[M] [Critique] Un papillon aux ailes ensanglantées

 
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mallox
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MessagePosté le: Lun Sep 17, 2007 10:09 am    Sujet du message: [M] [Critique] Un papillon aux ailes ensanglantées Répondre en citant




Titre : Cran D’arrêt AKA Un papillon aux ailes ensanglantées
(Una Farfalla con le ali insanguinate)
Aka The Bloodstained Butterfly
Réalisateur : Duccio Tessari
Pays : Italie
Année : 1971
Genre : Docu-Giallo
Musique : Gianni Ferrio
Avec : Helmut Berger, Carole André, Evelyn Stewart, Lorella De Luca, Silvano Tranquilli, Wolfgang Preiss



Drôle de film que celui-ci, avec du bon et du moins bon, et il m’est difficile d’avoir un jugement arrêté au moment où j’écris ces lignes. Toujours est-il que pour l’histoire, on peut la résumer ainsi : Une étudiante est assassinée dans un parc, un homme est rapidement suspecté puis jugé. Il s’agit d’un notable qui du reste ne nie pas vraiment. Cependant après des investigations scientifiques plus poussées et surtout un second meurtre, le voici disculpé puis libéré. C’est là que le film commence si je puis dire, puisque l’ami de la victime qui aura du reste apporté son témoignage se fera alors plus présent… mais je ne peux en dire plus.



Tout d’abord ce que je pourrais retenir à charge contre le film, c’est qu’il est très inégal en intérêt tant et si bien qu’à l’heure on commence à s’y ennuyer. Secundo, et là cela dépend sans doute de ce que l’on peut attendre d’un giallo, mais l’amateur de classicisme en sera pour ses frais, puisque Duccio Tessari refuse ici ouvertement de remplir le cahier des charges propre au genre, et les meurtres y sont à la fois rares et représentés de manière elliptique, ce que vous admettrez j’en suis presque certain, n’est pas pour attirer l’amateur là où les mises à mort se doivent d’être en temps normal des morceaux de bravoure, cela reste presqu ‘écrit dans les codes d’un genre qui en a vu passer du plus ou moins tranchant.
Dans les deux grands meurtres mis en scène ici, l’on verra pour le premier un couteau ( !) et une dame débouler un bout de forêt en pente, puis un second couteau qui s’apprête à, mais hop, scène suivante…



Alors forcément au niveau violence graphisme, tout le monde en sera pour ses frais et il sera même quelque peu légitime de bouder la chose selon ce qu’on est venu chercher. Un peu dommage serais-je tenté de dire, car les qualités sont ailleurs. L’une des grandes qualités de ce giallo hors du commun (même si en ne le rangeant pas dans le genre, le film demeure bien plus classique), c’est d’avoir du recul sur le matériaux utilisé, et de tenter de l’amener vers autre chose, ce qui n’est pas si fréquent au sein d’un genre aux accents souvent trop classiques, trop proches d’un cahier des charges à respecter. Après une mise en bouche alléchante aidée par une excellente partition de Gianni Ferrio qui aidera également pas mal ensuite, le film se fige d’abord dans une scène de crime étonnamment filmée, car quasi-documentaire et donc d’autant plus intrigante selon moi et même parfois troublante puis passionnante. Dans le même style le film se poursuit donc et l’on assiste au procès du notable (Giancarlo Sbragia, étonnant de sobriété), disséqué comme pas un avec une précision encore toute documentaire, puis en contrepartie des recherches scientifiques précises et documentées du meilleur aloi qui ferai presque penser à CSI avec 30 ans d’avance.



Tessari filme tout ceci de manière maîtrisée, et c’est dans ce choix là qu’il réussit la meilleure partie de son film, démontant un à un les mécanismes d’une enquête tout en distillant par petites touches les motivations de ses personnages et notamment celles du petit ami de la victime (Helmut Berger) qu’il réussit à laisser dans un flou très ambigu tout le long.
Les champs/contre-champs, les cadrages au travers les barreaux du tribunal, puis les regards infimes mais riches en mystères, avec des discrètes mais savantes exploitations de la profondeur de la salle d’assise font de cette partie du film une belle réussite.
Malheureusement il en fait en même temps sa limite et même si ce choix, à n’en pas douter est volontaire, il s’avère aussi qu’en asseyant son film trop longtemps, Tessari le rend dans un même temps un peu sec, et bien trop long puisque ce n’est à l’heure de film que le film prendra une autre direction, plus physique avec un second meurtre. Ouf, car si l’on commençait à s’impatienter depuis quelques bonnes minutes déjà, l’on commençait aussi à s’ennuyer pas mal, la lisière entre la minutie documentariste et le téléfilm platement filmé se faisant de plus en plus mince…



