[M] [Critique] Ténèbres
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flint
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 4:38 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Ténèbres Répondre en citant



Ténèbres - 1982
(Tenebrae)

Origine : Italie
Genre : giallo

Réalisé par Dario Argento
Avec Anthony Franciosa, Daria Nicolodi, Giuliano Gemma, John Saxon, Veronica Lario, Mirella D’Angelo, John Steiner, Lara Wendel

Autres titres: Sotto gliocchi dell’assassino/Unsane



Peter Neal (Anthony Franciosa) est un écrivain renommé spécialisé dans le polar. Résidant à New-York, il se rend à Rome pour la promotion de son dernier ouvrage : « Ténèbres ». Il doit retrouver sur place Bullmer, son agent (John Saxon) et Anne, sa fidèle attachée de presse (Daria Nicolodi), qui est secrètement amoureuse de lui.
Alors que le romancier se trouve toujours dans l’avion, un meurtre horrible se prépare dans la capitale italienne. Après avoir tenté de voler un exemplaire de « Ténèbres » dans un magasin, et proposé de payer « en nature » le bouquin car prise sur le fait par le responsable de la boutique, Elsa (Ania Pieroni : « Inferno », « La Maison près du Cimetière ») retourne chez elle. Une voix inconnue la traite alors de sale voleuse, et la jeune femme subit ensuite les assauts d’un individu armé d’un rasoir. Les coups portés sont fatals pour la victime. Avant de l’avoir tué, l’assassin a pris soin de lui enfoncer dans la bouche quelques pages du roman de Peter Neal.





Peu de temps après, Neal atterrit à Rome et se dirige dans un hôtel pour une conférence de presse, où il retrouve notamment une amie journaliste, Tilda (Mirella D’Angelo : « Italia a Mano Armata »). Celle-ci est lesbienne, et vit avec une amie quant à elle bisexuelle, Marion (Mirella Banti : « Vivre pour Survivre »). Les deux femmes occupent chacune un studio situé dans le même immeuble. Après une brève discussion, l’écrivain se rend dans l’appartement où il va résider tout au long de son séjour. L’inspecteur Germani (Giuliano Gemma) se trouve déjà sur les lieux, et informe Neal du meurtre d’une jeune femme, n’oubliant pas d’évoquer les pages du livre retrouvées dans la bouche de la victime. Quant à l’arme du crime, c’est la même que celle utilisée par le tueur dans « Ténèbres ». Des coïncidences pour le moins troublantes, d’autant plus qu’une lettre anonyme adressée au romancier, sur laquelle il est écrit : « Il n’y avait qu’une seule réponse à la violence qui le torturait » a été trouvée par le policier dans l’appartement de l’écrivain. Or, cette phrase provient du dernier roman de Peter Neal.



Plus tard, c’est au tour de Tilda et Marion d’être sauvagement assassinées chez elles, également à coups de rasoir. L’assassin est manifestement un maniaque ayant subi un traumatisme dans le passé. Une scène le plonge dans un paysage de dunes, au bord de la mer. Une jeune fille vêtue d’une légère robe blanche, et portant des souliers rouges, est en train d’aguicher quatre jeunes hommes. Trois acceptent sans sourciller le jeu sexuel instauré par la fille. Mais le quatrième est choqué par ce comportement amoral, et il la gifle. Poursuivi par ses camarades, puis maîtrisé, le jeune homme est ensuite humilié par l’offensée, qui lui crache au visage et lui enfonce le talon de sa chaussure au fond de la gorge.
Ces nouveaux meurtres, reproduisant les crimes perpétrés dans le roman de Peter Neal, laissent penser au détective Germani que le tueur rend hommage à l’écrivain à travers ces mises à mort. Ce qui n’empêche pas le policier de croire également que Neal pourrait être une prochaine victime.
Après une interview avec le critique littéraire Christiano Berti (John Steiner), l’étau se resserre un peu plus sur le romancier. Des lettres anonymes inquiétantes lui parviennent à nouveau. De plus, il lui semble avoir reconnu Jane, son ex-femme, dans une rue de Rome. Cette dernière, instable psychologiquement, est censée se trouver à New-York. Un mystère de plus à résoudre pour Peter Neal, qui a décidé de mener sa propre enquête, et de débusquer le tueur au rasoir.





