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The Omega Man 99 % irradié


Inscrit le: 25 Juil 2006 Messages: 1155 Localisation: Belgique
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Posté le: Sam Mar 15, 2008 6:40 pm Sujet du message: [M] [Critique remaniée] Le Lac des morts vivants |
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Le Lac des Morts Vivants / 1981
(Zombie Lake, Lago de los muertos vivientes, El Sumpf der lebenden Toten, The Lake of the Living Dead, Zombies Lake)
Origine : France
Accroche : Zombies camembert
Réalisé par J.A. Lazer (alias Jean Rollin)
Avec Howard Vernon et Anouchka
Producteurs : Marius Lesoeur et Daniel White
Scénario : A. L. Mariaux (Jess Franco)
D’après une histoire de Julian Esteban (Julius Valery)
Image : Max Monteillet
Montage Claude Gros & Maria Luisa Soriano
SFX : Michael Nizza
Musique : Daniel White
Distribution :
Howard Vernon (le maire), Pierre-Marie Escourrou (le soldat allemand), Anouchka (Hélène), Antonio Mayans (Morane), Nadine Pascal (Maman d’Hélène)
avec les apparitions de Jean Rollin (Stiltz), Julius Esteban et Alain Petit.
Résumé :
Une jeune femme disparaît alors qu'elle se baigne au bord d'un lac, dans lequel des soldats nazis furent jetés au cours de la seconde Guerre Mondiale après avoir été tués par des partisans. Quelques années plus tard, ce sont de jeunes basketteuses qui périssent dans d'atroces conditions ; le lac est hanté par les nazis revenus d'entre les morts pour se venger de leur sort...
« Le Lac des Morts vivants » fut pendant des années à l’origine d’un des mystères les plus captivants du cinéma d’exploitation, qui pouvait bien se cacher sous le pseudonyme de J.A. Lazer ? Après de nombreuses tergiversations deux noms sortirent du lot, Jean Rollin et Jess Franco, c’est le premier qui remporta la palme. En fait d’après certaines rumeurs ce mystère est dû au fait que Jean Rollin fut engagé d’urgence pour remplacer le réalisateur initialement prévu (Jess Franco ????), de plus l’absence de gros plans sur l’intimité des actrices et l’érotisme soft caractéristique de Rollin ne font qu’accréditer cette hypothèse. Le nom du réalisateur importe cependant moins que celui de la société qui produisit cette œuvre impérissable, qui demeure une des pierres angulaires du cinéma hexagonal (« Le Lac des morts vivants » est sûrement le film français le plus connu après « Emmanuelle »). En effet le nom de la société Eurociné à lui seul résume une production comme celle-ci, effets spéciaux plus que calamiteux, montage des plus fantaisistes, interprétation hors normes, musique de supermarché et profusion de stock shots provenant de l’inépuisable catalogue de la firme. Le scénario est avant tout un prétexte pour mettre en vedette la petite Anouchka qui n’est autre que la petite fille et la fille des producteurs (qui sont père et fils), alors âgée de dix ans. L’histoire débute donc dix ans après la guerre, pour une raison qui reste encore inconnue un groupe de soldat va renaître et semer la terreur (et le rire) dans la région. Il serait trop simple de considérer le film comme un simple navet, c’est plus que cela, c’est une véritable encyclopédie de ce qu’il ne faut pas faire dans un film d’horreur, le tout filmé dans de magnifiques décors bucoliques avec un sérieux digne d’une homélie dominicale. En fait il y a un tel décalage entre le sujet et la manière de le traiter que le résultat finit par devenir intriguant, le spectateur ne sachant pas quelle incongruité l’attend.
Nous suivons donc les exactions d’une bande de bidasses morts vivants qui sont la principale attraction du film tant les scènes où ils apparaissent sont carrément surréaliste. Les plus observateurs auront sûrement remarqué que nos amis d’outre-tombe (et Rhin) sont particulièrement bien conservés après dix ans passé dans l’eau. C’est donc une bande de figurants peints en vert qui va faire office de zombies, la première victime sera une jeune femme qui nous fera un remake de la séquence d’ouverture des « Dents de la mer » version zombie bucolique. Par la suite notre bande de gais lurons va s’aventurer sur la terre ferme, malgré leur démarche hésitante et pataude, ils réussiront à faire quelques victimes. Notamment une gironde paysanne qui sera littéralement assaillie par la terreur et la surprise a tel point qu’elle en