[M] [Critique] Du sang dans la poussière

 
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flint
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MessagePosté le: Lun Sep 07, 2009 12:45 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Du sang dans la poussière Répondre en citant



Du sang dans la poussière

Titre original : The Spikes Gang

Genre : Western

Année : 1974

Pays d’origine : Etats-Unis

Réalisateur : Richard Fleischer

Casting : Lee Marvin, Gary Grimes, Ron Howard, Charles Martin Smith, Arthur Hunnicutt, Noah Beery Jr.



Ils s’appellent Will Young, Les Richter et Tod Mayhew, ont à peine dix-huit ans, et travaillent comme garçons de ferme dans le ranch du père de Will. Un jour, tandis qu’ils se rendent dans les bois avoisinants, ils découvrent le corps d’un homme ensanglanté. Cet homme, Harry Spikes, leur demande de l’aider, le cacher et le soigner. Après quelques hésitations, le trio planque le blessé, soigne ses blessures et lui apporte de la nourriture. Les jeunes fermiers apprennent que Spikes est un bandit de grand chemin, spécialisé dans le braquage de banques.
Une fois rétabli, Harry Spikes s’en va comme il était venu. S’il s’agissait pour lui d’une simple rencontre parmi tant d’autres, une péripétie dans sa vie tumultueuse, cet épisode va par contre complètement bouleverser la vie des trois garçons. A la suite d’une altercation avec son père, Will décide de quitter le foyer familial. Il est suivi par ses deux compagnons. Mais très vite, le trio réalise que la vie d’aventurier n’est pas une sinécure. Tenaillés par la faim, Will, Les et Tod envisagent de dévaliser une banque…



Richard Fleischer a fait rêver plusieurs générations de cinéphiles durant sa longue carrière, que ce soit à travers ses films d’aventures (« 20 000 Lieues sous les mers », « Les Vikings », Barabbas »), ses thrillers (« L’étrangleur de Boston », « 10 Rillington Place ») ou ses œuvres d’anticipation (« Le voyage fantastique », « Soleil vert »). Avant d’entamer une seconde partie de carrière plutôt décevante dès le milieu des années 70, il a réalisé ce western, « Du sang dans la poussière », bien moins connu que tous les films précités.
Sans être un chef d’œuvre, ni un incontournable du genre, « Du sang dans la poussière » est intéressant à plus d’un titre. Déjà, dans l’esprit, il se démarque des œuvres de spécialistes comme John Ford ou Sam Peckinpah. En effet, le film de Fleischer ne possède ni l’aspect épique du premier, ni le côté spectaculaire du second. « Du sang dans la poussière » est un film plus intimiste, doublé d’une étude de caractères, un western qui démystifie le personnage du hors-la-loi, porté aux pinacles par la jeune génération représentée par nos trois héros.



D’ailleurs, le terme « héros » paraît tout autant galvaudé, puisque de ce trio, seul le personnage de Will paraît le mieux armé pour affronter les épreuves qui ne manqueront pas.
Dans la forme, Richard Fleischer parvient à surprendre le spectateur, non seulement en variant le rythme de l’intrigue, mais en changeant constamment le ton de cette dernière. Ainsi passe-t-on du drame à la comédie, avant de basculer ni plus ni moins dans la tragédie.
En limitant au maximum les prises de vue en « plan large », et le nombre de figurants, le réalisateur témoigne de sa volonté de se concentrer sur ce qui le préoccupe, à savoir peaufiner ses quatre personnages principaux, et faire ressentir au spectateur la façon dont chacun évolue au fur et à mesure de l’intrigue. Plusieurs fois dans le film, les chemins des trois jeunes fermiers et d’Harry Spikes viennent à se croiser. Chaque rencontre marque une étape dans l’évolution des liens qui se tissent entre les représentants d’une génération qui se cherche et celui d’une génération dépositaire du savoir, et qui va progressivement faire profiter ses élèves de son expérience.



