[M] [Critique] Disons, un soir à dîner - 1969

 
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mallox
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 10:15 am    Sujet du message: [M] [Critique] Disons, un soir à dîner - 1969 Répondre en citant




Disons, un soir à dîner - 1969
(Metti una sera a cena)

Origine : Italie
Genre : Comédie Dramatique

Réalisé par Giuseppe Patroni Griffi
Avec Florinda Bolkan, Jean-Louis Trintignant, Tony Musante, Annie Girardot, Lino Capolicchio, Silvia Monti...

Scénario : Dario Argento

Autre titre : Mettons, un soir à dîner / Love Circle / One Night at Dinner


"Metti una sera a cena" est un film fidèle aux thèmes de Pirandello, avec des personnages complexes et tiraillés dont la personnalité se révèle multiple et dont l'image, figée dans l'esprit des autres personnages, les empêche de s'exprimer pleinement, librement, dépendant tout à la fois des mœurs et des conventions sociales de l'époque. Ainsi chacun reste à sa place, même s'il rêve d'être à une autre et, au jeu de la ronde et des chaises tournantes, finalement, chaque personnage retrouve sa chaise initiale.
Ainsi Michele (Jean-Louis Trintignant) est un dramaturge cherchant ses trois personnages : Nina (Florinda Bolkan), sa femme ; Max (Tony Musante), le meilleur ami de Michele ayant même une attirance sexuelle pour lui mais qui est l'amant de Nina ; Ric (Lino Capolicchio), l'amant de Max lequel fraye avec Nina jusqu'à en tomber amoureux, sauf que Nina, elle, aime son mari. Finalement, pour démêler tout ça, si le mieux était de rajouter une cinquième personne. Ce sera chose faite avec Giovanna (Annie Girardot), qui formera un triangle avec chacun des couples, et sera censée ramener en cela l'équilibre dans leurs rapports, notamment celui de Michele et de Nina, au bord du précipice.
Vous pensez tout ceci compliqué, gratuitement tordu et alambiqué jusqu'au ridicule ? Vous n'avez pas tort...



Produit par Euro International Films, "Disons, un soir à dîner" fait partie de la carrière de Florinda Bolkan, encore sous la protection de la comtesse vénitienne Marina Cicogna, ambitieuse productrice et propriétaire de la fameuse firme italienne. Un contrat qui durera trois ans, de 1968 à 1971, avec entre autres le superbe "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" d'Elio Petri.
On retrouve au générique Jean-Louis Trintignant, lequel tourne alors énormément en Italie comme nombre de ses compatriotes. Il vient d'enchaîner "Meurtre à l'italienne", "La mort a pondu un œuf", "Le grand silence" et s'apprête à tourner "Si douces, si perverses" et "Le Conformiste". Dario Argento a acquis une belle renommée en tant que scénariste, après avoir notamment co-écrit "Il était une fois dans l'Ouest", "5 gâchettes d'or", mais aussi quelques comédies contribuant à la libération sexuelle telles que "La rivoluzione sessuale" en 1968. Tony Musante émerge seulement de la télévision et vient de se faire remarquer dans "El Mercenario" de Sergio Corbucci. Ce sera l'occasion pour Argento et lui de se rencontrer puis d'enchaîner ensuite avec le fameux "L'oiseau au plumage de cristal". Quant à Annie Girardot, elle évolue en Italie depuis une dizaine d'années, avec des cinéastes comme Luchino Visconti ("Rocco et ses frères") ou Marco Ferreri ("Le mari de la femme à barbe").
L'histoire est transposée à l'écran par Giuseppe Patroni Griffi, auteur de la pièce originale qui eut au préalable son succès au théâtre...



