flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mer Jan 23, 2008 1:51 pm Sujet du message: [M] [Critique] Sans Sommation |
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Sans Sommation - 1973
(Il clan del quartiere latino)
Origine : France/Italie/Allemagne
Genre : polar
Réalisé par Bruno Gantillon
Avec Maurice Ronet, Mario Adorf, Bruno Cremer, Annie Duperey, Marina Malfatti, Renato Romano, Jean Luisi, Marc Mazza, Solange Pradel
Pierre Capra (Mario Adorf) est un homme traqué qui a dû se réfugier avec quelques uns de ses hommes dans une ferme isolée au fin fond de la campagne. Ancien commandant de l’armée française, Capra a combattu notamment en Indochine et dans plusieurs pays d’Afrique. Sous le couvert officiel de la guerre, mais aussi pour des missions plus secrètes dans lesquelles le militaire officiait plus en tant que mercenaire.
Aujourd’hui, les données ont changé. Le héros d’hier est devenu un ennemi du pays, détenteur d’informations compromettantes qui pourraient s’avérer désastreuses pour le pouvoir en place si elles étaient étalées en place publique. L’ex-commandant n’est plus considéré que comme un témoin gênant d’un passé peu reluisant pour certains pontes du gouvernement. Et dans la mesure où Capra est quelqu’un de foncièrement intègre, totalement incorruptible, la seule alternative est de s’en débarrasser. Une mission qui a échu à l’ancien supérieur de Capra, et que tout le monde appelle « Le Colonel ».
Une nuit, la police encercle la ferme servant de base à Capra et ses hommes. Inférieurs en nombre, la seule solution est de s’échapper, une fuite qui va coûter la vie à plusieurs hommes de Capra. Ce dernier parvient à s’évanouir dans la nature, ainsi que Donetti (Bruno Cremer), son fidèle lieutenant.
Deux ans ont passé. Capra a disparu de la circulation, il est introuvable. Donetti est par contre bien là, filé par des flics. En parallèle, Raoul Maury (Maurice Ronet) poursuit sa descente aux enfers. Alcoolique, en manque d’argent, c’est un ex-flic mis sur la touche après avoir démantelé un réseau de trafiquants de drogue. Parmi eux, se trouvait un fils de ministre. Celui-ci devait évidemment s’en tirer à bon compte, mais Maury ne voulait rien savoir. Il a payé les pots cassés. C’est aujourd’hui une épave, vivant avec sa femme Isabelle (Marina Malfatti) qui n’est pas loin de le quitter, lassée de cette situation.
Pourtant, le destin va peut-être le remettre sur les rails. Grâce à sa ressemblance avec un certain Kieffer, mercenaire ayant combattu avec Donetti et Capra au Kenya, une chance lui est donnée de s’infiltrer au sein du réseau. Après le braquage organisé d’une station-service, Maury est arrêté et transféré dans une prison de province. Capra et ses hommes, ayant besoin de renforts pour poursuivre leur action, décident de faire évader l’homme qu’ils pensent avoir identifié comme le véritable Kieffer.
« Sans Sommation » est le deuxième film de Bruno Gantillon, un cinéaste français peu connu et qui n’a réalisé que trois films au tout début de sa carrière, le premier étant « Morgane et ses Nymphes », très proche dans l’esprit des œuvres de Jean Rollin, et le dernier, « Servante et Maîtresse », se rapprochant plus de Luis Bunuel, avec le duo Victor Lanoux/Andrea Ferreol. Gantillon abandonnera ensuite le cinéma pour la télévision, retrouvant d’ailleurs Lanoux pour la réalisation de certains épisodes de « Louis la Brocante ».
Co-production franco/italo/allemande, on retrouve surtout une certaine patte italienne de l’époque, ce qui n’est pas étonnant puisque c’est Roberto Infascelli qui a écrit le scénario. Infascelli est également le scénariste (et metteur en scène) du « Grand Kidnapping », un très bon polar, sombre à souhait, dans lequel évoluaient Enrico Maria Salerno et Jean Sorel. L’Italie est également présente dans le casting, avec Marina Malfatti, toujours aussi belle et fragile, vue dans moult gialli (« The Night Evelyn came out.of the Grave », « La Dame Rouge tua sept Fois », « Le Tueur à l’Orchidée », « L’Alliance Invisible » ou encore le méconnu « Meurtre dans la Piscine ») ; et aussi avec Renato Romano, qui a promené son facies dans quelques œuvres barrées comme « Frankenstein 80 » ou « La Mort a pondu un Œuf », mais également dans des gialli : « L’Oiseau au Plumage de Cristal », « Journée Noire pour le Bélier », et « Le Tueur à l’Orchidée », également.
