[M] [Critique] La couronne de fer (1941)

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2010 2:17 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La couronne de fer (1941) Répondre en citant



La couronne de fer - 1941
(La corona di ferro)

Origine : Italie
Genre : Aventures / Fantastique / Fantasy

Réalisé par Alessandro Blasetti
Avec Elisa Cegani, Luisa Ferida, Rina Morelli, Gino Cervi, Massimo Girotti, Osvaldo Valenti, Paolo Stoppa...


A une époque indéterminée, quelques siècles après J.C., Licinio, roi de Kindaor, a défait un peuple voisin au terme de combats acharnés. Mais, au lieu de l'opprimer et de l'humilier, il lui offre des conditions de paix équitables et généreuses.
Son frère, Sedemondo, en revanche, homme de cœur dur qui rêve de gouverner Kindaor, n'accepte pas sa magnanimité et le tue pour s'emparer du pouvoir. Monté sur le trône, il est troublé par une obscure prophétie qui concerne son petit neveu Arminio, fils du roi assassiné. Pour en être débarrassé, il fait abandonner l'enfant, de nuit, dans la Vallée des lions, d'où personne n'est jamais revenu.



En fait, non seulement Arminio survit, mais il est même soigné et élevé par les fauves. Les années passent. Dans les montagnes, un tremblement de terre ouvre un passage par lequel Arminio peut sortir de la vallée. Un jour il rencontre Tundra, la fille du roi vaincu par son père longtemps auparavant. Il ne sait rien d'elle ; elle ignore tout de lui. Mais dès qu'Arminio apprend que la jeune fille ne vit que pour venger son père et son peuple, il se propose de l'aider.
Le roi Sedemondo a organisé un grand tournoi et Arminio s'y présente. La récompense du vainqueur, ce sera la main d'Elsa, fille de Sedemondo. Celui-ci croit qu'Arminio est mort, mais l'ancienne prophétie l'inquiète toujours. Arminio remporte le tournoi, mais épouse Tundra au lieu d'Elsa ; il succède au roi Sedemondo et, unissant les deux peuples par son mariage, instaure une ère de justice et de paix. Le symbole en est la couronne de fer sacrée, faite avec les clous de la croix du Christ, qu'Arminio ceindra avec Tundra.



La thèse du film, c'est la haine de la guerre et l'amour de la paix. Il n'est donc pas étonnant que Blasetti, lequel raconta plus tard l'épisode, ait provoqué l'opposition déclarée de Goebbels, présent lors de la projection du film, qui obtint au Festival de Venise le premier prix réservé au cinéma italien. Ce qui étonne également, c'est que le film fut réalisé à la demande du pouvoir et était censé glorifier l'alliance italo-germanique. En 1935, le réalisateur avait réalisé "Vecchia guardia" qui mettait en scène l'arrivée au pouvoir des fascistes et avait gagné, avec le film, les grâces de ce même pouvoir. Paradoxalement, cela lui permit ensuite de protéger certains jeunes cinéastes plus contestataires.
La critique de l'époque se laisse toutefois influencer par la thèse du film, jugée tout à fait inopportune en ces années là, et émit sur lui de nombreuses réserves, portant sur le contenu aussi bien que sur la forme. En fait, tout en s'éloignant beaucoup de son style jusque là réaliste, le film possède une unité propre que plus tard, de nombreux critiques et même un historien du cinéma aussi sévère que Carlo Lizzani reconnaîtront sans difficulté.
Les sources culturelles et cinématographiques sont multiples dans cette "Couronne de fer". Elles vont du cinéma expressionniste allemand au film d'aventures américain. Dans le scénario, on trouve même des réminiscences du cycle des "Nibelungen" mêlées au climat de certaines tragédies shakespeariennes ainsi qu'à des emprunts aux légendes du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.



Même si tout cela n'engendre pas forcément une véritable unité narrative et esthétique, le goût de Blasetti pour les images, son sens du mouvement et son envie d'inventer en permanence donnent souvent lieu à des moments encore convaincants aujourd'hui.
D'ailleurs, en France où il fut présenté en 1943, le film fut fort bien accueilli, aussi bien par la critique que par le public. Certes, décors et costumes ne sont pas dépourvus d'un certain "pompiérisme" et, dans le déroulement de l'histoire comme dans la description des personnages, l'outrance le dispute à l'emphase et l'infantilisme à la naïveté, mais qu'importe puisque la mise en scène de Blasetti anime tout ce fatras d'un grand souffle baroque qui transmute le mauvais goût en merveilleux.

