[M] [Critique & DVD] Le cynique, l’infâme, le violent

 
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mallox
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 9:58 am    Sujet du message: [M] [Critique & DVD] Le cynique, l’infâme, le violent Répondre en citant



Le cynique, l’infâme, le violent – 1977
(Il Cinico, l'infame, il violento)

Origine : Italie
Genre : Poliziottesco

Réalisé par Umberto Lenzi
Avec Maurizio Merli, Tomas Milian, John Saxon, Renzo Palmer, Robert Hundar, Riccardo Garrone, Marco Guglielmi, Rosario Borelli, Guido Alberti, Salvatore Billa, Franco Marino, Ennio Antonelli, Fortunato Arena, Bruno Corazzari, Gabriella Giorgelli, Fulvio Mingozzi

Musique : Franco Micalizzi


On peut d’ores et déjà considérer qu’Umberto Lenzi est le plus vieux briscard du Poliziottesco, en même temps que le plus prolifique, voire peut-être le meilleur représentant (même si je lui préfère Fernando Di Leo mais c’est une autre histoire). « Le cynique, l’infâme, le violent » commence à donner des signes de distanciation vis-à-vis d’une société italienne en pleine mutation et de fait, on pourra se montrer surpris que ce dernier livre un film relativement dénué du miroir social souvent conspué et catalogué « fascisant », qui faisait pour beaucoup la saveur de ses œuvres antérieures au sein du même genre. Pour mémoire et dans l’ordre on rappellera qu’il avait déjà tourné « La guerre des gangs » (Milano Rovente), « La rançon de la peur » (Milano Odia: la polizia non può sparare), « Un flic hors la loi », « Bracelets de sang », ou encore « Le Truand sort de sa planque ». Autant qu’une continuité dans son incursion au sein du Poliziotteschi, « Le cynique, l’infâme, le violent » marque aussi la troisième collaboration entre le réalisateur et notre blond moustachu réac préféré, l’ineffable Maurizio Merli, qui reprend ici le personnage du commissaire Tanzi déjà présent l’année d’avant dans « Brigade spéciale ».



On y retrouve donc Un Tanzi qui vient juste de démissionner des forces de l’ordre, et qui tente de se reconvertir comme écrivain de romans policiers (on pourra facilement voir dans le personnage de Merli une sorte d’alter ego du réalisateur qui, avant la carrière de cinéaste, exerçait ce même métier avec un résultat semble-t-il peu fructueux). Il aurait même pu couler des jours paisibles consacrés à l’exercice de l’écriture avant que son passé vienne le rattraper en la personne du Chinois. Ce dernier, campé avec une grande sobriété et pas mal de malice par Tomas Milian, n’a en effet de cesse que de se venger. Tout juste évadé parviendra-t-il à faire en sorte que notre héros conservateur se prenne une bonne bastos comme il le mérite. Manque de bol, ses hommes de main sont quelque peu manchots ; et c’est à bout portant que l’un d’entre eux confondra cœur, poumon et épaule. Et puis, un Tanzi plus cérébral reste tout de même un Tanzi, à savoir robuste et toujours d’aplomb quand bien même plombé, pour remonter la pente, puis la filière et remettre un peu d’ordre dans une anarchie qu’elle tende à le viser ou non. Une filière qui le mènera tout droit à Rome au sein d’un racket de protection dont le grand manitou est Frank Di Maggio, pour qui le Chinois s’est mis à la disposition. Di Maggio est remarquablement (et surtout savoureusement) campé par le formidable John Saxon, qui n’est pas loin en quelques plans de voler la vedette à nos deux amis, Milian et Merli. Il faut le voir, après avoir attaché un traître en l’écartelant entre deux branches d’arbre, s’exercer au golf en toute décontraction, voire un flegme britannique, et faire un « trois coups » d’affilé et bien ajusté en plein dans la tête du pauvre bougre. D’autant plus que ce dernier n’en aura hélas pas fini puisque Di Maggio le fera ensuite bouffer par ses deux gros dogues allemands. Vous comprendrez qu’avec de telles scènes le film se fasse rapidement délicieux, jubilatoire même ; à se demander si l’on n’a pas tous un peu de sang de Di Maggio coulant dans nos veines… Sa composition est un régal, elle est même supérieure à celle livrée dans le pourtant bonnard « Opération casseurs » dans lequel il est vrai, il restait couvert sous l’image d’un industriel ambitieux.