Et puis, il y a l’emblématique Mario Adorf, qui bien que né en Suisse alémanique, a fait une bonne partie de sa carrière en Italie, et restera à jamais comme l’un des visages familiers parmi les fans du cinéma de genre. Il a dans le film de Bruno Gantillon un vrai premier rôle, une présence importante à l’écran, et prouve ici qu’il est crédible dans un registre où il n’a pas besoin uniquement de jouer des poings ou des armes.
Car « Sans Sommation » n’est pas un polar nerveux, hystérique ou même dynamique. Il est bâti sur une structure plus classique, et l’action est tempérée par la présence d’acteurs français plus « intello », ici les formidables Maurice Ronet et Bruno Cremer. On sent que Gantillon a privilégié le dialogue à l’action. On pourra en être un peu frustré, certes, mais le film se pose avant tout comme un polar noir à consonance politique.
Curieusement, le journaliste qui en parlait à l’époque dans « La Saison Cinématographique » avait considéré « Sans Sommation » comme une œuvre d’extrême-droite. Moi, j’y ai vu tout le contraire, avec un cinéaste qui dénonce les mécanismes et les abus du pouvoir, et balance en plusieurs occasions quelques phrases assassines anti-gouvernementales, bien plus dans l’esprit de l’extrême-gauche, et qui sont encore bien d’actualité.
Mais, pour en revenir à ses interprètes, tous très bons, il convient de souligner également la présence d’Annie Duperey, toujours aussi brillante, et de quelques seconds couteaux comme le regretté Jean Luisi, ou encore Marc Mazza. Enfin, notons le second rôle attachant de Solange Pradel (« Le Viol du Vampire »), qui campe une prostituée désabusée.
« Sans Sommation » n’est donc pas un film très spectaculaire, mais il propose une intéressante histoire d’amitié entre deux hommes, dont les sentiments sont partagés entre la méfiance et le respect, rappelant par moments les liens qui unissaient Delon et Bronson dans l’excellent « Adieu l’Ami », de Jean Herman (qui interprétaient d’ailleurs deux anciens militaires).
Il manque juste à ce film un petit brin de folie, une scène d’anthologie, pour en faire une véritable réussite. Mais malgré cela, ce « Sans Sommation » est néanmoins une œuvre hautement estimable.
note : 7/10
accroche : un super Mario
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Juin 03, 2008 7:05 am Sujet du message: |
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Vu hier soir, copie enregistrée sur cinepolar. Plus que les dialogues qui prennent le pas sur l'action, ce sont surtout les silences prenant le pas sur les dialogues qui m'ont le plus marqué. Alors en effet, c'est tout sauf spectaculaire, mais on a en lieu et place une bonne étude de caractères, la psychologie - pourtant sommaire - des protagonistes est plutôt mise en avant. Selon moi, un acteur crève malgré tout l'écran: Mario Adorf dans un rôle plus proche du sien dans "la lame infernale" que de "La mala ordina". Ce type peut tout jouer ! Celui-ci n'est d'ailleurs pas loin de prendre le dessus sur Cremer et Ronet pourtant pas les derniers à avoir de la présence, un certain charisme et qui sont même fort bons ici. Une atmosphère le plus souvent grisâtre, voire nocturne qui donne au film un côté Blues-polar accentué par l'agréable et mélancolique partition bluesy-jazzy de Daniele Patucchi ("E Tanta Paura"/"Frankenstein 80"). Flint a raison d'évoquer "Adieu l'ami" auquel il est difficile de ne pas penser dans les liens qui unissent les deux personnages et leur statut d'ancien militaire. Film plus désabusé à mon sens dans son discours politique que réellement engagé à droite (pas du tout) ou à gauche (à peine), c'est aussi ce que j'ai aimé dedans.
Par contre, avouons que "Sans sommation" ne comblera pas les amateurs d'action, qu'il manque un peu de rythme, de nerf, même dans les moments de tension. Il n'en demeure pas moins une tentative intéressante de polar hexagonal avec un Adorf qui, je me répète, domine le film.
Note:
France-Suisse alémanique: 2 - 3 _________________
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