[M] [Critique] Le Sadique aux dents rouges

[The Hard]

Le Sadique aux dents rouges (1972)

Origine : Belgique/France
Genre : Vampire à Paris

Réalisé par Jean-Louis Van Belle
Avec Albert Simono, Daniel Moosmann, Jane Clayton

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“- Daniel, à quoi penses-tu ?
- À rien... Cette nuit j'ai rendez-vous avec moi-même.”

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“Le Sadique aux dents rouges”, délire franco-belge et vampirique réalisé dans un Paris d'automne, est une œuvre pour le moins singulière. Il en va de même pour la vie de son auteur : berger, agent de renseignements à la SNCF, électricien, photographe, acteur dans “Le Rendez-vous de minuit” (1961) de Roger Leenhardt, et même gagman pour un dessinateur de presse, Jean Louis Van Belle est venu au cinéma grâce à ses connaissances (invité par Jacques Tati sur le tournage de “Playtime”) et commença par tourner plusieurs courts-métrages et un improbable mondo que la censure française n'épargna pas : “Paris interdit”. La carrière qui suivit est celle qu'on lui connaît : un melting pot des genres qu'on ne peut que rougir d'aimer (du film noir à l'érotisme, du mondo jusqu'au porno...), pour une œuvre témoignant d'une assez grande imagination et dont se dégage, à la manière d'un Rollin ou d'un Franco, un style “unique” si ce n'est même une poésie d'“auteur”.



"Le Sadique aux dents rouges" suit donc les mésaventures de Daniel, un jeune homme faisant ses armes dans le terrible univers de la pub. Lorsque commence le film, ce dernier sort tout juste d'un passage en clinique psychiatrique. En effet, depuis un accident automobile, il éprouve un certain "penchant" pour un type de vampirisme bien particulier : si ce n'est pas le monde qui tourne à l'envers, ce sont de nombreuses visions d'"insectes" qui s'offrent à lui... les séquelles ne sont donc pas des plus "légères" ! Conscients de la rareté de son cas, deux médecins décident, pour des raisons qui resteront mystérieuses, de lui faire croire qu'il est réellement un vampire (?!).



"Un film de sexe et d'horreur" scande l'affiche !
Disons plutôt que l'érotisme flatte l'anodin. Mais sans pour autant être frustrant. Les poitrines sont fournies et assez bien mises en valeur par des (contres) plongées vertigineuses, et un chemisier mal boutonné restera à coup sûr dans la mémoire des spectateurs ! En fait, l'on pourrait dire que l'ensemble renvoie à un érotisme latent qui joue largement en la faveur du film. Et cela, au même titre qu'un cadre parisien fort agréable : de longues rues, des toits et les Champs-Élysées dans le lointain, pour un environnement qui donne à fantasmer au spectateur, de la même manière que celui d'un "Dracula père et fils" (1976). Encore une fois, le constat est le même : déplacer certains mythes (Vampire, Dracula, Bigfoot...) dans les décors de la vie quotidienne sera toujours une expérience excitante pour le spectateur.



Un potentiel à ne pas démentir donc et qui permet à un casting presque totalement inconnu (l'amateur de Van Belle reconnaîtra néanmoins Albert Simono, ici dans un rôle de docteur, et que l'on retrouve en tant que docteur Vilard dans "Pervertissima" mais aussi dans "Paris Interdit") de jouer le jeu à fond. En effet, le goût est au sérieux mais le résultat est des plus invraisemblables : les dialogues sont récités machinalement, sans intonation, sans rythme et le plus souvent n'ont aucun sens. Et tant qu'on y est, où est l'horreur dans le film ? Peut-être dans cette fameuse décapitation d'un malheureux coq (d'un poulet, que dis-je, d'une volaille !), scène ou transparaît un goût pour le mondo très prononcé et contenant la seule et unique vraie goutte de sang du film (ce qui aidera d'ailleurs Daniel à se régénérer).
En somme, une ambiance étrange et à côté, parfois malsaine, mais toujours charmante.



S'arrêter là pour parler de ce "Sex and Horror" film est préférable : aborder la suite des événements révélerait un bon nombre d'incohérences et témoignerait de la légèreté d'un scénario sans queue ni tête. Écrit sous influence d'agents extérieurs ? Peut-être ! Mais à visionner de toute urgence sous l'influence de ces derniers !
The Van Belle's touch, une expérience !

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Quoi de neuf Valor ?

