[M] [Critique + DVD] L'affaire de la fille au pyjama jaune

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Déc 20, 2015 5:18 pm    Sujet du message: [M] [Critique + DVD] L'affaire de la fille au pyjama jaune Répondre en citant



L'affaire de la fille au pyjama jaune

Titre original : La ragazza dal pigiama giallo

Genre : Giallo, Polar

Année : 1977

Pays d'origine : Italie

Réalisateur : Flavio Mogherini

Casting : Dalila Di Lazzaro, Ray Milland, Michele Placido, Howard Ross, Mel Ferrer, Ramiro Oliveros...

Aka : The Pyjama Girl Case/La chica del pijama amarillo/The Girl in the Yellow Pajamas



A Sydney, dans les années '70 – Nous suivons les destins croisés de deux personnes qui ne seront jamais amenées à se rencontrer. L'une, Thompson (Ray Milland) est un inspecteur de police à la retraite incapable de supporter l'inactivité. L'autre, Glenda Blythe (Dalila Di Lazzaro), est une jolie jeune femme partageant sa vie avec trois hommes, et qui finira par en épouser un tout en continuant d'entretenir une liaison avec les deux autres.
Lorsque le cadavre d'une femme est retrouvé dans une carcasse de voiture abandonnée sur une plage, la police de Sydney, dirigée par l'inspecteur Ramsey (Ramiro Oliveros), accepte l'aide de Thompson afin de résoudre une affaire qui s'annonce compliquée. Car le visage de la défunte est brûlé à un point tel que toute identification paraît impossible. Et mis à part le pyjama de couleur jaune qu'elle portait sur elle, les policiers ne trouvent pas le moindre indice. L'enquête pourrait s'avérer longue.
Quant à Glenda, son emploi de serveuse sur une péniche et sa sexualité exacerbée ne suffisent pas à son bonheur. Elle n'est pas épanouie, et son mariage avec Antonio (Michele Placido) est un échec. D'où son besoin de se retrouver dans les bras d'autres hommes : Henry Douglas (Mel Ferrer), dont le poste de directeur d'une clinique symbolise le confort matériel ; et Roy Conner (Howard Ross), employé dans une usine, archétype du macho dont la virilité permet à Glenda d'oublier temporairement son mal être.



Tourné en 1977, « L'affaire de la fille au pyjama jaune » appartient en partie au genre alors déclinant du giallo. En partie seulement car dans son traitement, le film emprunte plus au polar traditionnel qu'au thriller italien tel que Mario Bava, Dario Argento et bien d'autres en avaient établi les codes durant une dizaine d'années (depuis « Six femmes pour l'assassin » jusqu'à « Profondo rosso », pourrait-on dire).
Le film a été réalisé par Flavio Mogherini (1922-1994), qui se fit connaître dans le métier après la Seconde Guerre mondiale en tant que chef décorateur et directeur artistique. Il passera à la réalisation en 1972 et signera jusqu'à sa mort une quinzaine de longs métrages, parmi lesquels deux seulement seront distribués en France : « Pour aimer Ophélie » (1974) et « Les Poids lourds » (1982).



« La ragazza dal pigiama giallo » demeure son unique incursion dans le thriller à l'italienne, et pour ce faire il s'est inspiré d'un fait divers qui se déroula en septembre 1934 près d'Albury, en Nouvelle-Galles du Sud (d'où le cadre du film en Australie). Ce fait divers fut connu sous le nom de L'affaire de la fille au pyjama, après que le cadavre d'une femme fut retrouvé au bord d'une route, le visage brûlé enveloppé dans une serviette. Elle s'appelait Linda Agostini, une citoyenne britannique âgée de vingt-neuf ans qui menait une vie dissolue à Sydney malgré son mariage avec un ressortissant italien. On ne retrouva son cadavre qu'une semaine après sa disparition, et il fallut attendre 1944 (après une réouverture du dossier) pour qu'elle soit identifiée, grâce à ses empreintes dentaires. Antonio Agostini, son mari, reconnut être l'auteur du meurtre. Cependant, des doutes ont toujours demeuré quant à l'identité réelle de La fille au pyjama (un pyjama de soie jaune), les yeux du cadavre étant marron et ceux de Linda bleus.



C'est donc sans surprise que cette étrange affaire fut adaptée au cinéma. D'abord en 1939 avec « The Pyjama Girl Murder Case », un court métrage de dix minutes mis en scène (sous forme de documentaire) par l'Australien Rupert Kathner, puis en 1977 avec le film de Flavio Mogherini. Ensuite, un autre court-métrage vit le jour en 1998 sous le titre « Roadside », toujours en Australie, suivi d'une pièce de théâtre (« The Pyjama Girl ») en 2013.

