[M] [Critique] Watch Me When I Kill

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Avr 19, 2009 7:30 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Watch Me When I Kill Répondre en citant



Watch Me When I Kill – 1977
(Il gatto dagli occhi di giada)

Origine : Italie
Genre : giallo

Réalisé par Antonio Bido
Avec Corrado Pani, Paola Tedesco, Franco Citti, Fernando Cerulli, Giuseppe Addobbati

Autres titres : The Cat with the Jade Eyes/The Cat’s Victims



Mara (Paola Tedesco) est une artiste de cabaret. Un soir, tandis qu’elle est dans un taxi, elle demande à s’arrêter devant une pharmacie pour s’acheter de l’aspirine. La porte semble ouverte, mais une personne tapie dans l’ombre l’empêche de rentrer, prétextant que la boutique est au contraire fermée. La jeune femme ne le sait pas encore, mais elle vient de croiser un assassin, celui de Biagio Dezzan, le pharmacien gisant encore dans son échoppe. Du coup, devenue témoin involontaire d’un meurtre, Mara ne va pas tarder à constater, dès lors qu’un inconnu tente de pénétrer dans son appartement, qu’elle court un sérieux danger. Mis au courant de la situation, son ami Lukas (Corrado Pani), ingénieur du son, va se transformer en détective privé pour mener sa propre enquête, parallèlement à celle d’une police étrangement absente. Peu de temps après, le cadavre d’une femme est retrouvé dans sa demeure, le visage horriblement brûlé. Elle s’appelait Esmeralda Messori. Au cours de ses investigations, Lukas se rend compte qu’un point commun relie les deux victimes : elles furent voici quinze ans désignées comme jurés, lors d’un procès où un certain Pasquale Ferrante (Franco Citti) fut condamné pour meurtre. Or, ce même Ferrante s’est évadé voici environ deux mois…



Rien ne prédestinait Antonio Bido à se faire un nom dans le cinéma de genre, et particulièrement le giallo. Le cinéaste reconnaît honnêtement qu’à l’époque il ne connaissait pas du tout ce genre cinématographique. Et puis, l’occasion s’est présentée, et il a donc commencé un script qui s’appelait à l’origine « Commissione omicidio » (qu’on pourrait traduire par « Meurtre sur ordre »). L’intrigue du film que Bido devait donc réaliser n’a pas eu pour effet de satisfaire complètement les différents producteurs. Bien que le giallo était alors en phase de déclin, la production pensait qu’il y avait un coup à jouer si l’on reprenait les ingrédients qui avaient fait le succès des films de Dario Argento. Le réalisateur dut modifier son script, en y intégrant des passages ressemblant au style de son illustre prédécesseur. Du même coup, le titre du film changea pour sonner comme l’une des œuvres de la trilogie animalière du maestro : « Commisione omicidio » devînt ainsi « Il gatto dagli occhi di giada » (« Le chat aux yeux de jade »). Pour parachever le tout, la bande originale, confiée à un groupe inconnu (et qui le restera), Trans Europa Express, était censée évoquer « Les Frissons de l’angoisse » ou encore « Suspiria », à grands coups de guitare acoustique, de basse au son très lourd et de voix sépulcrales. Sous entendu, la partition devait faire penser aux Goblin, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Trans Europa Express exécuta cette tâche avec brio.



Partant sur de telles bases, on pourrait légitimement douter de l’authenticité du style d’Antonio Bido dans ce qui était donc son premier film. Pourtant, le réalisateur a néanmoins réussi à imposer (partiellement, bien sûr) sa patte, notamment dans la seconde partie à Padoue, chose qui lui tenait particulièrement à cœur dans la mesure où il y avait fait ses études. En visionnant « Watch me when I kill » (titre d’exploitation aux Etats-Unis), on remarque assez vite qu’Antonio Bido ne s’intéresse pas à deux des aspects spectaculaires du giallo : l’érotisme et la mort graphique. Certes, la violence est bel et bien présente, et les cadavres s’accumulent tout au long du film ; mais si l’on excepte le meurtre d’une femme dont la tête est coincée dans un four (anticipant le « Rosso sangue » de Joe D’Amato), les morts ne provoquent pas la peur ni le dégoût. On a même droit à un meurtre presque « beau » dans sa structure, celui d’un homme âgé au corps frêle étranglé dans sa baignoire par le cordon de la douche, un meurtre filmé sous plusieurs angles avec en fond musical le « Dies Irae » de Verdi. De vengeance il en est d’ailleurs question dans ce film, et jamais, je dois dire, je n’ai trouvé de motivation aussi logique, autant justifiée pour un tueur dans un giallo. Les arguments du coupable sont pour une fois totalement défendables, et l’on n’a pas affaire à un trauma d’enfance bidon, ni à une sombre machination tirée par les cheveux. Et c’est vrai que cela fait plaisir. Par conséquent, la qualité de l’histoire parvient à contrebalancer le relatif abandon des codes habituels du genre.