Autant le dire de suite, "Disons, un soir à dîner" fait partie de ces films nombrilistes destinés à montrer au spectateur combien le processus de l'écriture scénaristique est difficile. Il fait également partie de deux autres pans (même si l'un et l'autre se rejoignent le plus souvent) : l'un destiné à conspuer une société dans laquelle la libération sexuelle est difficile (et mène souvent à l'impasse, comme sous-entendu en préambule), l'autre consistant à s'inscrire dans le film d'auteur gavé de pop et de contre-culture avec une prétention toute arty. Ceci explique sans doute sa présence au festival de Cannes en 1969. "Disons, un soir à dîner" est somme toute assez proche d'autres films de l'époque tels que "A Rather Complicated Girl" de Damiano Damiani ou d'"Un coin tranquille à la campagne" de Petri. Rien à voir en tout cas avec le genre giallo dans lequel on le retrouve assez souvent classé ; l'amalgame tenant sans doute à la fois de la rareté du film à ce jour autant que de la présence au générique de gens ayant fortement contribué au genre, devant ou derrière la caméra. Pour en revenir au sujet du film, malgré un ton par moments sarcastique, il est loin de détrôner les deux grands chefs-d'œuvre du genre : "Huit et demi" de Fellini ou "Providence" d'Alain Resnais.
Ainsi, assiste-t-on durant plus de deux heures aux affres créatives de Michele, mêlant vie privée, notamment amoureuse et sexuelle, faisant tourner comme dans une sarabande ses personnages à l'instar de pantins. Au lieu de vivre sa vie, celui-ci la raconte et se pose cette question qui lui semble suprême et déterminante : "J'essaie de comprendre pourquoi mes personnages font ce qu'ils font".
Et à nos personnages d'évoluer dans une sorte de mascarade autant prétentieuse que dénuée du moindre humour ou de distanciation, dans laquelle ils se cherchent dans un contact sensuel avec l'autre.



"Disons, un soir à dîner" débute de manière magistrale : une femme se rend chez son amant, la caméra suit son pas décidé dans une petite ruelle de basse classe, la magnifique partition d'Ennio Morricone vient se coller à la pellicule, donnant une beauté et une vie inouïe à un spectacle qui va se faire de plus en plus théâtral et grotesque. Les cadrages sont savamment élaborés, tout cela est formidablement découpé, tour à tour mystérieux, intrigant, alerte, puis, d'un coup d'un seul, le spectacle se fige pour ne plus ressembler qu'à sa source : une pièce de théâtre des plus bavardes qu'on tente de masquer par tous les artifices possibles et inimaginables.
La mise en scène emprunte aux films en vogue et à la nouvelle vague, alterne gros plans picturaux aussi proches de la bande dessinée que de la peinture, cherche des angles à foison en guise de rythme. Puis, elle présente ses personnages dans ce qu'ils ont de relationnel avec les autres, ce chacun leur tour, comme pour mieux leur donner vie et humanité à l'écran ; et surtout - et c'est là que le film échoue dans les grandes largeurs - échapper à sa source théâtrale.
Si Florinda Bolkan s'en sort une fois de plus remarquablement, que dire de la prestation absurde de Lino Capolicchio dans le rôle de son amant, sinon qu'il n'est qu'une caricature idiote d'un jeune anticonformiste. Ainsi, pour bien le croquer, Giuseppe Patroni Griffi lui fait sortir une bannière à croix gammée dans laquelle celui-ci veut absolument faire l'amour pour montrer qu'il est à contre-courant d'une société à la pensée uniforme. On a beau se rappeler que Florinda Bolkan sort tout juste de son rôle d'Olga dans "Les Damnés" de Visconti, et on a beau vouloir croire qu'il s'agit là d'un clin-d'œil ironique de la part du réalisateur, cela n'empêche : ça tombe non seulement à plat, mais c'est absurde.



Le reste des personnages - et je ne tomberai pas pour une fois dans l'énumération - est dessiné de la même façon. Comment à partir de là, peut-on croire une seule seconde aux motivations de pantins articulés par des ficelles aussi grosses que visibles ?
Le plus préjudiciable là-dedans, c'est que cette grossièreté des traits - qu'on aimerait donc imputer à de l'ironie - reste d'un sérieux imperturbable d'un bout à l'autre ; et, outre le fait que la critique de mœurs a beau se vouloir caustique, elle demeure tellement dénuée d'humour (pour ne pas parler de grotesque volontaire), que "Metti una sera a cena" est au final un film mort sur la vie. Les seules choses qui vivent à l'écran sont les décors, qui semblent avoir été choisis avec une telle méticulosité que ça confine en effet à de l'art. De même pour cette partition magique de Morricone qui, si elle ne parvient pas à élever la lourdeur d'un script de trois tonnes, galvaudé qui plus est, réussit l'exploit de vivre d'elle-même. Idem pour la splendide photographie qui ne sert ici qu'à achever une pièce filmée déjà bien ampoulée à la base.
De fait, et malgré que certains acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu (Girardot, en femme libre, insuffle un peu de frais à cette chambre froide), "Disons, un soir à dîner" est un film d'une étonnante beauté factice. Il ressemble à un objet vintage sorti du grenier et qu'un brocanteur professionnel tenterait de nous vendre beaucoup plus cher que ce qu'il vaut vraiment. Et ce n'est pas l'omniprésence d'un érotisme visuel soft suranné (Vadim n'est pas loin !), ou même de langage lorsqu'il ne s'agit pas de sous-entendus puis de symboles, qui sauvent ce dîner de la collation difficile à avaler. Dommage.



