[M] [Critique] Fata Morgana

 
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flint
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MessagePosté le: Mer Déc 05, 2007 4:41 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Fata Morgana Répondre en citant



Fata Morgana - 1965

Origine : Espagne
Genre : thriller métaphysique

Réalisé par Vicente Aranda
Avec Teresa Gimpera, Antonio Ferrandis, Marcos Martin, Alberto Dalbès, Marianne Benet, Antonio Casas

Autre titre : Left-Handed Fate


Dans un teaser réalisé à la façon d’une bande dessinée, un commissaire de police rappelle un fait survenu en 1965 : le meurtre d’Ursula Alejandra Aviexa, une très belle femme. Selon le policier, l’assassin, dont l’identité demeure inconnue, s’apprête à frapper de nouveau. On ignore où et quand, et qui sera la prochaine victime. Mais celle-ci sera encore une fois une jolie femme, car le tueur s’en prend à la beauté.

Le flic chargé de retrouver la future cible du meurtrier s’appelle J.J. Pour lui commence à présent une course contre la montre.
La femme qu’il recherche s’appelle Gim, blonde à l’aspect fragile et qui vend son image à travers des spots publicitaires. Elle vit dans une grande cité qui, pour des raisons inconnues, doit être évacuée. Alors que la grande majorité des habitants ont déserté la ville, certains ont choisi de rester, pour des raisons personnelles.
Gim, par exemple, ne veut pas partir car l’homme qu’elle aime, Alvaro, fait partie de ceux qui n’ont pas tenu compte des consignes d’évacuation. Il réside dans une belle propriété avec Miriam, dont la santé mentale demeure encore fragile suite à la mort de Jerry, son ex-amant. La situation est délicate pour Alvaro, à la fois amoureux de Gim, et incapable d’abandonner Miriam.
Parmi les autres habitants encore présents dans l’enceinte de la cité, on trouve une bande de cinq adolescents « à problèmes », et un expert en criminologie : le Professeur. Ce dernier est le lien entre Gim et J.J., la seule personne capable d’empêcher la jeune femme d’être la prochaine victime et de permettre au policier de confondre l’assassin.



Surtout connu pour La Mariée Sanglante, sa déroutante adaptation du roman de Sheridan Le Fanu, « Carmilla », Vicente Aranda s’est lancé tardivement dans la mise en scène avec un premier long métrage : Fata Morgana. Un film bien étrange, assez hermétique, dans la droite ligne de la Nouvelle Vague espagnole. Une première œuvre sous influence, à certains moments, de Luis Bunuel, dont Aranda s’annonce comme l’un des héritiers. Fata Morgana baigne aussi dans le surréalisme, et l’on ne peut s’empêcher de penser également à Arrabal ou Jodorowsky. Sauf que chez Vicente Aranda, la violence et le délire sont épurés à l’extrême. Ce qui surprend, à la vision du film, c’est son aspect très dépouillé dans la forme, par rapport au fond, particulièrement complexe.



Le réalisateur a choisi pour trame une histoire policière, une sorte de thriller basé sur le postulat que dans toute société, certaines personnes naissent victimes, et d’autres sont nées pour tuer. Le personnage du Professeur est capital, car c’est à travers son étude de la compréhension des criminels que l’on parvient à saisir la démarche de Vicente Aranda. Il s’intéresse à la psychologie de certains tueurs en séries, obsédés par la beauté et le fait de vouloir la posséder à travers l’autre. S’ils ne peuvent la posséder, ils n’ont d’autre alternative que de la détruire. Si la beauté peut susciter la convoitise (à travers le personnage d’Alvaro), elle peut tout autant attirer la haine. Si la victime est innocente, elle est cependant « coupable » de vulnérabilité naturelle, provoquant ainsi un sentiment d’incitation à la violence chez le criminel. Gim possède toutes les caractéristiques de la victime ainsi désignée. Elle n’a pas conscience du danger qui la menace, et c’est pourquoi le Professeur va l’aider à éveiller sa conscience, par le biais de rencontres improvisées, où, sous le couvert d’un déguisement différent à chaque fois, le criminologue aura pour mission d’appliquer sa méthode, à savoir faire accepter ses peurs à la jeune femme, et les surmonter.