Même dans les séquences mouvementées, quelques trouvailles confirment les dons de Blasetti et son sens profond du cinéma. Ainsi son utilisation du son - le fracas d'un galop de cheval rattaché au souvenir du méfait du roi - pour faire naître le remords dans l'âme de Sedemondo, en proie à une sensation de cauchemar désespéré.



Quant à l'interprétation, guère appréciée à l'époque, elle semble aujourd'hui plus contrastée qu'alors. Soit, on peut trouver le jeu de Gino Cervi, dans le rôle du mauvais roi, et celui d'Osvaldo Valenti, son adversaire déclaré, un peu trop stéréotypés, mais les débuts de Massimo Girotti dans le rôle d'Arminio et le jeu plein de chaleur de Luisa Ferida dans celui de Tundra semblent tout aussi excellents que modernes.
"La couronne de fer" est un film devenu rare aujourd'hui mais qu'il serait pourtant bon de redécouvrir tant il est, malgré ses inégalités, riche, passionnant, fertile en imagination et novateur.
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2010 7:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

fainaim01 une critique qui donne envie (même si elle est mitigée).
Je n'ai hélas pas vu le film, d'ailleurs de Blasetti je n'ai vu que le très édifiant (et daté dans le mauvais sens du terme) Fabiola.

Quelque remarques (sans rapport avec le film):
Même si le film se déroule dans un univers Heroïc Fantasy la couronne de fer est une allusion à la célèbre couronne des lombards qui servit au couronnement de Charlemagne puis des St empereurs en tant que "Rex Romanum" par le Pape.
Le couple Luisa Ferida et Osvaldo Valenti est resté célèbre pour son exécution sommaire par des partisans, Valenti s'étant très lourdement compromis avec l'appareil de répression de la république de Salo. Par contre Luisa ferida enceinte lors de son exécution n'avait qu'à se reprocher d'être son épouse. icon_confused
Dans la comédie de dino Risi "Telephoni bianchi", satire du cinema fasciste, Gassman joua un rôle très inspiré d'Osvaldo Valenti.
Cervi n'a pas un jeu stéréotypé mais puissant. icon_wink
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MessagePosté le: Mar Sep 21, 2010 9:12 am    Sujet du message: Répondre en citant

Vu ce WE et quel merveilleux spectacle.
Mallox a tous dit dans sa (très pertinente) critique et c'est clair qu'il faut passer outre la naïveté du propos et aussi le jeu un peu trop puissant, hélas (icon_wink), de Cervi pour pouvoir l'apprécier pleinement.
Mais le film tient largement la comparaison avec "Robin des bois" (le seul le vrai celui d'Erol Flynn) son quasi contemporain.
On pense d'ailleurs parfois à "Gladiator" et à d'autre moment on se croirait dans un film muet avec sa surabondance d'intertitre explicatif (surtout au début), parfois redondant avec l'action.
On se croirait aussi dans un conte Voltairien ("la princesse de Babylonne" ou "Zadig"); bref ce film c'est le bien, et c'est une honte qu'il soit aujourd'hui oublié.
Note: 8,75/10 voir +
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flint
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MessagePosté le: Jeu Nov 06, 2014 5:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

"La couronne de fer" fait partie d'une nouvelle collection de neuf films consacrée au cinéma italien des années 1910 jusqu'aux années quarante, qui sera disponible chez Bach Films à compter du 21 novembre.
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MessagePosté le: Jeu Nov 06, 2014 5:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Avec Cabiria et Scipion l'Africain ! war
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MessagePosté le: Jeu Nov 06, 2014 6:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Exact ! Je me demande ce que vaut "L'Enfer" de Bertolini et Padovan.
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MessagePosté le: Jeu Nov 06, 2014 7:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 ça c'est de la bonne nouvelle. icon_cool
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MessagePosté le: Mer Déc 24, 2014 2:56 pm    Sujet du message: [C] Merde, je bosse à un réveillon de noël mais ça me va ! Répondre en citant



La couronne de fer - Bach Films


Région : Zone All PAL

Edition Digipack Collector

Editeur : Bach Films
Pays : France

Sortie film :
- Septembre 1941 (Italie)
- 13 novembre 1943 (France)

Sortie dvd : 12 novembre 2014

Durée : 105'
Image : 1:33 - 4/3
Audio : Mono

Langues : italien
Sous-titres : français (forcés)

Bonus :
- Entretien avec Jean A. Gili (20'49)



