[M] [Critique] La montagne sacrée - 1926

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Aoû 18, 2010 9:30 am    Sujet du message: [M] [Critique] La montagne sacrée - 1926 Répondre en citant



La montagne sacrée - 1926
(Der heilige Berg)

Origine : Allemagne
Genre : Sport et nature

Réalisé par Dr Arnold Fanck
Avec Leni Riefenstahl, Luis Trenker, Ernst Petersen, Frieda Richard, Friedrich Schneider...


Diotima, fille de l'Océan, danse au bord de l'eau, rythmant ses mouvements sur ceux des vagues. Bientôt son rêve l'emporte vers un autre pays, aux cimes élevées et farouches, où l'attire une force inconnue. Ce pays, Diotima va bientôt s'y retrouver, c'est le Tyrol.
Chaque soir, elle danse au Grand Hôtel, où elle a fait la rencontre du jeune skieur Vigo et de son ami, l'ascensionniste Robert Horn.
Bientôt, une rivalité va naître entre les deux hommes, qui éclatera au cours d'une ascension périlleuse. Pourtant, l'amitié reprend le dessus et Robert risque même sa vie pour sauver Vigo, dangereusement suspendu dans le vide. Mais auparavant, Robert, épuisé par l'effort, aura, grâce au délire ponctué par le vent et la tempête, réalisé son rêve. Il aura conduit Diotima au sommet du glacier, là où la nature a édifié l'autel nuptial le plus grandiose, où ils peuvent enfin se rejoindre.
Cette rencontre imaginaire sera la seule. Le lendemain, Diotima, venue avec les secours, ne retrouvera que deux corps pétrifiés par le froid. C'est une femme brisée et solitaire qui quitte alors la montagne pour retourner aux rivages d'où elle était venue et d'où un rêve cruel l'a vainement exilée...



Le cinéma allemand des années 20, ce n'est pas seulement un climat trouble de l'expressionnisme ou du réalisme des grandes villes et des pavés luisants, c'est aussi, en contrepoint et peut-être par réaction, un cinéma de plein air, exaltant la nature et l'effort physique, qui constitua une mode durable et peut-être même un peu plus. Il y eut certains documentaires à la fois sportifs et nudistes, comme "Force et beauté" (« Wege zu Kraft und Schönheit » - 1925) de Wilhem Präger et Nicholas Kaufmann, qui, sous prétexte d'une illustration des jeux de l'Antiquité, offrait le spectacle de belles nudités, froides comme Artemis, exposant leur corps en une chorégraphie alanguie et roublarde. Il y eut surtout toute une série de films de montagne, dont les allemands firent une véritable spécialité et dont "La montagne sacrée" est le parfait prototype. Son générique regroupe les trois principaux noms qui allaient illustrer le genre : le docteur Arnold Fanck, Luis Trenker et Leni Riefenstahl, les deux derniers devenant à leur tour réalisateurs et donnant des films bâtis le plus souvent sur le modèle de ceux de leur maître. Celui-ci mit en scène successivement "Le grand saut" (« Der grosse Sprung » - 1927) avec les deux mêmes vedettes, puis "Prisonniers de la montagne" (« Die weisse Hölle vom Piz Palü » - 1929), coréalisé par Pabst pour les scènes dramatiques et interprété par Leni Riefenstahl et un célèbre aviateur d'alors, Ernst Udet, "Tempête sur le Mont-Blanc" (« Stürme über dem Montblanc » - 1930) avec les mêmes, qu'on retrouvait encore dans "S.O.S. Iceberg" (« S.O.S. Eisberg » - 1933) dont la version américaine était réalisée par Tay Garnett, qui garda l'interprétation allemande à laquelle il adjoignit Rod La Roque.
Toujours de Fanck, on peut encore citer "L'Ivresse blanche" (« Der weisse Rausch » - 1931) avec Leni Riefenstahl et de nombreux champions du ski international et "Le roi du Mont-Blanc" (« Der ewige Traum » - 1934) également intitulé "Rêve éternel", avec une version française due à Henri Chomette. Dans les deux versions, on trouvait Sepp Rist, autre habitué des films de Fanck et Brigitte Horney. Tous ces films connurent le succès, le plus célèbre demeurant "Prisonniers de la montagne" (ou "L'Enfer blanc"), dont on fit même une version sonorisée après coup.



