[M] [Critique] Not of this Earth (1957)

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Ven Mar 16, 2012 12:47 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Not of this Earth (1957) Répondre en citant

Not of this Earth

Genre : Science-fiction

Année : 1957

Pays d’origine : Etats-Unis

Réalisateur : Roger Corman

Casting : Paul Birch, Beverly Garland, Morgan Jones, William Roerick, Jonathan Haze, Dick Miller, Anna Lee Carroll…



Producteur : Roger Corman
Scénario : Charles B. Griffith & Mark Hanna
Musique : Ronald Stein
Image : John J. Mescall
Montage : Charles Gros
Accroche : Alien Vampire

Distribution :
Paul Birch (Paul Johnson), Beverly Garland (Nadine Storey), Morgan Jones (Harry Sherbourne), William Roerick (Dr. Frederick W. Rochelle), Jonathan Haze (Jeremy Perrin), Dick Miller (Joe Piper), Anna Lee Carroll (une femme de Davanna)…


Résumé :
Un agent extraterrestre de la planète Davanna a pour mission de trouver du sang humain, afin de sauver sa race menacée par les conséquences d'une guerre nucléaire dévastatrice. Épaulé dans son entreprise par une créature effrayante ressemblant à une pieuvre volante et aspirant le sang des humains, ce dernier terrorise la Californie du Sud.

En 1957, Roger Corman est au début de sa carrière mais il a déjà au compteur une bonne dizaine de films. Le réalisateur-producteur tourne à l’époque des films de science-fiction et des « Teen movies » pour des budgets situés entre 50.000 et 80.000 dollars, la plupart du temps en extérieurs car il n’a pas les moyens de tourner en studio. Les films sans véritable vedette se vendent avant tout sur leur titre et leur affiche, pour un public de jeunes. Le réalisateur doit sans cesse trouver des astuces et idées afin de pallier au budget modeste qui lui est alloué, tout en tenant les promesses de l’histoire et de l’affiche. A ce titre, « Not of this Earth » est l’exemple parfait de la « méthode Corman » ; à la base, une histoire qui paraît alléchante mais pourrait vite tomber dans le ridicule ou l’ennui.
Mais Corman est un petit futé, il va utiliser à son avantage ce qui aurait put paraître comme des complications. A ce titre, le début du film est une petite merveille de concision narrative, qui permet au réalisateur non seulement de présenter les divers éléments de son histoire sans aucune explication mais, de plus, d’instaurer une ambiance de terreur dès les premières images. Une ambiance qui sera maintenue tout le long d’un générique atypique dans ce genre de production. En effet, Corman tourne le dos aux poncifs d’usage. Au lieu de commencer son film par un plan de l’espace et une voix solennelle nous exposant des faits, le réalisateur nous présente un couple de jeunes étudiants qui s‘embrassent. La jeune fille prend congé de son compagnon, mais sur le chemin elle sent une présence inquiétante qui va se matérialiser devant elle : un homme mystérieux portant une mallette et d’étranges lunettes noires ; lorsque celui-ci les enlève, la pauvre fille s’écroule sur le sol. L’homme s’approche, ouvre sa mallette et commence à lui ponctionner le sang. En quelques minutes Corman à tout dit, et presque sans le moindre dialogue. Il scotche le spectateur et, avant de lancer son générique, le gratifie d’une belle séquence choc avec un gros plan sur les yeux du tueur. Une astuce qui permet de capter l’attention de son public (qui, n’oublions pas, est composé en majorité de jeune gens plutôt versatiles) jusqu’à la prochaine scène choc ou légèrement érotique.
Entre-temps, il peut exposer tout à loisir les tenants et aboutissants de l’histoire sans jamais tomber dans l’emphase. Après une telle mise en bouche, faut-il encore tenir la distance, même si le film ne dure que 71 minutes. Il faut constamment relancer l’intérêt. Corman, roublard comme pas deux, profite de chaque opportunité afin de garantir la durée recommandée. Si, pour son entrée en matière, il s’amuse à détourner les clichés du genre, par la suite il va les utiliser à bon escient en les mélangeant habillement. Ainsi, une longue scène de dialogue entre Beverly Garland (l’infirmière) et le majordome Jeremy se transforme en une scène de voyeurisme assumée, Miss Garland enfilant sensuellement une paire de bas tout en conversant. Le réalisateur remettra le couvert plus tard, en envoyant son actrice en maillot au bord de la piscine, prélude à une scène de suspense dans la cave où le réalisateur démontre son talent en faisant monter la tension, uniquement en utilisant la musique de Ronald Stein. Par la suite, Corman introduit une petite touche d’humour avec la visite de Dick Miller, qui nous gratifie d’une courte mais remarquable prestation à la Jerry Lewis.



Le tournage, en décors naturels et dans une maison bourgeoise (pour les intérieurs), donne au film un petit côté réaliste « pris sur le vif » qui manquait aux autres productions tournées en studio. Dommage que le réalisateur soit obligé de répondre au cahier des charges imposé (voir l’affiche) et nous livrer un monstre avant le final ; initiative qui plombe un peu le film, le monstre ressemblant à une pizza mal cuite.
Conscient de la chose, Corman filme rapidement, mais professionnellement, l’attaque du monstre. Une fois la scène expédiée, il revient à son histoire et nous gratifie d’un final mémorable dans lequel la belle Beverly Garland, poursuivie par le méchant au volant de sa voiture, essaye de lui échapper en traversant un parc. La suite ne manquera pas de suspense, et la mort de l’extraterrestre ne marquera pas la fin de l’histoire, car Corman conclut son film comme il l’avait commencé, de manière originale avec un faux « happy end » légèrement décalé. Une fois de plus, Corman contourne les clichés, c'est-à-dire le discours moralisateur de fin. Si celui-ci est bien présent, peu de spectateurs l’auront sans doute écouté, trop occupés à se demander qui est cet inconnu qui arrive derrière le couple de héros.

