[M] [Critique] Duel au couteau

 
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flint
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MessagePosté le: Mar Juin 23, 2009 11:54 am    Sujet du message: [M] [Critique] Duel au couteau Répondre en citant



Duel au couteau

Titre original : I coltelli del vendicatore

Genre : Aventure

Année : 1966

Pays d’origine : Italie

Réalisateur : Mario Bava

Casting : Cameron Mitchell, Fausto Tozzi, Elissa Pichelli, Giacomo Rossi-Stuart, Luciano Pollentin, Amedeo Trilli

Aka : Knives of the Avenger/Raffica di coltelli/Bladestorm/Viking Massacre



Voici trois ans que le roi Arald (Giacomo Rossi-Stuart) a quitté son village menacé de famine. Avec quelques uns de ses hommes, il a pris la mer dans le but de ramener du blé. Plus tard, des rumeurs prétendent que son drakkar s’est échoué au bord des côtes bretonnes, et que l’équipage s’est noyé. Karin, l’épouse d’Arald, refuse de croire à sa mort, et un jour elle va consulter l’augure. La vieille femme l’avertit qu’elle et son fils Moki courent un grave danger, et que tous deux doivent quitter le village et partir se cacher le plus loin possible.
En effet, le cruel Aghen (Fausto Tozzi) revient dans le village où il fut autrefois banni par le Roi, le père d’Arald. Aghen est un être perfide et sanguinaire, qui s’est livré ces dernières années à des pillages et des tueries avec l’aide de ses hommes sans scrupules. Attiré par Karin, il est bien décidé à l’épouser de force et devenir le nouveau Roi. Mais ses projets vont être contrariés par l’arrivée d’un étranger dans les environs. Qui plus est, cet homme, Ator (Cameron Mitchell), est venu pour le tuer…



Cinq ans après « La ruée des Vikings », Mario Bava décide de tourner un nouveau film de vikings, et pour cela il parvient sans grand problème à rappeler Cameron Mitchell, son acteur fétiche, qui était pourtant reparti aux Etats-Unis. Ce dernier avait d’ailleurs également joué les vikings (arborant déjà une coiffure blonde d’un goût douteux) en cette année 1961, dans « Le dernier des Vikings », commencé par Giacomo Gentilomo, et achevé par… Mario Bava !
Le cinéaste italien avait sans aucun doute été impressionné par « Les Vikings », œuvre phare de Richard Fleischer, réalisée en 1958. Il rempile donc pour ce film d’aventures présentant quelques similitudes avec le western, ce qui explique pourquoi certains spécialistes estimèrent que « Duel au couteau » ressemblait aussi, en certains points, à « L’Homme des vallées perdues » (de George Stevens, avec Alan Ladd et Jack Palance). Et, tout comme le western (spaghetti, surtout) utilise les ressorts de la tragédie grecque, Mario Bava va également s’en inspirer pour puiser sa trame.

Un étranger à la recherche de l’homme qui tua sa femme et son enfant ; une femme qui fuit cet assassin voulant l’épouser, alors qu’elle espère toujours le retour de son mari, telle une Pénélope ; un Roi présumé mort revenant parmi les siens, et reconnaissant dans le sauveur de sa femme et de son fils celui qui tua autrefois son père… Pas de doute, on pourrait se croire plongé dans un roman d’Homère. A cela, le cinéaste intègre quelques éléments du far ouest, telle la taverne évoquant l’ambiance des saloons, ou encore le duel au couteau opposant Ator et Aghen dans ce même cadre. Enfin, la musique elle aussi prend à certains moments des accents de western. Cette partition musicale est due à Marcello Giombini. Moins connu que les Morricone, Nicolai, Cipriani, Ortolani et consorts, Giombini a pourtant une riche carrière de compositeur derrière lui, et il a œuvré dans tous les styles ou presque du cinéma de genre : westerns spaghetti (les deux « Sabata » avec Lee Van Cleef), gialli (« Knife of Ice », « The Flower with Petals of Steel »), films d’horreur (« La possédée », « Anthropophagous »), WIP (« Les évadées du camp d’amour » et sa fausse suite) ; et même des films érotiques (« Beast in Space », « La nuit fantastique des morts-vivants ») pour lesquels il utilise le pseudonyme de Pluto Kennedy.