Mais la fin justifie les moyens, dit le proverbe, et l’enseignement prodigué par Spikes aux apprentis-bandits n’est pas désintéressé. Cette étude du père spirituel recherché par ces garçons désireux de sortir de l’adolescence et de partir à la connaissance du monde est probablement la partie la plus intéressante du film, puisque Fleischer s’applique à montrer toutes les facettes de cet enseignement, qui va conduire nos trois « Candide » à connaître à la fois les plus beaux moments de leur existence aussi bien que les pires. En cela, l’équilibre comédie/drame rythme le récit de la meilleure des façons, jusqu’au dénouement relativement inattendu, et dont les deux protagonistes, Lee Marvin et Garry Grimes, rappellent un peu Lee Van Cleef et Giuliano Gemma dans « Le dernier jour de la colère ».
Garry Grimes est probablement celui qui tire le mieux son épingle du jeu, après l’indéboulonnable Lee Marvin. Et pourtant, il est le moins connu du trio représentant la nouvelle génération. Charles Martin Smith et Ron Howard, déjà associés l’année précédente dans « American Graffiti », connaîtront une carrière plus conséquente dans le 7ème Art.



On verra notamment Martin Smith dans « Starman » et « The Hot Spot » (thriller sulfureux de Dennis Hopper). Quant à Ron Howard, il entamera en cette même année 1974 une longue collaboration au célèbre feuilleton « Happy Days » (« Les jours heureux »), incarnant le personnage de Richie Cunningham durant dix années. D’acteur renommé, il passera à la réalisation avec autant de succès, même si l’on peut regretter qu’il se soit si ouvertement tourné vers le « Star System ».
« Du sang dans la poussière » est adapté d’un roman, « The Bank Robber », de Giles Tippette. Il a été tourné en Espagne, sur le site célèbre d’Almeria ou tant de westerns spaghetti furent réalisés. La musique a été confiée à Fred Karlin, dont la B.O. la plus connue reste celle de « Mondwest ». Le regard désabusé et sans concession que porte Richard Fleischer à travers ce film le rapproche d’un Arthur Penn, voire d’un Clint Eastwood. C’est donc un film à (re)découvrir, d’autant plus que Lee Marvin montre une fois encore quel acteur talentueux il était.

Note : 7,5/10
Accroche : l'idéalisme et l'opportunisme


Fiche DVD :



Du sang dans la poussière – Wild Side Vidéo

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Wild Side Vidéo
Pays : France

Sortie film : 1974
Sortie dvd : 16 septembre 2009

Durée : 93 minutes
Image : 1.85 – 16/9e compatible 4/3, master restauré
Audio : mono

Langues : français, anglais
Sous-titres : français (imposés sur la VO)



Bonus :
- « Lee Marvin par Noël Simsolo » (12 min 55)
- Bande-annonce américaine (2 min 31)
- Galerie de photos
- Filmographie sélective de Richard Fleischer

Commentaire : Ce n’est pas une surprise, d’un point de vue technique cette édition de « Du sang dans la poussière » est irréprochable. Master restauré, pistes française et anglaise impeccables, on sait que l’on peut compter sur Wild Side pour faire du bon boulot. En bonus, on retiendra essentiellement l’hommage rendu à Lee Marvin par Noël Simsolo. Cet homme aux multiples casquettes (acteur, réalisateur, scénariste et écrivain) prouve qu’il est également un formidable historien du cinéma. Durant cet entretien, il dresse un portrait de Lee Marvin, cet acteur au « visage ingrat mais à la voix magnifique », où transparaissent autant ses connaissances que son admiration pour celui qui fut l’une des figures mythiques du film noir.

