flint Super héros Toxic
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Posté le: Mer Nov 14, 2007 4:30 pm Sujet du message: [M] [Critique] L'Adorable Corps de Deborah |
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L’Adorable Corps de Deborah - 1969
(Il dolce corpo di Deborah)
Origine : Italie
Genre : giallo
Réalisé par Romolo Guerrieri
Avec Carroll Baker, Jean Sorel, Luigi Pistilli, Ida Galli (sous son pseudonyme Evelyn Stewart), George Hilton
Autres titres : Mort à l’Ecoute/A Corps Perdu/The Body
sortie France : février 1969
Après avoir quitté la Suisse pendant deux ans, Marcel revient au pays en compagnie de Deborah, une charmante jeune femme qu’il a rencontré lors de son séjour aux Etats-Unis. Ils viennent de se marier et ont décidé de vivre en Europe. Deborah et Marcel constituent le couple oisif typique, et aisé, car les parents de Deborah sont apparemment fortunés.
Au cours d’une soirée dans un night-club de Genève, Marcel reconnaît son ancien ami Philippe. Mais ce dernier feint de ne pas le voir et s’éclipse. Les jeunes mariés le suivent et le retrouvent dans une rue. Philippe traite alors Marcel d’assassin, lui reprochant d’être responsable de la mort de Suzanne. Suzanne Boileau était la fiancée de Marcel avant qu’il ne parte aux Etats-Unis. Une liaison brève mais passionnelle qui aura donc connu une fin tragique, la jeune femme s’étant suicidée voici un an.
Profondément affecté par cette nouvelle, Marcel décide de se rendre le lendemain dans la propriété des parents de Suzanne. Deborah l’accompagne. Mais la maison est abandonnée, plus personne n’y vit. Pourtant, Deborah trouve une cigarette encore chaude dans un cendrier. Puis, le son d’un piano jouant un air mélancolique se fait entendre. Et, finalement, c’est le téléphone qui se met à sonner. A l’autre bout du fil, une voix mystérieuse annonce que Deborah mourra afin de venger le décès de Suzanne.
Après avoir trouvé un journal relatant la mort de Suzanne, Marcel ramène Deborah en ville. Il la laisse seule pour retourner à la villa. Quant il revient à Genève, il surprend Deborah en compagnie de Philippe, discutant dans un café. Mais Marcel reste en retrait, et décide de ne pas intervenir.
Finalement, sentant qu’un danger plane au-dessus de leurs têtes, les deux époux décident de quitter Genève pour s’installer à Nice. Ils trouvent une villa luxueuse sur les hauteurs de la ville et s’y installent. Le bonheur et la tranquillité semblent être revenus, les soucis oubliés. Mais voilà qu’un voisin ne tarde pas à se montrer envahissant et bizarre. Un certain Robert Cimak, artiste peintre, et qui semble épier les moindres faits et gestes du couple, jusqu’à fréquenter les mêmes boîtes de nuit. Qui est-il en réalité ?
1968 est une période charnière dans l’histoire du giallo. Mario Bava a déjà posé les bases du genre, mais Dario Argento n’est pas encore sur le devant de la scène. Cependant, certains scénaristes talentueux commencent déjà à élaborer des histoires complexes, tortueuses, à base de machinations ; et s’inspirant forcément de leurs illustres prédécesseurs, tels Hitchcock et Clouzot. Ces hommes, Luciano Martino et Ernesto Gastaldi, ne sont pas des inconnus dans le cinéma ; d’ailleurs Gastaldi s’est déjà essayé à la mise en scène trois ans auparavant avec « Libido ». C’est Romolo Guerrieri qui se retrouve derrière la caméra. L’homme est notamment responsable d’un western avec Mark Damon et Rosalba Neri : « Johnny Yuma ». Et, durant les années 1970, il sera l’auteur de films comme « Un Détective », « La Controfigura » et « Jeunes, Désespérés, Violents ».
« L’Adorable Corps de Deborah » réunit un casting prestigieux, notamment un quintet d’acteurs qui marqueront par la suite l’histoire du giallo de leur empreinte : Carroll Baker (avec Umberto Lenzi), Jean Sorel (avec Lucio Fulci), George Hilton (avec Sergio Martino), Luigi Pistilli et Ida Galli. Le film, s’il est loin d’être parfait, aura eu au moins le mérite d’être le déclencheur de cette nouvelle vague de thrillers qui allaient se répandre en Italie. Le premier à emboiter le pas sera Umberto Lenzi (ami de Guerrieri), avec « Orgasmo », allant jusqu’à « récupérer » Carroll Baker, qui par chance se trouvait à Rome à cette époque, alors que le rôle principal avait d’abord été confié à Eleanor Parker. De même, Lucio Fulci se mettra lui aussi au giallo/machination avec « Una Sull’Altra », d’ailleurs rebaptisé « La Machination » en France.
Si « L’Adorable Corps de Deborah » possède une aura de film précurseur, réunissant de bons acteurs, et bénéficiant d'une excellente partition musicale de Nora Orlandi, le film n’est malheureusement pas exempt de tous défauts. Le principal étant son rythme, assez plat, puisque finalement l’action est réduite durant la première heure. Pas de crimes, pas d’assassin, mais uniquement des suspects, qui fort heureusement ne sont jamais les mêmes. On devine l’existence d’un complot, une histoire d’argent, mais Guerrieri prend un peu trop son temps dans l’élaboration de la trame, se traduisant par des interludes touristiques, des pauses café (boîte de nuit en fait) qui mettent plus en valeur les incroyables tenues de Carroll Baker (la garde robe de Jean Sorel n’est pas mal, non plus) que l’intrigue proprement dite. Pendant ce temps là, Sorel reste comme à son accoutumée d’une parfaite sobriété. Et le vent de folie espéré de la part d’un Pistilli ou d’un Hilton ne vient qu’en de rares occasions, les deux acteurs étant hélas sous-employés. Guerrieri insiste sur le moteur psychologique, usant parfois de grosses ficelles, comme cet air lancinant revenant sans cesse par le biais d’un piano ou d’un tourne-disque, avec habileté, certes, mais au détriment de l’action. Le film prend véritablement son envol dans les vingt dernières minutes, enchaînant les coups de théâtre avec un savoir-faire indéniable, et une imagination qui se moque de toute crédibilité. Certes, l’ensemble est tarabiscoté, mais les divers rebondissements permettent d’en donner enfin au spectateur pour son argent. Une fin plus spectaculaire que réaliste, cela dit. Bref, avec un scénario qui pousse le bouchon un peu trop loin, et une réalisation qui a tendance, au contraire, à garder le frein à main, « L’Adorable Corps de Deborah » est un film sympathique mais qui sera vite dépassé par bon nombre d’œuvres qui se seront inspirées de lui. En cela, le film de Romolo Guerrieri peut être considéré comme le « brouillon » idéal pour les metteurs en scène qui vont par la suite s’engouffrer en grand nombre dans la voie du giallo.
note : 6,5/10
accroche : l’incroyable pull jaune de Marcel
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