Lorsque l'on a vu « La ragazza dal pigiama giallo », on a la confirmation que l'âge d'or du giallo est déjà loin, mais que tout n'est pas à jeter dans les thrillers transalpins produits durant la seconde partie des années '70 jusqu'à la fin des années '80. Le film de Mogherini est partagé entre le bon et le médiocre, tout comme l'histoire est scindée en deux parties. L’œuvre souffre d'un rythme très inégal, l'enquête en elle-même n'étant guère palpitante et se posant sur un schéma classique, à savoir l'opposition de deux styles dans les rangs de la police, celui de la vieille école effectuant un travail de fond tel un privé, et le flic moderne s'arrêtant sur ce qui paraît être une évidence, comme considérer que le suspect idéal est forcément le coupable. Quant à la romance de Glenda, elle tourne un peu en rond durant une bonne partie de l'intrigue, avant de changer du tout au tout durant le dernier quart d'heure.



Le scénario, un peu à l'image des montagnes russes, est accompagné d'ailleurs d'un score musical de Riz Ortolani également inégal, bien qu'en adéquation avec la mode du moment, le disco (il y a d'ailleurs dans le film deux chansons interprétées par Amanda Lear). Les synthétiseurs sont donc omniprésents, parfois pour le meilleur (on pense à Giorgio Moroder), parfois pour le pire (là, on pense plutôt à Marcello Giombini).
On ne peut pas enlever à Flavio Mogherini, par contre, un savoir faire indéniable pour surprendre le spectateur avec l'arrivée inattendue de scènes-choc entre deux passages plus conventionnels. Les deux exemples les plus frappants sont l'exposition du cadavre au public dans un musée afin de permettre l'identification (idée reprise à la réalité, puisque c'est ce qu'avait fait la police de Sydney en 1934 avec le corps de Linda Agostini), et la séquence où Glenda vend son corps à deux types libidineux dans un motel perdu, sous le regard d'un adolescent mal à l'aise (sentiment partagé par le spectateur).
Enfin, le metteur en scène parvient à bluffer son monde en faisant croire à son public que les deux histoires se déroulent dans le temps présent, ce qui n'est pas le cas et s'avère être au final un stratagème efficace.



En ce qui concerne le casting, les deux principaux protagonistes sont interprétés par des acteurs qui sont pour l'un en fin de carrière et l'autre au début. Ray Milland, âgé alors de soixante-dix ans, vit son crépuscule devant la caméra après une filmographie pléthorique qui débuta réellement au début des années '30. Il fut le héros de « La falaise mystérieuse » (« The Uninvited », 1944) et du « Crime était presque parfait » de Hitchcock. Plus tard, il participa à quelques œuvres fantastiques notables parmi lesquelles « L'enterré vivant » et « L'horrible cas du Dr X », tous deux de Roger Corman. A partir des années '70, on ne lui proposera guère que des rôles dans des séries B souvent horrifiques (« Frogs », « La chose à deux têtes »), comme hélas bien des acteurs emblématiques de l'après-guerre.
Pour Dalila Di Lazzaro, c'est au contraire l'aube de sa carrière, entamée cinq ans plus tôt dans le giallo de Sergio Martino « Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé » (elle jouait la fille qui effectuait un strip-tease sur la table au tout début du film). En 1973, elle se fait remarquer dans « Chair pour Frankenstein », et quelques années plus tard dans « Phenomena ». Elle donne ici la réplique à trois acteurs renommés, respectivement Mel Ferrer (« Scaramouche », « Le monde, la chair et le diable », « Les mains d'Orlac »…), Howard Ross (« L'île de l'épouvante », « L'assassino ha riservato nove poltrone », « L'immoralità ») et Michele Placido (« E tanta paura », « Arrivederci amore, ciao »).



Dans l'ensemble, les cinq acteurs mentionnés ci-dessus ainsi que les seconds rôles effectuent des prestations convaincantes, suffisamment en tout cas pour susciter l'intérêt de l'intrigue chez le spectateur jusqu'au dénouement. Malgré ses défauts, « L'affaire de la fille au pyjama jaune » reste un thriller honorable avec notamment quelques scènes particulièrement réussies.