Après « Suspiria » et « Inferno », les fans de Dario Argento attendent tous le troisième et dernier volet de la Trilogie des Trois Mères. Mais le cinéaste éprouve bien du mal à boucler cette « Terza Madre » car l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Il se rabat en définitive sur le genre qui l’a révélé : le giallo. Le déclencheur de cette motivation provient d’un événement désagréable qui lui est arrivé lors d’un séjour à Los Angeles. Le réalisateur va se trouver harcelé au téléphone par un inconnu fasciné par « Suspiria ». Ce fan visiblement déséquilibré finira par avouer, après une quinzaine d’appels téléphoniques, son désir de le tuer. Argento, protégé par la police (cet événement est arrivé peu de temps après l’assassinat de John Lennon), va se servir de cette expérience pour le moins éprouvante afin d’établir les bases de « Ténèbres ».
L’idée première du metteur en scène est de faire table rase de tous ses précédents films, aussi bien dans le fond que dans la forme. Finies les couleurs flashy, et les décors représentatifs d’une certaine époque. Argento veut créer pour son nouveau film une atmosphère résolument futuriste, faite de noir et de blanc, dans une ville à l’urbanisation étrange, censée matérialiser la folie et l’absurdité du monde d’aujourd’hui.



Toutefois, si cette volonté de renouveler le genre est indéniablement perceptible dans la forme, pour le fond on ne peut en dire autant, et le metteur en scène ne va pas se priver de réutiliser les recettes qui lui ont donné le succès.
Tout d’abord, le héros de l’histoire, Peter Neal, est un écrivain américain devant enquêter sur une série de meurtres, comme Sam Dalmas dans « L’Oiseau au Plumage de Cristal ».
Ensuite, à l’instar de Marcus Daly qui revenait dans un lieu précis pour se rappeler un détail en rapport avec le tueur dans « Les Frissons de l’Angoisse », c’est cette fois le jeune assistant de Neal, Gianni, qui retourne sur une scène de crime afin de compléter la pièce manquante d’un puzzle.
La sexualité ambigüe de certains personnages a toujours eu une place de choix dans les œuvres du cinéaste, également. Argento a abordé la transsexualité dans « L’Oiseau au Plumage de Cristal », l’homosexualité masculine dans « Le Chat à 9 Queues », l’androgynie dans « Quatre Mouches de Velours Gris », et effleuré l’inceste dans « Les Frissons de l’Angoisse ». Avec « Ténèbres », le réalisateur en rajoute une couche avec des lesbiennes et même un hermaphrodite. Le film permet d’ailleurs à Argento de régler ses comptes avec les moralisateurs en général, et l’Eglise Catholique en particulier, qu’il ne porte évidemment pas dans son cœur. Oui, le cinéaste se moque de ses détracteurs, comme de lui-même, n’hésitant pas à déclarer que le personnage de Peter Neal est en quelque sorte une parodie de Dario Argento.





Est-ce pour cela que le final grand guignolesque de « Ténèbres » aux allures, effectivement, de parodie (des slashers notamment) laisse un goût particulièrement amer dans la bouche de certains spectateurs ? Comment peut-on accepter un dénouement aussi grotesque après avoir assisté dans l’ensemble à un spectacle réussi servi par scénario habile ? Pourquoi le tueur serait en possession d’un rasoir factice, tel qu’on en utilise au théâtre (et, donc, au cinéma) ? Quel intérêt aurait-il à faire croire qu’il s’est suicidé dans la mesure où il a été démasqué ? Comment peut-il être persuadé que ceux qui le traquent et sont partis vont revenir dans les minutes qui suivent dans le lieu même où il attend de poursuivre ce jeu de massacres ahurissant ?
Une fois le film terminé, le premier sentiment que l’on peut avoir est celui de comparer Argento à un gosse capricieux qui aurait bâti un superbe château de sable et se serait amusé à le piétiner une fois achevé. Parce que « Ténèbres » recèle de moments anthologiques : les meurtres des deux lesbiennes tournés en caméra subjective, Lara Wendel poursuivie par le chien et se réfugiant sans le savoir dans la maison du psychopathe, et le massacre terrifiant de Jane à la hache, avec ces geysers de sang s’extirpant du bras amputé venant crépir les murs blancs de la pièce.