oubliera de s’enfuir, profitant de l’aubaine le figurant lui saute dessus. Ne se rappelant plus très bien s’il interprète un vampire ou un zombie, il va dans le doute lui sauter à la gorge, pratiquant ainsi le plus gros suçon de l’histoire du cinéma. On remarquera au passage quelques détails marrants comme le maquillage dégoulinant qui a tendance à déteindre sur les victimes ou le fait que les morts vivants une fois sortis de l’eau se payent une coupe de cheveux impeccable (on a beau être mort c’est pas pour cela qu’il faut être négligé). La production ne reculant devant rien nos zombies aquatiques sont aussi filmés sous l’eau, malheureusement les prises de vue ont l’air d’avoir été réalisées dans un réservoir ou une piscine dont on distingue sans effort les parois (et même l’échelle). Evidement les scènes sous et à la surface ne sont absolument pas raccord et pour accentuer le réalisme des scènes aquatiques le réalisateur croit bon de rajouter un bruitage rappelant un chasse d’eau qui fuit. Autre moment de joie l’attaque de l’équipe de basketteuses totalement nues évidemment, la seule survivante aura juste le temps de mettre un slip et de courir vers le débit de boisson le plus proche pour avertir la populace locale et s’évanouir sur une table.
Si le comportement des zombies peut paraître parfois des plus farfelus, celui de la population locale n’est pas en reste. Alors que le film se déroule dans les années 50 (alors que de nombreux objets anachroniques nous rappellent joyeusement les années 80) les villageois se comportent comme s’ils vivaient au moyen âge. Comme le montre cette séquence incroyable ou l’une des victimes est transportée à bout de bras et déposée sur le seuil de la mairie (pas d’ambulance et de gendarme à l’horizon), le tout devant quelques figurants amorphes censés représenter les habitants du village. Pendant ce temps une journaliste aussi crédible qu’une actrice porno (il faut la voir se faire agresser par derrière pendant qu’elle prend des photos), puis deux inspecteurs (dont l’un est interprété par Jean Rollin) enquêtent mollement sur les disparitions. Tandis qu’Howard Vernon déambule avec l’air grave en récitant son texte et cherchant désespérément son ami Jess Franco parti en courant depuis longtemps. Mais le plus incroyable reste la manière dont les villageois vont attirer les zombies dans une grange pour les éliminer, profitant qu’une petite orpheline (la fameuse Anouchka) compte parmi nos bidasses son regretté paternel, elle va les attirer grâce à un seau de sang et un bol. Pendant que nos pauvres bidasses apprennent les bonnes manières (boire le sang dans un bol c’est quand même plus propre) et se régalent, la populace en profite lâchement pour les brûler (en fait des mannequins pour les plans trop dangereux), mettant fin à la malédiction. En conclusion on pourrait dire que « Le Lac des morts vivants » c’est un peu comme ces fêtes de village, on y va en traînant les pieds et lorsque la femme du pharmacien enlève ces bas à varices et les lance sur la tête du curé en voulant imiter Shakira, on se dit qu’on a bien fait de venir !
Dernière édition par The Omega Man le Lun Mar 17, 2008 8:10 am; édité 2 fois |
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Sam Mar 15, 2008 10:16 pm Sujet du message: |
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"Le Lac des morts-vivants" est l'un des films (le film ?) dont la page "Gaffes" sur IMDb est la plus fournie ...
http://us.imdb.com/title/tt0081027/goofs
Jean Rollin a avoué avoir tourné chaque scène au jour le jour en suivant les indications de Marius Lesoeur, sans avoir lu le scénario !
Sa collaboration à Eurociné ne s'arrête pas là puisqu'il est également responsable des scènes additionnelles de zombies que l'on trouve dans certaines versions de "Une vierge chez les morts-vivants" et du court-métrage "Chasing Barbara" qui devait initialement être intégré dans un autre film de Franco !
Andromaque / Century Stars a édité la version 'soft' du film : la baigneuse du début et les filles de l'équipe de basket portent des maillots de bain ! et la scène 'sexe' est coupée ...
La petite Anouchka que l'on voit également dans "Mondo Cannibale" et "La Maison Tellier" est ensuite devenue directrice de marketing pour Eurociné. Aux dernières nouvelles, elle travaillerait à TF1 !