Si « Le cynique, l’infâme, le violent » ne possède pas la même fureur sauvage contagieuse que « La rançon de la peur », s’il ne possède pas non plus le côté brouillon mais jouissif de la peinture romaine crépusculaire d’une société en pleine décrépitude de « Brigade spéciale », et si l’interactivité et les rencontres entre Milian/Merli qui en faisaient pour beaucoup le prix sont un peu moins présentes et mémorables, le plaisir est ailleurs. Ce qui étonne en premier lieu c’est tout d’abord un scénario un peu plus élaboré et moins bordélique qu’à l’accoutumée. En effet, dispensé des rencontres aléatoires hors contexte qui n’étaient finalement là que comme prétextes à des règlements de comptes de plus, dispersant un peu les films de leur centre d’intérêt principal aux dépens des caractères en jeu, le film ne fait que gagner en homogénéité. On le doit au prolifique et talentueux Ernesto Gastaldi qui avait déjà élaboré celui de « La rançon de la peur » et qui, disons le tout net, remplace assez avantageusement les livraisons de ses confrères, que ce soit Vincenzo Mannino, Franco Enna ou encore le pourtant estimable Dardano Sacchetti (toutefois co-scénariste ici encore). Ajoutons que, comme le plus souvent, Lenzi lui-même vient y mettre son grain de sel avisé de vieux conteur du genre. D’ailleurs pour en revenir au réalisateur, c’est bien son style sec, nerveux, ultra violent et parfois brouillon qui parvenait le plus souvent à en transcender les défauts, dépotant de l’action à tout va, distillant des scènes d’action d’une sauvagerie loin des standards lissés.



Il marque ici des points là où ne l’attendait pas. Sa mise en scène est sans doute l’une des plus maîtrisées qu’il ait jamais livrée, avec des raccords d’une fluidité que je ne lui aurais au préalable pas soupçonnés. Les scènes s’accumulent avec un sens du rythme sans faille, dans un spectacle qui tient en haleine sans pour autant dénuer ses personnages d’humour. Au-delà de la prestation somptueuse de John Saxon évoquée plus haut, l’absolue nonchalance de Milian fait des étincelles tandis que le jeu très « mâle », pondéré mais rageur de Merli contraste merveilleusement avec la suavité de ses ennemis. Un peu à l’instar d’un John Wayne, rien que de le voir enlever ses bandages, comme un simple pansement, amuse et il est difficile de ne pas y voir un brin d’ironie là-dedans avec un acteur aimant jouer avec sa propre image.
Du coup, si la fin semble un peu expédiée et tirée par les cheveux, Lenzi enfile par ailleurs les morceaux de bravoure comme des perles ; avec comme point d’orgue une formidable scène à l’intérieur d’un établissement aux mains de Di Maggio, dans laquelle Merli, assisté d’un compère, pénètre à l’aide de lunettes lui permettant de voir les faisceaux d’alarme invisibles. Lenzi fait ici preuve en quelques minutes d’une véritable science du timing.



Difficile de ne pas évoquer non plus la formidable partition de Franco Micalizzi qui n’a rien à envier aux meilleures livraisons d’un Lalo Schifrin, auxquelles elle peut parfois faire penser, et qui lui confère un cachet magnifique en plus de contribuer à soutenir le rythme. N’oublions pas les seconds rôles, comme les fidèles au poste Claudio Undari (« Le clan des pourris »), Bruno Corazzari (« Le tueur à l’orchidée »), Guido Alberti (« La rançon de la peur »/ « Bracelets de sang »/ « Opération casseurs ») et rendons hommage à la très belle Gabriella Lepori (« Brigade spéciale ») dont ce sera ici le dernier rôle au cinéma, et qui n’est ici pour une fois pas trop délaissée pour un film dit d’hommes.
Bref, « Le cynique, l’infâme, le violent » est un brillant et excellent polar, et l’une des dernières contributions au genre d’Umberto Lenzi, avant la réussite d’« Échec au gang » puis un chant du cygne assez faiblard (et à peine le pied dans le genre qui nous concerne là) avec « Corléone à Brooklyn ». Après quoi le réalisateur s’en ira buter du crocodile, et vendre des billets d’avion à des zombies. Toujours est-il qu’il livre ici l’un de ses tous meilleurs films, du moins celui dans lequel il démontre sa plus grande maîtrise pour la mise en scène. Comme quoi toute règle a ses exceptions, même si avec un film comme « Paranoïa », Lenzi laissait déjà entrevoir ses capacités à maîtriser pleinement son sujet et sa mise en scène. Et comme celui-ci s’avère encore meilleur, il serait dommage d’y bouder son plaisir.