Alors survient ce meurtre, à nouveau dans un parc, sans doute du même tueur ( ?), dont on nous montrera que les prémices avant de finalement le contourner. En somme on ne le verra pas vraiment. On est alors déçu puisque ça semblait repartir, puis contenté à nouveau en même temps que pris à revers puisque le film prend alors une direction à nouveau inattendue, avec à nouveau un choix étonnant, celui de rentrer dans la psyché du personnage principal, campé fébrilement par Helmut berger – et avec pas mal de tics un brin gênants -, offrant alors une étude de caractère intéressante et presque prenante. Je dis presque car ça ne convainc pas tout à fait. Si l’on est amusé par le tour de passe-passe de l’histoire, malheureusement ledit Helmut semble un peu trop pâlot pour supporter le poids de son personnage habité. Sa composition névrotique semble parfois malhabile et surjouée, tout comme ces flashs à tout va dans le temps imposés par le réalisateur se font pénibles. C’est bon maintenant on a compris, inutile de venir rajouter des éléments qui en plus d’être des pièces fadasses et cucul la praline du puzzle giallesque ici mis en scène, viennent accentuer lourdement la névrose récente du personnage coincé dans un labyrinthe mental dont je ne dévoilerai pas l’issue, sinon que le final sera un moment dérisoire, pathétique sinon même en cela assez étonnant.



Que dire d’autre ? En fait, je ne sais pas trop. Tout cela laisse entre deux. Peut-être le film, combien même fort intéressant ailleurs, est il mal équilibré. Peut-être que les femmes y jouent mieux que les hommes. Si Helmut Berger ne m’a pas paru être un bon choix, on regrette la disparition trop brutale de la charmante Carole André, et l’on admire plutôt l’agréable présence d’Evelyn Stewart – alors qu’à l’inverse du reste du film et sa façon de fouiller les choses, son rôle semble ingrat et trop souvent délaissé.
Dommage, c’est de toute évidence un giallo très intéressant que ce « Papillon aux ailes ensanglantées », avec les moults qualités évoquées ci-dessus, et surtout dans sa volonté de s’approcher du document d’investigation, mais trop souvent l’intérêt retombe et le spectateur navigue au final sans cesse entre le prenant et l’ennui. On en voudra pas à Duccio Tessari que l’on sait talentueux (« Les titans », « L’homme sans mémoire ») de ne réussir qu’à moitié son film, car celui-ci mérite sa chance, de par l’originalité de son traitement et je le conseille pour s’en faire une idée.



Note : 6/10
Accroche : ailes abimées, envol difficile.


pour le titre, je vous laisse choisir. Répertorié sous deux titres français, quoique cran d'arrêt soit le titre de l'édition belge si je m'en réfère à imdb et mes lunettes.
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flint
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MessagePosté le: Lun Nov 12, 2007 11:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il me semble que le film n'a pas été distribué dans les salles de cinéma françaises. Et que son exploitation video se soit faite uniquement sous le titre "Cran d'Arrêt" (à ne pas confondre avec le film d'Yves Boisset").
D'où cette question : "Un Papillon aux Ailes Ensanglantées" a-t-il réellement connu une exploitation sous ce titre ?
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mallox
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MessagePosté le: Mer Nov 28, 2007 6:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

Gregore, on pourrait pas remettre le titre initial "Cran D'arrêt" , c'est vrai que je n'avais trouvé aucune source sous le titre du "Papillon" à moins qu'ici quelqu'un le connaisse sous ce titre... icon_cool
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MessagePosté le: Mer Nov 28, 2007 11:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Gregore, on pourrait pas remettre le titre initial "Cran D'arrêt" , c'est vrai que je n'avais trouvé aucune source sous le titre du "Papillon" à moins qu'ici quelqu'un le connaisse sous ce titre... icon_cool

En même temps, s'il n'a pas connu d'exploitation en salles en France, pourquoi ne pas conserver ce beau titre du papillon plutôt que celui, autrement plus banal, de cran d'arrêt? Après tout, on n'est pas plus loin de la vérité, bien au contraire! new_noel
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mallox
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MessagePosté le: Mer Nov 28, 2007 11:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ce qui donnerait en plus à psychovision l'exclusivité de l'exploitation du film sous ce titre. frank_PDT_10
Dans ce cas, autant garder l'original non? "Una Farfalla con le ali insanguinate" que bien entendu tout le monde comprend...
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Kidam
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MessagePosté le: Jeu Déc 20, 2007 8:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Si l'on peut s'ennuyer par moments, j'ai toujours trouvé l'intrigue astucieuse avec ce proche de la victime qui en vient à perpétuer le crime initial afin de faire sortir l'assassin et de mieux s'occuper de son cas... pas si fréquent qu'on se trouve avec un script aussi malin et qui prend à contre-pied. Pour cela entre autre, j'aime bien cette libellule qui soit dit en passant n'a jamais été exploitée sous ce titre là, autant que je sache. Il est vrai que Cran D'arrête de poisson, c'est pas joli non plus.
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flint
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MessagePosté le: Mer Juil 15, 2009 4:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A moitié satisfait pour ma part, trouvant que Tessari s'est trop éloigné des codes inhérents au giallo pour se concentrer plus sur une étude des moeurs de la bourgeoisie. Partagé entre faire un film de genre et celui de réaliser un film d'auteur, il s'est finalement emmêlé les pinceaux. Le spectaculaire évincé au profit du réalisme conduit à un ennui (par intermittences).