Dernière édition par Valor le Dim Mar 16, 2008 10:59 pm; édité 1 fois |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Dim Mar 16, 2008 12:57 pm Sujet du message: |
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Valor a écrit: |
La petite Anouchka que l'on voit également dans "Mondo Cannibale" et "La Maison Tellier" est ensuite devenue directrice de marketing pour Eurociné. Aux dernières nouvelles, elle travaillerait à TF1 ! |
en toute méchanceté, je dirais qu'étant donné ses prédispositions pour la scène, on est content pour elle qu'elle ait trouvé sa voie dans le marketing
il me semble avoir entendu dire quelque part que le film avait été tourné avec une caméra défectueuse qui tournait trop lentement. du coup, les acteurs auraient eu pour consigne de jouer au ralenti et le tout aurait été doublé en post-prod (d'où des dialogues peu naturels...)
est-ce que je confonds avec un autre film ou est-ce que ça dit quelque chose à quelqu'un?
sinon excellente critique d'omega (mais pouvait-il en être autrement? )
petite correction en mp |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Dim Mar 16, 2008 2:22 pm Sujet du message: |
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Oui elle est excellente ta critique Omega, je l'ai lue avec un grand intérêt et j'ai appris des choses que j'ignorais. Bref, elle est 10 fois meilleure que le film lui-même ! (ce qui arrive assez souvent ici d'ailleurs).  _________________
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The Omega Man 99 % irradié


