Sursis pour un vivant/Pensione Edelweiss

[flint]

Sursis pour un vivant – 1958
(Pensione Edelweiss)

Origine : France/Italie
Genre : polar/comédie dramatique

Réalisé par Victor Merenda
Avec Henri Vidal, Lino Ventura, Dawn Addams, Howard Vernon


Après un accident de voiture consécutif à une tentative de suicide (selon la rumeur), l’écrivain Jean Monnier se retrouve à l’hôpital. Il reçoit la visite d’un étrange personnage, un certain Thanatos, qui lui propose de l’aider à mourir. En échange de sa fortune, Monnier signe un contrat, non pas un pacte avec le diable, mais une assurance-mort. Il se rend dans un chalet perdu au cœur des Alpes, la pension Edelweiss, dirigée par Borcher, propriétaire des lieux et exécuteur en chef. L’écrivain n’est pas le seul pensionnaire, il fait ainsi la connaissance de six autres prétendants au « suicide » : un peintre, un ténor, une romancière, une danseuse de cabaret, un ex-général allemand de la Wehrmacht, ainsi qu’une femme belle et mystérieuse dont il va évidemment tomber amoureux.
Borcher, qui ne se sépare jamais de son fusil de chasse, a pour habitude d’annoncer la mort prochaine de l’un de ses clients en jouant un air au piano qu’il a baptisé cyniquement « Promesse ». Monnier ne prend pas la situation au sérieux. Mais pourtant, les pensionnaires commencent à disparaître les uns après les autres…

« Sursis pour un vivant » a été réalisé en 1958 par Victor Merenda, dont c’était là le premier film (deux autres seulement suivront). Co-production franco-italienne, le film est adapté d’un roman d’André Maurois : « Thanatos Palace Hôtel ». L’adaptation et les dialogues sont dus à Frédéric Dard. Le héros de l’histoire, l’écrivain Monnier, est interprété par un jeune premier de l’époque, Henri Vidal, qui était alors le mari de Michèle Morgan, et qui mourra l’année suivante d’une crise cardiaque, âgé tout juste de quarante ans. Le « méchant » Borcher est campé par Lino Ventura, tout en sobriété, contrairement à Vidal dont le jeu un peu trop exubérant donne parfois l’impression d’assister plus à une comédie de théâtre de boulevard qu’à un film de suspense. Le premier rôle féminin est tenu par Dawn Addams, qui sera peu de temps après la vedette du « Diabolique Docteur Mabuse » de Fritz Lang. Enfin, qui d’autre qu’Howard Vernon pouvait endosser l’uniforme d’un officier allemand ? Que dire de Vernon, sinon qu’il est égal à lui-même. D’autres noms familiers aux fans de cinéma-bis figurent d’ailleurs au générique de « Sursis pour un vivant », puisque la musique est signée Daniel White, indissociable de l’œuvre de Jess Franco ; et que le producteur n’est autre que Marius Lesoeur (cela dit, « Sursis pour un vivant » n’est pas une production Eurociné).

Doté d’une intrigue originale, le film, qui se déroule presque entièrement en huis-clos, et dans un contexte où les protagonistes, prisonniers d’une nature hostile, n’ont aucun moyen de s’échapper (ou presque), avait tout pour aboutir à un thriller de haute volée. Le résultat n’est qu’à moitié satisfaisant. La faute essentiellement à une mise en scène académique, manquant de relief, où Merenda (comme Henri Vidal) joue plus la carte de la pièce de théâtre que du polar. La plupart des seconds rôles manquent aussi d’envergure, finissant par annihiler l’atmosphère inquiétante, presque fantastique, du cadre. De ce fait, le dénouement final, pourtant excellent, est quasiment anticipé par le spectateur. Le film n’en reste pas moins à (re)découvrir, ne serait-ce que par curiosité. Et puis, cette petite déception, au final, donne au moins envie de se plonger dans le livre de Maurois.