Et puis, pour un scénario qui se veut précis comme une horloge suisse, deux choses m'ont paru douteuses :



SPOILERS :


Le jour où Françoise (Carole André) est assassinée, on apprend finalement qu'Alessandro se trouvait chez sa maîtresse. Malheureusement, celle-ci est parti en voyage, est injoignable, et puis le témoignage d'un laitier met en pièces l'alibi d'Alessandro.
Plus tard, la maîtresse en question revient de voyage, témoigne à la barre, et confirme que son amant était bien chez elle au moment du meurtre. Un flashback nous apprend que les amants se sont même livrés à des jeux érotiques avec une autre femme.
Or, devant la contradiction entre les affirmations de la maîtresse et le témoignage du laitier, il eût été logique de faire témoigner l'autre femme. Mais cette dernière reste totalement ignorée pour la suite de l'enquête.

Et puis, que dire de la pirouette finale, où l'on apprend que Giorgio (Helmut Berger) aimait Françoise, avec qui il avait une liaison. Ce qui paraît curieux dans la mesure où au moment du meurtre, il avait aussi une liaison avec Sarah, la fille d'Alessandro. S'il l'aimait au point de vouloir la venger, on peut supposer qu'il ne l'aurait pas trompé. Cette explication finale me paraît donc vasouillarde, et remet en question l'idée pourtant intéressante que Giorgio, désireux de tuer l'assassin de son amie, mette tout en oeuvre pour le faire libérer, d'abord en faisant un faux témoignage à la barre, et en commettant ensuite deux autres meurtres selon le même mode opératoire.



En résumé, j'ai trouvé ce "Cran d'arrêt" intéressant mais très inégal, tout comme "L'homme sans mémoire", d'ailleurs. Tessari s'est montré plus à l'aise dans le western.


http://www.sinart.asso.fr/index.php?p=critique&id=1492
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MessagePosté le: Mer Juil 15, 2009 4:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
l'idée pourtant intéressante que Giorgio, désireux de tuer l'assassin de son amie, mette tout en oeuvre pour le faire libérer, d'abord en faisant un faux témoignage à la barre, et en commettant ensuite deux autres meurtres selon le même mode opératoire.


En résumé, j'ai trouvé ce "Cran d'arrêt" intéressant mais très inégal, tout comme "L'homme sans mémoire", d'ailleurs. Tessari s'est montré plus à l'aise dans le western.


http://www.sinart.asso.fr/index.php?p=critique&id=1492


Je suis tout à fait d'accord. Cette idée très intéressante est gâchée mais rien que pour ça je le trouve plutôt intéressant ce Farfalla.
Je crois que je le préfère à l'homme sans mémoire qui demeure plus classique niveau idées. En tout cas, aucun des deux n'est vraiment convaincant.
Perso, Tessari, si j'aime bien les Ringo (le second surtout), ce que je préfère de lui reste ses "Titans". Un spectacle enlevé et là on peut le dire, sans faille niveau rythme.
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MessagePosté le: Mer Juil 15, 2009 6:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

D'accord avec les deux comparses Mallox et Flint pour dire que ce film est intéressant mais raté.
Les parties sont mal découpées. Comme l'a si bien dit Flint, en creusant un peu, ce n'est pas crédible, et comme l'a dit Mallox, le Helmut assure moyen moyen. Reste quelques bonnes idées qui en font un ratage intéressant, mais un ratage tout de même.
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MessagePosté le: Dim Juil 19, 2009 7:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Deux choses encore à propos du film. Lorsque les flics poursuivent Helmut Berger dans les rues de la ville, vers la fin du film, l'un des policiers du trio lancé à sa poursuite se casse la gueule en poussant un juron. Volontaire ou non de la part de Tessari, cette scène pseudo-comique tombe plutôt à plat.

Quant à la voix qui double Berger dans la VF, elle est presque insupportable.
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MessagePosté le: Dim Juil 19, 2009 9:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Throma avait déjà évoqué cette scène je ne sais plus où sur le forum. Chute à priori involontaire autant que je me souvienne. frank_PDT_10

Perso, je ne le trouve pas bon Helmut Berger dedans. Un jeu très actor's studio jeune tourmenté qui n'en demandait à mon avis pas tant. En italien, il n'est pas convaincant non plus. En allemand peut-être...
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MessagePosté le: Ven Fév 12, 2010 5:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Fort bonne critique pour un film très inégal à tout niveau. (rythme, interprétation, mise en scène). ça peine à tenir debout et pourtant l'histoire est l'une des plus originales jamais vue dans le giallo. Dommage donc. Tessari avait du mal semble t-il à l'amorce des années 70. Pas déshonorant, mais à mon sens en dessous de ses films des années 60.
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