Commentaire : La copie ici présentée n'est certes pas de toute première fraîcheur ; si l'image est très correcte, au regard notamment des ans accusés par le film, le son, en revanche, semble sortir par moments d'un vieux disque déposé sur gramophone. Ne jetons pas la pierre à l'éditeur pour autant car "La couronne de fer" est un film qui méritait depuis belle lurette une édition, en gros une mémoire numérique (la vod étant par essence stalinienne, nous ne l'évoquerons pas dans ce sujet). C'est donc chose faite (voir critique et gueulantes répétées pour avoir un dvd !) et certains, dont je fais partie, se félicitent de cette sortie.
Le Digipack (comme quasiment l'ensemble de la collection "L'âge d'or du cinéma Italien") se contente de reprendre les visuels d'affiches d'époque. Disons-le simplement : c'est parfait comme ça ! Certaines mauvaises langues pourraient même pousser le bouchon trop loin en arguant qu'on a - ouf ! - évité l'inévitable catastrophe consistant à faire de la grindhouse avec pliures... Les films ici "exhumés" ne s'y prêtent guère, Dieu soit loué ! Le fascisme avec !



Passons au Ducce dessert puisque le sympathique et érudit Jean Antoine Gili nous rappelle d'entrée, dans le bonus ici-présent, que, comme "Scipion l'Africain", "La couronne de fer" obtint la Coupe Mussolini (qui n'est pas un sorbet comme son nom pourrait le laisser penser mais une coupe décernée alors, le plus sérieusement du monde, au meilleur film italien, le tout au sein d'une sélection qu'on qualifiera de très sélective). Les deux films sont en tout cas rapprochés dans leur volonté de montrer une cinématographie ambitieuse, de celle qui peut rivaliser.
Non sans talent (et non sans consulter ses fiches), notre historien rappelle une chose tout à fait juste : le fait que l'amortissement d'un film, au sein d'un pays moyen comme l'Italie, ne pouvait alors se passer d'exportation. Les bassins des populations européennes n'étaient alors pas suffisants comme garants économiques. Du reste, même les Etats-Unis commençaient à penser à l'exportation pour des œuvres aux budgets plus colossaux.
Tout ça pour dire que la production italienne était devenue alors une production assistée : une production dans laquelle l'état prenait une part plus importante et, par extension, la politique aussi. La France étant alors occupée, elle était un territoire à conquérir cinématographiquement aussi.



Bref, je ne vous conte que le début de cet entretien où, soit, Jean Antoine Gili semble un peu moins à l'aise que dans le bonus de "Cabiria" (les petits regards répétés vers ses fiches - et les infos de ma petite critique - lol - donnent en tout cas cette impression), mais tout aussi intéressant à écouter. Les informations distillées, les remises dans leur contexte de manière à la fois claires, succinctes et pertinentes, en font un bonus qui en vaut bien plusieurs issus d'autres galettes plus plombées et moins riches en fer.

Un dvd à acquérir sans hésiter. A moins que vous n'aimiez pas les westerns. Mais vu que ce n'en est pas un...




En rapport avec le dvd :

# la critique du film La couronne de fer
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MessagePosté le: Sam Fév 07, 2015 4:31 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] La couronne de fer (1941) Répondre en citant

Très beau film en vérité, remarquable de prouesses techniques (et esthétiques) pour l'époque, avec des acteurs charismatiques et un nombre impressionnant de figurants comme on n'en voit hélas plus dans le cinéma d'aujourd'hui.

mallox a écrit:

Les sources culturelles et cinématographiques sont multiples dans cette "Couronne de fer". Elles vont du cinéma expressionniste allemand au film d'aventures américain. Dans le scénario, on trouve même des réminiscences du cycle des "Nibelungen" mêlées au climat de certaines tragédies shakespeariennes ainsi qu'à des emprunts aux légendes du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.


Oui, j'ai pensé aux mêmes références ; je rajouterai également que le style de Blasetti (ainsi que la photographie) rappelle également par certains côtés le cinéma fantastique/merveilleux soviétique de l'époque.

D'après ce que j'ai cru comprendre, Blasetti fut pro-fasciste jusqu'en 1936 et la campagne en Ethiopie. Au départ, le réalisateur approuvait les efforts du fascisme dans plusieurs domaines, comme la politique de protectionnisme ou l'assèchement des marécages. La conquête africaine en Ethiopie a manifestement ouvert les yeux de Blasetti.
D'ailleurs, je ne comprends pas que "La couronne de fer" ait pu être qualifiée d’œuvre de propagande. C'est tout le contraire, puisqu'on a le triomphe du Bien, et comme précisé par Mallox dans sa critique, la victoire de la paix au dépend de la guerre.
En fait, cette réflexion m'a refait penser au "Baron de Munchausen" de Josef von Baky, initialement prévu pour être un film de propagande et qui sera au final un spectacle grandiose mais pas du tout propagandiste.
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