Inscrit le: 25 Juil 2006 Messages: 1155 Localisation: Belgique
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Posté le: Dim Mar 16, 2008 3:57 pm Sujet du message: |
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princesse.rosebonbon a écrit: |
il me semble avoir entendu dire quelque part que le film avait été tourné avec une caméra défectueuse qui tournait trop lentement. du coup, les acteurs auraient eu pour consigne de jouer au ralenti et le tout aurait été doublé en post-prod (d'où des dialogues peu naturels...)
est-ce que je confonds avec un autre film ou est-ce que ça dit quelque chose à quelqu'un?
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J'ai aussi lu cette anecdote (ou canular) quelque part, mais je ne me rappel plus c'était pour quel film.
En tout cas la petite Anouchka mérite bien une médaille pour son interprétation !
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Dim Mar 16, 2008 8:29 pm Sujet du message: |
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Une bien belle critique pour un film anthologique, édité de nombreuses fois en vidéo et facilement trouvable en DVD pour un budget minime (vendu à une époque chez les marchands de journaux, en pack avec "L'Abime des Morts-Vivants" et "Christina princesse de l'Erotisme").
Dans une interview, et pour reprendre les propos de Valor, Rollin disait que dans la mesure où il n'avait pas eu accès au scénario, il ne voulait pas le reconnaître, n'ayant pas écrit une seule ligne. Il n'y a vraiment rien apporté de personnel. Rollin a découvert le script durant le voyage le conduisant sur le lieu de tournage, et quand Eurociné l'a contacté pour remplacer Jess Franco au pied levé, il était sur le point de partir en vacances et ses bagages étaient déjà prêts...
S'il avait su !
Quant à Nadine Pascal, la mère d'Anouchka dans le film, elle a alterné durant toute sa carrière entre des productions Eurociné, des films de Franco et d'Erwin Dietrich. A retenir sa prestation aux côtés de Brigitte Lahaie dans "Les Prisonnières de l'Ile aux Rats" (autre film inoubliable). |
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Lun Mar 17, 2008 12:22 am Sujet du message: |
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princesse.rosebonbon a écrit: | il me semble avoir entendu dire quelque part que le film avait été tourné avec une caméra défectueuse qui tournait trop lentement. du coup, les acteurs auraient eu pour consigne de jouer au ralenti et le tout aurait été doublé en post-prod (d'où des dialogues peu naturels...)
est-ce que je confonds avec un autre film ou est-ce que ça dit quelque chose à quelqu'un?
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L'anecdote de la caméra se trouve sur Nanarland ...
http://www.nanarland.com/interview/interview.php?id_interview=jeanrollin
Rollin évoque le tournage dans l'interview publiée dans "Eurociné" de Christophe Bier :
"Ils m'ont appelé un dimanche soir alors que j'avais déjà préparé mes valises pour mes vacances ! Marius me dit que l'histoire était formidable, que je gagnerais tous les prix avec ce film de morts vivants ... et on commençait le lendemain matin ! J'aurais voulu lire le script. Marius me répond que je n'ai pas le temps, que je le lirai en cours de tournage. J'ai dit "oui". Nous sommes partis tourner : il n'y avait que 2 exemplaires du scénario: l'un était à Marius et l'autre à Daniel. En plus, ils étaient différents ! J'ai donc tourné le film pratiquement sans savoir ce qu'il racontait, et Marius me disait au fur et à mesure ce que je devais tourner. (...) Dans le scénario, il y avait une chouette qui volait dans le bureau du maire; en arrivant sur le plateau, j'ai découvert une chouette empaillée. Elle ne volait plus ! Dommage. (...) Il y avait deux personnes à la caméra, une maquilleuse, Marius et Daniel qui faisaient l'assistanat. Daniel faisait l'électro, comme il n'y avait qu'un projecteur de 5 kilos, c'était pas bien compliqué. Le tournage a duré 2 semaines, ce qui était beaucoup pour eux. On tournait très vite, souvent une prise par plan. (...) Personne n'était dupe, Howard Vernon riait souvent sous cape: on s'est bien amusé ! "
(14 / 08 / 1998)
Merci Christophe !

Dernière édition par Valor le Jeu Sep 18, 2008 7:13 pm; édité 1 fois |
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tubbytoast 40 % irradié


Inscrit le: 02 Aoû 2006 Messages: 458
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Posté le: Lun Mar 17, 2008 8:20 am Sujet du message: |
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L'anecdote de la caméra qui tourne à la mauvaise vitesse a été écrite il me semble à l'époque par JP Putters dans Mad Movies (?)
Pour les amoureux de Rollin, celui-ci sera présent lors de l'Etrange Festival Lyon fin Mars.
Je pense qu'il se fera un plaisir de parler de ce chef d'oeuvre  _________________ http://www.letubbyblog.blogspot.com/ |
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Kidam 40 % irradié


Inscrit le: 30 Nov 2007 Messages: 415
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Posté le: Dim Mar 23, 2008 5:55 pm Sujet du message: |
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Un chef-d'oeuvre qu'on se lasse pas de voir et revoir. La 7eme Compagnie du film d'horreur.  |
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Camif 99 % irradié


Inscrit le: 16 Mai 2008 Messages: 1560 Localisation: Délocalisation
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Posté le: Ven Mai 30, 2008 12:24 pm Sujet du message: |
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Une merveille. Le plus gros Nanar de l'histoire du cinéma ( avec Turkish Star Wars quand même ).
Sinon j'ai une anecdote sur ce film. Le pseudonyme du réal J.A.Lazer qui se trouve sur la jaquette serait d'après Rollin lui-même, le nom de l'homme qui balayé le plateau.  |
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