mallox Super héros Toxic
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Posté le: Ven Mar 16, 2007 10:53 am Sujet du message: [M] [Critique] Folie meurtrière |
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Titre : Folie meurtrière (Mio Caro Assassino)
Réalisateur : Tonino Valerii
Pays : Italie
Année : 1971
Genre : Giallo
Musique : Ennio Morricone
Scénario : Franco Bucceri
Photographie : Manuel Rojas
Acteurs : George Hilton, Marilù Tolo, William Berger, Salvo Randone, Patty Shepard, Helga Liné, Piero Lulli
Après qu’un expert en assurances soit retrouvé mort décapité dans une carrière par une pelleteuse, l'inspecteur Perreti mis sur l'affaire arrive sur les lieux du crime puis part à la recherche du conducteur de l'engin, le retrouvant alors pendu dans un pseudo suicide.
Celui repère une petite maison alentour où vit un vieux ferrailleur et sa femme qui semblent vivre reclus. Les interrogeant alors, ceux-ci évoquent une affaire ayant eu lieu dans les mêmes parages quelques années avant. Une affaire qui fit parler d’elle en son temps, l’assassin n’ayant jamais été identifié, et que la presse d’alors avait titrée « l'affaire Moroni ».
L’inspecteur se retrouve alors dans une double enquête. Stefania Moroni, alors âgée de 4 ans, après avoir été kidnappée avait été retrouvée morte en compagnie de son père venu payer la rançon. Reprenant l'enquête à zéro, Peretti va vite s’apercevoir d’étranges liens entre la présente décapitation et ladite affaire Moroni..
Voici un Giallo qui peut facilement décevoir et pourtant…
Bien sur les morceaux de bravoure, à savoir les mises à mort y sont peu nombreuses, ce qui le démarque de bien d’autres Gialli au sein desquelles le quota se doit d’être respecté afin d’appartenir en toute légitimité au genre et à ses codes bien spécifiques, et de côté-là, le spectateur sera en reste, malgré une scène d’anthologie qui a fortement contribué la renommée voire une certaine reconnaissance, à savoir la fameuse scène de la scie circulaire.
On sera même tenté à la première vision, de le rapprocher du médiocre « Tueur à l’Orchidée », tourné l’année suivante par un Umberto Lenzi peu inspiré, de par le meurtre à la perceuse électrique, du reste assez mal filmé, et de par la rareté des meurtres.
Cependant si le film de Lenzi ne recelait pas grand-chose d’autre ni dans son discours, ni dans sa forme, ce n’est vraiment pas le cas du film de Tonino Valerii, bien trop uniquement connu pour son très populaire et discutable « Mon nom est personne », tandis que « Le dernier jour de la colère » ou « Texas » lui sont bien supérieurs, mais bon, c’est une autre histoire… et si le dit meurtre cylindrique reste un gros moment de cinéma gore giallesque, les autres assassinats en même temps d’être rares, après une bonne et intrigante ouverture où un expert en assurances se fait décapité à la pelleteuse dans une carrière isolée, ce qui fera intelligemment rebondir l’intrigue ailleurs, c’est ici à une histoire policière beaucoup plus classique à laquelle nous avons droit, en même temps qu’une dissection d’une fange de la bourgeoisie si chère à un cinéma Transalpin des années 70 au sein desquelles une grande partie des cinéastes, après avoir subit le fascisme Mussolinien, adhérait au parti communiste, et si contrairement à ce que déclarait Ettore Scola lors d’une interview à l’amorce des années 80 où cette adhésion commençait à s’étioler franchement pour ne plus exister que par des cinéastes comme l’enragé engagé Nanni Moretti, « Nous étions tous Communistes dans les années 60 et 70 » , il est vrai qu’ils étaient nombreux au bataillon. De Fellini à Bertolucci, de Bolognini à Sollima, de Risi à Commencini, bref la liste est effectivement longue et Tonino Valerii, bien que ses films soient moins ouvertement politisés que ceux d’un Sollima par exemple pour rester dans la catégorie des artisans solides et talentueux, faisait partie de cette fange là.