TOP FILM N°1 du 1er août 1970 :



Bref, je l'enlève donc de notre Database Giallo. Par contre, au lieu de le mettre dans les gialli allegro, je viens de créer un petit encart pour les Non-Giallos à la fin, histoire de caser tous ceux qui n'en sont même pas le quart d'un, mais qu'on trouve régulièrement sur le net classés dedans... et aussi pour les distinguer des poliziesco-gialli, gothico-gialli etc.
Tiens d'ailleurs Flintos, tu me confirmeras ou non à l'occaz si je déplace Le Orme.

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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 11:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8
et une pensée pour feu Annie girardot.

Notons que le cinéma italiens des années 60 et 70 était le seul à faire des films dont les 4 acteurs principaux était étranger, ce qui surprend assez ici dans la mesure où ce n'est ni une coprod, ni du cinéma destiné (au moins en partie) à l'export.
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flint
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 3:24 pm    Sujet du message: Re: [Critique] Mettons, un soir à dîner - 1969 Répondre en citant

mallox a écrit:


Bref, je l'enlève donc de notre Database Giallo. Par contre, au lieu de le mettre dans les gialli allegro, je viens de créer un petit encart pour les Non-Giallos à la fin, histoire de caser tous ceux qui n'en sont même pas le quart d'un, mais qu'on trouve régulièrement sur le net classés dedans... et aussi pour les distinguer des poliziesco-gialli, gothico-gialli etc.
tiens d'ailleurs Flintos, tu me confirmeras ou non à l'occaz si je déplace Le Orme.




Bonne idée, cette section "non-gialli". Tu peux effectivement caser "Le orme".
Pas vu le Patroni-Griffi, j'avais constaté qu'il passait régulièrement sur une chaîne satellite. Bon, vu ce que tu en dis, je n'ai pas vraiment envie de le regarder, je l'avoue.
Sinon, le titre principal français est "Disons, un soir à dîner" ; "Mettons un soir à dîner" étant un titre secondaire.



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mallox
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 3:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le titre secondaire, tu sais d'où il sort ?
En fait, j'avais nommé le film par "Disons..." et puis comme je suis tombé sur la revue datant d'août 70 pour un film sorti en juillet 70 chez nous, me suis dit que je m'étais trompé.

En tout cas, qu'est-ce qu'elle en a fait des faux gialli la Bolkan ! ico_mrgreen
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flint
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 3:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sur encyclo-ciné, il est répertorié sous le titre "Disons, un soir à dîner", avec en titre secondaire "Mettons un soir à dîner". Il est sorti en France en juillet 1970 mais n'est pas répertorié dans La Saison Cinéma.
Mais l'affiche française est parlante.
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Bigbonn
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 4:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Sur encyclo-ciné, il est répertorié sous le titre "Disons, un soir à dîner", avec en titre secondaire "Mettons un soir à dîner". Il est sorti en France en juillet 1970 mais n'est pas répertorié dans La Saison Cinéma.

Erreur mon cher, il est répertorié dans la saison 69!
avec une date de sortie en France indiquée: Cannes 1969.
Il est répertorié sous le titre Disons, un soir à diner.
et je le sais car en voyant cette critique je me suis dit: tiens, c'est marrant, c'est le film dont je lisais hier soir la critique dans la saison (sur les cabinets, mais ceci est accessoire).
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flint
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 5:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon sang, mais c'est bien sûr ! ico_mrgreen

Bien vu, je n'avais pas pensé à regarder la saison 69 ! icon_wink
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mallox
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 5:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et question conne : C'est pas possible qu'il ait été projeté en 69 à Cannes sous le titre "Disons..." et soit sorti ensuite dans les salles de cinéma en juillet 70 sous le titre "Mettons,..." ?
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Bigbonn
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 5:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Et question conne : C'est pas possible qu'il ait été projeté en 69 à Cannes sous le titre "Disons..." et soit sorti ensuite dans les salles de cinéma en juillet 70 sous le titre "Mettons,..." ?

C'est possible mais bon. icon_confused
D'ailleurs IMDB Belgium le répertorie aussi sous ce titre: "On mange chinois? Ou chez toi?" du coup, difficile de se faire un avis. icon_confused
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flint
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2011 5:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Et question conne : C'est pas possible qu'il ait été projeté en 69 à Cannes sous le titre "Disons..." et soit sorti ensuite dans les salles de cinéma en juillet 70 sous le titre "Mettons,..." ?


Je ne pense pas, mais si quelqu'un l'a enregistré quand il est passé à la TV, on pourrait avoir confirmation.
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