Le subterfuge du déguisement n’est pas innocent. Derrière de faux-semblants, le cinéaste cherche à nous montrer que la réalité que nous voyons à travers nos yeux, et que nous pensons être vraie, peut être un leurre. Outre la relation entre le tueur et la victime, Aranda jongle aussi sur le rêve et la réalité, le désir et le besoin, et forcément la vie et la mort.
Cette étude du comportement humain n’est pas toujours facile à suivre, mais l’originalité du metteur en scène consiste à l’avoir placé dans un contexte d’anticipation. A style épuré, décor également dépouillé. Cette grande ville (Barcelone ?) en partie déserte donne au film des allures de polar post-apocalyptique. Une impression de vide gigantesque accentuant l’impression de malaise, de mystère et d’incertitude qui règne dans « Fata Morgana ».

Evidemment, comme souvent dans un film « expérimental » (car c’en est un), les défauts ne sont pas exempts. La faible part laissée à l’action, la violence tangible mais non visible et le caractère presque irréel des personnages (à l’exception du policier) confèrent à l’œuvre une aura un peu trop abstraite. Cela donne parfois lieu à quelques séquences mémorables, notamment lorsque le Professeur donne rendez-vous à J.J. au milieu d’un stade entièrement vide. Le criminologue a le visage et les mains recouverts de bandelettes, le déguisement ultime laissant entendre que son personnage importe peu, mais que seul compte son message. Un message intimant au policier de sauver Gim. Et de ce fait, il montre une photo de la fille à J.J., en ajoutant : « Ce que je vous montre est un meurtre qui n’a pas été encore commis ».
La scène racontant la façon dont Miriam se rappelle la mort de Jerry est aussi très curieuse, retrouvant son amant allongé dans la neige, le visage recouvert de glace, comme effacé, ce qui nous conduit à se poser la question de savoir s’il a réellement existé.



Oui, Fata Morgana est une œuvre pour le moins déconcertante, croisement de plusieurs genres, tout comme La Mort a pondu un Œuf de Giulio Questi. On peut reprocher à Aranda d’avoir conclu son histoire de façon abrupte, trop hâtive, et de laisser ainsi le spectateur sur sa faim. Mais on a là un véritable film d’auteur, servi par de bons acteurs, parmi lesquels on reconnaîtra un Alberto Dalbès qui deviendra familier dans l’univers de Jess Franco.

note : 7/10
accroche : Gim sans tonique pour polar impénétrable
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mallox
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MessagePosté le: Lun Mar 03, 2008 1:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas vraiment accroché même si la comparaison avec "La Mort a pondu un Œuf" me semble de bon aloi. La meilleure idée sans doute est d'avoir placer le film dans le futur ce qui lui donne même s'il est épuré un petit cachet en plus. D'infimes détails comme cette arme, un pic très désigné qui servira à tuer à la fin. L'intervention du commissaire et son analyse alourdit le film. Tout est expliqué (et comme par enchantement) en un plan finalement. Enfin, ça se laisse voir sans trop de déplaisir tout de même. Surtout du charme. Même si la jazzy musique très post saint-Germain des près, et typique nouvelle vague, m'a un peu gonflé. A impénétrabilité du film, hermétisme de mon côté.

5,5/10
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flint
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MessagePosté le: Lun Mar 03, 2008 4:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai que le film a un côté hermétique un peu rebutant. Une tendance qui se maintient du début à la fin, il faut donc être bien disposé, sous peine de décrocher avant la fin.
Je connais assez mal le cinéma de Vicente Aranda. Le seul autre film que j'ai vu est son plus connu : "La Mariée Sanglante", adaptation moderne et très démarquée du "Carmilla" de Sheridan le Fanu. Plus accessible, mais également très particulier.
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Kidam
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MessagePosté le: Sam Mar 15, 2008 4:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hé hé et bien j'avais plutôt passé un bon moment à la vision de cet essai-film. Il convient de laisser son rationalisme au vestiaire avant mais à jouer le jeu je trouve qu'on est récompensé. Epuré mais très beau en même temps tant dans son propos que dans la forme. En même temps exactement le genre de spectacle dont l'appréciation variera fortement selon l'humeur du moment. C'est sur qu'un soir crevé en rentrant du boulot, ça le fait moyen... Mais les efforts y sont récompensés et c'est le principal.

7/10
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