Fiche dvd -



L'affaire de la fille au pyjama jaune – Le Chat qui Fume

Région : Zone 2 PAL
Editeur : Le Chat qui Fume
Pays : France

Sortie film : 31 décembre 1977 (Italie – inédit en France)
Sortie dvd : 19 janvier 2016

Durée : 97'32
Image : 1.85:1 d'origine - 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby Digital 2.0 Mono

Langue : italien
Sous-titres : français (optionnels)



Bonus :

- Giallo en Australie, entretien avec Howard Ross (12'49)

- Bandes-annonces (L'affaire de la fille au pyjama jaune, Journée noire pour un bélier, Le venin de la peur, L'Antéchrist)

Commentaire : « La ragazza dal pigiama giallo », malgré la notoriété de Dalila Di Lazzaro dans notre pays, ne fut jamais distribué en France, et restait donc inédit à ce jour. Dans le monde on compte essentiellement deux sorties en dvd (ce qui est peu), toutes deux datant de 2006, chez les Américains de Blue Underground et les Espagnols de Manga Films.
C'est par conséquent une bonne idée qu'a eu Le Chat qui Fume de sortir ce thriller aux allures de giallo, relativement méconnu malgré un casting dans lequel figurent beaucoup d'acteurs renommés. Sorti en même temps que « Journée noire pour un bélier », « L'affaire de la fille au pyjama jaune » bénéficie d'un master irréprochable, dans sa version italienne originale qui propose un son sans le moindre défaut avec des sous-titres français parfaitement lisibles.



En ce qui concerne les bonus, en dehors de quelques bandes-annonces issues du catalogue de l'éditeur, nous sommes conviés à un entretien avec l'acteur Howard Ross (de son vrai nom Renato Rossini). Une interview concoctée par l'équipe de Freak-O-Rama et son fameux producteur, Federico Caddeo, concepteur de suppléments de qualité pour pas mal d'éditeurs. Celui-ci fait suite à une interview de l'acteur à l'occasion de la sortie de « L'assassino ha riservato nove poltrone » chez Camera Obscura en 2013. On y retrouve donc Howard Ross dans le même décor, celui d'un parc par une journée ensoleillée. L'acteur italien, éminemment sympathique, se montre généreux en anecdotes et ses souvenirs demeurent précis même après toutes ces années. Il explique ainsi pourquoi il portait des lentilles bleues lors du tournage du film de Flavio Mogherini, précise que seuls Dalila Di Lazzaro et Michele Placido partirent à Sydney pour y tourner quelques scènes (le reste du tournage s'étant déroulé dans Rome et ses environs) et que l'actrice refusa de tourner des scènes de nu et qu'il fallut donc recourir à une doublure.
Howard Ross évoque aussi des souvenirs en dehors du plateau, parle de l'équipe technique sans oublier les machinistes à qui il taxait des cigarettes. En résumé, on passe un quart d'heure fort agréable en sa compagnie, sans le moindre remplissage.

Soulignons enfin que le film est présenté dans un magnifique digipack trois volets.

Note : 8,5/10



(Autres captures à suivre...)


Dernière édition par flint le Lun Déc 21, 2015 8:27 pm; édité 4 fois
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flint
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MessagePosté le: Dim Déc 20, 2015 5:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant























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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Déc 21, 2015 7:42 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8

Howard Ross est aussi un des rares culturistes (enfin dans son cas c'est plutôt un acteur / cascadeur qui a fait de la gonflette au début des années 60) à s’être affranchi du Péplum.
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Valor
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MessagePosté le: Lun Déc 21, 2015 1:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En tous cas, on voit bien que c'est pas tellement le pyjama jaune qui t'intéresse !!!! frank_PDT_18


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flint
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MessagePosté le: Lun Déc 21, 2015 3:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Effectivement, c'est la bouteille de Schweppes posée sur la table. frank_PDT_10
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igorfx
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MessagePosté le: Lun Déc 21, 2015 6:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'essaie de soutenir au maximum les petits éditeurs qui restent mais là j'ai passé la main car j'ai eu il y a longtemps le DVD (je crois de ) Blue underground et le film ne m'avait pas emballé, d'ailleurs je n'avais pas tout regardé.
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mallox
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MessagePosté le: Mer Jan 20, 2016 7:16 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai également failli décrocher à mi-parcours.
ça manque de rythme, on se fiche un peu de l'enquête, on a tôt fait de comprendre que passé et présent se mélangent. Hormis 2 ou 3 scènes, dont celle du musée puis le meurtre, c'est pas bien emballant je trouve.
Bien que ce ne soit pas important, ce n'est pas non plus un giallo, mais un drame psychologique de la jalousie, bref, c'est très banal et il n'y a pas le regard caustique d'un Chabrol (auquel il pourrait ressembler), ni la tension propre au thriller. Enfin voir Ray Milland tchatcher italien n'est pas facile non plus, faut s'y faire... même si, comme dit dans ta critique, les acteurs s'en sortent plutôt bien. Bref, assez ennuyeux pour ma part.
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flint
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MessagePosté le: Mer Jan 20, 2016 12:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
... on a tôt fait de comprendre que passé et présent se mélangent.


Ben, moi, je n'avais vu venir le truc, du coup j'ai été surpris.
Sinon, ce n'est effectivement pas un film spectaculaire, mais ça se regarde.
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