"Le Sadique aux dents rouges" a longtemps été un film mythique : il n'existe (semble-t-il) aucune édition vidéo et les amateurs se sont longtemps contentés de mauvaises copies pirates aux couleurs délavées (la version projetée à La Cinémathèque il y a quelques années n'était pas mieux) Je crois qu'il convient donc de saluer le travail remarquable de Mondo Macabro qui a véritablement ressuscité ce film !

C'est noté. Et sinon ?

IL FAUT ACHETER LES DVD MONDO MACABRO !

Certes, certes. Un mot sur Van Belle et son film ?

Van Belle est une véritable pile électrique ! Il nous avait dit qu'il avait été étonné de retrouver certaines de ses idées dans deux films de ... Woody Allen ! Coïncidence ou mythomanie ? En tout cas, il y a d'étranges ressemblances entre "Le Sadique aux dents rouges" et "Embrasse-moi, vampire":
http://www.imdb.com/title/tt0098577/
(La scène des fausses dents, par exemple)

[Valor]

[flint]

Ah, moi je l'ai acheté le Mondo Macabro !
C'est un éditeur que je trouve d'ailleurs remarquable, autant dans le choix de ses titres que la manière dont il restaure les films et peaufine les suppléments.

Merci à The Hard pour cette chronique qui apporte un vent de nostalgie sur un film effectivement "autre". Difficile de résumer une telle oeuvre, il y règne une atmosphère décalée, absurde, et Van Belle apparaît comme un cinéaste iconoclaste, mais très attachant.

[Camif]

Le sadique aux dents rouges c'est comme une volonté d’avant-gardisme dans la lutte du cinéaste contre le cinéma des masses.

On a enfin un définition cohérente du steak :

« C’est drôle, quand c’est rouge on dit bleu, quand c’est moins bleu on dit rouge, et quand c’est pas rouge on dit bien cuit ».


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"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox

[mallox]

[Valor]

[Bigbonn]

et au fait, pourquoi des dents rouges?

[Camif]

il y a deux écoles :

1 / Car les dents jaunes c'est pas beau

2 / Car Van belle est un rebelle et de manière métaphorique les dents rouges rappellent le couteau entre les dents.
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"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox

[1kult]

La fimographie complète de Van Belle :

http://www.1kult.com/2010/11/12/jean-louis-van-belle-la-filmographie-complete/

A noter que le mondo du bonhomme offert en bonus est un vrai délice :

http://www.1kult.com/2010/10/29/paris-interdit-jlvb/

Enfin, curieux d'avoir votre avis sur le doc offert en bonus...


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[The Hard]

[1kult]

http://www.youtube.com/watch?v=YRzn1fGike4

Paris Interdit est le film qui, avec Bastos, ma sœur préfère le Colt 45 (aka La Guerre des Espions) écrit le mieux l'esprit un peu fou de Van Belle selon moi... Il faut que je réessaye Le Sadique à l'occasion...


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[princesse.rosebonbon]

le dur résume bien l'aspect à la fois mou, poétique, incongru et branque de ce film

en dehors de Paris Interdit et la Guerre des Espions, que recommandez-vous/déconseillez-vous du père Van Belle ?

quelqu'un sait si Jane Clayton a fait d'autres films ?

[tubbytoast]

Mon préféré c'est bien entendu BASTOS (aka La guerre des espions) qu'on n'a malheureusement jamais pu diffuser lors de l'Etrange Festival (et je le regrette sincèrement)..
Perverse et docile, son "rape & revenge" à lui.
J'ai aussi un faible pour l'un de ses pornards avec Willy Braque : Projections spéciales.
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http://www.letubbyblog.blogspot.com/

[mallox]

La scène où il achète le poulet est géniale.

- le sadique : "Je voudrais acheter le flic qui est dans la cage"
- Le vendeur : "Mais monsieur, ce n'est pas un flic, c'est un poulet"
- le sadique : "Peu importe, je le prends"
- le vendeur :"Tenez!"
- le sadique : "Vous n'auriez pas une paire de menottes pour l'attacher ?"



C'est vrai qu'il est sympa ce film. Par contre je ne trouve pas que les personnages récitent tous sans intonation. Certains de façon plus décalée avec des voies d'agents secret pour dire des choses telles que "j'ai rendez-vous avec moi même !". ça fait un contraste assez singulier.
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[flint]

Le passage du poulet m'avait aussi fortement marqué.