On peut le dire : la bande originale de « Duel au couteau » est une réussite, tout comme l’est son casting et sa photographie. Le cinéaste sait cadrer ses décors et les exploiter au maximum, que ce soit en extérieur ou en studio. Il sait aussi diriger parfaitement ses acteurs, offrant un rôle superbe à Cameron Mitchell, pour qui le cinéma fut quasiment toute sa vie. Cameron Mitchell, en effet, laisse une filmographie échelonnée sur près de cinq décennies, allant de « Six femmes pour l’assassin » à « Baron Vampire » (celui de Mel Welles), en passant par « La foreuse sanglante » ou encore « Cataclysm ». Il a ici pour partenaires Fausto Tozzi (« La fureur d’un flic », « Les amazones ») et Giacomo Rossi- Stuart (« Caltiki, le monstre immortel », « Opération Peur », « L’appel de la chair »). Dans ce film d’hommes, Elissa Pichelli, dans le rôle de Karin, parvient à tirer son épingle du jeu, et se montre très convaincante. Il est à regretter que son talent et sa plastique de « valkyrie » se limitent à ce seul film.

En fait, le bât blesse uniquement sur un point, hélas important, celui de la réalisation. En gros, le film est composé de deux parties. La première installe chacun des protagonistes, et Mario Bava prend soin de les présenter suffisamment pour leur donner de la consistance et de la profondeur. En deux occasions, le metteur en scène utilise des flashbacks fort à propos. Les liens qui se tissent entre Ator, Karin et Moki sont bien rendus et créent une réelle empathie avec le spectateur. La part de mystère, essentiellement centrée sur les origines d’Ator (car, par ailleurs, on se doute qu’Arald n’est pas mort), est l’un des points forts de l’intrigue.
Mais, dès lors que le mystère est levé, que l’on connaît le passé et les motivations de l’étranger, et que l’on passe à la seconde partie (la vengeance), tout bascule. On est alors à peine à la moitié du film, et « Duel au couteau » va se limiter essentiellement à un affrontement en plusieurs temps entre Aghen et ses hommes d’un côté, Ator de l’autre.



Un duel entrecoupé par le retour attendu d’Arald, mais qui n’empêche pas cette seconde partie de traîner en longueurs, l’exemple le plus marquant étant le combat se transformant en jeu de cache-cache dans la taverne, impliquant les deux rivaux, beaucoup trop long, et manquant cruellement de rythme. Quant à la fin, elle est fidèle aux prédictions de l’augure, ôtant tout suspense. Reste à savoir quelle sera la destinée d’Ator, mais là encore l’emprunt au western se fera ressentir : le héros/étranger, arrivant seul au début du film, repart généralement seul à la fin de celui-ci. Malgré tout, si l’on peut regretter ce déséquilibre dans le scénario et la structure narrative, « Duel au couteau » n’en reste pas moins un bon film d’aventure, porté par un souffle épique malgré la restriction de son budget. Cela, une fois encore, grâce au savoir faire de Mario Bava.

Note : 7/10
Accroche : une lame pas tout à fait aiguisée




Fiche DVD



Duel au couteau – Carlotta Films

Région : Zone 2

Editeur : Carlotta Films
Pays : France

Sortie film : décembre 1966
Sortie dvd : juin 2009

Durée : 85 minutes
Image : 2.35 respecté – 16/9 compatible 4/3
Audio : mono

Langues : italien
Sous-titres : français (imposés)



Bonus :
- un western viking, entretien avec Jean-Pierre Dionnet (12 min 22 sec)
- bande-annonce (1 min 31 sec)