Et si sa mise en scène manquera pour beaucoup de trait ou de caractère inhérent au genre, son intérêt réside surtout dans son étude de mœurs très tendancieuse d’une famille bourgeoise hantée par un drame ancien et c’est dans une histoire tordue à souhait que ce dernier nous invite. En effet, l’entame du film va entraîner l'inspecteur Luca Peretti (Georges Hilton/ « Le temps du massacre »/ »L’étrange vice de Mrs Wardh ») à remonter dans le temps le renvoyant à un abominable assassinat non résolu d’une fillette de 4 ans et de son père quelques année auparavant, et s’immisçant alors pour enquêter au sein de la dite famille bourgeoise des Morini, et c’est bien là que réside presque tout l’intérêt du film en même temps que la violence potentiellement accusatrice dont il regorge dans son fond.
Aucun membre de la dite famille ne sera épargné, et si les meurtres se succèdent ailleurs de façon elliptique, chaque personnage semble être double, cachant soit un lourd secret, soit une déviance, soit un meurtre, et même si les membres de la famille semblent rester humains, loin de la caricature grotesque à laquelle on pourrait s’attendre, il me semble évident que Valerii n’est là que pour mieux les piéger au final et mettre à jour leurs côtés obscurs.
Du reste, s’il y a une scène formidable au sein de ce « Mio Caro Assassino » (Littéralement : « Mon assassin chéri » - notons une fois de plus un titre français débile et sans saveur, et surtout sans résonance particulière aucune au sein du film au contraire du titre original) et qui pour ma part me restera longtemps en mémoire, c’est bien celle où Georges Hilton débarque sans y est être attendu chez le vieux sculpteur et qu’une fillette nue apparaît dans l’antre du salon, avec comme seule justification de l’artiste « c’est l’un de mes modèles ». Cette scène là, bien que très brève justifie à elle seule la vision du film, en même temps qu’elle lui donne tout son sens. Non seulement elle garde un arrière goût de malsain mais jamais Tonino Valerii ne s’alourdira dessus, nous laissant seuls avec nos interrogations, ce qui est à mon sens une d’une grande intelligence et finesse, car en plus de ne pas alourdir son propos, elle contribue d’une façon énorme à l’atmosphère glauque et riche en sous-entendus qui tient finalement tout le film.
Les autres « éléments » qui tiennent le film et le tirent définitivement vers le haut, c’est tout d’abord l’impeccable interprétation de George Hilton toute en sobriété, qui sur intrigue très linéaire parvient à donner une sacrée épaisseur à son personnage tenace, qui s’il était joué par un acteur de moindre envergure, donnerait au final d’un giallo au cardiogramme un peu plat tant la mise en scène du réalisateur soit, manque malgré son savoir faire et sa belle efficacité dans les moment cruciaux, d’un brin de relief, soit s’efface intelligemment au profit d’une sorte de Maigret chez les cochons. Ailleurs, on soulignera une fois de plus la très bonne partition, sans être toutefois sa meilleure, de Morricone, qui souligne parfaitement les distorsions des personnages mis en jeu, ainsi qu’un scénario de Franco Bucceri (« Un homme à respecter » de Michele Lupo), qui pour une fois se tient de bout en bout, malgré à mon goût, un final, un peu trop « Agatha Christien » et un renvoie direct à son « Miroir se brisa », légèrement agaçant pour ma part. La photographie due la Manuel Rojas (« La cloche de l’enfer ») n’est également pas mal du tout.
Bref, un presque Thriller d’investigation des plus basiques mais un giallo fort intéressant à bien des égards.
Note : 7,5/10
Accroche : Et le miroir se brisa.
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Dernière édition par mallox le Sam Fév 07, 2009 8:36 am; édité 5 fois |
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