flint Super héros Toxic


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Posté le: Mer Juin 30, 2010 2:29 pm Sujet du message: [M] [Critique] Darktown Strutters |
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Darktown Strutters
Genre : Blaxploitation, Comédie
Année : 1975
Pays d’origine : Etats-Unis
Réalisateur : William Witney
Casting : Trina Parks, Edna Richardson, Bettye Sweet, Shirley Washington, Roger E. Mosley, Christopher Joy, Stan Shaw, Norman Bartold…
Aka : Get Down and Boogie
Dans les faubourgs de Los Angeles, au cœur du ghetto noir de Watts, la belle Syreena (Trina Parks) et ses trois acolytes de charme sillonnent les rues du quartier, au volant de leurs choppers bigarrés qu’elles chevauchent telles des amazones des temps modernes.
Après quelques péripéties leur valant des déboires avec la police locale (foncièrement stupide), le quatuor fait la connaissance de la bande de Mellow (Roger E. Mosley), avec qui il finit par sympathiser, après un duel singulier ayant opposé les leaders de chaque groupe dans une course autour du commissariat de police.
Syreena apprend que sa mère Cinderella a disparu, une disparition qui s’ajoute à d’autres, et dont sont uniquement victimes des noirs. La belle mène alors son enquête, aidée de son frère Flash, expert en arts martiaux, et de la bande à Mellow. Durant leurs pérégrinations, nos héros vont être confrontés à une horde de motards échappés du Ku Klux Klan, de même qu’à d’étranges personnages affublés de masques de cochon.
Dès le générique, nous voilà prévenus : ce film n’est pas une adaptation de « Cendrillon ». On pense à un gag passager, mais très vite le doute est levé, lorsqu’apparaît à l’écran une voiture de flics avec un gyrophare géant occupant tout le toit du véhicule. A son bord, quatre flics, dont un obèse pétomane qui restera coincé dans l’habitacle, et un géant arborant une double cartouchière à la « Zapatta » sur son plastron. Le ton est donné, mais auparavant on avait déjà pu assister à une bagarre opposant nos charmantes demoiselles à des marines devant une baraque à frites, dans un esprit très « cartoon » (combats en accéléré, musique au piano style cinéma muet). A peine a-t-on le temps de se remettre que l’on assiste en arrière plan à un braquage de banque par des gangsters noirs tout de rose vêtus.
Il faut se rendre à l’évidence, « Darktown Strutters » est un film de Blaxploitation pour le moins atypique, dans lequel un inspecteur de police se travestit en prostituée, un cow-boy dealer sniffe son arme et transporte sa came dans un triporteur, les bazookas lancent des fumigènes roses, et les membres du Ku Klux Klan sont des champions d’enduro. Sans oublier le méchant de l’histoire, affublé d’une panoplie de cochon tendance super-héros, et dont le but est de contrôler la ville grâce à la machine à cloner qu’il a mis au point !
Dire que « Darktown Strutters » sort des sentiers battus de la Blaxploitation est un doux euphémisme. Et il est évident que l’amateur du genre n’a pas pour habitude de voir ce genre de film saupoudré d’humour slapstick, à tel point qu’on pourrait faire des éléments de comparaison, au niveau des gags, avec Benny Hill ou la série des « Porky’s ». Pourtant, on aurait tort de penser que ce long métrage est une parodie de Blaxploitation. Non, le film est bien affilié au genre, on y retrouve la « cool attitude » de ses principaux protagonistes, une bonne vieille Soul des familles au niveau de la bande son, et un message politico-social. Sauf que ce dernier est littéralement noyé dans un vaste délire burlesque qui nous renverrait presque, parfois, au classique « Helzapoppin ».
En effet, les situations de « Darktown Strutters » frôlent souvent l’absurde, la plupart des personnages sont insolites, et le film comporte des intermèdes musicaux plutôt réussis (notamment un gospel nocturne dans une rue du ghetto, et le fameux « Watcha See is Watcha Get » des Dramatics, ici chanté dans une cellule !).
On doit cette curiosité, hors-normes on peut le dire, à William Witney (1915-2002), qui était déjà, en 1975, un vétéran dans le cinéma, ayant commencé dès 1937. Cet homme s’est de suite spécialisé dans le « serial », genre très prisé du public américain, à l’époque, et inspiré des revues « pulp » mêlant aventures et super-héros. Witney a réalisé d’excellents serials, parmi lesquels « The Lone Ranger », « Daredevils of the Red Circle », « Drums of Fu Manchu » ou encore « Jungle Girl ». Plus tard, l’homme travaillera presque exclusivement pour la télévision (dans des séries très connues comme « Bonanza », « Tarzan », « Le Virginien », « Les mystères de l’Ouest »…) et commettra aussi quelques westerns, dont une série avec l’acteur Roy Rogers. « Darktown Strutters » est son avant-dernier film, et son unique incursion dans la Blaxploitation, ce qui n’empêchera pas le cinéaste d’avoir laissé son empreinte chez les fans du genre, pour le meilleur ou pour le pire, selon que l’on soit puriste ou amateur de bizarreries.