A l’époque, Corman s’est constitué une petite équipe de fidèles collaborateurs comme les techniciens Floyd Crosby (à la photo, remplacé sur ce film par le vétéran John J. Mescall), Daniel Haller (aux décors), Charles B.Griffith et Robert Towne (au scénario), Ronald Stein (à la musique). Idem pour les acteurs ; outre l’incontournable Dick Miller on trouve aussi Paul Birch, qui apparut dans « The Beast with a Million Eyes » (1955), « Day the World Ended » (1955), « Not of this Earth » (1957). Il participera aussi au mythique « Queen of Outer Space » (1958) aux côtés de Zsa Zsa Gabor.
Comme beaucoup de ses consœurs de l’époque, Beverly Garland (à ne pas confondre avec Judy, vedette du « Magicien d’Oz ») est passée de la série B (« Quand la jungle s’éveille » (1956) de Curt Siodmak, « Le gang décapité » (1957) de Sidney Salkow et « The Alligator People» (1959) de Roy Del Ruth) à la télévision, avec des apparitions dans une flopée de séries, voire même quelques rôles récurrents comme la maman de Kate Jackson dans « Les deux font la paire ». En 1960, elle se marie avec le promoteur immobilier Filmore Crank, qui par la suite fera construire un complexe hôtelier portant le nom de son épouse («The Beverly Garland & Holiday Inn Conference Center», situé sur les collines d’Hollywood). Elle tournera cinq films pour Corman : « Gunslinger », « It Conquered the World », « Naked Paradise », « Not of this Earth » et « Swamp Women ».



Au delà de la simple sphère d’influence du cinéma, Roger Corman fait partie de la (contre) culture américaine et planétaire. En effet, le réalisateur, producteur et distributeur a influencé ou/et révélé une ribambelle de cinéastes, acteurs et techniciens aussi divers que variés. Il sortira la série B de son ghetto pour en faire, sous le couvert d’exploitation, une zone d’expérimentation dont il a lui-même édité les règles fondamentales : un budget très faible, un salaire de misère, un sujet avec de l'action et une assez grande liberté pourvu que le budget ne soit pas dépassé. A partir de là, tout un chacun (se montrant suffisamment convaincant) pouvait réaliser son film. Lui-même réalisera plus de cinquante films et en produira près de quatre cents, ce qui en fera incontestablement le roi de la série B, et une référence culturelle pour beaucoup, comme le prouvent ses apparitions (en caméo) dans diverses productions (« Le Parrain 2 », « Le silence des agneaux », « Philadelphia », « Hurlements », « Gremlins », « Apollo13 »).

Un thriller de science-fiction, c’est peut-être le terme le plus adéquat qui pourrait résumer « Not of this Earth ». Le film est une petite merveille d’efficacité, le meilleur film de science- fiction que Corman réalisera à l’époque. Il parvient à rentabiliser au maximum son budget, et à contourner habilement les limites de la censure. Ainsi, il met en scène bien avant une célèbre série de science-fiction le principe de la téléportation, ce qui lui permet de faire l'économie de plans d'effets spéciaux en général ringards. En réalité, Corman réalise un vrai polar avec la blonde héroïne, le fringuant et phallocrate policier, le méchant et son bras droit, et la femme fatale ; tous les lieux communs déviants du genre sont donc présents et détournés pour intégrer des éléments de science-fiction. Le méchant n’est plus préoccupé par l’argent mais par le sang, il se déplace dans une luxueuse voiture noire et vit dans un certain luxe qui cache en fait un appareillage sophistiqué. L’héroïne est une infirmière, fantasme absolu qui remplace astucieusement l’habituelle danseuse. Il reste le policier limite insipide, et la femme fatale, une brune torride, dopée aux radiations puisqu’elle vient aussi de la planète Davanna, et qui fait une brève mais remarquée apparition sous les traits de Anna Lee Carroll, une spécialiste des rôles non crédités qui aurait mérité une belle carrière.
En conclusion, si Corman n’a pas signé que des chefs-d’œuvre à l’époque, « Not of this Earth » fait clairement partie des réussites du maître.

Deux remakes « officiels » furent réalisés : « Le vampire de l’espace / Not of This Earth » (1988) de Jim Wynorsky avec Traci Lords, et « Not of This Earth » (1995), de Terence H. Winkless avec Michael York







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mallox
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MessagePosté le: Ven Mar 16, 2012 3:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hé bé, il t'a drôlement inspiré le Corman ! frank_PDT_16

Et ta critique m'a fortement inspiré l'envie de le voir ! icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Sam Mar 17, 2012 5:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai que la critique d'Omega Man donne envie de voir ce classique de Corman, que pour ma part je n'ai jamais vu. Je me rappelle avoir visionné le remake avec Traci Lords (très sympa) qui, d'après les captures et le résumé d'Omega Man, me paraît assez fidèle à l'original.
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mallox
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MessagePosté le: Dim Mar 18, 2012 10:48 am    Sujet du message: Re: [C] [Critique] Not of this Earth (1957) Répondre en citant

The Omega Man a écrit:
Après une telle mise en bouche, faut-il encore tenir la distance, même si le film ne dure que 71 minutes.


Tiens, à peine 65 minutes en vostfr chez moi.

Je partage l'enthousiasme d'Omega à propos de cette petite perle de série B vue hier soir, qui malgré ses airs cousus-main est un petit modèle de thriller sf réglé avec une concision et une efficacité étonnante. Corman où le rendement maximal !
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