Dans un film qui multiplie les clins d’œil à ses œuvres précédentes (voir la séquence d’ouverture qui renvoie directement à celle de « Inferno »), Dario Argento agace autant qu’il fascine, alternant les passages inutiles (John Saxon et son chapeau) et les scènes essentielles. D’où un film inégal, pourtant agrémenté d’une magnifique partition de Goblin (du moins trois de ses membres), une musique à haute dominante de synthétiseurs qui reste ancrée dans votre mémoire bien longtemps après la fin du film.
Au niveau de ses interprètes, des habitués du cinéma de genre, tels John Steiner, Giuliano Gemma, John Saxon, Marino Masé ou encore Daria Nicolodi (sans oublier Lara Wendel), viennent côtoyer une star du petit écran : Anthony Franciosa (vu néanmoins dans « Les Fantômes de Hurlevent"). Les seconds rôles sont dans l’ensemble satisfaisants, à l’exception peut-être d’un Christian Borromeo (« La Maison au fond du Parc ») en demi-teinte.
A en croire Dario Argento, « Ténèbres » constitue l’un de ses gialli dont il est le plus fier, loin devant les trois premiers qu’il réalisa. Cela n’engage évidemment que l’auteur, et le spectateur sera en droit de préférer « L’Oiseau au Plumage de Cristal », pas si démodé que cela, et surtout bien moins inégal que ce « Ténèbres » dont l’avalanche de morts spectaculaires ne masque pourtant pas les défauts.

note : 7/10
accroche : des ténèbres à la lumière, avec une dose de grisaille


FICHE DVD :


Ténèbres (Tenebrae)

Région : Zone 2 PAL

Editeur : TF1 VIDEO
Pays : France

Sortie film : 1983 (France)
Sortie dvd : 2000

Durée : 96 minutes
Image : 1.85 d’origine (16/9)
Audio : Mono

Langues : italien, français, anglais
Sous-titres : français (optionnels)



Bonus :
- Filmographie de Dario Argento
- l’envers des ténèbres, biographies de Daria Nicolodi, John Steiner, John Saxon, Giuliano Gemma et Anthony Franciosa
- interview de Dario Argento, environ 16 minutes (le cinéaste s’exprime dans notre langue, mais des sous-titres français accompagnent néanmoins ses paroles).

Commentaire :

Très belle copie présentée par l’éditeur, dans son format respecté. Un son de très bonne qualité, permettant d’apprécier la musique hautement atmosphérique de trois des membres du groupe mythique Goblin.
Un choix de trois langues, appréciable, et une interview de Dario Argento complètent de façon positive le DVD. On aurait toutefois aimé plus de dynamisme de la part du journaliste peu à l’aise dans cet exercice. Sinon, concernant la jaquette, on relèvera plusieurs fautes d’orthographe grossières. Mais c’est vraiment histoire de pinailler, l’essentiel étant évidemment le contenu.

Note : 9/10






Retour sur « Ténèbres »