Cette curiosité, donc, a été produite par Gene Corman, le frère de Roger, ce qui explique peut-être la présence de Dick Miller au rang des acteurs (dans le rôle de l’un des flics). En tête de casting, l’intrépide Syreena est incarnée par la très jolie Trina Parks, également chanteuse et danseuse, et connue pour être apparue dans « Les diamants sont éternels » en tant que James Bond Girl. Sa filmographie reste cependant bien maigre, et le seul autre film où elle figure en tant que vedette est « The Muthers » de Cirio H. Santiago, un Blaxploitation tendance « Women In Prison ». Les trois actrices jouant aux côtés de Trina Parks n’ont pas eu non plus une grande carrière dans le 7ème Art. Tout juste a-t-on pu voir Edna Richardson dans « Truck Turner » et Shirley Washington dans « Wonder Women ». Chez les hommes, le visage le plus familier est incontestablement celui de Roger E. Mosley, dans la mesure où celui-ci fut, durant huit années, le partenaire de Tom Selleck dans la série « Magnum », où il incarnait le sympathique TC. Détail amusant, les deux hommes s’étaient déjà croisés plusieurs années auparavant dans l’excellent « Terminal Island » (« L’île de non retour ») de Stephanie Rothman. A noter aussi, dans ce « Darktown Strutters », les présences de Christopher Joy (« Sheba Baby ») et Stan Shaw (« TNT Jackson », « Truck Turner »).
Si le film est déroutant, il n’en reste pas moins une œuvre à découvrir, ne serait-ce que pour son originalité, même si l’on peut très bien concevoir (et même envisager) qu’elle rebutera les amateurs de Blaxploitation "traditionnels", tant il est vrai que le film est à ranger à mille lieues des classiques où l’on retrouve les Pam Grier, Richard Roundtree, Isaac Hayes et consorts.
Mais, réfléchissez bien : des super nanas dans des tenues flashy, des courses-poursuites en motos avec des membres du Ku Klux Klan, une baston entre des Blacks et des hommes-cochons et un méchant mégalomane ayant des rêves de domination dans son laboratoire de clonage… On ne peut pas louper cela, non ?
Fiche DVD :
Darktown Strutters – Le Chat qui Fume
Région : Zone 2
Editeur : Le Chat qui Fume
Pays : France
Sortie ciné : inédit en France
Sortie dvd : 10 juin 2010
Durée : 80 minutes
Image : 1.33 (4/3)
Audio : Dolby Digital 2.0
Langue : anglais
Sous-titres : français
Bonus :
- Documentaire sur la Blaxploitation par Yann De Concourt, alias Foxy Bronx (38 minutes)
- Extrait du film « Death Drug » avec Philip Michael Thomas (5 minutes)
- Galerie de photos
- 10 bandes-annonces « spécial Blaxploitation » (VO)
- Bonus caché
Commentaire : Double surprise que nous propose là Le Chat qui Fume, d’une part parce que « Darktown Strutters » est un film très rare, inédit en France en salles et en vidéo (et jusque là inexistant en dvd officiel dans le monde) ; d’autre part parce que nous avons affaire à un film qui sort vraiment des sentiers battus de la Blaxploitation. Cette œuvre pour le moins atypique est présentée dans son format 1.33 d’origine, dans un master de très bonne qualité tant au niveau de l’image que du son, ce qui permet d’apprécier au mieux les tenues chatoyantes et colorées de nos héroïnes, de même que les divers intermèdes musicaux.
Au niveau des bonus, c’est également du tout bon. Le spécialiste n°1 de la Blaxploitation en France, à savoir le dénommé Foxy Bronx (jugez vous-même en visitant son excellent site http://foxybronx.free.fr/), revient nous parler de ce genre cinématographique après en avoir déjà longuement débattu en bonus du dvd « Le parrain noir de Harlem ». Illustrant ses propos par le biais de lobby cards et d’affiches issues de sa collection personnelle, Foxy Bronx nous présente un nombre important de longs métrages répertoriés par catégories. Ainsi, passent successivement en revue les westerns, drames, comédies et films fantastiques, de même que quelques séries Z. Foxy Bronx parle ensuite du phénomène de la Blaxploitation dans les années 70 vu à travers des pays d’Europe comme l’Italie et l’Angleterre, avant d’achever cet entretien passionnant par la présentation de quelques ouvrages de référence.
Ce bonus de choix est accompagné d’un extrait pour le moins savoureux du film « Death Drug », mettant en lice un Philip Michael Thomas en proie au LSD. Très plaisantes, également, les dix bandes-annonces présentant dans cet ordre « Black Angels », « Kenner », « Abby », « Black Bunch », « Black Girl », « Black Joy », « Honey Baby, Honey Baby », « Super Dude », « Thomasine & Bushrod » (une variante de « Bonnie & Clyde ») et « Hot Pants Holiday ». On a là un échantillon varié de ce qu’a pu proposer la Blaxploitation à son public, à savoir des polars, des films d’action, d’horreur, d’aventures, des comédies dramatiques, des westerns, et même des oeuvres intégrant d’autres courants du film de genre, telles la Bikesploitation ou la Sexploitation.
Pour finir, l’éditeur propose une galerie de photos, plus traditionnelle mais toujours appréciable, et en bonus caché un petit extrait de « Abar, The First Black Superman ». Pour le trouver, il faut aller dans les « crédits » et attendre que la musique s’arrête.
Quand on sait que le dvd est proposé pour à peine dix euros, inutile de vous dire que cet achat s’avère indispensable.
Note : 8,5/10

Dernière édition par flint le Mar Juil 13, 2010 8:07 am; édité 2 fois |
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