Note: 8/10
Accroche: Lenzi sort de sa planque
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 1:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Rien à ajouter, je suis d'accord en tous points avec ce qui a été dit. Un scénario plus élaboré, plus homogène, une narration fluide, pour un film qui au final est l'un des tous meilleurs de Lenzi.

Mon tiercé :

1 - La Rançon de la Peur
2 - Le Cynique, l'Infame, le Violent
3 - Opération Casseurs
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 1:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Curieusement, je l'avais trouvé un peu léger celui-ci. Très loin derrière Napoli Violenta, Milano Odia, Brigade spéciale ou Echec au gang.


Je me souviens d'une scène de casse dans le noir qui dure 15 minutes, l'enfer ico_mrgreen
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour avoir revu "Brigade Spéciale" hier soir, je l'ai trouvé sympa mais vraiment trop éparse. Et le Merli qui se met à poursuivre un voleur de sac à main, la bave aux lèvres, à fond sur le champignon, comme si c'était la mission de sa vie !

Même tiercé gagnant que le flint pour ma part. icon_cool
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MessagePosté le: Ven Juin 06, 2008 2:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

xawa a écrit:


Je me souviens d'une scène de casse dans le noir qui dure 15 minutes, l'enfer ico_mrgreen



VHS défectueuse ou télé mal réglée ? frank_PDT_10

(plus sérieusement, t'exagères, on voit très bien ce qui se passe durant cette scène. OK, c'est pas Topkapi, mais Lenzi assure pour le coup).
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xawa
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MessagePosté le: Dim Juin 08, 2008 2:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bah merde, je suis vraiment passé à côté du film alors frank_PDT_10
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MessagePosté le: Dim Aoû 03, 2008 9:17 am    Sujet du message: Bon cru ! Répondre en citant

Bon cru de policier italien !

L'infâme, le cynique et le violent serait même reprèsentatif du courant :
il y a Merli, une bonne poignée de bad guy et de troisièmes couteaux de ce cinéma, Milian est en pleine forme (composition intéressante) et la réalisation de Lenzi est solide. IL est d'ailleurs étonnant de constater que le cinéma d'action italien est bien plus efficace que le cinéma d'action français qui se traine pas mal.

Toutefois, on atteint pas la cime du genre car l'oeuvre n'est ni réaliste ni un top de l'action comme le second Mark ou encore Calibre magnum pour l'inspecteur.

Ceci écrit, j'en aurais encore vu avec plaisir des dizaines du même tonneau !
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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 7:28 am    Sujet du message: [C] Fiche dvd Répondre en citant



Le cynique, l'infâme, le violent - The Ecstasy of Films


Région : Zone 2 PAL (dvd) - Zone B (blu-ray)

Éditeur : The Ecstasy of Films
Pays : France

Sortie film : 18 janvier 1978
Sortie dvd/blu-ray : 18 mars 2017

Durée : 94' (dvd) - 98' (blu-ray)
Image : 2.35:1 - 16/9e compatible 4/3 (Combo blu-ray/dvd 1080p master haute définition)
Audio : français et italien DTS-HD (blu-ray) - français et italien DD 2.0 mono (dvd)

Langues : français, italien
Sous-titres : français (optionnels)

Bonus :
- Armed to the Teeth Again : Entretien avec Umberto Lenzi (22min)
- Re-Armed to the Teeth: Entretien avec Tomas Milian (12min35s)
- Je suis la violence : Entretien avec John Saxon (15min55s)
- Conversation avec Franco Micalizzi (35min36s)
- Documentaire : "Mike Malloy on The Cynic... (and yes) the Rat and the Fist" (10min26s)
- Bande-annonce originale (3min33s)

[img]Les bonus présentés avec sous-titres amovibles
http://www.psychovision.net/films/images/stories/dvd/c/cynique-l-infame/im01a.jpg[/img]



* Vous pouvez cliquer sur chacune des captures pour afficher leur taille réelle.