Lorsque « Ténèbres » est sorti dans les salles françaises voici presque 25 ans, j’imagine (je l’ai hélas loupé à l’époque) que cela a dû être un sacré choc ! Sur un grand écran, la dizaine de meurtres, dont certains particulièrement graphiques, accompagnée de la musique tonitruante des Goblin, ne pouvait aboutir qu’à un plaisir des sens. Pour la première fois, Dario Argento avait utilisé une Steady-cam (caméra sur harnais) pour la scène du doberman poursuivant Maria. Et puis, il y avait aussi la fameuse « Louma », utilisée pour filmer en caméra subjective l’immeuble habité par Tilda et Marion. La « Louma » est une grue à bras unique avec la caméra fixée à son extrémité. Ses mouvements sont contrôlés à distance, et donnent un résultat impressionnant en termes de dynamique. L’appareil tire son nom de ses deux concepteurs (français) : Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron.
Mais pour en revenir au film proprement dit, qui fut encensé dans la presse spécialisée chez nous (voir les articles élogieux de Robert Schlockoff dans L’Ecran Fantastique et de Christophe Gans dans Starfix), il exerce indéniablement un phénomène d’attraction dans la mesure où Dario Argento, encore plus que dans ses autres gialli, a réussi à mettre en place avec une précision diabolique le fameux triumvirat propre au thriller horrifique : la perversion (incarnée par le tueur), l’exhibition (les victimes) et le voyeurisme (le spectateur). Une tendance qui n’est pas nouvelle, mais que le metteur en scène italien utilise ici avec une science rarement atteinte, et que l’on retrouve par exemple chez Brian De Palma, notamment dans « Pulsions ».



L’idée du double tueur, le second poursuivant l’œuvre du premier, avec comme passage de témoin la dernière arme utilisée par le premier assassin (en l’occurrence la hache remplaçant le rasoir) est très forte, de même que l’idée d’assimiler le héros en tant que mémoire vivante du tueur assassiné. « Ténèbres » fait partie de cette catégorie de thrillers qui peut rameuter autant les inconditionnels du gore que les fondus de la psychanalyse. Tout est dit dans cette première phrase extraite du roman de Peter Neal :
« Le seul moyen pour lui d’oublier ces traumatismes qui le hantaient était de s’en débarrasser par cette forme ultime de libération : le crime ! »
Dans « Ténèbres », Argento rend ouvertement hommage à Alfred Hitchcock, Conan Doyle et Agatha Christie, tout en jouant avec deux concepts qui s’opposent depuis la nuit des temps : le puritanisme et la tolérance. Le puritanisme qui peut conduire au crime, et la tolérance qui exige la liberté des mœurs.
Dans l’absolu, « Ténèbres » avait tout pour être un chef d’œuvre. Mais mes impressions rapportées plus haut (et je pense qu’elles sont partagées par d’autres) en font simplement un bon film, ce qui n’est déjà pas si mal.
La donne aurait-elle changé si Christopher Walken, initialement pressenti pour jouer Peter Neal, avait été le choix définitif de Argento ? Peut-être, car je pense qu’Anthony Franciosa n’apporte pas à son personnage toute l’épaisseur que le spectateur était en droit d’attendre de lui.





Pour terminer sur quelques anecdotes, signalons que Lamberto Bava apparaît furtivement dans un rôle de réparateur d’ascenseur, et que l’un des garçons accompagnant Eva Robbins sur la plage n’est autre que Michele Soavi.
Puisque l’on évoque Eva Robbins, on a souvent pu lire à droite à gauche que c’était un transsexuel. En réalité, Eva est un hermaphrodite. Né avec un sexe d’homme, il/elle a développé des hormones féminines dès le début de sa puberté. En termes de tératologie, qui est l’étude scientifique des malformations congénitales, la réunion de quelques uns des caractères des deux sexes dans un seul individu entre dans le cadre de l’hermaphrodisme. Le terme de transsexuel, lui, ne s’applique qu’aux individus ayant subi une intervention chirurgicale et/ou un traitement hormonal.
Voici deux liens où l’on peut voir de très belles photos d’Eva Robbins, elles sont pour le moins surprenantes :

http://www.andreiberg.com/page9/page9.html

http://foto.giovani.it/foto/Belle_Donne/Showgirls_italiane/Eva_Robins

Enfin, Veronica Lario, qui interprète Jane, l’ex-femme de Peter Neal, est dans la vie la femme de Silvio Berlusconi. Mariés depuis 1990, elle a eu trois enfants avec l’homme responsable en partie du déclin du cinéma de genre italien.

