteurs, parmi lesquels Yan Shu Zi, un jeune homme muet et sensible, et Er Po Zi, chargée entre autres de vérifier la virginité des nouvelles venues au "Printemps Eternel" (le nom poétique du bordel), et de parfaire leur éducation en vue de devenir de bonnes courtisanes.
Parmi les captives, Lady Chun, qui a la particularité d'être lesbienne, porte très vite son attention sur Ai Nu, une belle jeune fille qui se montre éperdument farouche. Chun pense que la rébellion de Ai Nu sera de courte durée. Le caractère affirmé de la jeune femme ne la laisse pas indifférente, ce qui ne l'empêche pas de la punir sévèrement. Ai Nu refuse obstinément de se soumettre, ce qui lui vaut d'être fouettée et mise aux fers.
Dans sa geôle, elle sympathise avec Yan Shu Zi, qui en fait n'est pas muet, mais ne veut plus parler tellement il a honte de servir des gens à l'âme si sombre. Ai Nu ressemble à une fille qu'il a autrefois aimé, et qui mourut tragiquement. Il est décidé à l'aider à s'enfuir. Mais l'évasion échoue, et Lady Chun, qui est aussi une experte dans les arts martiaux, tue le serviteur.
Pour Ai Nu, cette mort va constituer le déclencheur de sa vengeance, d'autant plus qu'elle a dû subir un viol forcé de la part de quatre notables influents de la région. Tentée dans un premier temps par le suicide, elle va profiter de l'amour que lui porte Lady Chung pour assouvir sa vengeance. La tenancière du "Printemps Eternel" va faire d'elle la meilleure des courtisanes, et aussi la plus redoutable des combattantes. Ceci en raison de cet amour effréné pour Ai Nu qui risque de la mener à sa perte...
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"Intimate Confessions of a Chinese Courtesan" a été réalisé par Chu Yuan, responsable deux ans auparavant d'un autre wu xia-pian : "Cold Blade". C'est avec "Ai Nu" (qui signifie "esclave de l'amour") qu'il rencontre enfin le succès et s'impose comme l'un des meilleurs réalisateurs de la Shaw Brothers.
"Ai Nu" va profondément bouleverser le paysage puritain de Hong-Kong, introduisant dans une histoire d'arts martiaux de facture classique (le thème éternel de la vengeance étant une fois de plus omniprésent) des relations sexuelles entre deux personnages féminins. Une relation forte, d'abord platonique, puis charnelle, et enfin possessive. Dans cette oeuvre magistrale et maîtrisée, le corps sert à la fois d'appât et d'arme meurtrière envers les hommes, qui goûtent tantôt à la chair, et tantôt à l'acier. Chu Yuan enrobe le film d'une atmosphère à la fois envoutante et voluptueuse, sans oublier de la parsemer de superbes combats chorégraphiés avec un art que l'on ne retrouvera que chez les meilleurs : King Hu, ou Chang Cheh.
Aucun détail n'est oublié, notamment dans la couleur des robes portées par Ai Nu. A chaque couleur correspond un état, reflet de la situation du moment. Le jaune signifie la virginité, le vert symbolise la peur, le blanc exprime le deuil, à l'instar du paysage enneigé qui sert de décor durant une partie du film. Il y a aussi le bleu pour marquer l'amour, la loyauté ; le rose pour le pêché de chair. Et enfin, le noir, annonçant la mort.
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"Ai Nu" est une oeuvre dans laquelle l'amour et la mort sont indissociables, où la chair et le sang s'emmêlent tels deux amants inséparables. Un film dont chaque image est un tableau, et interprété par deux actrices sublimes et talentueuses : Lily Ho et Betty Pei Ti, qui sont d'ailleurs deux des "14 Amazones", autre film de sabre remarquable, que Wild Side a eu la bonne idée de dépoussiérer. Aux côtés de ces deux femmes à la fois fortes fragiles, séductrices et guerrières, on retrouve Yueh Hua ("L'Hirondelle d'Or"), ici dans le rôle d'un policier, le Commandant Ji, désireux de couper le fil d'un destin irrésistiblement en marche. Mais la vengeance doit s'accomplir, cette fois par le biais de l'amour, plus efficace que la haine. Et plus cruel aussi...
note : 8,5/10
accroche : Eros et Thanatos au pays des arts martiaux
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