Commentaire : Le nouveau master restauré proposé par Carlotta est de toute beauté, à l’image du travail effectué sur les deux autres titres dédiés à la collection « Mario Bava ». « Duel au couteau », sorti dans les salles françaises fin 1966, restait depuis lors invisible dans notre pays, à l’exception de quelques sorties vidéo. Cette copie flambant neuve permet d’apprécier à sa juste valeur le travail de Mario Bava en tant que directeur de la photographie, autant dans les scènes d’extérieur et l’utilisation des grands espaces, que dans les scènes d’intérieur où l’on retrouve tout le savoir faire du cinéaste (la taverne, la grotte).
Au niveau des bonus, on ne s’attardera pas sur la bande-annonce anglo-saxonne, assez anecdotique, en noir et blanc et avec une voix-off. Par contre, le sympathique Jean-Pierre Dionnet répond présent une troisième fois pour nous parler de ce film rare et méconnu. Il revient sur le contexte de l’époque. En 1958, Richard Fleischer tourne « Les Vikings », avec Kirk Douglas et Tony Curtis. Jugé à juste titre comme un chef d’œuvre, ce classique du film d’aventures va inspirer bien des cinéastes, parmi lesquels les Italiens, et donc Mario Bava. Celui-ci réalise « La ruée des Vikings » en 1961, déjà avec Cameron Mitchell, avant de doubler la mise cinq ans plus tard avec « Duel au couteau ». Entre temps, Jack Cardiff aura filmé « Les drakkars », autre classique anglo-saxon du « film de vikings », en 1963.
Dionnet parle à juste titre de « western viking », de part sa structure narrative, certaines scènes comme le duel dans la taverne, notamment, mais aussi la musique de Marcello Giombini. Jamais avare d’anecdotes, Jean-Pierre Dionnet nous apprend que le film avait été commencé par Leopoldo Savona, qui jeta l’éponge au bout de quinze jours. Une fois n’est pas coutume, Mario Bava fut chargé de prendre le relais. Peu satisfait, il ne conserva qu’à peine 10% des rushes de son prédécesseur, réécrivant l’histoire avec l’aide de Piero Regnoli, pour boucler le film en moins d’une semaine.
Notre « cinéphile professionnel », admiratif comme beaucoup d’entre nous de l’œuvre de Mario Bava, estime que le cinéaste n’a jamais été conscient de son immense talent. En tout cas, s’il l’était, il ne l’a jamais montré, restant toujours humble. Une qualité rare de nos jours dans ce métier.

Note : 9/10



Dernière édition par flint le Mer Juin 24, 2009 7:33 am; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mar Juin 23, 2009 4:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_16 Bava signe une excellente bande dessinée d’aventure parsemée de moment de terreur et de sadisme qui caractérise le réalisateur, certaines scènes sont filmées comme si elle avait été extraite d’un film d’horreur. A ce titre le viol de Karen par Ator coiffé d’un heaume ou l’apparition soudaine d’Aghen (excellent) derrière une porte sont de grand moment filmé par un Bava en pleine possession de ces moyens, comme le montre également le lancer de trois couteau, le duel dans la taverne ou Ator et Aghen se cache dans la peine ombre etc… du grand art !
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mallox
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MessagePosté le: Mar Juin 23, 2009 9:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et bien pour ma part j'ai été conquis. Je n'ai pas trouvé que la seconde partie trainait en longueur, et la partie jeu de cache-cache dans la taverne renvoie dans sa lenteur à la pure tradition du western spaghetti (avec une prédominance tout de même pour des contrastes qui évoquent le gothique). Même si l'inspiration est américaine, "Shane" an premier lieu bien entendu, puisque toute la trame est reprise, avec la même quête d'adoption et d'éducation filiale. L'on pourrait s'amuser à remplacer Cameron Mitchell par Alan Ladd, Van Heflin par Giacomo Rossi-Stuart et le méchant "Haggen" Fausto Tozzi par le filiforme jack Palance de "Shane" que "Duel au couteau" ne serait vraiment qu'à un crottin de viking du film de Stevens.
La fin il est vrai, est tout de même expédiée et c'est bien dommage. Elle est loin d'avoir la puissance émotionnelle et dramatique des "Vikings" de Fleischer qui quant à lui reste inégalable même au niveau scénaristique.