Commentaire : Umberto Lenzi jouit d'une belle côte chez les amateurs de cinéma d'exploitation et, plus encore, chez les férus de poliziesco. Du coup, il va de soi que la sortie en France de Le cynique, l'infâme, le violent, dans un magnifique combo proposant une version restaurée, en formats dvd et blu-ray, est une aubaine. L'image est remarquable, dotée d'un piqué et de contrastes rehaussés respectant au plus près l’œuvre originale. Quelques scories neigeuses ici et là viennent de manière anecdotique rendre hommage au charme vintage du film. Au niveau sonore, la piste française est un peu plus sourde et moins ample que la piste italienne. On privilégiera tant qu'à faire cette dernière même si la piste française n'a rien de honteuse. Sa présence est même fort appréciable et rend un hommage déviant à une époque où la post-synchro italienne avait quelques boulons dans sa mécanique, se gaussant d'un futur mouvement geek aussi révolutionnaire qu'une machine à laver Calor.

Édité par CG Entertainment pour l'Italie, en 2004, puis en Allemagne en 2012, par Film Art, aucune de ses deux éditions n'arrive au niveau des chaussettes d'un Maurizio Merli y planquant son petit flingue. Outre la qualité Haute définition ici présente, l'ensemble bénéficie qui plus est d'une piste et de sous-titres français, bonus compris.




Armed to the Teeth Again permet de retrouver Umberto Lenzi qui fait part de son admiration pour le film noir hollywoodien des années 40 et l'influence que ce cinéma eut sur le sien. Preminger, Jules Dassin, Ulmer, Walsh, des films qui furent pour lui une véritable formation cinématographique. Il rappelle comment le cinéma italien est très organisé par genres et comment le giallo, avec ses rapports hypocrites entre les individus et son érotisme naissant, fut un tremplin pour lui avec Orgasmo qui connut un succès en salles. Il rappelle que c'était aussi un genre qui permettait alors de lutter contre la société de consommation. Le cinéaste considère par ailleurs qu'Une folle envie d'aimer, Paranoia et "Si douces, si perverses" font partie de ses meilleurs films. Mais son premier film vraiment noir demeure "La Guerre des gangs" (Milano Rovente, avec Antonio Sabato et Philippe Leroy), produit par des industriels milanais. On y trouvait une ambiance des bas-fonds de la ville très réaliste. Umberto Lenzi regrette de n'avoir finalement tourné qu'un seul film de ce genre, qu'il qualifie de "à la Jean-Pierre Melville". Il fait ensuite un tour d'horizon de sa carrière et évoque sa "glorieuse" période au sein du poliziottechi. Plutôt lucide, il considère Brigade spéciale et La Rançon de la peur comme étant objectivement ses deux meilleurs travaux, même s'ils ne sont pas ses préférés. Quant au Cynique, l'infâme, le violent, il rappelle que le film est aussi une erreur de calcul de la part du producteur qui s'était mis en tête que ce serait un film sur un casse et l'obligea à mettre sur le clap de tournage un autre titre : "Ensemble pour un grand casse" (Insieme per una grande rapina), titre que l'on retrouve sur la bande-annonce d'origine.
Riche en anecdotes, notamment à propos de Milian, Merli ainsi que de leurs rapports houleux, il s'agit d'une interview que l'éditeur a bien fait de reprendre à 441 Films et 88 Films (avec Edera Productions et Excitech Postworks) puis de le glisser en supplément de sa belle galette.




Re-Armed to the Teeth est une interview de Tomas Milian réalisée par 441 Films et 88 Films. On retrouve l'acteur vieillissant faisant preuve d'humour en début d'entretien pour se faire plus sérieux ensuite. Plutôt nostalgique, il revient sur sa carrière en Italie et son approche de son métier de comédien. Milian considérait chaque nouveau rôle comme son meilleur mais devait se trouver un doubleur à cause de son accent. Il revient sur ses rapports avec Lenzi qui selon lui détestait devoir le diriger à cause de son caractère d'électron libre, parfois habité par ses rôles, habitude issue de sa formation Actor Studio. Mais Umberto Lenzi y était contraint, Milian étant une star à l'époque en Italie. Finalement Lenzi tournait plus pour Milian que Milian pour Lenzi. Mais chaque fois les deux hommes trouvaient un équilibre dans le compromis, même si à écouter Milian, Lenzi devait rentrer chez lui le soir en le maudissant. Un bonus sympathique lui aussi, bien que court, où l'acteur cubain revient sur sa timidité et comment jouer des rôles de fils de pute le conditionnait mentalement et émotionnellement, l'aidait à se relaxer dans la vie réelle, à s'y montrer moins agressif.




