[M] [Critique] La chair et le sang

 
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The Hard
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MessagePosté le: Lun Nov 23, 2009 7:23 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La chair et le sang Répondre en citant



La Chair et le Sang (1985)

Origine : Etats-Unis
Genre : aventure/moyen-âge'sploitation
Réalisé par Paul Verhoeven
Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Tom Burlinson, Jack Thompson, Fernando Hilbeck, Susan Tyrrell, Ronald Lacey, Brion James, John Dennis Johnston, Simón Andreu, Bruno Kirby, Kitty Courbois, Marina Saura, Hans Veerman, Jake Wood…



Martin et sa bande de mercenaires opèrent pour le capitaine Hawkwood. Ce dernier, homme au tempérament fortement influençable, œuvre au service du seigneur Arnolfini. Lors de la reconquête du château de ce dernier, les mercenaires se verront trahis par Hawkwood, grossièrement manipulé par Arnolfini. Cherchant donc à se venger, ils pilleront un convoi dans lequel se trouve la future épouse de Steven, le fils d'Arnolfini. Au passage, ils kidnapperont Agnès, la demoiselle en question.

Avant qu’il ne se fasse connaître aux yeux du grand public grâce à des films tel que « Robocop », « Basic Instinct », « Total Recall » ou encore « Starship Troopers », Paul Verhoeven n’a jamais cessé d’avoir affaire à la censure hollandaise. Par suite logique, donc, de nombreux problèmes financiers virent le jour, et, bien que « Le quatrième homme » reçut un accueil plutôt bon en territoire hollandais, il partit aux Etats-Unis se frotter à un monde où le cinéma semblait se pratiquer de manière différente, régissant alors à d’autres codes et d’autres règles. En ce temps là, donc, il était déjà l’auteur de ce que l’on pourrait qualifier de « beaux morceaux » de cinéma tel que « Le quatrième homme » et « Turkish Delight » , ces derniers constituant ainsi la première partie d’une carrière beaucoup plus intimiste, voire d’auteur, comparée à la seconde. Malheureusement, c’est cette carrière hollandaise qui reste la plus méconnue du grand public.



Si beaucoup de réalisateurs, après avoir franchi le pas, se sont laissés avoir par la machine hollywoodienne, se fondant alors dans la masse des réalisateurs-robots plus ou moins esclaves des studios, on pourrait dire de Paul Verhoeven qu’il n’en a jamais été de la sorte. En effet, pour son premier film « made in US », il ne trouvera rien de mieux que de réaliser un « Middle Age’s Movie » réaliste à l’extrême et du plus bel apparat, exploitant alors pour le coup deux de ses thèmes préférés et obsessionnels : l’érotisme et la violence. Fonçant donc droit dans le nez d’une censure américaine stricte et rigoureuse tenant pour favoris ces derniers, Paul s’en fout, et il souhaite réaliser et tourner comme il l’entend et ce qu’il veut, quitte à changer de pays à chaque nouvelle mise en chantier. D'ailleurs, à propos de pays, le film se tourna en Espagne.

***

"La Chair et le Sang", c'est une œuvre emprunte d’un amour démesuré pour l’art cinématographique dans tout ce qu’il a de plus naturel et de plus pur. Ici, Paul Verhoeven montre, met à nu et ne s’interdit rien, conservant ainsi cette notion essentielle qu’est celle du « spectacle », et dont use le septième art à tort et à travers depuis moult décennies. Un spectacle qui dévoile tel que l’on ne l’avait jamais vu à l’écran, le Moyen Age, alors filmé sans concessions, peut-être même légèrement exagéré parfois, mais accentuant aussi et justement ses côtés les plus durs, les plus sales, mais aussi les plus beaux, et au final, les plus réalistes. Ici, notre jeune princesse Agnès (Jennifer Jason Leigh) n’est pas amoureuse d’un seul et unique homme, mais de deux : Martin (Rutger Hauer) et Steven (Tom Burlinson). En nymphomane tout juste « découventée », dotée d'une beauté incommensurable et œuvrant ici dans son premier rôle au cinéma, elle s’avère être une manipulatrice hors pair, sachant manier à son gré la tournure des événements. Qui plus est, nos deux victimes sont radicalement opposées, que ce soit physiquement (l'un est immense et musclé, l'autre plus petit et quelque peu frêle), et mentalement (une brute avec un petit cœur, et un homme de science à la pensée bien forgée). Et c’est dans cette opposition complémentaire que naîtra son bonheur. Le spectacle vivant est donc là, véritable voyage intemporel fait de chair et de sang.