Sources :

L’Ecran Fantastique 34, mai 1983
Starfix 1 et 5 (janvier et mai 1983)






Banque d'images pour le site:

Critique:









DVD:







Dernière édition par flint le Ven Fév 08, 2008 4:36 pm; édité 4 fois
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mallox
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 4:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Beau boulot ! :happy:

Et oui on a le droit de trouver cet Argento très inégal avec même du grotesque, cette fin notamment. Il semble cependant selon les dires de Argento que ce soit le film qu'il ai prit le plus de plaisir à tourner, ce n'est pourtant pas celui que l'on a le plus de plaisir à revoir, même si pour ma part une certaine acceptation s'est forgée. Vu à sa sortie, il m'avait déçu. Revu 2 ou 3 fois en vidéo ensuite, il me plaisait bien. Revu au République à Paname lorsque "Le syndrome de Stendhal" est sorti, je l'avais trouvé à nouveau piteux. Re-re-re-revu ensuite, je l'ai trouvé bien meilleur. Un film vraiment inégal et par rapport auquel j'ai bien du mal à me situer donc.

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stebreizh
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 6:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant













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flint
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 7:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:


Revu au République à Paname lorsque "Le syndrome de Stendhal" est sorti, je l'avais trouvé à nouveau piteux.



Cela dit, en comparaison du "Syndrome de Stendhal", 'Ténèbres" peut passer pour un chef d'oeuvre.

Et merci à Stebreizh pour cette impressionnante série de jaquettes.
(Inutile de demander si tu aimes le film ).
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xawa
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 7:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Considéré comme le dernier grand film italien de la période ( il y en a qui diront Phenomena, d'autres Bloody Bird ) Tenebres est formidable.



Pour être tout à fait honnête, j'ai jamais rien capté ( ou plutôt j'ai jamais tout capté ) à l'intrigue et l'ai pourtant vu un sacré nombre de fois frank_PDT_16


Que faut-il en déduire ? Je suis débile ? Argento a raté son coup ? Il y a du chichon incrusté dans ma vhs et mon dvd ? Non, c'est juste un grand spectacle bancal et foutraque, sorte de pied de nez d'Argento à la fin d'une époque.
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Bigbonn
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 7:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moi je le trouve morbide et déprimant ce Ténèbres.
Et son final grand-guignolesque particulièrement indigeste. frank_PDT_01
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flint
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 8:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un pied de nez, c'est cela en quelque sorte. Argento se moque de lui-même, mais aussi des ligues moralistes, des journalistes italiens qui le haïssaient à l'époque, mais aussi un peu du public, malheureusement.
D'autant plus dommage quand on sait que le cinéaste est un grand professionnel, et qu'il n'avait pas encore épuisé l'étendue de son talent au début des années 1980.
Pour moi, le dernier grand film italien du 20ème siècle est "Dellamorte Dellamore", de Michele Soavi.


(Bon, Bigbonn, comme Mallox, me rejoignent quant au final ridicule du film. Cela me rassure, je ne suis pas le seul à le penser icon_cool ).
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xawa
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 8:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi Tenebrae n'est pas un Argento raté ou foireux. C'est un giallo plus proche du clin d'oeil que du thriller sérieux, certes. Mais c'est quand même pas une nouveauté que les cinéphiles pervers de notre race sont capables d'apprécier et d'aimer un film pour sa violence outrancière et son ambiance surréaliste plus que pour son intrigue embrouillée, ridicule ou biscornue, si ?
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flint
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 8:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

xawa a écrit:
Pour moi Tenebrae n'est pas un Argento raté ou foireux. C'est un giallo plus proche du clin d'oeil que du thriller sérieux, certes. Mais c'est quand même pas une nouveauté que les cinéphiles pervers de notre race sont capables d'apprécier et d'aimer un film pour sa violence outrancière et son ambiance surréaliste plus que pour son intrigue embrouillée, ridicule ou biscornue, si ?