Je suis la violence est un entretien avec John Saxon tourné par Film Art. L'acteur évoque la fameuse scène de golf dont il se souvient parfaitement puis parle assez longuement de Tomas Milian pour qui il semble avoir beaucoup d'admiration. Il le retrouvera plus tard dans "Raid sur Entebbe" après que Milian soit revenu habiter à Miami et se soit procuré le numéro de téléphone de John Saxon. Il se montre plus circonspect à propos de Maurizio Merli qui parlait de lui à la troisième personne et qu'il qualifie "d'amusant" et de personne qui planait un peu, avec une confiance extrême en lui-même et en son talent. Quant au réalisateur, il le décrit comme étant constamment en colère, en train de crier, mais aussi comme quelqu'un qui travaillait très durement. D'origine italienne, John Saxon rappelle que son premier film dans ce pays fut "La Fille qui en savait trop" de Mario Bava (suite logique de "Confidences sur l'oreiller"). La petit cerise sur le gâteau niveau anecdote est que l'équipe du film, qui devait ensuite tourner en Russie, angoissait à l'idée de ce qu'elle allait bien pouvoir manger là-bas !
En tout cas, il s'agit d'une interview rendue très vivante par l'acteur qui semble avoir gardé de nombreux souvenirs de ses tournages et des gens avec lesquels il a travaillé. L'acteur parle de son admiration pour Elio Petri, Fellini ou Antonioni mais renvoie dans ses cordes Bertolluci pour qui il devait jouer mais qui, dès que ce dernier apprit qu'il était italo-américain, le traita de paysan et John Saxon ne le revit plus jamais.




Franco Micalizzi n'est pas seulement un compositeur prolifique, c'est aussi une vraie pipelette, ce dont on ne se plaint pas, celui-ci nous lourde trente-cinq minutes de mots qui slament. Évidemment, à lui poser des questions sur la provenance de sa passion pour la musique, il n'est pas étonnant que dans Conversation avec Franco Micalizzi, ce dernier nous débite sa vie depuis le berceau, âge tendre où, pendant qu'il faisait son rot et gros popo, sa mère chantait sans cesse de vieux tubes italiens. Comment s'en souvient-il ? Si on vous le demande, pensez tout bas que le sieur Micalizzi est un poil mytho, a fortiori lorsqu'il évoque à ce propos "sa première modulation sonore entendue".
Quoi qu'il en soit et fi de mes narquoises considérations, il s'agit d'un bonus extrêmement généreux (et passionnant au niveau de l'évolution technique transalpine). Une belle occasion de découvrir la carrière et la sensibilité de cet artiste talentueux. Et lorsqu'un artiste talentueux en croise d'autres, ça façonne forcément les souvenirs et scelle les anecdotes (et autres petits cancans dont nous sommes tous très friands). Inutile de trop en dire et mieux vaut laisser la plus grande part de découverte aux (futurs) acquéreurs de l'objet ici fortement conseillé. (Spoiler : c'est la guitare qui a le plus tôt démangé notre heureux homme - fin de spoiler).




Enfin, passons au bonus au titre aussi long que celui d'un film de Damianio Damiani, c'est-à-dire au documentaire Mike Malloy on The Cynic... (and yes) the Rat and the Fist (notez qu'étant payé au mot, seul notre fantomatique grand timonier tirera la tronche devant l'addition). On a posé Mike Malloy (auteur en 2012 du documentaire "Eurocrime! The Italian Cop and Gangster Films That Ruled the '70s") dans une petite pièce toute faite de lattes en bois, avec deux posters encadrés, façon torture porn à venir. Mike prend un air pénétré avant d'effectuer un vif mouvement de tabouret rotatif circulaire assidument répété, cadré alors en gros plan avec derrière lui un moustachu pourvu d'un gros gun en train de tirer son coup. Mike, passé maître es rotation sur tabouret, amorce un autre mouvement vif pour faire un doigt à un John Saxon qui tire un peu la gueule.
L'érudition en la matière du sieur Mike Malloy n'est pas à remettre en cause, il tient de l'évidence que le sujet le passionne autant qu'il le maîtrise (placements de produits compris !). Toutefois, on y trouvera de nombreuses redites, des choses déjà entendues dans les bonus précédents par des témoins directement concernés. Quant à la mise en scène se voulant très dynamique de ces onze minutes d'analyse du film et de sa production, c'est à l'appréciation de chacun. À noter qu'une sorte de rat-technicien vient s'incruster en fin de doc pour remplacer la photo de Maurizio Merli par celle de Saint Tomas (selon lui "The rat" du titre anglophone : The Cynic, the Rat and the Fist) avant de se faire tomber sur le râble par Mike "The Fist".