Après la différence avec le film de George Stevens est surtout formelle.
A ce titre le techniscope est utilisé à merveille et ce western viking (plus qu'un film d'aventures donc) est visuellement somptueux en plus de regorger de trouvailles sans compter les quelques fulgurances sauvages ou horrifiques.
Il y a bien quelques raccords que j'ai trouvé hasardeux, dans la première partie notamment, ainsi que quelques poses outrées (Giacomo Rossi-Stuart ou Elissa Pichelli, leur gestuelle, leur façon parfois de se retourner brusquement surpris par un bruit ou une attaque) qui m'ont un peu gêné. Sinon j'ai pris pas mal de plaisir à cette histoire de vengeance tragico-greco-spaghetto-bd-aventuro bieno sympatico.
Le fait que ça n'a été tourné qu'en 5 ou 6 jours me laisse pantois ! frank_PDT_16
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MessagePosté le: Mer Juin 24, 2009 9:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis assez d'accord pour ce qui est de la seconde partie. J'y ai ressenti une sorte de relâchement dans ce qui est de la "densité" de la trame. Le souffle épique n'en faiblit pas trop, mais l'importance de certain des personnages secondaires (en particulier le fiston et la femme d'Arald), à mon goût, si. Reste donc Ator, qui, avec un Cameron Mitchell vraiment géant, possède une préstance assez imposante du début jusqu'à la fin.

Sinon je suis parfaitement d'accord avec The Omega Man pour ce qui est de la scène du viol de Karen, vraiment saisissante et très, arf, je sais pas, elle transpire une sorte de "tragédie", mais sous un côté assez "mythique" et "fantastique". Bon, je me suis compris. ico_mrgreen

Bref, un bon film d'aventure qui, maitrisé par Bava et sous des aspects très "BD", se trouve être très rafraîchissant.
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mallox
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MessagePosté le: Lun Nov 16, 2009 5:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En cherchant sur Bava, je suis tombé là dessus, alors je le mets d'autant qu'il y a d'autres titres français pas piqués des hannetons :


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MessagePosté le: Mar Nov 17, 2009 7:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

un film d'aventure vraiment sympa, c'est vite torché, et on n'a pas le temps de s'ennuyer - comme précisé plus haut c'est de la bd d'aventure filmée, du genre des bd des années avec couvertures avec mecs baraqués et jolies pépés
la pochette du dvd est vraiment canon
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MessagePosté le: Ven Avr 09, 2010 2:57 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Duel au couteau Répondre en citant

flint a écrit:
Un duel entrecoupé par le retour attendu d’Arald, mais qui n’empêche pas cette seconde partie de traîner en longueurs, l’exemple le plus marquant étant le combat se transformant en jeu de cache-cache dans la taverne, impliquant les deux rivaux, beaucoup trop long, et manquant cruellement de rythme.
Quant à la fin, elle est fidèle aux prédictions de l’augure, ôtant tout suspense.

Effectivement, je lui ai trouvé pas mal de longueurs à ce film, dans sa deuxième partie. Le combat cache-cache dans la taverne est vraiment trop long et d'autres scènes se traînent également (les déplacements par exemple).
J'ai trouvé aussi assez idiot cette prédiction de l'augure qui nous révèle dès le début du film quelle va être la fin pour elle et pour le félon Aghen... Du coup, l'enjeu est vidé de sa substance et perd énormément de sa force quand arrive certaines scènes qui devraient au contraire nous tenir en haleine.
La musique n'est pas bien terrible. Et certains acteurs sont un peu pâlots (comme ce Arald franchement falot).
Mais toute la première partie est vraiment bien faite, les relations qui se nouent entre Ator, la femme d'Arald et son fils Moki sont très réussies et mettent en place les éléments propices à une fin un peu tragique, à une impasse amoureuse.
Cameron Mitchell n'est pas mal du tout dans son rôle à plusieurs facettes et l'actrice elle-même n'est pas mal non plus (surtout plastiquement parlant).
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