Ah mais c'est certain, je suis d'accord avec toi, l'outrance est un aspect fortement appréciable (et même jouissif) du cinéma bis en général, et donc du giallo.
Sauf que dans le cas de "Ténèbres", le malaise vient du fait que Dario Argento touche au sublime par moments, et au ridicule à d'autres. Un peu comme si Mario Bava avait laissé son fils terminer "Six Femmes pour l'Assassin", par exemple. (Je n'ose même pas l'imaginer, heureusement Lamberto Bava n'avait pas alors entamé sa carrière dans le cinéma).
Je préfère largement voir un film excessif dans l'outrance, et surréaliste, pour reprendre tes mots, qui le soit du début à la fin, comme "Meurtres dans la 17e Avenue" de Merighi, par exemple. Au moins, on sait sur quel pied danser avec des films de ce genre.
Alors qu'avec "Ténèbres", on reste dubitatif. icon_wink
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Valor
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 9:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

http://fr.youtube.com/watch?v=R5wKppxpwK0





icon_wink



xawa a écrit:

Que faut-il en déduire ? Je suis débile ?


No comment ! ico_mrgreen
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xawa
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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 1:20 am    Sujet du message: Répondre en citant

Valor a écrit:

xawa a écrit:

Que faut-il en déduire ? Je suis débile ?


No comment ! ico_mrgreen



Heureusement que j'ai de l'humour, sinon je le prendrai mal, putain c'est pas vrai ça, se faire insulter comme ça gratuitement, enfin bon ça va j'aime bien déconner donc ça passe. Le sujet est clos icon_confused
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The Omega Man
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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 7:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon Argento préfèré, tourné après trois chefs d’œuvres « Les Frissons de L’angoisse, Suspiria et Inferno », « Ténèbre » a longtemps été considéré comme une œuvre mineur du réalisateur italien. En fait beaucoup n’ont pas pardonné au maître d’être revenu à plus de simplicité et d’authenticité, certains on même reproché la faiblesse de l’intrigue. Etonnant pour un film dont l’analyse et l’interprétation des multiples symboles remplis des pages entières. En fait l’échec commercial d « Inferno » n’a fait que précipiter ce retour à une certaine simplicité. Après « les Frissons de l’Angoisse » et surtout « Suspiria », le film est une véritable rupture esthétique dans l’œuvre d’Argento fini les éclairages colorés et les demeures baroques, bienvenu à l’architecture moderne avec son verre et son béton le tout photographier de manière crue et naturelle. Même les femmes répondent à un certain stéréotype, elles sont la plupart de temps habillé de blanc, le rouge à lèvre coloré le visage pale et la chevelure noire. Seul Daria Nicolodi, qui fut à la fois maîtresse, complices et mère échappe à ce stéréotype (et au carnage). Tout cela donne au film un visuel particulier que l’on ne retrouva que rarement dans les films suivants d’Argento, un film tourné en rouge et blanc les deux couleurs prépondérante et indissociable. Inspiré par l’œuvre du peintre Yves Klien (obsédé par le bleu) qui utilisa des corps de femmes et de la peinture bleu pour créer des toiles, Argento crée ces propres œuvres change la couleur (le rouge sang) et de support (la pellicule), le résultat pourrait être une sorte d’anthropométrie sanglante.
Mais Argento n’a pas pour autant abandonné sa maîtrise visuelle comme le prouve la scène clé du film ou la camera glisse littéralement le long d’une façade épousant chaque élément de l’architecture. Espionnant ces occupantes, un couple de lesbienne, par les fenêtres pour finir sur le tueur entrain de forcer un volet, le tout sous la musique entraînante des Goblins.
Tenebre aurait bien pu s’appeler Carnage tant le nombre de meurtre paraît important, on a même l’impression que le métrage se termine non pas pour une raison de durée mais surtout par manque de viande fraîche à occire. Seul la pauvre Daria Nicolodi échappe au massacre en poussant un des cris les plus long du cinéma d’horreur.
En fait pour beaucoup « Ténébres » est le dernier bon film d’Argento une œuvre qui se bonifie avec le temps ou plus exactement qui se bonifie à la sortie de chaque nouveau Argento.

enaccord8
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mallox
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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 7:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Perso, j'aime bien Phenomena. icon_cool
Et je trouve même à Opera des qualités.