Note : 8,5/10











Dernière édition par flint le Mer Sep 09, 2009 9:57 am; édité 1 fois
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MessagePosté le: Lun Sep 07, 2009 1:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très bonne critique. A mon avis, tout comme Fleischer tu as su capter l'essentiel, à savoir cette quête du père en plus d'une peinture on ne peut plus amère et désabusée de l'Ouest avec démystification en règle du "voleur de banques " et la façon romantique avec laquelle Hollywood nous avait habitué à le traiter ("Jesse James, le brigand bien aimé" pour exemple).
Quant à Gary Grimes, on le connait surtout pour son rôle de jeune puceau dans le très connu "Un été 42" avec Jennifer O'Neill et la musique insupportable pour les uns, géniale pour les autres, de Michel Legrand.
C'est aussi un acteur qui a débuté dans la série "Gunsmoke" et qui venait juste de jouer dans "Les cordes de la potence" aux côtés de John Wayne, ce qui explique peut-être pourquoi il semble plus dans son environnement (je dirais pas plus à l'aise pour ma part vu que ce sont 3 personnages censés être paumés).
D'ailleurs ils passent à la télé en ce moment un film rare avec lui, dont je ne me souviens pas au moment où j'écris du titre français qu'on lui a attribué pour sa diffusion sur TCM. Il s'agit encore d'un western : "The Culpepper Cattle Co" de Dick Richards. Très bon film de 1972 (soit deux ans avant "The Spike Gang") que je conseille à tous les amateurs de post westerns et dans lequel il y est excellent. On y retrouve à ses côté son pote Charles Martin Smith ici présent.
En tout cas la moitié de sa mince filmographie est constituée de westerns dont celui-ci semble être le dernier.
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MessagePosté le: Lun Sep 07, 2009 2:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah j'avoue ne jamais avoir vu "Un été 42" ! ico_mrgreen
(mais je me rappelle bien de Jennifer O'Neill dans "L'emmurée vivante", par contre).
En tout cas, merci de tes précisions à propos de Gary Grimes, que je ne connaissais pas, et qui m'a laissé une bonne impression. Il a un rôle essentiel dans le film, puisqu'il se montre le plus apte parmi les trois jeunes à passer le cap de l'âge adulte. On le voit évoluer du stade d'élève d'Harry Spikes à celui de disciple ; et on sent même qu'il pourrait ensuite prétendre au statut de rival.
Quant à Lee Marvin, la première fois que je l'ai vu à la télé, je crois que c'était dans "Duel dans le Pacifique", avec Toshiro Mifune. Je n'étais encore qu'un gosse, mais j'étais resté scotché devant le poste.
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MessagePosté le: Jeu Sep 10, 2009 7:25 am    Sujet du message: Répondre en citant

Comme je viens de mettre la critique en ligne ça me faisait penser que je me souviens bien de quand Charles Martin Smith a (enfin) acquis une notoriété : c'était en 1983 lorsqu'est sorti "Un Homme parmi les loups" de Carroll Ballard. Tout le monde louait sa prestation. Faut dire qu'il passait une partie du film à poil en plein Arctique, au pôle Nord avec des loups qui plus est !
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MessagePosté le: Ven Sep 11, 2009 10:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vu à mon tour, je rejoins l'avis de Flint. Néanmoins, j'avoue avoir été pas mal désorienté par la musique country du début. Je ne sais pourquoi, elle me gâchait tout le reste (elle sonnait trop primaire, trop simpliste, trop basique), amplifiant de ce fait au passage la désagréable impression de voir le manuel du parfait cowboy transposé au cinéma. Il a fallu attendre que tout prenne forme pour qu'elle se justifie. M'enfin, tout cela n'était que des apparences, le film demeurant bon et très bien interprété (de même, la tournure que prend ce dernier ne peut que surprendre si ce n'est ravir!).

(allez, je cours mettre un 7 sur le site)

new_lang
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MessagePosté le: Sam Sep 12, 2009 6:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

The Hard a écrit:
(de même, la tournure que prend ce dernier ne peut que surprendre si ce n'est ravir!).


Un mec sauvé par des jeunes qui le prennent comme exemple sinon comme un héros, lequel finit par les trahir, toi ça te ravit ! Bravo pour ta morale ! icon_confused
Perso j'ai trouvé ça amer et mélancolique et ça m'a bien fichu les boules.
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MessagePosté le: Sam Sep 12, 2009 7:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
The Hard a écrit:
(de même, la tournure que prend ce dernier ne peut que surprendre si ce n'est ravir!).


Un mec sauvé par des jeunes qui le prennent comme exemple sinon comme un héros, lequel finit par les trahir, toi ça te ravit ! Bravo pour ta morale ! icon_confused
Perso j'ai trouvé ça amer et mélancolique et ça m'a bien fichu les boules.


D'accord avec toi, ça m'a fait le même genre d'effet. Mais c'est que je m'attendais vraiment à un truc nunuche au tout début du film (la musique country je te dis). Donc oui, ce final "amer" et "mélancolique" m'a ravit.

Raison:
mallox a écrit:
Peut-être le manque et la période de sevrage alors...



ico_mrgreen
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