Et si le spectateur peut être en droit de se sentir léser sur la « marchandise » par certains aspects, il ne pourra qu’approuver le savoir-faire de Bido pour ce qui est du script, et de son dénouement qui n’exclue ni la surprise, ni l’émotion, et qui nous ferait même verser quelques larmes.
« Watch me when I kill » est scindé en deux parties relativement égales : l’une se déroulant à Rome, l’autre à Padoue. Indubitablement, cette seconde partie est la plus aboutie. Elle comporte les meilleures scènes, celle du meurtre dans la baignoire évoqué plus haut, mais aussi celle où Lukas, parvenant au terme de son enquête, échappe de peu à un accident fatal dans une maison abandonnée. D’une manière générale, l’atmosphère de Padoue paraît presque irréelle, avec ses rues désertes, à l’exception de quelques personnages forts étranges. Cette ambiance mystérieuse parvient à nous rendre mal à l’aise, et l’on pense parfois au climat tout aussi pesant qui règne dans « La Maison aux fenêtres qui rient ». Antonio Bido admire Pupi Avati, et cela se sent, notamment lorsque Lukas pénètre dans une maison où une cantatrice donne un récital devant un parterre de grands-mères profondément endormies. Dans cette demeure hors-du-temps, cachant un terrible drame s’étant déroulé pendant la seconde guerre mondiale, le héros n’est plus très loin de la vérité.



Ce héros, Corrado Pani, ne devait pas jouer dans le film, à l’origine, puisqu’Antonio Bido avait choisi Philippe Leroy. Mais il était dit que la production aurait systématiquement le dernier mot. On aurait pu préférer Leroy, sans aucun doute, Pani se montrant un peu trop désinvolte, affrontant le danger avec une décontraction frisant parfois l’insolence. C’est pourtant un bon acteur, qui joua notamment dans « Rocco et ses frères », mais aussi dans « Secrets of a Call-girl », aux côtés d’Edwige Fenech, ainsi que dans « Le parfum du Diable », de Sergio Martino. Paola Tedesco a aussi tourné sous la caméra de Martino, dans un polar inédit en France : « La polizia accusa : il servizio segreto uccide ». Dans un genre tout à fait différent, on a pu la voir également dans « Les amazones font l’amour et la guerre ».
Les cinéphiles fans de Pasolini reconnaîtront Franco Citti (« Œdipe roi », « Le Decameron », « Les mille et une nuits »), dans un second rôle. Autres seconds rôles d’importance : Fernando Cerulli (« La clinique sanglante », « Byleth », « Death smiled at Murder ») et Giuseppe Addobbati (« Les amants d’outre-tombe », « Le temps du massacre », « Portier de nuit ») traversent le film avec une grande classe. N’oublions pas également Paolo Malco, vu notamment dans « La maison près du cimetière » et « L’éventreur de New-York », mais aussi dans « Sinful Nuns of St-Valentine ».
Un dernier mot à propos d’Antonio Bido, il récidivera l’année suivante avec un second thriller aux accents « argentesques » : « Solamente nero » (« Terreur sur la Lagune »). Dans ce giallo, l’ombre d’Argento sera encore plus manifeste, et même le talentueux Stelvio Cipriani ira jusqu’à copier les Goblin, à son tour. Bien que plus spectaculaire, « Solamente nero » s’avère finalement moins réussi que « Il gatto dagli occhi di giada ».

Note : 7,5/10
Accroche : un chat, mais pas un copycat








Plusieurs fois, durant le film, lors de scènes où le tueur s'apprête à frapper, on aperçoit furtivement, presque de manière subliminale, les yeux d'une créature que l'on pourrait penser être un chat :



Il s'agit en fait des yeux d'un chat en peluche, qui a son importance puisqu'on peut l'apercevoir, notamment ici :



Le jouet n'est pas seulement à côté de la photographie, mais se trouve également à l'intérieur de celle-ci. Un indice de taille disséminé par Antonio Bido, qui s'offre un cameo dans le film, en tant que directeur de cabaret :



Dernière édition par flint le Jeu Mai 21, 2009 4:03 pm; édité 2 fois
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MessagePosté le: Dim Avr 19, 2009 7:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8