Et pour départager tout le monde là haut, le dernier grand film d'horreur italien c'est "Demons" ! affraid
mario
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MessagePosté le: Jeu Jan 17, 2008 10:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

ta critique m'avait donné envie de revoir le film

j'en avais gardé un assez bon souvenir grâce à toutes ces mises à mort outrancières assez divertissantes et les quelques scènes excellentes que tu mentionnes.
cependant la nouvelle vision n'a franchement pas été concluante : des morts à la pelle, certes, mais il faut voir comment on nous les amène...
En suivant une volonté palpable de donner de l'ambigüité à ses personnages, le scénario n'attend pas le dénouement pour partir dans tous les sens: que fait Saxon avec son chapeau? pourquoi Tilda change-t-elle diamétralement de ton à chaque réplique? c'était quoi le fin mot de l'histoire de bagage vandalisé? comment le jeune stagiaire peut-il se soucier aussi peu que la fille qu'il raccompagnait chez elle la veille se soit faite sauvagement massacrée? les exemples de ce type ne cessent de s'accumuler
de fausse pistes en paradoxes tarabiscotés Argento essaierait-t-il de ménager sa surprise finale?
pour moi, c'est un film qui perd beaucoup de crédibilité une fois qu'on connait la conclusion.

Flint a écrit:
Le film permet d’ailleurs à Argento de régler ses comptes avec les moralisateurs en général, et l’Eglise Catholique en particulier

tu dis ça parce qu'un barjo qui glisse au détour d'une conversation qu'il est chrétien élimine des gens "anormaux"?
tu vas la chercher un peu loin ta revanche sur le catholicisme...
(enfin si ce n'est ce détail, je te suis sur toute la ligne)
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flint
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MessagePosté le: Jeu Jan 17, 2008 11:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

princesse.rosebonbon a écrit:


cependant la nouvelle vision n'a franchement pas été concluante : des morts à la pelle, certes, mais il faut voir comment on nous les amène...
En suivant une volonté palpable de donner de l'ambigüité à ses personnages, le scénario n'attend pas le dénouement pour partir dans tous les sens: que fait Saxon avec son chapeau? pourquoi Tilda change-t-elle diamétralement de ton à chaque réplique? c'était quoi le fin mot de l'histoire de bagage vandalisé? comment le jeune stagiaire peut-il se soucier aussi peu que la fille qu'il raccompagnait chez elle la veille se soit faite sauvagement massacrée? les exemples de ce type ne cessent de s'accumuler
de fausse pistes en paradoxes tarabiscotés Argento essaierait-t-il de ménager sa surprise finale?
pour moi, c'est un film qui perd beaucoup de crédibilité une fois qu'on connait la conclusion.

Flint a écrit:
Le film permet d’ailleurs à Argento de régler ses comptes avec les moralisateurs en général, et l’Eglise Catholique en particulier

tu dis ça parce qu'un barjo qui glisse au détour d'une conversation qu'il est chrétien élimine des gens "anormaux"?
tu vas la chercher un peu loin ta revanche sur le catholicisme...
(enfin si ce n'est ce détail, je te suis sur toute la ligne)


icon_wink
Oui, peut-être que je n'y vais pas de main morte avec les cathos. icon_cool
Mais le premier meurtrier symbolise assez bien le caractère extrémiste de certains, à savoir une intolérance marquée, surtout dans le domaine des moeurs. Quant à Peter neal, il est clairement puritain, lui aussi. D'ailleurs, il éprouve de la compassion (même de l'admiration) pour Anne, car elle est la seule femme (dans le film) à savoir se contenter d'un amour platonique.
Mais toutes les questions que tu poses se justifient, et difficile d'y trouver des réponses. Et quand on en trouve, elles ne sont pas forcément satisfaisantes. Par exemple, concernant le personnage joué par John Saxon, Dario Argento déclarait :

"J'y ai ajouté l'idée purement gratuite du chapeau qui, selon lui, ne peut, ne tombe jamais. Excepté quand il mourra..."

Vraiment gratuit, en effet, à l'image de biens d'autres séquences de "Ténèbres".
Quand la rigueur, la logique et la cohérence font défaut à un metteur en scène, la "gratuité" constitue une belle excuse.
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