Guide de montagne et remarquable skieur, Luis Trenker fut le disciple fidèle de Fanck, qui l'avait lancé. Outre ses films, il interpréta quatre films allemands de Mario Bonnard, dont "Le drame du Mont-Cervin" (« Der Kampf um Matterhorn » - 1928) et "Les chevaliers de la montagne" (« Der Sohn der weissen Berge » - 1930) avant de passer à la réalisation avec "Les monts en flammes" (« Berge in Flammen » - 1931), en collaboration avec Karl Hartl. Trenker exalta ensuite la résistance des montagnards tyroliens à Napoléon dans "L'héroïque embuscade" (« Der Rebell » - 1932), en collaboration avec Kurt Bernhardt, puis réalisa seul "Le fils prodigue" (« Der verlorene Sohn » - 1934) qui opposait la ville corruptrice à la pureté des cimes. Il changea de registre avec "L'Empereur de Californie" (« Der Kaiser von Kalifornien » - 1936), évocation de la grande ruée vers l'or, avant de revenir à ses chères montagnes avec, notamment, « Libesbriefe aus dem Engadin » - 1938).



Si "L'immortel vagabond" (« Der unsterbliche Lump » - 1930) de Gustav Ucicky est plus un film de folklore tyrolien qu'un vrai film de montagne, par contre "La lumière bleue" (« Das blaue Licht » - 1932) de Leni Riefenstahl pourrait être le chef-d'œuvre du genre. Très proche par certains aspects symbolistes de "La montagne sacrée", cette légende était magnifiquement photographiée par Hans Schneeberger, grand spécialiste de la prise de vue en montagne. "Tiefland" (1943-1954), demeuré inédit en France malgré des sous-titres dus à Cocteau, était semble-t-il moins réussi mais paraissait comporter encore de belles scènes de montagne. Entre-temps, Leni Riefenstahl était devenue la grande cinéaste du IIIème Reich, auquel Fanck et Trenker s'étaient également ralliés. Evolution logique, somme toute, de la part de ces chantres de l'effort physique et de l'énergie virile et qu'éclaire bien ce commentaire de Brasillach sur "Le fils prodigue" de Trenker : "Quelque chose de neuf naissait dans le cinéma allemand, et sans doute dans l'âme germanique. [...] C'était bien le retour à la santé du corps et de l'esprit, l'effort magnifié et [...] un bel appel aux forces de la réalité. L'aventure s'achevait ici, dans l'exaltation de la nature la plus vraie, et dans la magie des forces de la Terre".



La vraie "Montagne sacrée", pour les allemands, ce serait bientôt le nid d'aigle de Berchtesgaden...
Mais, en 1926, personne ne pouvait le prévoir, pas plus Arnold Fanck que Leni Riefenstahl elle-même. A ce jour, cela reste une belle œuvre graphique gardant un léger pouvoir d'exaltation et à contempler sans arrière-pensée. Et puis, en cet été 2010, c'est l'occasion de partir à la fois à la mer et à la montagne pour un forfait abordable puisque le film est disponible en dvd chez MK2...
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 9:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le culte du corps et la fascination pour l'effort physique ont été le moteur de toute une culture qui sera inévitablement liée au nazisme, dès lors que Hitler accèdera au pouvoir. 1926, c'est l'année de "Metropolis", et c'est intéressant de voir deux extrêmes de la culture allemande, l'humanisme d'un Fritz Lang (déjà écoeuré par la guerre de 1914-1918) et le rattachement à la propagande et à l'esprit du 3e Reich par des gens comme Leni Riefenstahl, qui semble n'avoir jamais regretté cette affiliation.
En tout cas, le parcours de cette femme est étonnant. Décédée à l'âge de 101 ans en 2003, celle qui fut danseuse, actrice, réalisatrice et photographe se mit à la plongée sous-marine à 72 ans, et survivra à un accident d'hélicoptère à 98 ans !
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 12:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Le culte du corps et la fascination pour l'effort physique


Paradoxalement, je trouve qu'il n'y a pas que ça, et il y a aussi une vraie ode à la nature, qui, il est vrai, représente aussi un défi physique et moral qu'on se doit de dépasser.
N'empêche le Fritz a carrément largué sa femme lorsque celle-ci s'est ralliée au mouvement nazi. Un saint homme ! La femme est vraiment une sous-race, y a pas à chier. frank_PDT_10
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 12:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
flint a écrit:
Le culte du corps et la fascination pour l'effort physique


Paradoxalement, je trouve qu'il n'y a pas que ça, et il y a aussi une vraie ode à la nature, qui, il est vrai, représente aussi un défi physique et moral qu'on se doit de dépasser.


Ca c'est très allemand aussi, mais plus ancien, c'est un des dadas du romantisme (voir les tableaux de Caspar Friedrich, qui ont par ailleurs influencé pas mal de films gothiques).
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Walter Paisley a écrit:
mallox a écrit:
flint a écrit:
Le culte du corps et la fascination pour l'effort physique


Paradoxalement, je trouve qu'il n'y a pas que ça, et il y a aussi une vraie ode à la nature, qui, il est vrai, représente aussi un défi physique et moral qu'on se doit de dépasser.


Ca c'est très allemand aussi


Certes mais allemand ça ne veut pas forcément dire hitlérien.


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Walter Paisley
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MessagePosté le: Jeu Déc 16, 2010 2:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as bien raison. Vive Ulbricht et Honecker !
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