D'autres affiches et plusieurs photos de tournage sur ce site :
http://www.antoniobido.it/il_gatto.htm

new_lang
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flint
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MessagePosté le: Dim Avr 19, 2009 8:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai qu'il a un site officiel, Antonio Bido. Sur le DVD de "Shameless", il donne une interview vraiment intéressante. En plus de livrer pas mal d'anecdotes, Bido apparaît comme un type très sympa, qui n'a pas la grosse tête.
Dommage que "Watch me when I kill" soit resté inédit chez nous. Ce serait un peu réducteur de considérer le film uniquement comme un calque d'un Argento.
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RuggeroPark
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MessagePosté le: Ven Mai 08, 2009 1:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ça donne très envie...
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MessagePosté le: Mer Juin 10, 2009 3:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est marrant que tu cites Argento notamment pour la musique ainsi que son film suivant car pour ma part j'ai trouvé que le début avec la pharmacienne était un joyeux croisement de "L'oiseau au plumage de cristal", "Le chat à neuf queue" et surtout, surtout, l'excellent et très sous-estimé (copie pourrie oblige sans doute) 4 mouches de velour gris.
Impression du reste renforcée peu après après avec l'arrivée dans le film de cet ingénieur du son qui m'a fait penser au batteur du film de Argento, à savoir Michael Brandon.
Alors, je n'ai pas vu "terreur sur la lagune", hélas, mais si Mister Bido louche incontestablement (production oblige à te lire) sur la Argento's Touch (ces yeux d'animaux qui reviennent de façon régulière comme pour légitimer son affiliation pour seul exemple), je trouve qu'il s'en tire pas mal du tout.
Le rythme s'accélère même d'un seul coup à mi-parcours et comme dit plus haut, la résolution de l'intrigue (autant que la façon - fluide - dont elle est menée) emporte le morceau (plutôt de choix donc).
Par contre Corrado Pani, c'est pas vraiment ça. Paola Tedesco passe pas mal, mais c'est l'excellent Franco Citti qui m'a fait la meilleure impression.
Sinon, c'est assez marrant, car Trans Europa Express est un album de Kraftwerk de 77 justement. Avec qui plus est des allusions à la musique classique dont un morceau qui s'appelle Franz Schubert. Il n'y aurait qu'un Giuseppe à franchir pour que la boucle musicale (le sample argentesque donc) soit complet ! Arf !
Un film intéressant à bien des égards et surtout plaisant sans trop démentir.

Approved by Ruggero !
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flint
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MessagePosté le: Mer Juin 10, 2009 4:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Je m'étais acheté le 45T à l'époque. Et "Franz Schubert" était en face B. Enfin, si "Trans Europa Express" s'est bien inspiré de "Goblin", on ne compte plus les groupes ou musicos de tous bords qui se sont inspirés de Kraftwerk !

Sinon, effectivement, Corrado Pani est trop dilettante, ce qui nuit à l'ambiance du film. Dommage... Le film n'en est pas moins intéressant, cependant, et mériterait une sortie française.
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mallox
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MessagePosté le: Sam Avr 24, 2010 7:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

Corrado Pani, il est très bien dans Interrabang. Du coup, comme je ne l'ai pas vu entre les deux films, là, je dois dire que je l'ai trouvé décevant, très désinvolte comme tu dis.
Sinon, je l'ai trouvé un peu longuet ce giallo, même si le soin apporté à l'histoire n'est pas négligeable. D'ailleurs, je ne me souviens déjà plus ce matin qui était l'assassin. Mais bon, j'en ai enquillé 3 d'affilée, celui-ci juste avant le Sollima... frank_PDT_16 icon_confused :timide:
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flint
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MessagePosté le: Sam Avr 24, 2010 11:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:

D'ailleurs, je ne me souviens déjà plus ce matin qui était l'assassin.


L'assassin, c'est toujours le majordome, dans un film !

Quant à "Interrabang", je ne devrais pas tarder à le voir...
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MessagePosté le: Sam Avr 24, 2010 12:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
L'assassin, c'est toujours le majordome, dans un film !


Ah non ! Ici c'est le Colonel Moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque ! (SPOILER) ico_mrgreen
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MessagePosté le: Dim Avr 25, 2010 12:04 pm    Sujet du message: hum... Répondre en citant

Bonne critique, Mister Flint !

Personnellement, je n'avais pas aimé jadis Solamente nero de Mister Bido.

Mon correspondant italien, en revanche, aime beaucoup ce chat aux yeux de jade qui semble avoir sa petite reconnaissance critique dans le landerneau crtique italien.
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