Concluons en mentionnant la présence en bonus rab de la bande-annonce originale ainsi qu'en remettant une petite couche de verni : Le cynique, l'infâme, le violent méritait une belle édition en France. Un rêve vigilant(e) devenu réalité grâce à un travail complet, peaufiné, effectué par The Ecstasy of Films. Une collection "Eurocrime" qui, soit dit en passant de façon cynique, mériterait une toute autre audience que celle, infâme, qui lui est pour le moment réservée. À bon(s) entendeur(s), sachez qu'il encore disponible et qu'il vous est fortement conseillé. À titre purement incitatif, sachez aussi que ce beau polar comblera tout à la fois les légalistes, les féministes, les golfeurs et les amateurs de nourriture pour chiens.


Note : 11/10 (Aucun doute, c'est bien un film de truands)


En rapport avec le combo :


# La critique du film


# Petit comparatif entre le dvd de The Ecstasy of Films et celui de Film Art :
À noter que la copie blu-ray est encore meilleure mais que je ne possède pas de lecteur pc pour vous en donner un aperçu. (Un appel à dons est prévu).
Quant à la différence entre les deux éditions, elle se joue d'une part au niveau colorimétrie, Film Art a fait le choix de couleurs plus vives, avec plus de luminosité, peut-être trop ; d'autre part, au niveau de la netteté, l'édition de The Ecstasy of Films propose une meilleure définition (regardez les rides des acteurs pour mieux apprécier la jeunesse d'antan de la bobine).



The Ecstasy of Films


Film Art



The Ecstasy of Films


Film Art



The Ecstasy of Films


Film Art



The Ecstasy of Films


Film Art



The Ecstasy of Films


Film Art



The Ecstasy of Films


Film Art


# D'autres captures pour les mirettes :




















P.S. : Merci à Flintos pour ses captures de l'édition Film Art !
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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 9:52 am    Sujet du message: Répondre en citant



Ah oui ! Quand ça commence comme ça on sait qu'on est pas rendu !

Sinon le bonus de Mike Malloy a l'air bien marrant et original (ça change un peu...) Il faudrait juste peut-être préciser qui est Mike Malloy ?

Superbe boulot en tout cas Gillox !

Pour le comparatif, je trouve que Film Art a trop forcé sur la luminosité et la saturation : les couleurs sont plus vives mais on perd du contraste et des détails...
J'imagine qu'il y a des scènes en extérieur qui sont surexposées (sauf s'ils ont retouché scène par scène).
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mallox
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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 10:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ok. Pour le comparatif, voilà ce que j'ai mis :

Citation:
Quant à la différence entre les deux éditions, elle se joue d'une part au niveau colorimétrie, Film Art a fait le choix de couleurs plus vives, avec plus de luminosité, peut-être trop, d'autre part au niveau de la netteté, l'édition de The Ecstasy of Films propose une meilleure définition (regardez les rides des acteurs pour mieux apprécier la jeunesse d'antan de la bobine).


Et je viens de rajouter cette précision entre parenthèses concernant Mike Mallox : ("auteur en 2012 du documentaire "Eurocrime! The Italian Cop and Gangster Films That Ruled the '70s")
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flint
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MessagePosté le: Mar Juil 11, 2017 9:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Beau boulot ! enaccord8

Et belle édition effectivement.


A part le bonus de Mike Malloy, ce gars est tout simplement insupportable. new_diable
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mallox
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MessagePosté le: Mar Juil 11, 2017 10:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
A part le bonus de Mike Malloy, ce gars est tout simplement insupportable. new_diable


Ah, ça me rassure, je ne suis pas le seul allergique ! Et puis pourquoi choisir un rat quand on peut faire intervenir un lapin ?!
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