«La Chair et le Sang» est aussi une ode à l’amour dans tout ce qu’il a de plus repoussant. Il est, dans le film, le résultat du partage d’une mandragore, plante qui nait ici telle que le veut la légende, dans la terre accueillant la semence qu'éjecte un pendu lors de sa mort (nos deux amants la croqueront d'ailleurs avec, en guise de branche de gui, les fameux pendus) ; ou encore le fruit d’un viol où, après avoir lutté, notre jeune dame s’adonnera dans les bras du chef, consentante. Lors de cette dernière scène, le génie ou, plus modestement, l'originalité de Verhoeven, éclatera comme jamais. Déjouant les stéréotypes en faisant du mercenaire/héros un homme préférant obéir à ses pulsions sexuelles plutôt qu'aux bonnes mœurs (là où on aurait attendu que Martin sauve Agnès des griffes de ses camarades tentant de la violer, il se contente de les retirer et la fait sienne) et d'Agnès une jeune petite profiteuse en devenir, notre hollandais international joue avec ses personnages et surprend, créant sans cesse, et nous présentant pendant près de deux heures un film où les personnages sont d'une complexité quasi-shakespearienne.

Par le biais de nos deux héros (trois si l'on compte Steven), artistes ô combien charmants et en aucun cas formatés, Paul Verhoeven mettra donc en scène l’histoire d’amour la plus improbable du monde entre un mercenaire, un jeune érudit/scientifique, et la fille d’un seigneur qui, à peine sortie du couvent pour se marier à un homme qu’elle ne connait pas, ne pensera qu’à une chose : perdre son hyménée. Dans un contexte pesteux (la paranoïa et la peur de l'époque à son encontre sont, à ce titre, bien abordées) et de fêtes intempestives, de mercenaires guidés par une statue de St Martin déterrée lors d'une averse, » et de "Roy" reniflant la "bonne dote", place à « La Chair et le Sang », œuvre coquine tant sur le point graphique que philosophique, s'inscrivant dans une fin de Moyen Age faisant place à la Renaissance (l'arrivée de la science et son importance à sa place dans le métrage), et où Paul Verhoeven nous livre une aventure osée à la poésie glauque rarement vue, une œuvre comme on en voit peu, passionnante et généreuse, et peut-être même son chef-d'œuvre.



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flint
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2009 7:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Très bon film de la part d'un excellent réalisateur, qui nous dresse un tableau sombre et réaliste d'une époque charnière entre le Moyen-Age et la Renaissance. Verhoeven évite les clichés, ne fait pas de concessions, et reste fidèle à ses idées. Tout le contraire d'un Roland Emmerich, qui aurait mieux fait de rester dans son pays plutôt que de réaliser des merdes insipides.
Verhoeven n'a pas perdu son âme en quittant les Pays-Bas, et a fait la carrière que l'on connaît. On lui doit d'avoir fait connaître Rutger Hauer au grand public, et rien que pour cela on pourra le remercier éternellement.
Les premiers films de Verhoeven sont à découvrir pour ceux qui ne les connaissent pas (un coffret dvd était sorti il y a quelques années). Je recommande vivement "Turkish Delices", "Spetters" et "Le quatrième homme", oeuvres iconoclastes, provocatrices et désespérées.
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mallox
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2009 8:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Grand film, oeuvre marquante, incontournable. (et oserais-je le qualificatif Culte ?! )
Par contre, je m'aperçois que cela fait des années que je ne l'ai pas revu.
Verhoeven est un grand cinéaste lorsqu'il se donne la peine. (voir son peu inspiré "L'Homme sans ombre", mais moi j'aime bien "Showgirls" dont l'absolue laideur sied bien à son sujet ! ).
Je rajouterai à la liste de Flint, dans sa période hollandaise, les excellents "Soldiers of Organge" et sa description sans concession d'une hollande d'après-guerre - "Son récent "Black Book" pourrait presque en être la suite- ainsi que "Cathy Tippel", l'histoire au XIXème siècle, d'une jeune idéaliste venant s'installer avec sa famille dans les faubourgs d'Amsterdam et qui se voit vite contrainte à la prostitution pour vivre).

Par contre The Hard, je m'aperçois également que je n'ai ce film qu'en vhs lors d'une diff télé. Bref, si quelqu'un l'avait sous le coude pour en faire des captures.
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2009 5:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

chef d'oeuvre, film parfait, un must!

non, sérieusement j'ai pas du tout aimé frank_PDT_10
le film ne sait pas trop où il va et sur quel pied il danse : il passe du sérieux réaliste au grotesque invraisemblable sans transition
je me souviens m'être fait la réflexion qu'il avait une bonne demi heure de trop, celle à partir du moment où le type enchaîné se ramasse la foudre. ça partait dans tous les sens et je me suis fait violence pour le regarder jusqu'au bout

un piètre verhoeven américain pour ma part


Dernière édition par princesse.rosebonbon le Mer Nov 25, 2009 10:08 am; édité 1 fois
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Camif
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MessagePosté le: Mar Nov 24, 2009 8:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un excellent film entre barbarie et love story ( et ça rime en plus ).
Personnellement je préfère quand même le 4 ème homme ou Turksih delight et tous film "hollandais" ( même le black book récent ).
Verhoeven est un type intéressant c'est sur.
Bravo pour la critique .
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